Un nouveau témoignage sur les geôles de Sékou Touré
Adulé à l’étranger, Sékou Touré a fait vivre l’enfer du camp Boiro à
maints de ses compatriotes. Alsény René Gomez, une de ses victimes,
témoigne dans un livre à paraître bientôt. Par Les Afriques
Ahmed Sekou Touré
La Guinée n’a pas fini d’exorciser le traumatisme du camp Boiro.
"Parler ou périr"est le cinquième ouvrage consacré au mouroir que fut cette geôle de
Sékou Touré, à Conakry même, sa capitale. Jean Paul Alata,
"Prisons d’Afrique", Amadou Diallo,
"La mort de Diallo Telli", Ousmane Bah,
"Camp Boiro", Abdoulaye Portos Diallo
"Les Vérités du ministre" ont déjà témoigné.
Alsény René Gomez a été arrêté et incarcéré le 22 septembre 1971.
Directeur général de l’aviation civile, il est accusé d’avoir trempé
dans le complot dit de l’agression portugaise perpétrée le 22 novembre
1970. Cela lui vaudra de séjourner, dit-il avec une précision
d’horloger, 7 ans, 7 mois, 19 heures, 30 minutes au camp Boiro. Il y
vécut l’enfer de la torture et de l’humiliation. Comme ses compagnons,
il a été battu. D’autres moins chanceux, et ils sont nombreux, ont été
froidement assassinés.
Goulag tropical
Camp Boiro, c’est simplement un
Goulag tropical.
Sékou Touré, héros de l’indépendance de la Guinée, dirigeait le pays
d’une main de fer. Brisant maints destins. Mais, il ne parvient pas à
ôter tout espoir à Gomez d’en sortir. Il décide alors de recueillir le
maximum d’informations qui lui permettront de "témoigner un jour, si
Dieu [le] sortait de cet enfer".
Son dessein n’est toutefois pas que de témoigner. Alsény René Gomez
veut aussi réconcilier ses compatriotes et exorciser le passé. Ayant
survécu à l’enfer de Boiro, il revient sur le devant de la scène
politique à la chute du Dictateur. Sous la deuxième République, il
occupe successivement les fonctions de Ministre, Secrétaire général de
la Présidence de la République, Ministre de l’intérieur et de la
sécurité et Ministre de la justice, Garde des Sceaux.
Le livre fait partie de la
"littérature de la douleur qui relate les crimes et atrocités des prisons guinéennes sous le règne de Sékou Touré"écrit dans la préface, l’historien guinéen Djibril Tamsir Niane, auteur
de nombreux ouvrages dont "Niani ou l’épopée mandingue" qui retrace la
vie de Soundjata Keita, l’un des plus grands empereurs noirs d’Afrique.
La parution de ce nouveau témoignage sur le camp Boiro est prévue pour le troisième trimestre de l’année.
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"Parler ou périr", L’Harmattan, 169 pages.
Chérif Elvalide Sèye
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