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 Iran-Occident : les rendez-vous manqués

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mihou
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mihou


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Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

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01102007
MessageIran-Occident : les rendez-vous manqués

Octobre 2007 Iran-Occident : les rendez-vous manqués




L'Iran est suspecté de préparer une bombe atomique et de menacer la paix mondiale...
C'est l'occasion de revenir sur l'Iran, son Histoire et ses rendez-vous manqués avec l'Occident...

lire aussi notre dossier : De la Perse à l'Iran, 2500 ans d'Histoire
16
septembre 2007. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard
Kouchner, emporté par une emphase très peu diplomatique, a dit que le
monde devait se «préparer au pire», c'est-à-dire à la possibilité d'une «guerre» avec l'Iran. Il a demandé des sanctions européennes tout en appelant à «négocier jusqu'au bout» pour éviter que Téhéran ne se dote de l'arme atomique.Cette sortie suit de deux semaines celle du président Sarkozy qui avait dit vouloir «échapper à une alternative catastrophique : la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran».Des
paroles aussi brutales sont inhabituelles en diplomatie où l'on se
méfie par expérience de la portée des mots. Elles marquent un virage à
180° de la diplomatie française des 50 dernières années, en s'éloignant
des positions européennes pour coller aux thèses américaines.Deux poids, deux mesures
Le président George Bush déclarait déjà en 2003 qu'il «ne tolèrerait pas» que l'Iran, l'un des pays de l'«axe du Mal» avec l'Irak et la Corée du Nord, puisse un jour accéder à l'arme nucléaire.Néanmoins,
il ne voyait pas d'inconvénient à faire alliance avec les princes
d'Arabie séoudite, d'où al-Qaïda tire l'essentiel de ses ressources en
armes, en hommes et en argent.Il avait aussi, comme aujourd'hui,
beaucoup d'égards pour le général Musharaf, dictateur du Pakistan, une
puissance nucléaire et un pays dont les confins frontaliers ont servi
(servent encore ?) de refuge aux terroristes islamistes et à Ben Laden
lui-même.Plus près de nous, le président Sarkozy n'a rien eu de
plus pressé cet été que de vendre au dictateur libyen du nucléaire
civil pour le remercier d'avoir libéré contre rançon huit infirmières
bulgares ! Il s'est plié ce faisant à une tradition nationale, la
France ayant déjà eu à coeur dans le passé de livrer du nucléaire civil
au chah d'Iran et à Saddam Hussein.Or, il y a cinq ans, tandis que George Bush diabolisait l'Iran, celui-ci soutenait les États-Unis dans leur chasse aux talibans
islamistes en Afghanistan. Et le président Khatami, impatient de hisser
l'Iran dans le club des grandes puissances, plaidait pour le «dialogue des civilisations».Le
18 décembre 2003, pour prouver sa bonne volonté, la République
islamique signait le protocole additionnel du traité de
non-prolifération nucléaire (TNP) qu'on lui reproche aujourd'hui de ne
pas respecter (notons que ni l'Inde, ni le Pakistan n'ont accepté ledit
traité, ce qui leur a permis de se nucléariser sans faire d'esclandre).Rendez-vous manqués
Pour
se représenter l'effet que peuvent produire les diatribes occidentales
dans l'esprit des Iraniens, il faut revenir à l'Histoire récente...En 1951, Mossadegh, premier ministre du chah, nationalise les actifs de l'Anglo-Iranian Oil Company (aujourd'hui British Petroleum).
C'est une première ! Aucun gouvernement de pays pauvre ne s'était
encore manifesté de la sorte. Anglais et Américains prennent fort mal
la chose. La CIA, qui en est à son coup d'essai, organise le renversement de Mossadegh. C'était le premier rendez-vous manqué entre l'Iran et l'Occident.En
1980, tandis que la Révolution islamique s'épuise dans les luttes
intestines, le président de l'Irak, Saddam Hussein, un Arabe sunnite,
se dit que l'occasion est bonne de donner une leçon à l'ennemi
héréditaire. Il envahit la province arabophone du Khouzistan
et reçoit aussitôt le soutien discret mais appuyé des autres pays
arabes ainsi que des Européens, des Américains et des Soviétiques
(chacun a ses raisons). Les Iraniens surmontent le choc même s'ils ne
trouvent... qu'Israël pour les aider. C'était le deuxième rendez-vous
manqué entre l'Iran et l'Occident.
Faut-il s'étonner que
les Iraniens aient élu à la Présidence de la République, en 2005, non
pas le candidat de la modernité Rafsandjani, favori des pronostics,
mais l'improbable Ahmadinejad,
un trublion habité par la haine des États-Unis et des juifs ?... Ainsi
l'Occident a-t-il manqué un nouvelle fois son rendez-vous avec l'Iran ?L'Iran diabolique
Ce
n'est pas le lieu ici de s'interroger sur les motivations des
dirigeants, qu'ils soient américains, français ou autres. Ces
motivations semblent plus souvent relever de l'affectif que de la
raison ou de la culture.Une bonne partie du malentendu vient de
ce que l'image de l'Iran reste attachée à une Révolution islamique
vieille de 30 ans. Or, 30 ans, c'est beaucoup en Histoire. C'est par
exemple le temps qui sépare les Jacobins de 93 des ultra-royalistes de
la Restauration.Les acteurs de la Révolution islamique, s'ils ne sont pas morts comme l'ayatollah Khomeiny, ont pris de l'âge et de l'embonpoint, comme nos soixante-huitards.Au-delà
des apparences, la Révolution islamique s'est très vite épuisée dans
les luttes de factions et les trahisons en tous genres. Après les
violences des années 1979-1981, assez comparables à la Terreur
révolutionnaire de 1793-1794, le gouvernement des religieux a bénéficié
d'un sursis grâce à la guerre contre l'Irak.Celle-ci prend fin en juillet 1988 et l'année suivante meurt le charismatique et redouté ayatollah
Khomeyni. Les nouveaux hommes forts de l'Iran, Rafsandjani et Khatemi,
n'ont plus d'autre souci que de reconstruire le pays. Sans état d'âme
ni dogmatisme.Invisible aux yeux des Occidentaux, occulté par la
guerre Irak-Iran, ce changement transparaît dans les statistiques
démographiques dès le milieu des années 1980.Sans égard pour les
injonctions des religieux, les Iraniennes passent brutalement d'une
moyenne de 7 enfants par femme à seulement 2 aujourd'hui (comme les
Françaises).Youssef Courbage et Emmanuel Todd (Le rendez-vous des civilisations,
Seuil, 2007) voient dans cet indicateur démographique le signe d'une
plus grande proximité entre les Iraniens et les Européens.Cette proximité, 30 ans après la Révolution islamiste, n'a pas lieu de surprendre à la lecture de Bernard Hourcade (Iran, nouvelles identités d'une république, Belin, 2002).Le
chercheur montre que l'attachement des Iraniens à la Révolution s'est
rapidement évaporé et qu'aujourd'hui prime l'indifférence politique,
sinon même religieuse. «En nommant des clercs fonctionnarisés à la tête de bien des nouveaux hayat[associations de voisinage] pour remplacer les religieux désignés par consensus, la relation de confiance entre la population et le clergé a été brisée», note-t-il.Il
s'ensuit un repli sur la sphère privée et familiale et une aspiration
au bien-être dont témoignent les reportages photographiques sur les
jeunes filles libérées, maquillées et coquettes des villes iraniennes
du XXIe siècle.Notons que dans ce pays qui, traditionnellement, maintient les femmes dans une rigoureuse claustration (à preuve le célèbre tchador), on croise aujourd'hui plus de femmes que d'hommes dans l'enseignement supérieur.L'Iran change et nos dirigeants ne s'en seraient pas aperçus ?Nouveau rendez-vous Iran-Occident ?
Comment
agir avec l'Iran ? En le traitant comme il estime devoir l'être : comme
un grand pays, porteur d'une immense civilisation et d'une Histoire autrement plus longue et plus prestigieuse que beaucoup d'autres, y compris parmi les puissances qui régissent la planète !L'Iran n'est pas l'Irak, encore moins le Pakistan ou la Libye !Si
l'on fait l'impasse sur les formules à l'emporte-pièce de ses
dirigeants, on voit qu'il est avant tout soucieux de surveiller ses
voisins, en particulier les pays musulmans à majorité sunnite, plutôt
que de théoriser sur le choc des civilisations.De son passé tissé d'invasions, l'Iran conserve une peur obsidionale de l'encerclement. Il s'en prémunit en manoeuvrant les communautés chiites des pays environnants comme c'est le cas au Liban et en Irak.Il
s'inquiète aussi non sans raison de ce que son voisin immédiat le plus
instable et le plus dangereux, à savoir le Pakistan, soit doté de la
bombe atomique.Si les Occidentaux veulent vraiment apaiser ses
craintes, sans doute devront-ils lui apporter de solides garanties sur
sa sécurité et celle de ses frontières avec l'Irak, l'Afghanistan et le
Pakistan...Pakistan, danger public
État
artificiel, sans profondeur historique, en permanence au bord de
l'explosion, le Pakistan cumule tous les dangers pour la paix mondiale.
Sans compter qu'il renforce activement son arsenal nucléaire.Au
sous-développement et à la corruption, plus prononcés que dans l'Inde
et l'Iran voisins, s'ajoutent la guerre latente avec l'Inde aux confins
du Cachemire, les conflits tribaux sur la frontière avec l'Afghanistan,
vaste zone de non-droit où Ben Laden et les chefs d'Al-Qaïda ont un
temps trouvé refuge,...En mai 2007, l'armée a dû déloger les talibans islamistes de la Mosquée rouge,
au coeur de la capitale pakistanaise, Islamabad. Réjouissons-nous que,
dans ce joyeux désordre, les chiites pakistanais se tiennent
tranquilles (n'oublions pas qu'ils sont 40 millions, soit presque aussi
nombreux qu'en Iran !).Pour ne rien arranger, les démographes
Youssef Courbage et Emmanuel Todd voient le Pakistan dans la situation
la plus critique qui soit, au seuil de la transition démographique,
quand la fécondité féminine est sur le point de diminuer et que
s'exacerbent les tensions entre les tenants de la tradition et ceux de
la modernité.
Bibliographie
Pour comprendre l'Iran et les enjeux contemporains, je recommande Le rendez-vous des civilisations (Youssef Courbage et Emmanuel Todd, Seuil, 2007) et surtout Iran, nouvelles identités d'une république,
un essai sensible, complet et lumineux du géographe Bernard Hourcade
(Belin, 2002), qui a vécu et travaillé en Iran de 1978 à 1993.Je ne conseille pas le livre de François Heisbourg : Iran, le choix des armes ? (Stock, 2007), auquel le quotidien Le Monde fait bien assez de publicité !Rappelons
qu'avant de critiquer l'intervention américaine en Irak, François
Heibourg, conseiller en stratégie du groupe Lagardère, a publié un
rapport le 10 septembre 2002 à propos de l'Irak où l'on pouvait lire : «Les armes chimiques et biologiques existent bel et bien et leur emploi est tout à fait possible en cas de guerre» (cité par Marianne, 22 septembre 2007, page 51).L'assertion
sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein se prolonge avec
de nouvelles assertions sur la bombe iranienne (pardon, «islamique»), que l'on nous annonce comme imminente depuis les années 1990...André Larané

http://www.herodote.net/articles/article.php?ID=287
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