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6 septembreLu dans la presse : des bandes « ethniques » aux mollets de
singe envahissent Paris !.
Une rue du XIIIe arrondissement de Paris porte depuis 1899
le nom d’Abel Hovelacque. Je m’étonne qu’aucun maire, fût-il témoin de moralité
de Pascal Sevran, ne s’en soit jamais ému. Qui était Abel Hovelacque (1843-1896)
? Un élu parisien du XIIIe arrondissement, prédécesseur du député-maire PS
actuel (Serge Blisko).
Certes, mais encore? Un anthropologue et linguiste. Cela ne suffit pas. La
vérité (pas bonne à dire) c’est qu’Abel Hovelacque fut le fondateur officiel de
la négrophobie française. Plus fort encore que Voltaire, Hovelacque. Je vous
recommande sa
Communication sur les races inférieures (1880, imprimerie
nationale!) ou
Les nègres de l'Afrique sous-équatoriale (1889).
Quelques morceaux choisis: «le nègre a un mollet de singe» ou encore « certains
nègres ne paraissent pas entièrement redressés». En lisant Abel Hovelacque,
j’apprends ainsi que le pied du nègre, à la différence de celui du blanc est
destiné à grimper aux arbres. Cher Abel Hovelacque, merci pour cette
information. Il y a un acacia dans la cour de l'immeuble et des platanes qui
bordent le boulevard adjacent. Tout à l'heure, je tente l’aventure : promis juré
! Je laisse tomber le Vélib. En attendant, il semblerait qu’Hovelacque ait fait
des émules parmi les journalistes français qui depuis hier ont décidé qu’il y
avait des «bandes ethniques» descendues des baobabs de nos banlieues pour
terroriser les Parisiens (et en particulier ceux de la rue Abel-Hovelacque).
Quiconque a pris le RER D a pu constater que les passagers n’y
ressemblent guère aux clients du café de Flore. Peut-on dire que ce sont des
passagers et des clients «ethniques» ? Depuis quarante cinq ans, des politiques
vicieux ont relégué les Français originaires d’Outre-mer et d' Afrique dans des
banlieues de misère, parfois avec la motivation cynique de s’y constrituer un
réservoir électoral. Difficile, dans ces conditions d’y former des bandes qui
ressemblent à celles des beaux quartiers. De ces bandes-là, la presse
dirait-elle qu’elles sont «ethniques» ? Je n’ai jamais lu de telles
qualifications à propos, par exemple, des supporters racistes du PSG. Et si, de
ces foutriquets, le triceps sural (tel est le nom du muscle du mollet) n’est pas
hypertrophié, on dira qu’ils ont des mollets de coq, pas de singe.
Que se
passe-t-il donc pour que des journalistes éprouvent le besoin compulsif de
qualifier d’ «ethniques» des bandes de jeunes Français de banlieue ?
Je
rappelle que le mot «ethnie» a été inventé par Vacher de Lapouge, l’un des
théoriciens du racisme français. Il est clair qu’il est utilisé par certains
journalistes pour désigner ceux qui n’ont pas la même couleur de peau qu’eux et
qui, donc, sont supposés différents, pour ne pas dire inférieurs. Donc, pour les
racistes soucieux de ne pas se faire épingler, "ethnie" est aujourd'hui une
manière polie de dire "race". Quant aux gros mollets, depuis la seconde moitié
du dix-huitième siècle, dans les pays esclavagistes, il semble qu’on en ait fait
un critère de beauté pour les messieurs, qui pensaient ainsi se démarquer des
esclaves « ethniques » aux mollets simiesques. Bien entendu, comme les gros
mollets ne sont pas forcément une affaire de couleur de peau, les mâles blancs
de peau aux mollets de coq se glissaient des faux-mollets sous leurs bas pour
faire plus joli et Alexandre Dumas, victime des préjugés de son époque, se
croyait obligé de déclarer dans ses
Mémoires que son père (le général
Dumas, un officier des plus «ethniques») avait des mollets aussi gros que la
taille de sa mère.
En résumé : je conseille aux jeunes des banlieues nord
qui veulent entrer dans Paris (et en particulier à ceux qui souhaitent se
promener tranquillement dans la rue Abel-Hovelacque) de bien se poudrer le
visage et, s’ils sont de sexe masculin, de ne pas oublier de se mettre des
faux-mollets dans leurs chaussettes. De cette façon, ils ne seront pas repérés
comme « ethniques » par les journalistes racistes qui patrouillent gare du Nord
en quête d'incidents "ethniques". Quant aux filles de toutes couleurs, je les
rassure: le fait d’avoir de gros jambons qui dépassent de la jupe n’est pas
encore reconnu comme critère de beauté.
En tout cas, si demain, vous
apercevez une silhouette qui saute de platane en platane avec agilité, ne vous
inquiétez pas : ce n’est que moi. Merci Abel Hovelacque !
Lun 22 Oct - 9:33 par maria0033