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 Abandon ou progrès du socialisme ? Changements à Cuba

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Tite Prout
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Tite Prout


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Localisation : Montréal
Date d'inscription : 01/06/2005

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26042008
MessageAbandon ou progrès du socialisme ? Changements à Cuba


Abandon ou progrès du socialisme ? Changements à Cuba
Salim Lamrani Abandon ou progrès du socialisme ? Changements à Cuba Puce2 Envoyer à un(e) ami(e)
Abandon ou progrès du socialisme ? Changements à Cuba Puce2 Imprimer



Les médias occidentaux triomphants ont présenté la levée de
restrictions à la consommation à Cuba comme le signe d’un renversement
du système économique, du socialisme vers le libéralisme, à la faveur
de l’abandon du pouvoir par Fidel Castro. En réalité, observe Salim
Lamrani, ces restrictions ont été abrogées parce qu’elles sont devenues
inutiles, Cuba ayant trouvé de nouveaux partenaires pour redynamiser
son économie malgré le blocus US. Loin de marquer une rupture
politique, ces réformes —qui ont fait l’objet de vastes débats
préalables— manifestent la volonté des Cubains de parvenir au
développement en conservant leur approche économique.



La presse occidentale a été prolixe au sujet des changements survenus à
Cuba suite à l’élection de Raúl Castro à la présidence de la République
et s’est réjouie d’une éventuelle libéralisation de l’économie de l’île
[1]. Mais cette réalité a été traitée, comme toujours dès lors qu’il
s’agit de Cuba, de manière superficielle et erronée. Que ce soit au
sujet de l’acquisition des appareils électriques, des hôtels, des
téléphones portables, les restrictions qui étaient en vigueur il y a
peu avaient des explications rationnelles, mais celles-ci n’ont pas été
abordées par les transnationales de l’information. En réalité, un
intense débat avait été lancé au début de l’année 2008, peu avant la
décision de Fidel Castro de ne pas se représenter, dans le but
d’améliorer le socialisme cubain. Il avait impliqué l’ensemble de la
population et avait généré 1,3 millions de propositions.

Les appareils électriques


Les médias ont annoncé en fanfare que désormais les Cubains étaient
libres d’acquérir des appareils électriques et électroménagers,
sous-entendant qu’ils étaient complètement interdits à la vente
auparavant [2]. Or la réalité est sensiblement différente. La vente de
ces articles n’a jamais été prohibée à Cuba mis à part certains
produits à forte consommation d’énergie tels que les cuisinières
électriques et les micro-ondes, à une époque où la production
énergétique de Cuba était insuffisante pour couvrir les besoins de la
population.


En effet, pendant la période spéciale qui a débuté en 1991, suite à
la désintégration du bloc soviétique, Cuba s’est retrouvée seule face
au marché international et a dû faire face à la disparition de plus de
80 % de son marché extérieur, mais également à la recrudescence de
l’implacable agression économique de la part des États-Unis. Dans ce
contexte extrêmement difficile, l’île des Caraïbes a été frappée par de
nombreuses pénuries, notamment au niveau de l’énergie, ce qui
entraînait de longues coupures de courant. Par conséquent, les
autorités avaient limité la vente des appareils électriques dévoreurs
d’électricité. Ces restrictions étaient parfaitement justifiées. En
effet, il aurait été irresponsable de procéder autrement car le système
énergétique, fortement subventionné, aurait été en faillite.


Grâce à l’ingéniosité des Cubains, aux efforts consentis par la
population et aux nouvelles relations commerciales avec des pays tels
que le Venezuela et la Chine, Cuba dispose d’une économie plus forte et
a réussi à résoudre son problème d’énergie. Grâce à la « Révolution
énergétique » lancée en 2006 qui a consisté à remplacer les ampoules,
les anciens appareils électroménagers tels que les télévisions, les
réfrigérateurs, les ventilateurs et autres objets électriques, par des
produits plus modernes et à moindre consommation, des millions de
Cubains ont pu bénéficier de toute une gamme de produits
électroménagers neufs à des prix subventionnés par l’État, donc en
dessous du prix du marché.


Les économies d’énergie réalisées permettent désormais de faire
face à la demande de la population, ce qui explique l’élimination
progressive des restrictions au niveau de l’acquisition de nouveaux
appareils électroménagers, d’ordinateurs et autres appareils vidéos.
Les Cubains ont ainsi accès à un plus grand choix de biens de
consommation. Ainsi, les limitations s’expliquaient uniquement par un
facteur d’ordre économique, c’est-à-dire un manque de production
énergétique. La presse occidentale n’a pas daigné mettre en avant ces
éléments dans son traitement du sujet.


Les médias se sont empressés de souligner, à juste titre, que de
nombreux Cubains ne pourraient pas avoir accès aux articles en vente au
prix du marché, à cause de leur prix élevé par rapport au salaire
relativement modeste en vigueur à Cuba. Néanmoins, cette réalité
concerne une immense partie de la population mondiale qui vit dans la
pauvreté et dont les principales préoccupations ne sont pas d’acquérir
un lecteur Dvd ou un micro-ondes mais de manger trois fois par jour et
d’avoir accès à la santé et à l’éducation, angoisses inexistantes à
Cuba.


Ainsi, selon le dernier rapport de l’organisation des Nations unies
pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur l’insécurité alimentaire
dans le monde, 854 millions de personnes à travers la planète dont 9
millions dans les pays industrialisés souffrent de malnutrition [3].
Sur le continent américain seuls trois pays ont déjà atteint les
objectifs du Sommet mondial de l’alimentation (SMA) 2015 : Cuba, la
Guyana et le Pérou [4]. Selon l’UNESCO, actuellement, un adulte sur
cinq dans le monde n’est pas alphabétisé, soit 774 millions de
personnes, et 74 millions d’enfants sont privés d’école [5]. D’après
l’UNICEF, chaque jour, plus de 26 000 enfants de moins de cinq ans
meurent de faim ou de maladie curable, soit 9,7 millions par an [6].
Aucun Cubain ne fait partie de ces listes.


La mise en perspective de la réalité cubaine avec la problématique
latino-américaine et du tiers-monde est toujours éludée par les
transnationales de l’information car elle est édifiante et conduit
inévitablement à la nuance.

Les téléphones portables


L’accès au téléphone portable a également été élargi à Cuba pour
diverses raisons [7]. La première est d’ordre économique et la seconde
d’ordre technologique. L’accès au téléphone portable a été massifié à
travers le monde occidental dans les années 1990.


À cette époque, Cuba avait d’autres priorités que de fournir un
accès à la téléphonie mobile à la population. Les défis concernaient
alors l’alimentation, le transport et le logement. Le problème
alimentaire est désormais résolu à Cuba. Pour ce qui est du transport,
il est en passe d’être solutionné, notamment grâce à l’importation de
nombreux bus chinois. Quant au logement, il s’agit sans doute de la
principale difficulté à laquelle est confrontée la population.


Là encore, il ne s’agit pas d’une spécificité cubaine. La réalité
est la même dans une ville du monde développé telle que Paris, à une
différence près : à Cuba, il s’agit d’un manque de logement dû aux
sanctions économiques états-uniennes qui empêchent la construction de
100 000 logements de plus par an, alors que les Parisiens doivent faire
face une absurde aberration. En effet, plus de 100 000 logements,
propriété de classes aisées, sont vacants à Paris alors que 100 000
familles sont à la recherche d’un toit. Une loi de réquisition existe
pourtant mais elle n’est jamais appliquée par les autorités. A Cuba,
les citoyens n’accepteraient jamais un tel scandale [8].


En France, selon le Ministère du Logement, 1,6 millions de
personnes vivent dans des logements sans douche ou sans toilettes. Plus
d’un million de Français sont logés en « situation de surpeuplement
accentué », 550 000 personnes vivent dans des hôtels dont 50 000
enfants, 146 000 dans des maisons mobiles et 86 000 sont sans domicile
et vivent dans la rue [9]. Pourtant, près de deux millions de logements
sont vacants en France, dont 136 554 à Paris. Autre aberration : seuls
32 000 logements à Paris payent la taxe pour le logement vacant alors
que plus de 136 000 sont concernés. Mais les autorités préfèrent fermer
les yeux [10].



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Abandon ou progrès du socialisme ? Changements à Cuba :: Commentaires

Pour en revenir au téléphone portable, le second obstacle était
d’ordre technologique (c’est toujours le cas pour l’accès à Internet
car Washington empêche Cuba de se connecter au câble à fibre optique du
Détroit de Floride qui lui appartient). Cuba dispose d’une connexion
satellitaire limitée qui, de surcroît, est extrêmement coûteuse. C’est
la raison pour laquelle l’accès au téléphone portable avait été
restreint. Avec l’amélioration de la situation économique, l’offre est
désormais étendue à toute la population, même si les tarifs restent
très élevés. Là encore, si le téléphone portable est largement répandu
en Occident, il reste un luxe pour de nombreux habitants du
Tiers-monde.

L’accès aux hôtels


Pour ce qui concerne les hôtels, les médias ont également fait
preuve de partialité. Jusqu’au 1er avril 2008, l’accès aux hôtels de
luxe était, non pas interdit comme l’a affirmé la presse occidentale,
mais restreint. Ici, l’explication est d’ordre social et économique.


Dans les années 1990, la résurgence d’un phénomène qui avait été
éradiqué au triomphe de la Révolution en 1959 avait fortement préoccupé
les autorités : la prostitution. Pour essayer d’endiguer ce problème
qui a surgi des difficultés auxquelles ont dû faire face les Cubains,
le gouvernement de La Havane avait décidé de limiter l’accès de la
population aux infrastructures touristiques. Grâce au labeur des
travailleurs sociaux et à l’amélioration de la situation économique, ce
phénomène social, s’il n’a pas encore complètement disparu, a été
fortement atténué.


La seconde explication est d’ordre économique. En effet, avec le
développement vertigineux du tourisme à partir des années 1990, la
capacité hôtelière cubaine s’est révélée insuffisante pour accueillir à
la fois les étrangers et les Cubains. Les autorités ont privilégié
l’accueil des étrangers, surtout en haute saison, en partant d’un
raisonnement économique. Un touriste dont on ne pourrait satisfaire les
demandes de villégiature irait dépenser son argent ailleurs, ce qui
génèrerait un manque à gagner pour l’économie cubaine. Par contre, la
petite catégorie de Cubains qui dispose des ressources nécessaires pour
se payer un hôtel de luxe dépenserait son argent dans d’autres secteurs
mais celui-ci resterait à Cuba.


La presse occidentale s’est également attardée sur les tarifs
relativement prohibitifs pour le Cubain moyen. Selon l’Associated
Press, très peu de Cubains peuvent se payer une chambre à 173 dollars
la nuit dans l’hôtel Ambos Mundos (quatre étoiles) de La Vieille
Havane, l’un des plus prestigieux établissements touristiques de la
capitale qui était le favori d’Ernest Emingway [11]. Elle a raison.
Mais elle oublie, encore une fois, de souligner que l’accès à une
chambre d’hôtel de renom est un luxe pour tous les habitants du
tiers-monde, mais également pour une large catégorie des citoyens
vivant dans des pays développés. À titre de comparaison, combien de
Français, par exemple, peuvent se payer une chambre à 730 euros (la
moins chère) au Ritz (cinq étoiles) de Paris [12] ?

Libéralisation économique ?


Faut-il voir pour autant dans ces réformes une certaine
libéralisation de l’économie cubaine [13] ? Ce serait une erreur que de
penser cela. Il faut rappeler que dans les années 1980 les Cubains
avaient abondamment accès aux biens de consommation. Il s’agit
simplement de la suppression de restrictions qui n’avaient plus raison
d’être. D’autres devraient rapidement suivre. Ainsi, le gouvernement a
décidé de louer des terres non cultivées à des petits producteurs
privés afin d’accroître la production agricole, à l’heure où les prix
des matières premières ont atteint des sommets [14].


Les véritables changements à Cuba sont survenus en 1959 et l’île
est en évolution perpétuelle depuis cette date. La critique y est
constante et il suffit de lire la presse nationale pour s’en
convaincre, notamment les quotidiens Juventud Rebelde et Trabajadores
dont le ton est extrêmement incisif et sans concessions. Il y a
indéniablement, parmi les hauts dirigeants, une volonté politique de
susciter le débat. La fille de Raúl Castro, Mariela Castro, sexologue
qui défend les droits des minorités gay et lesbienne, a plaidé en
faveur du « socialisme, mais avec moins d’interdits [15] ». Mais les
médias font semblant de ne pas s’apercevoir de cette réalité.
Contrairement à ce que prétendent — et espèrent — les transnationales
de l’information, Washington et l’Union européenne, les Cubains ne
reviendront pas à une économie de marché mais poursuivront leurs
efforts dans la construction d’un socialisme moderne, plus juste et
plus rationnel.

Salim Lamrani

Enseignant, écrivain et journaliste français, spécialiste des
relations entre Cuba et les États-Unis. Auteur de Cuba face à l’empire
: Propagande, guerre économique et terrorisme d’État, dernier ouvrage
publié en français : Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les
droits de l’homme.

Les articles de cet auteur

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[1] Will Weissert, « Raul’s Reforms May Strengthen Communism », The Associated Press, 2 avril 2008.


[2] Will Weissert, « Castro Reforms : Dvd’s, Farms for Cubans », The Associated Press, 2 avril 2008.


[3] Organisation des Nations unies pour l’alimentation et
l’agriculture, L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2006
(Rome : FAO, 2006), p. 8.


[4] Ibid., p. 17.


[5] Institut de statistique de l’UNESCO, « Alphabétisme », 9 octobre 2007 (site consulté le 15 avril 2008).


[6] UNICEF, La situation des enfants dans le monde 2008. La survie de l’enfant (New York, décembre 2007), p. 1.


[7] The Associated Press, « Cuban Restrictions Eased By Raul Castro
», 2 avril 2008, Will Weissert, « Cubanos hacen largas filas para
comprar celulares », The Associated Press/El Nuevo Herald, 15 avril
2008.


[8] Droit au Logement, « Le logement en chiffres : exclusions et inégalités », 2002. (site consulté le 15 avril 2008).


[9] Ministère du Logement, de l’Équipement et des Transports,
Questionnaire de la Commission de la Production et des Échanges. Projet
de LFI pour 2001 & INSEE, Enquête 2001 sur la population «
fréquentant les services d’hébergement et les distributions de repas
chauds », in Droit au Logement, op. cit.


[10] Droit au Logement, op. cit.


[11] Will Weissert, « Thanks Raul : Cubans Can Stay in Hotels », The Associated Press, 1er avril 2008.


[12] Hôtel Ritz Paris, « Tarifs ». (site consulté le 15 avril 2008).


[13] Reuters, « Les téléphones portables désormais autorisés à Cuba », 14 avril 2008.


[14] The Associated Press, « Cuba Lends private Farmers Unused Land
», 1er avril 2008 ; Andrea Rodriguez & Will Weissert, « Communiste
Cuban Solution : Private Farms », 5 avril 2008.


[15] Alessandra Coppola, « Socialismo, ma con meno proibizioni », Corriere della Sera, 27 mars 2008.
http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008-04-20%2018:46:04&log=invites
 

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