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 Les défis des intellectuels africains de la diaspora(fin)

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zapimax
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zapimax


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13092005
MessageLes défis des intellectuels africains de la diaspora(fin)

Ce qui est dramatique, c'est que ce discours révisionniste par rapport à la responsabilité des noirs dans la traite négrière dont l'un des ouvrages écrit par Olivier Pétré Grenouilleau vient d'être primé en France prend comme une bonne mayonnaise et fait rage dans les relations interpersonnelles entre les africains-africains et les africains-antillais-guadeloupéens-réunionnais-haïtiens et autres. Et c'est un ami à moi qui en a fait la triste expérience: "J'avais ma copine antillaise. Nous nous entendions très bien. Un jour, alors que nous étions à table chez elle, mon téléphone a sonné et c'est ma mère qui me "bipait" (appeler juste pour être rappelé) du pays. Elle était en compagnie de ma grand mère et d'une tante. Je les ai appelé aussitôt avec le téléphone de ma copine et à l'aide d'une carte à code. J'étais très content de les écouter. Pendant que nous bavardions, j'ai constaté que la mine de ma copine changeait. Elle avait de la peine à manger et avait des traits plus tirés. Lorsque j'ai fini, elle m'a regardé et m'a dit: tu es content de parler avec tes parents en Afrique. Qu'avez-vous fait de nos ancêtres? Franchement face à cette question je n'ai pas eu de réponse. J'ai contaté qu'elle était vraiment touchée. Jusqu'à la fin du repas, nous ne nous sommes plus dit mot ni même regardé. Depuis ce jour là, nos relations ont commencé à se distendre jusqu'à s'éteindre complètement. Aujourd'hui, j'ai une double peine: celle d'avoir perdu une copine que j'aimais bien et celle de porter sur la conscience la responsabilité d'un crime que je n'ai pas commis, ni moi, ni même un de mes proches d'ailleurs" rapporte mon ami.

Cette anecdote vient poser de façon dramatique et concrète le calvaire supplémentaire que vivent les noirs descendants d'esclaves qui comme l'a montré la réaction de la jeune fille souffrent du manque de base arrière. C'est vrai que j'ai toujours eu le cœur serré lorsque je rencontre "ces africains sans Afrique". Aujourd'hui je mesure la profondeur du drame qu'ils doivent endurer au quotidien et qu'ils ont d'ailleurs enduré depuis des générations. Mais il faut dire tout de suite que la division artificielle que les révisionnistes tentent de construire entre les noirs est l'ultime diversion dans un combat dont ils voient venir la perte. Il s'agit d'un piège gros comme la tour Eiffel où ne peuvent tomber que ceux qui veulent tomber.

Aujourd'hui, tous les noirs, d'Afrique, des îles ou des amériques sont embarqués dans le même navire un peu comme celui qui cinq siècles en arrière transportait nos ancêtres. Nous sommes parqués dans les mêmes cages au fond des cales du bâteau. Nous sommes assis sur les mêmes planchers humides, les mêmes chaînes devenues aujourd'hui invisibles – sans pour autant perdre de leur cruauté - continuent d'entourer les cous de ceux d'entre nous qui ne veulent pas s'affranchir. Il est question non plus de mener un quelconque combat pour se libérer, puisque nous le sommes déjà, mais de s'autodéterminer, d'exister et d'être tout simplement. Toute autre guerre, de surcroit fratricide, n'est que dispersion d'énergie.

En leur temps, les intellectuels noirs tels Aimé Cesaire, Léopold Sedar Senghor ou Alioune Diop avaient tenté d'assurer la valorisation du noir notamment en parlant de négritude. Mais cette philosophie péchait par son caractère réactionnaire et folkorique en ce sens qu'elle a fini par ne devenir que ce que le colon souhaitait qu'elle devienne. Il ne s'agit pas de se déterminer comme ils ont tenté de le faire par rapport aux griefs et aux dénégations que les occidentaux nous portent et même de cautionner certains clichés du genre "l'émotion est nègre" comme l'avait affirmé Léopold Sédar Senghor, il s'agit d'exister indépendamment de l'existence ou de la non-existence de la race blanche. C'est ce que les asiatiques font et les résultats sont là.

Une responsabilité historique

La perception qu'a l'africain moyen de l'intellectuel est des plus mitigée. Pour beaucoup, il s'agit d'un rêveur qui crache sur la nourriture et préfère s'envoler vers les nuages: "Au lieu de manger sa part tranquillement, il embête le monde avec sa morale. C'est çà qu'on mange?", entend t-on souvent dire. L'intellectuel est parfois l'objet de raillerie jusque dans sa propre famille: "Vous vous imaginez quand c'est votre propre femme qui commence à dire que vous êtes fou. Et que parfois elle le dit devant les enfants! Tout çà parce qu'elle a été instrumentalisée par les gens du pouvoir qui lui font comprendre qu'un homme qui refuse la nourriture pour des idées n'est pas normal. Ce discours passe d'autant plus que vos difficultés financières sont réelles. Et votre épouse qui vous harcèle croit vous ramener sur le bon chemin. On vous amène ainsi à perdre l'autorité et sur votre femme et sur vos enfants", raconte un intellectuel.

Mais qu'on se le dise, cette perception érronée de l'intellectuel n'est pas consubstantielle à l'Africain. Cela participe des avatars de la colonisation. Après avoir dit que le noir n'était pas doté d'intelligence, on a fini par lui concéder une petite parcelle d'intelligence. Juste de quoi exécuter des ordres dictés par le colon. Au-delà, il devanait dangeureux et la parade consistait à le déclarer fou: Lorsque Mgr Albert Ndongmo, un évêque camerounais des années d'indépendance et brillant intellectuel avait été mis aux arrêts par le régime Ahidjo pour tentative de coup d'etat, le Vatican aurait proposé qu'il soit déclaré fou et transféré dans un hôpital psychiatrique en Europe. Effectivement une grâce présidentielle lui avait été accordée et il avait été exilé d'abord en Italie et ensuite au Canada où il mourut en 1992. Ici, la pirouette de la folie avait servi à sauver la vie d'un homme mais confime l'image qu'on a semé de l'intellectuel dans la tête des Africains.

L'intellectuel africain de la diaspora doit dépasser ce handicap et amener les masses populaires d'Afrique à prendre conscience de la profondeur du mal. On peut déjà se féliciter d'une prise de conscience très avancée aujourd'hui dans beaucoup de pays africains et surtout de l'existence d'une opinion publique active et influente qu'on rencontre principalement dans les grandes villes. Il s'agit de s'appuyer sur ces relais. Pour y parvenir, il doit se faire comprendre d'eux. Il doit autant que faire se peut, parler un language qui leur est accessible. Il doit prendre sa responsabilité en tant que guide éclairé et rescapé face aux masses "polluées" mentalement et déshumanisées. Dès lors deux défis qui sont autant d'objectifs s'imposent à lui:

Dépolluer d'abord le noir en lui rappelant constamment son passé glorieux à travers la technologie de l'Egypte ancienne – pas celle de Hosni Moubarak – ses réalisations et surtout son antériorité sur la civilisation occidentale. Chaque africain doit avoir au bout des doigts quelques réalisations de la civilisation egyptienne: "Au cours d'un colloque en Allemagne, un jeune chercheur Allemand s'est approché d'un groupe de chercheur africains et leur a demandé de lui dire ce que l'Afrique a déjà inventé. Evidemment, ils n'ont rien cité et l'objectif du jeune Allemenand était atteint: faire dire aux chercheurs africains eux-même que l'Afrique n'a rien inventé", rapporte un chercheur sénégalais. Il faut leur rappeler ensuite que c'est par le travail qu'ils se libereront. Comme le soutient l'écrivain Congolais Gaspard Lonsi Koko : "il faut travailler et s'enrichir car le vrai pouvoir est économique. On ne prête qu'aux riches". Il faut les amener à avoir constamment une attitude qui préserve leur dignité et les détourne ainsi de la mendicité car: "la main qui demande et reçoit est toujours en dessous de celle qui donne". Il faut donner une perception réelle et généreuse de l'intellectuel;

Conduire un contre révisionnisme actif afin d'amener les nations occidentales à accomplir le devoir de mémoire qui leur permettra de se réconcilier avec leur passé et surtout avouer à leurs peuples les mensonges séculaires. Nous sommes convaincus qu'en dehors de quelques groupuscules d'extrême-droite qui sont d'ailleurs repoussés dans leur derniers retrachements, malgré les apparences, les populations occidentales dans leur immense majorité, qui ont atteint un dégré respectable d'humanisme et de générosité ne sauraient cautionner ce qui a été fait et ce qui continue d'être fait à des êtres humains comme elles.

Des objectifs dont l'atteinte recommande l'engagement, la détermination, l'enthousiasme mais surtout de la méthode. Nous nous devons de préciser que la haine ne trouve nullement sa place dans cette démarche qui doit être empreinte de l'humanisme propre à l'Afrique profonde et d'ailleurs à tous les peuples en dépit des agissments des dirigeants parfois belliqueux et paranoïaques. La haine a ceci de malheureux qu'elle chasse le bon sens, déforme nos pensées et finalement peut conduire à la destruction de l'autre en passant par une auto-destruction.

Autant nous devons nous réjouir du foisonnement de la production intellectuelle sur la place parisienne, autant nous devons revenir sur terre pour comprendre que cette production ne portera réellement ses fruits que si elle est portée à ses destinataires finaux que sont les masses populaires africaines.

Or, comme l'avaient compris les économistes à la suite de la loi de l'offre de Jean Baptiste Say et ses insuffisances, aujourd'hui, nous devons nous résoudre à comprendre qu'il est peut-être plus facile de produire la pensée que de réussir sa diffusion effective auprès de ceux pour qui elle est produite. Et pour ce qui nous interesse ici, il s'agit des masses populaires africaines dont il faut débarrasser d'un complexe avilissant et destructeur. Or, il convient de remarquer qu'en dépit de sa pertinence, de son intensité et de sa densité, le travail de mémoire des intellectuels africains atteint encore un cercle très réduit d'internautes et lecteurs d'ouvrages. D'où sans doute la nécessité pour les intellectuels producteurs de la pensée d'utiliser des relais plus populaires ou d'adopter des postures nouvelles en vue d'atteindre les objectifs ainsi fixés.

Le défi majeur de l'intellectuel africain de la diaspora est contenu dans ces deux questions:
En l'étape actuelle de son combat pour l'acquisition de sa dignité et de celle de ses peuples, quelle posture l'intellectuel noir en général et l'intellectuel africain en particulier doit adopter pour à la fois se faire comprendre des masses africaines – qui sont plus instruites aujourd'hui qu'en 1960 par exemple – et les populations occidentales à qui on avait caché tant de choses?
Comment produire un discours cohérent qui pourra à la fois atteindre les masses africaines et les populations occidentales sans paraître trop hermétique pour les premiers et peut-être trop trivial pour les seconds ou bien sans trop mettre d'eau dans leur vin d'intellectuel et peut-être se déconsidérer aux yeux de leurs collègues?

Autrement dit, soit en fonction des circonstances, les intéllectuels africains de la diaspora décident de descendre dans la caverne pour y conduire l'éducation des masses dans le but de les en sortir soit ils choisissent de rester dans leur position en produisant des discours certes pertinents mais trop hermétiques et par conséquent inaccessibles aux masses africaines et l'objectif de dépollution est compromise ou retardé.
Nécessaire Collaboration

Dans une tentative de diviser la poire en deux, nous pensons qu'une collaboration étroite plus que par le passé est nécessaire entre les intellectuels en tant que producteurs de la pensée et les journalistes qui remplissent honorablement le rôle de vulgarisateurs de cette pensée.
C'est justement l'un des objectifs que se fixe le réseau de journaliste pour l'intégration en Afrique "Afrique Intègre".

Lorsque j'ai publié en juillet dernier un coup de gueule intitulé "Pour la dignité de l'Afrique, laissez-nous crever" à la suite du sommet de G8 de Gleneagles, une maison d'édition parisienne - regroupant plusieurs intellectuels - qui fait un précieux travail sur la recherche de la dignité de l'Afrique, m'a contacté pour solliciter mon accord en vue de la publication de cette réflexion dans une revue qu'elle publie. Accord que j'ai donné. Mais quelque jours après le directeur de la maison d'édition m'a fait un mail en disant qu'il souhaite que je retouche ma réflexion afin de la rendre publiable. J'ai tout de suite compris que mon texte qui a pourtant eu un succès certain auprès des internautes ne remplissait pas tout le shéma méthodologique des écrits intellectuels.
A savoir, un problème, une problématique, des hypothèses, des résultats et surtout la fameuse bibliographie.
J'ai alors engagé un débat avec le directeur dans lequel je lui ai fait comprendre que je suis d'abord et avant tout un journaliste et d'après ma formation, je dois écrire simple pour me faire comprendre du plus grand nombre. Comme j'aime bien à le dire, je suis consultant en simplification des affaires compliquées.
En fait, le journaliste est un vulgarisateur de la pensée et à ce titre, au lieu de s'opposer à lui, il complète l'action de l'intellectuel – producteur de la pensée – et de tout autre spécialiste.

Loin de moi l'idée en rapportant cette anecdote de prêter le flanc à une polémique entre les intellectuels et les journalistes dont l'action conjuguée sera d'un bénéfice inestimable pour l'Afrique.

C'est toute la presse africaine et panafricaine qui doit être mobilisée dans ce travail de relais. Ainsi, à coté des "chiens écrasés", "des trains en retard", du sport dans lequel on veut confiner la race noire, le journaliste africain d'aujourd'hui doit se donner une mission de "dépollution" des masses populaires africaines. C'est ambitieux, c'est peut-être même prétentieux mais l'audace en vaut la peine. C'est un travail de longue haleine qui prendra certainement plusieurs génération comme d'ailleurs la traite négrière et la colonisation qui ont traversé plus de 30 générations. Ce travail engage aussi la responsabilité des éditeurs de journaux africains et des dirigeants africains qui doivent comprendre que leur destin à eux aussi en dépend.
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