La Havane -- Une vidéo qui montre de jeunes Cubains réclamant davantage
de libertés vient alimenter un débat national lancé par le régime
lui-même, deux semaines avant que le Parlement ne tranche sur le rôle
de Fidel Castro, éloigné du pouvoir depuis près d'un an et demi.
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Cette vidéo, qui circule depuis plusieurs jours à La Havane,
surgit après que le chef d'État par intérim Raúl Castro, le frère de
Fidel, qui a hérité des rênes du pouvoir à la suite de l'opération
chirurgicale de Fidel en juillet 2006, a annoncé que le Parlement se
réunirait le 24 février pour élire le président, promettant de «grandes
décisions».
On y découvre des étudiants de l'Université des sciences
informatiques (UCI) qui se disent partisans du régime tout en tançant
le président du Parlement, Ricardo Alarcon, sur des thèmes sensibles:
les restrictions sur les voyages à l'étranger et l'accès à Internet, ou
encore le système électoral.
«Pourquoi le peuple cubain n'a-t-il pas la possibilité d'aller
dansdes hôtels pour touristes ou de voyager à l'étranger?», demande Eliecer
Avila, qui dénonce aussi le système de la double monnaie: peso
convertible pour les étrangers, qui équivaut à 25 pesos cubains, la
devise utilisée par les Cubains pour les achats de première nécessité.
Visible sur Internet, la vidéo, dont certains observateurs pensent
qu'elle a été préparée par le gouvernement, passe de mains en mains à
Cuba. Les critiques qu'elle véhicule coïncident avec les thèmes d'un
débat national lancé par Raúl Castro, qui a exhorté la population à
faire part de ses préoccupations.
Un autre des jeunes qui y apparaissent, qui se présentent comme des
«révolutionnaires» convaincus, met en question le système de vote dit
«uni» (pour tous les candidats) prévu pour l'élection des représentants
provinciaux et des parlementaires.
«J'ai regardé les photos et biographies de tous les délégués et
députés et je me suis dit: qui sont-ils? Je ne les connais pas, c'est
quoi, cette histoire de "vote uni"?», déclare Alejandro Hernandez, en
s'interrogeant aussi sur le contenu du «projet socialiste» cubain.
Le jeune Hernandez déplore également les restrictions imposées par
l'État au courrier électronique et au chat (discussion en ligne) tout
en affirmant comprendre les limitations
dans l'accès à Internet,
justifiées notamment par La Havane par une pénurie d'ordinateurs en
raison de l'embargo américain.
Dans la vidéo, le président du Parlement, Ricardo Alarcon, répond
aux étudiants, rappelant les accomplissements de 50 ans de révolution
communiste.
Sur les voyages, il rétorque: «Si le monde entier, soit six
milliards d'habitants, pouvait voyager où il voulait, il y aurait un
énorme trafic aérien. Ceux qui voyagent vraiment sont une minorité.»
Sur Internet, il dit ne pas avoir de réponse et, sur la question des deux monnaies, M. Alarcon souligne qu'elle est à l'étude.
La vidéo a suscité de nombreuses réactions, y compris
d'enthousiasme, comme celle de cette femme au foyer de 32 ans du
quartier de Miramar qui déclare: «C'est exactement ce qui se passe, ces
gamins disent totalement la vérité.»
«Tout ce que disent ces gamins, c'est ce qui court
dans la rue», affirme à l'AFP un mécanicien de 32 ans.
D'autres habitants ne cachent pas leur scepticisme, doutant de la
spontanéité du débat entre le président du Parlement et les étudiants.
«Cela a dû être monté [par le gouvernement] car je ne peux pas croire
qu'ils oseraient sinon s'exprimer de cette façon», affirme, sous
couvert d'anonymat, un serveur
dans le quartier du Cerro.
http://www.ledevoir.com/2008/02/09/175428.html?fe=3106&fp=381431&fr=66569#