"Pourtant, la donne change, et le sud-africain De Beers ne peut plus faire
régner sa loi comme au temps du grand-père Oppenheimer. D'abord, de nouveaux
acteurs ont émergé. Des poids lourds de l'industrie minière, comme l'australien
Rio Tinto et l'anglo-australien BHP-Billiton, exploitent désormais des gisements
au Canada et en Australie, tandis que le milliardaire israélien d'origine russe
Lev Leviev, un ami du président président Vladimir Poutine, contrôle déjà 9% de
la production mondiale en exploitant des mines acquises en Russie lors des
privatisations, en Angola et en Namibie. [...]
L'association des diamantaires a déposé une plainte contre le groupe
sud-africain auprès de la Commission européenne. Une démarche collective
exceptionnelle dans ce monde où les diamants se vendent et s'achètent sur la
parole donnée, avec un sonore "Mazel Baraka" (chance et bénédiction en hébreu)
pour sceller le deal. [...]
Mais les temps sont devenus difficiles, car les pays producteurs revendiquent
leur part du fabuleux trésor enfoui dans leur sous-sol. En Afrique du Sud, fief
historique du groupe depuis 118 ans, l'accession au pouvoir de la communauté
noire en 1994 a bouleversé les règles du jeu. Pretoria ayant promulgué, en 2003,
que les sous-sols appartenaient à l'Etat, De Beers, jusqu'alors propriétaire de
ses mines, devra verser désormais des royalties au gouvernement. Au Botswana -
premier producteur mondial avec 31 millions de carats - le gouvernement a été
gratifié de 15% du capital de De Beers. En Afrique du Sud, la compagnie devra
céder, d'ici dix ans, 26% du capital de De Beers Consolidated Mines (DBCM), la
partie minière, en vertu du Black Economic Empowerement (BEE), qui prévoit le
transfert du pouvoir économique aux populations noires défavorisées."