La diversité en débat dans la république
Lucien Pambou revient sur le concept de diversité qu'il juge flou,
indéfini et ambigu, et propose aux organisations communautaires de se
définir comme telles Par Lucien Pambou
Lucien Pambou
La diversité est en débat dans la République française depuis de
nombreuses années mais de façon décisive après la marche des beurs pour
l’égalité des droits dans les années 80 et les incendies des années
2005 qui ont entraîné la création de fédérations et d’associations dont
l’objet est la promotion de la diversité.
Pour la plupart de ces organisations, la diversité est un objet de
discours politique, économique, culturel et social. J’estime que le
concept de diversité est indéfini et ambigu, ce qui rend illisible les
missions et les stratégies de ces organisations en charge de la
problématique de la diversité. La diversité est-elle liée à la couleur
de la peau, dans ce cas il est normal de parler de noirs, d’asiatiques,
de maghrébins.
Or cette définition de la diversité est insuffisante car elle n’englobe
pas que des phénotypes identifiés. Dans le cas de la France, la
diversité est aussi assimilable aux populations considérées comme
marginales (homosexuels, handicapés, etc.). Cette assimilation concerne
aussi les territoires et les populations autochtones blanches de classe
ouvrière. Pour éviter d’être cataloguées de communautaristes, certaines
associations et fédérations défendant des noirs de France utilisent le
concept de diversité à la place de celui de noirs.
J'estime le concept de diversité indéfini et ambigu Lucien Pambou
L’élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République et la
nomination d’une noire française d’origine africaine ont contribué à
renforcer l’ambiguïté du concept de diversité. Nicolas Sarkozy a-t-il
nommé Rama secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères en charge des
droits de l’homme en pensant à sa couleur de peau ou à la diversité.
Nicolas Sarkozy a, à sa manière, appliqué la discrimination positive à
la Française, qui n’est autre que le volontarisme en politique pour
promouvoir les débuts d’une politique d’égalité des chances. Le comble
est que certaines associations et fédérations sensées représenter les
noirs de France et en France ont combattu la politique de Nicolas
Sarkozy pour s’en approprier par un tour de passe-passe, lorsqu’elles
demandent que des noirs soient recrutés à un niveau hiérarchique élevé
dans la fonction publique, dans l’armée ou dans les ministère
régaliens.
Nous sommes là au cœur d’une politique de quotas qui ne dit pas son nom
et a honte de s’afficher comme telle au nom de l’égalitarisme
républicain. Le concept de diversité camoufle en fait une insuffisance
de courage politique et de responsabilité actionnelle de la part de ces
dirigeants d’associations et de fédérations. Il n’y a pas de honte, si
on représente les noirs à afficher son communautarisme car la
République reconnaît les particularismes.
Il n'y a pas de honte, si on représente les Noirs à afficher son communautarisme car la république reconnaît les particularismes Lucien Pambou
©
census.gov
Le problème pour ces associations et leurs dirigeants qui n’ont pas
assez approfondi les liens entre universalisme de la République (celle
des citoyens) et les particularismes individuels, fait que la diversité
est un exutoire facile pour exister dans l’espace public. Sur le plan
intellectuel, le concept de diversité reste indéterminé. Il en est de
même sur le plan statistique ;
quand on parle des noirs, pourquoi ne pas parler de statistiques
ethniques plutôt que de louvoyer vers le concept de statistiques de la
diversité. Un esprit non averti pourrait penser qu’il s’agit de la
diversité globale (ethnique, territoriale, politique,culturelle) alors
qu’il s’agit d’une diversité stratégique concernant soit des noirs,
soit des jaunes, soit des blancs de classe populaire, soit des métis,
soit des homosexuels.
Mar 21 Aoû - 22:00 par mihou