Hommage national à Césaire le 10 mai 2008 Par Claude Ribbe,
lundi 14 avril 2008 à 20:29 :: General
On m’a brutalement annoncé vendredi 11 avril que Césaire était à
l’agonie, puis sa mort, dont l’annonce officielle devait intervenir
samedi 12 avril à 17 h (heure de Paris). La stupeur passée, ma première
réaction a été de proposer que la République lui rende un hommage
national et qu’il entre au Panthéon, ce qui a donné lieu à un
communiqué. C’était une manière d’attirer l’attention sur une œuvre
immense dont l’aspect subversif dérange encore.
Qu’on en juge :« Oui, il vaudrait la peine d’étudier cliniquement, dans
le détail, les démarches de Hitler et de l’hitlérisme et de révéler au
très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle
qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, que Hitler l’habite,
qu’Hitler est son démon, que s’il le vitupère,c’est par manque de
logique, et qu’au fond ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas
le crime en soi,
le crime contre l’homme, ce n’est pas
l’humiliation de l’homme en soi,
c’est le crime contre l’homme blanc et d’avoir appliqué à l’Europe des
procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes
d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique » (
Discours sur le Colonialisme1950). Eh oui, c’est cela, Césaire. L’œuvre du «chantre de la négritude
» est aussi une poétique de l’insurrection.
Depuis, la nouvelle de sa mort a été infirmée, son état étant qualifié
de « stable », mais aussi de « préoccupant» ce qui ne me rassure qu’à
moitié. Je forme évidemment des vœux pour qu’Aimé Césaire se rétablisse
et que son entrée au Panthéon,
dont je maintiens fermement l’idée,
ne soit qu’une perspective lointaine.
Mais je continue à penser que la journée de mémoire du 10 mai 2008 doit
lui être consacrée. Un digne hommage serait en effet la moindre des
choses pour honorer un homme qui a longtemps été voué aux gémonies
avant d’être sacrifié à l’idolâtrie.