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 Histoire et conscience Nègre par Joseph Ki-Zerbo (5)

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AuteurMessage
Anton
Membre initié
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Nombre de messages : 27
Date d'inscription : 14/06/2007

Histoire et conscience Nègre par Joseph Ki-Zerbo (5) Empty
14062007
MessageHistoire et conscience Nègre par Joseph Ki-Zerbo (5)

Mais je veux vous parler surtout du sort tragique de Sikasso, capitale du Royaume du Kénédougou et de l’héroïque résistance de ses habitants.

C’est en mai 1897. Ba Bemba, roi du Kénédougou, après s’être montré conciliant avec les français, change de ton. Il fait attaquer des officiers en tournées topographiques, envoie des lettres énergiques au gouverneur. Le capitaine Morrison est alors envoyé avec trente tirailleurs pour lui demander des explications, le menacer de représailles et lui ordonner de se tenir coi durant la prochaine offensive française contre Samory. Or cet officier se fit renvoyer dans les conditions suivantes : Ba Bemba convoqua d’abord son oncle Fafitini et lui dit[6]: "Je ne donnerai jamais à quelqu’un un morceau de la terre de mes ancêtres à cause de l’amitié. Les blancs sont des traîtres, ils veulent m’amadouer pour me retirer mon patrimoine. En leur donnant satisfaction il arrivera qu’un jour je rechercherai vainement pour moi un bœuf ou un mouton. Ce qu’ils me demandent, ils ne l’auront qu’après ma mort.

- Ba Bemba, dit N’Fafitini d’une voix grave, tu es le maître. Il t’appartient de décider. A la vérité, je n’ai jamais considéré d’un bon œil la présence ici des premiers blancs. Malgré qu’ils fussent bons, désireux de nous comprendre, j’ai toujours craint – et cela est arrivé – qu’après eux ils n’en viennent d’autres qui ne leurs ressembleraient pas. Mais réfléchis cependant au mécontentement du colonel si tu refuses sans adresse ce qu’il te propose. Les blancs sont plus forts que nous.

- N’Fafitini, moi vivant, les français ne commanderont pas à Sikasso"
.

Le grand frère, sans parler plus avant, quitta le palais de Ba Bemba par la poterne qui ouvrait sur la bananeraie, enfourcha son cheval et gagna la route de Kaboïla.

Le lendemain, Ba Bemba convoque le capitaine Morrison et lui dit :

"J’ai réfléchi à tes demandes. Je ne veux pas que tu restes ici pour m’espionner. Je sais que tes camarades annoncent ouvertement depuis plusieurs années qu’après le tour d’Ahmadou et de Samory, ce sera le mien. Je ne veux pas goûter plus longtemps au miel de vos paroles. Je suis le roi ici. Je n’ai de compte à rendre à personne et ne redoute personne. Je ne verserai plus d’impôts. Le commandant de Ségou se mêle de ce qui ne le regarde pas quand il m’adresse des observations sur les écarts de mes sofas.

- Ba Bemba, s’écria Morrison dressé par l’indignation, crains la colère du colonel si tu insultes son envoyé et méprises ses amis.

- Je n’ai pas peur du colonel ni de son armée. Je connais la façon de combattre les français, je lancerai tous mes sofas en masse sur leur camp. Qu’importe si les premiers d’entre eux sont tuées. Ils sont si nombreux que les tués seront remplacés par les autres qui vous prendront sans difficulté comme des œufs avec la main. En tout cas, tu ne dois pas attendre à Sikasso le prochain lever du soleil"
.

Et Morrison est reconduit chez son hôte le chef des sofas.

Puis, sur le chemin du retour, Ba Bemba fit dépouiller Morrison et sa troupe de leurs armes, bagages et vêtements. Pour punir cette insulte à la France, une colonne comprenant 300 chevaux et mulets, 80 voitures Lefebvre et 8 pièces d’artillerie, met le siège devant Sikasso. Cette ville comptait 50 000 habitants. Elle était entourée d’une triple enceinte de murs dont la première avait huit kilomètres de tour. La largeur de ces murs, faits avec une sorte de béton argilo-ferrugineux, atteignait six mètres à la base et leur hauteur quatre à six mètres. Ils comportaient de grands saillants et des grands rentrants très bien disposés pour le flanquement ainsi que des portes fortifiées dont la plus imposante était la porte de Tengrela.

Dans la deuxième enceinte, "sur le faîte d’un mamelon dominant la ville de trente mètres environ, se dresse une sorte de fortin, réduit central que les officiers de la colonne appelaient le donjon, énorme bâtisse à un étage ; terrasse crénelée avec masques, embrasures et mâchicoulis".

A l’intérieur, 12 000 fantassins et 2 500 cavaliers organisés en compagnies (boulous) sous le commandement de kèlètigui dont l’un était une femme.

Il fallut quinze jours de travaux d’approche et de bombardement pour venir à bout de l’héroïque cité, quinze jours signalés par des hauts faits marqués au coin de l’héroïsme le plus pur et le plus typiquement africain.

Des griots sortent de la ville, s’approchent de notre camp, hurlent des imprécations, des insultes, des provocations vibrantes que nous entendons nettement : "Vous n’avez qu’un canon, nous vous avons pris l’autre. Sauvez-vous ! Les français sont des lâches ; ils n’ont pas encore osé lutter avec nous. Archinard ne temporisait pas ; c’était un brave. Vous tous, nous vous vendrons comme esclaves ! Tirailleurs, désertez. Quittez les blancs qui nous traitent en captifs. Venez chez nous, vous y trouverez honneur et récompense. Mangez vos vaches maigres. Nous avons des vaches grasses, des moutons, du lait, etc.. Devant l’ennemi, à moins de deux cents mètres de nous, un griot aux vêtements clairs, sans arme, gesticule, crie, maudit et par ses imprécations inspire aux guerriers une ardeur et une ténacité croissantes. Abattu par une balle, il est bientôt remplacé par un autre griot".

Les premiers sofas qui se présentent sont fauchés par la mitraille d’abord, puis par les feux de salve. Trois fois ils reviennent à la charge, toujours plus nombreux.

Le samedi 30, la veille de la prise de la ville, Fafitini, l’aîné affectionné de Ba Bemba, se présenta chez le roi.

"Ba Bemba, l’heure de la mort a sonné pour nous. Lorsque tu me fis venir du village de Kaboïla pour me demander s’il fallait continuer de s’entendre avec les blancs et accepter avec confiance le résident qu’ils t’envoyaient, je compris à certaines de tes paroles que ta décision était déjà prise. Si je t’avais recommandé la patience et une soumission malgré tout honorable, tu m’aurais traité de lâche, indigne des Taraorés. Ce qu’au fond de moi-même j’avais prévu, est arrivé. Reste là, moi je vais me faire tuer par les français".

Ce disant, il quitte le palais, monte à cheval avec son fusil chargé, tourne la ville par l’est pour se trouver face à notre camp. Les éperons au ventre de sa monture, dans un galop effréné, les manches de son large boubou blanc déployées comme les ailes d’un archange, l’arme au poing, le cœur sublime et désespéré, il semble voler vers nous. Ses gens vinrent recueillir le corps de Fafitini à trois cents mètres de nos avant-postes pour l’enterrer à Kaboïla. Le valeureux vieillard respirait encore ; Il mourut avant d’atteindre son village ». Des siècles auparavant, un autre cavalier sortait d’Alésia sur son plus beau cheval et se présentait à César pour se livrer à lui : j’ai nommé Vercingétorix le Glorieux Arverne, le chef des Gaulois confédérés. Je vous laisse le soin de comparer Fafitini et Vercingétorix.

Enfin, au cours de l’assaut général du 1er mai 1898, Ba Bemba est blessé à la jambe : "Il ne chercha pas à fuir, ce qu’il eût pu faire par la poterne du Dionfoutou et la bananeraie d’en face".

Le chef sofa Gombélé chargé de la défense du Dionfoutou, venait lui rendre compte de temps en temps, des progrès des français. Quand il entendit nos soldats courir dans les couloirs, qui ouvrait sur l’antichambre de la grande pièce où il se tenait, Ba Bemba dit au chef des gardes Trécourou Saghanogho : "Trécourou, fusille-moi ! Fusille-moi ! Que je ne tombe pas aux mains des blancs !" Trécourou hésita, puis déchargea son arme sur le roi assis sur son trône. Ba Bemba glissa à terre, seulement blessé. Il se releva couvert de sang et arrachant le fusil des mains de Trécourou affolé, il s’acheva lui-même d’un deuxième coup. A son tour, Trécourou se suicida. "Ba Bemba est brave, dira le commandant Quinquandon. Oui, Fafitini, Ba Bemba et leurs compagnons, ont bien mérité de la patrie". Ont-ils seulement une rue dans la ville de Sikasso ?…
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Histoire et conscience Nègre par Joseph Ki-Zerbo (5) :: Commentaires

votre site et vos créations sont magnifiques j'adore merci
tirage carte gratuit amour
 

Histoire et conscience Nègre par Joseph Ki-Zerbo (5)

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