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 Les tabous de l'immigration au Québec par René Boulanger

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mihou
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mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

Les tabous de l'immigration au Québec par René Boulanger Empty
31102007
MessageLes tabous de l'immigration au Québec par René Boulanger

Dans le cadre de la Commission Bouchard-Taylor, l'organisation du Québécois
tient à faire valoir son point de vue sur la question de l'immigration
et de l'identité québécoise par le truchement de son chroniqueur René
Boulanger qui signe ici un texte majeur.






Les tabous de l'immigration



À
mes amis Wilfrid et Raoul qui n'attendaient que la fin de la dictature
pour retourner en Haïti. À mes amis Kepa et Aurora qui attendaient une
éclaircie pour retourner en Pays Basque et qui, maintenant, ont pris
racine ici et mènent avec nous le combat québécois. À Maria et Ibrahim,
qui parfois pleurent le Liban mais espèrent avec nous le moment de
fêter la plénitude de notre liberté. À Luis qui a fui le Chili de
Pinochet et a retrouvé ici les racines de son combat, à tous ces amis
de notre longue route, je demande la caution de votre amitié. Parce que
si jamais j'ose poser la question des enjeux politiques de
l'immigration, il y a de bonnes chances que je me fasse crucifier ou
lapider. Et ce même si j'ai voté à gauche toute ma vie. On me traitera
de raciste alors que j'ai défendu la négritude et pourfendu le
colonialisme et l'impérialisme.



Or
je suis québécois et je dis comme Gilles Vigneault à tous les hommes de
la terre : « Ma maison est votre maison. » On ne peut prendre trop de
précautions lorsqu'on aborde un sujet aussi fortement circonscrit. Un
mur grillagé surmonté de barbelés protège ce sujet brûlant propriété du
Parti libéral du Québec qui en exhibe le "copyright". Qui retouche le
discours sur l'immigration s'expose à des poursuites et des
condamnations. Pour ces libéraux, il n'y a qu'une façon de penser la
chose et c'est dans le sens des bienfaits pour l'économie. Mais
derrière ce discours, il y a la manipulation des immigrants, leur
exploitation politique, leur prise en charge par un système
clientéliste qui fait d'eux la pierre d'assise d'un programme
néo-libéral visant à les dresser contre la gauche et les mouvements
libérateurs. Ça pourrait ne pas marcher. Mais comme ça marche, les
réactionnaires libéraux ont décidé de s'en servir à fond. On sait que
la démocratie québécoise mène vers l'indépendance, les oligarques
fédéraux ont donc choisi de la stopper. Loi sur la clarté, programme
des commandites, encerclement juridique, ce sont là des moyens
qu'Ottawa utilise. Mais l'immigration massive, qui oserait donc la
dénoncer comme anti-démocratique? Qui même oserait y voir là une
stratégie planifiée de dilution du vote québécois?



À
l'heure où la commission Bouchard-Taylor s'interroge sur les
accommodements raisonnables, et le pouvoir vivre ensemble de
différentes communautés culturelles et d'une majorité française
inscrite dans l'histoire des nations, moi je pense plutôt à notre
combat inabouti. Le débat porte sur les foulards, les signes religieux,
les habitudes qui dérangent et les petites exigences de chacun.
Pourtant, le vrai débat reste enfoui sous l'insignifiance et le silence
des élites aseptisées. J'affirme que la question de l'immigration ne
peut être uniquement culturelle. Elle reflète des enjeux qui sont
hautement politiques.



Pour
des raisons faciles à comprendre, nous savons que le gouvernement
fédéral et les fédéralistes au Québec ont décidé de se servir des
immigrants comme boucliers humains destinés à freiner l'élan
démocratique des Québécois vers leur indépendance. À long terme, cette
politique peut s'avérer stérile, car il reste l'espoir qu'après deux
générations, les enfants de la loi 101 s'intègrent culturellement et
politiquement à la nation québécoise. Mais à court terme, la tentation
est grande pour les services fédéraux de fausser la démocratie
québécoise comme elle l'a fait en 1995 en paquetant littéralement
l'assemblée par la création sur mesure de nouveaux citoyens canadiens
venant de prêter serment d'allégeance à sa majesté britannique.



Cette
humiliation suprême que tout Québécois digne de ce nom devrait chercher
à éviter, l'État Fédéral l'impose à tout nouvel arrivant. À moins que
les serments n'aient plus aucune signification, comment peut-on amener
ces nouveaux Québécois à trahir leur serment et rejeter le système qui
vient de les assujettir? Il y aurait donc deux qualités d'électeur au
Québec : ceux qui doivent fidélité à la monarchie canadienne,
c'est-à-dire les immigrants, et les autres. C'est donc Ottawa
qui crée cette différenciation. Non seulement, il la crée, mais il
l'exploite au mieux. Le régime sait tellement sur qui il peut compter
qu'au référendum de 1995, il a accéléré le processus d'octroi de la
citoyenneté pour des dizaines de milliers de nouveaux électeurs,
sachant d'avance qu'un immigrant ne vient pas au Canada
pour y mener une lutte nationale d'émancipation. Donc, l'immigration
est une arme comme elle le fut au temps de Lord Durham, de la Reine
Victoria et comme elle le fut toujours.



Alors
qu'on assiste à 80,000 naissances par année au Québec, le Parti Libéral
du Québec vient de fixer le seuil de nouveaux arrivants à 47,000 par
année et espère pouvoir doubler ce nombre très bientôt. Ce qui est
presque une politique de remplacement de population. S'il est vrai que
certaines communautés immigrantes ont voté à 95% en 1995 contre le
projet national des Québécois, on peut raisonnablement se poser la
question si la voie démocratique sera encore valable pour faire aboutir
la question québécoise dans la prochaine décennie.



La démocratie québécoise devra-t-elle attendre trois générations avant que se résorbe la politique dénaturée du bouclier humain
telle que voulue par les stratèges fédéraux? Il faut régler cette
question maintenant et pour cela nous devons nous livrer à un bon
exercice de vérité, pour notre bien à tous, Québécois et immigrants
confondus.



Ce
qu'on appelle le syndrome d'Hérouxville reflète bien ce malaise de ne
pas affirmer qui nous sommes. Il existe tout un discours autour de
l'immigration qui est loin d'être de gauche ou humaniste et qui sert à
faire écran à notre réalité auprès des nouveaux arrivants.



Ce
discours qui construit notre négation, enchaîne l'immigrant à une
vision irréelle de sa situation en affirmant que les Français du Québec
sont des fils d'immigrants comme tous les nouveaux arrivés. Ce discours
égalitariste en apparence ne vise en fait qu'à gommer notre histoire
pour mieux renforcer le statu quo colonial anglo-canadien.



Nous
ne sommes pas des immigrants, nous sommes des colons qui avons
construit une nouvelle société en Amérique au même titre que les
Américains. Nous avons défendu cette société les armes à la main. Nos
ancêtres ont versé leur sang pour qu'elle existe et pour défendre sa
liberté. Nous avons une patrie et cette terre est notre patrie. Si les
fédéraux font de nous des immigrants, c'est pour nous enlever le droit
à cette patrie. Selon eux, elle est à tous ceux qui la veulent, mais
surtout aux conquérants britanniques qui n'ont pas encore réussi à
éteindre notre combat. En fait , elle est à nous, et pour en être, il
faut être avec nous. Qui ne renie pas son serment à la monarchie
britannique, qui ne rejette pas les conséquences du fait colonial, qui
participe à notre assimilation, n'a pas droit à notre accueil
bienveillant.



Politique,
oui l'immigration est politique! S'emparer de cette question, c'est
s'emparer d'un des principaux leviers de notre action démocratique.
Mais pour cela, nous devons non seulement rejeter le tabou mais encore
nous défaire de la pensée fédéraliste que nous avons fait nôtre sans le
savoir. Je me résume : nous avons le droit de poser des conditions à
l'immigration et la première, c'est qu'elle serve à la construction
d'une nation française.



Maintenant,
il reste à disposer du deuxième grand tabou de l'immigration : celui
qui affirme que le multiculturalisme c'est la modernité et que les
Québécois doivent s'adapter sans rechigner à ce nouveau monde qui
apparaît.



Or
rien n'est plus ancien que ce phénomène. Les Québécois ont depuis
toujours vécu dans un monde pluriethnique. D'abord dans leur longue
fréquentation avec le monde amérindien mais aussi par l'apport des
variétés linguistiques de tous les dialectes français qui se sont
fusionnés ici autour de la langue de Paris, le français de la noblesse
et de la cour. C'est seulement après la conquête anglaise que la
volonté britannique d'assimiler les Français du Canada
a rendu menaçante la venue de nouveaux arrivants. Les loyalistes
Américains, les Écossais protestants, les Irlandais anglophones, et
finalement les Anglais pure race ont servi d'arme assimilatrice entre
les mains du régime colonial britannique. Cette politique a
partiellement échoué car ce sont les Québécois qui ont assimilé de
nombreuses familles anglophones surtout Irlandaises. En fait tout ce
qui était bourgeois était happé par la communauté anglophone de
Montréal et tout ce qui était ouvrier, tendait à se fondre dans la
masse française. Une brèche était toutefois ouverte au sein du peuple
par la fondation d'écoles catholiques anglophones par le clergé
Irlandais.



Entre 1900 et 1910, un million d'immigrants sont arrivés au Canada
venus des îles britanniques. Le Québec comptait alors un million
d'habitants. Jusqu'en 1960, ce flux a continué mais alimenté par les
ressortissants d'Europe de l'Est et les Polonais puis après 1950 par
l'immigration italienne, grecque et portugaise. Tant que les enfants
n'allaient pas longtemps à l'école, le problème d'intégration ne se
posait pas. Mais en 1960, la loi de l'instruction obligatoire change
tout. Les Catholiques Italiens et autres choisissent d'envoyer leurs
enfants dans les écoles Irlandaises. La langue de la bourgeoisie étant
l'Anglais, les immigrants d'après-guerre sont séduits par l'idée
d'instruire leurs enfants en Anglais. C'est le début des guerres
scolaires et linguistiques à Montréal. La loi 101 n'a en rien réglé ce
problème car les immigrants d'après-guerre vont encore à l'école
anglaise et les nouveaux arrivants s'inscrivent massivement au cégep
anglophone et à Concordia après leurs études secondaires. Une nouvelle
communauté anglophone artificielle est créée à Montréal avec l'argent
public des Québécois.



La
question de l'immigration actuelle et à venir se pose dans ce contexte
de pression à l'assimilation et à l'acculturation québécoise. On voit
que les Québécois ont une longue expérience de l'immigration et
pourtant, on leur dit que c'est nouveau et bénéfique, alors qu'elle est
conflictuelle depuis 1760 et le plus souvent utilisée à des fins
politiques pour réduire le fait français au Québec et au Canada.



Et
pourtant malgré ces ratées dues au système canadien de domination
nationale, c'est en se référant à la Confédération que les fédéralistes
justifient leur seul argument politique en faveur d'une augmentation de
l'immigration : À savoir, maintenir le poids relatif du Québec à
l'intérieur de la fédération canadienne. On pourrait qualifier cette
préoccupation de fertile et généreuse si elle n'émanait pas de ceux
même qui cherchent à amoindrir le Québec depuis plus de 45ans de lutte
pour l'indépendance. Tous devraient savoir que si cette question n'est
pas posée en même temps que celle de l'intégration, elle risque de nous mener à une situation pire que celle que nous connaissons. Si du fait de l'immigration, la population du Québec augmentait au même rythme que celle
de l'Ontario mais qu'on ne réussisse pas à intégrer les nouveaux
arrivants à la majorité française, quel serait l'avantage de notre
supposé poids relatif si ce devait être au prix de l'affaiblissement de
la majorité française? Qui alors, va revendiquer un nouveau statut pour
le Québec, plus de français, moins d'intrusion fédérale? Qui va
dénoncer la participation aux guerres impérialistes? Qui va fêter les
Patriotes, qui va écouter Gilles Vigneault et Paul Piché? Qui va
célébrer la fête nationale?



En quoi un Québec moins français, mais plus populeux nous confère-t-il de la force?


On
voit que sans l'intégration non seulement culturelle mais aussi
politique, l'immigration pose des problèmes potentiellement
conflictuels. Une politique québécoise bien menée nous rend fiers de
l'apport des Marco Calliari et Luck Mervil qui vivent avec nous la belle
aventure québécoise sans rien renier de leurs origines. Mais l'entrée
massive des enfants d'immigrants au Collège Dawson et à Concordia nous
montre également que c'est à cause de notre propre incohérence que nous
arrivons à annuler tous les bienfaits de la loi 101 et d'une
immigration que nous avons supposément bien prise en main.



Il
faut en fait que l'immigration devienne notre entière responsabilité et
soumise à nos plus hautes exigences. Si les immigrants devaient rester
des boucliers humains devant servir à freiner la lutte nationale, ce
serait alors la mesure de notre échec. Si le monde économique croit que
l'immigration massive est utile pour augmenter le nombre de
consommateurs asservis, il faudrait peut-être alors lui proposer un
pacte. Que les hommes d'affaires consentent à régler la question
nationale et assurer définitivement la vie française à Montréal et au
Québec, en contre-partie nous ouvrirons les vannes de l'immigration
pour satisfaire ce monde économique si inquiet de la baisse de
consommation au Québec.



En
gros, l'immigration ne doit plus se faire contre nous mais pour nous.
C'est comme ça qu'on réconcilie le nationalisme civique et le
nationalisme historique. Eux deviennent Nous.



En
conséquence, il faut renforcer la loi 101, refinancer l'enseignement du
français, exiger la connaissance du Français à l'arrivée des
immigrants, instaurer le cégep en français et franciser l'Université
Concordia. Il ne faut pas avoir peur de fixer un seuil de possibilité
d'accueil. Il faut aussi cesser d'accuser les Québécois de xénophobes
et de tout ce qu'on voudra du moment qu'ils posent des questions sur
leur survie nationale. Avec un tel début d'une nouvelle politique
d'intégration, on peut penser à un avenir démocratique pour la
résolution de la question québécoise. Autrement la démocratie ne voudra
plus rien dire. Il ne faut plus jamais se retrouver dans une situation
où les immigrants serviraient de boucliers humains pour bloquer les
nécessaires changements politiques. Il faut mettre fin à leur
exploitation politique. Il reste odieux qu'un immigrant doive parler
trois langues pour intégrer le marché du travail.



Il faut surtout, et particulièrement au Parti Québécois, cesser d'opposer un principe
à un autre. La générosité de l'accueil à l'immigration ne doit pas
mettre en péril la francisation de la société québécoise ni, encore
plus, devenir un frein à l'indépendance.



René Boulanger
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