mihou Rang: Administrateur
Nombre de messages : 8092 Localisation : Washington D.C. Date d'inscription : 28/05/2005
| | A qui profitent les simulacres d’élections africaines ? | |
A qui profitent les simulacres d’élections africaines ? 10/07/2007 Congo RDC, Congo Brazzaville, Sénégal, Mali, un train d’élections 2007 qui vient de passer en laissant plus qu’un goût amer aux populations et citoyens en attende d’une matérialisation dans le personnel politique des Etats africains, des aspirations populaires profondes. La RDC avait déjà largement désillusionné son monde lorsqu’un "vote" y fut organisé entre crépitements de balles, viols et assassinats et kidnapping de l’économie diamantifère du pays. Un jeune homme ne parlant pas la langue du peuple, y prêtait serment, alors que le pays n’était ni réunifié territorialement ni pacifié, sans parler du recensement du corps électoral et de l’effectivité nationale des services administratifs.
En avril 2007 le burlesque à défaut d’y avoir surpassé les autres expériences continentales les aura au moins égalé avec toutefois une explosion de violence déclarée pendant la période électorale laissant des centaines de morts sur l’autel du double scrutin présidentiel et législatif.
Umaru Yar’Adua, nouveau président "élu", ancien gouverneur peu connu au niveau national et n’ayant jamais fait acte autonome de candidature avant que le président sortant ne le désigne comme son dauphin, était en passe de terminer son second mandat de gouverneur et de prendre la sortie politique. Son destin d’un coup d’un seul changea. Il faut dire que membre du parti du président sortant le PDP, ils entretiennent une proximité familiale qui s’était exprimée dans la première présidence militaire du général Obasanjo entre 1976 et 1979 par la vice présidence d’un richissime général, le dénommé Shehu Musa Yar’Adua, défunt frère aîné du nouveau président. Affaires de famille.
Malgré les réserves et contestations tant nationales qu’internationales, sur un processus électoral pipé d’amont en aval, depuis l’absence de cartes d’électeurs, jusqu’au déroulement très tardif et expéditif du vote des citoyens en passant par les bourrages d’urnes, des opérations de collecte et de traitement à l’évidence truquées, il y a désormais un nouveau président à la tête de la première puissance pétrolière africaine. C’était sans doute l’essentiel, pour la forme on verra plus tard. Du reste quand ailleurs la forme y est plus ou moins soignée n’en faut-il pas peu pour dénicher des charters électoraux du Cameroun, les achats de vote Sopi au Sénégal, les faux électeurs ou les bureaux de votes où le nombre de votants excède celui des électeurs ? Et pourquoi pas, de guerre lasse envoyer la soldatesque arracher manu militari les bureaux de vote de lèse-majesté et les emporter au camp militaire suivant l’exemple togolais Gnassingbé post-Eyadema.
Les élections nigérianes ont toutefois réussi à s’attirer la réticence d’observateurs africains et internationaux d’ordinaire pas très regardants, préférant considérer ou feindre de considérer au nom d’inavouables projets à défaut de coupable candeur, que le plus important résiderait dans l’avancée d’un processus dynamique dont les erreurs de départ sont appelées à être amendées avec le temps.
La Cédéao -Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest- parla d’un scrutin "ni libre ni équitable", le Commonwealth d’"imperfections significatives", signalant un cas observé de visu de bourrage d’urne et de bulletins prémarqués. Pour la mission d’observateurs de l’UE qui parle d’au moins 200 tués pendant les "élections" des 14 et 21 avril considérées "loin des critères démocratiques internationaux de base", fraudes, manque de transparence, impossibilité de voter pour beaucoup d’électeurs ont émaillé le grand rendez-vous national. Conclusion ? Comme en RDC, le candidat du pouvoir l’emporte et est désigné chef de l’Etat sous le regard oblique de la "Communauté internationale" et l’impuissance des électeurs floués mais sans recours.
Si les peuples sont floués, ne sachant où plaider la cause de leurs élections usurpées, et que malgré tout se suivent et se succèdent les victoires politiques des sortants décriés tant pour leurs détournements que pour l’aggravation dans bien des pays de la situation économique et sociale, c’est bien que cette situation fait des vainqueurs. Les gagnants apparents qui confisquent un pouvoir mal acquis et ceux qui tirent des bénéfices objectifs des pouvoirs en place, les oligarchies locales et surtout le capital étranger, capitaliste occidental. Il faut se souvenir que les IDE –investissements directs étrangers- ont besoin d’une façade de légalité pour opérer efficacement dans les pays. Il faut bien des signataires des juteux contrats d’exploitation ou d’extraction des hydrocarbures et autres matières premières. Un semblant d’ordre institutionnel et de légitimité crypto démocratique est nécessaire pour endetter les pays sur le paraphe d’administrations stipendiées. Sans signature le pillage serait trop à découvert… Question d’élégance, et de minimisation de risque. Un vrai faux président engage officiellement et devant le droit international, les richesses du pays qu’il s’arroge de diriger.
L’économie internationale et sa géopolitique pétrolière ne pourraient se passer de l’appoint en barils nigérians à l’heure où les Occidentaux tentent de réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis du Moyen-Orient craignant les conséquences éventuelles d’un choc militaire, "terroriste", ou même la montée nucléaire de pays comme l’Iran. Les préoccupation de droits humains et démocratiques pèsent le poids plume à cette aune et ce sont les pétrodollars des firmes et les intérêts des Etats hégémoniques qui priment. Dans cette optique des pays instables mais suffisamment exploitables pour y tirer le maximum de profits sans réelles contreparties ni investissements au-delà du strict nécessaire sont un rêve pour le capital étranger. Il peut désormais en revenir presque au comptoir ou à la station de pompage pure et simple d’où il s’appropriera dans les conditions incroyablement léonines, la matière première. Vive les Mercedes, les 4X4 et les comptes en banque à l’étranger qui financent … les prédations des multinationales.
Finalement les élections africaines à l’instar de celles se rapprochant des expériences nigérianes ou congolaises [RDC] de 2007 permettent de préserver l’apparence d’une légalité internationale à partir de laquelle les Etats, les peuples peuvent être pillés et paupérisés par les vainqueurs en dernier ressort, l’Occident, la Chine chaque jour davantage et leurs obligés d’Afrique. Une situation qui ne doit plus pouvoir durer. PK http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=1827
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Lun 22 Oct - 10:35 par brigitte