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 Femmes africaines (3) - Se prostituer pour survivre

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Tite Prout
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Tite Prout


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11082005
MessageFemmes africaines (3) - Se prostituer pour survivre

Le Devoir.com
Femmes africaines (3) - Se prostituer pour survivre
Plus de 30 000 enfants sont victimes du commerce du sexe en Tanzanie

Monique Durand
Édition du jeudi 11 août 2005

Mots clés : Afrique du sud (Pays), Femme, Enfant, prostitution, tanzanie, commerce du sexe

Les femmes africaines sont l'espoir d'un continent qui croule sous les mauvaises nouvelles: guerres, sida, corruption, famines. Partout elles s'engagent pour améliorer le sort des leurs. Notre collaboratrice s'est rendue aux quatre coins du continent africain. Elle nous livre ici le troisième d'une série de cinq articles.


L’histoire de la plupart des filles prostituées se résume ainsi: elles ont été recrutées dans leur campagne pauvre (la population tanzanienne est à 70 % rurale) avec la promesse d’un emploi d’aide domestique et celle d’une vie meilleure. Une vie meilleure? Oui, simplement pouvoir dormir dans un vrai lit et manger tous les jours.


Fin de journée à Dar es-Salaam, principale ville de la Tanzanie avec ses deux millions d'habitants. C'est le mois de mars, le plus chaud de l'année dans ce pays de l'Est africain, ancienne colonie britannique, qui compte 36 millions d'habitants. Il fait 35 degrés à l'ombre. Le taxi avance à un rythme de tortue. Comme tous les soirs, invariablement, la ville entière est paralysée dans la fumée bleue des moteurs. Autour de nous, dans le soleil incandescent de fin de journée, une joyeuse pagaille : des taxis collectifs archi-bondés, de jeunes vendeurs de morceaux de canne à sucre, ou de journaux, ou de briquets, ou d'autres colifichets qui cherchent mon regard, des femmes avançant dans la poussière de la ville avec de larges plateaux remplis de bananes et d'ananas sur la tête, des enfants qui courent partout, des cris, des klaxons.

Nous voilà à Buguruni, quartier grouillant de «Dar», comme on dit ici. Le taxi s'engouffre dans une rue crevassée, bordée de boutiques aux murs de plywood, portant les noms de Noel Barber, Lulu Fashions, Mars Clinic. Nous arrivons enfin devant une vaste maison jaune à étages qui tranche dans ce décor de bric et de broc : c'est la Maison Kiwohede. Déjà, j'entends les filles chanter et frapper dans leurs mains.

Zuhura Kimera, une travailleuse sociale, m'invite à la suivre. Les chansons redoublent de décibels à mesure que j'approche. Nous débouchons sur une salle où une cinquantaine de filles âgées de 9 à 17 ans, debout, chantent à gorge déployée, toutes animées d'un sourire à faire fondre les pôles.

L'histoire de la plupart de ces filles prostituées se résume ainsi : elles ont été recrutées dans leur campagne pauvre (la population tanzanienne est à 70 % rurale) avec la promesse d'un emploi d'aide domestique et celle d'une vie meilleure. Une vie meilleure ? Oui, simplement pouvoir dormir dans un vrai lit et manger tous les jours. Souvent leurs parents ont conclu une entente avec l'employeur. Rendues à destination, dans la grande ville, de Dar es-Salaam, Dodoma, Arusha ou Mbeya, c'est la désillusion totale : les hommes de la maison, père, fils, oncles, abusent d'elles; elles sont privées de salaires, de repos, de nourriture, dans la plus parfaite ignorance qu'elles ont des droits. Parfois elles sont forcées de travailler dans des clubs de nuit ou des débits d'alcool. Quand elles arrivent à s'en échapper, c'est pour se retrouver dans la rue à se prostituer pour ne pas crever de faim.

La salle, surchauffée en cette fin d'après-midi, sent la sueur et les larmes qui ont séché sur des joues creuses. Les filles ont composé une chanson pour moi. «Nous t'attendons, nous t'attendons, visiteuse blanche venue de loin, Nous t'attendons, nous t'attendons, bienvenue chez nous à Kiwohede.» Une petite, là-bas au fond, semble hésiter à me montrer son visage à moitié caché dans un voile qu'elle triture de sa main. La Tanzanie compte une population pour moitié chrétienne et pour moitié musulmane.

C'est Justa Mwaituka, mi-quarantaine, qui a mis sur pied le projet Kiwohede il y a une dizaine d'années. Les filles l'appellent «Mamma J». «Je suis fière d'être une pionnière en matière de prostitution des enfants ici. Avant, personne ne parlait de ce fléau qui touche mon pays comme un bon nombre d'autres pays africains ou asiatiques.» Il y aurait, d'après les spécialistes, au moins 30 000 enfants, surtout filles et fillettes, pris dans les filets du commerce du sexe dans les grandes villes de Tanzanie, et un million à la grandeur de l'Afrique et de l'Asie. «Les débuts du projet Kiwohede [Kiota Women Health and Development Organization] ont été difficiles. Nous avons rencontré d'énormes résistances. Les hommes refusaient d'admettre l'existence du problème.»

Le projet Kiwohede vise à offrir aux filles des solutions de rechange à la prostitution. En leur proposant de retourner chez leurs parents à la campagne, ou de s'inscrire à l'école, ou encore d'apprendre un métier comme celui de couturière. On leur enseigne aussi les principes d'une bonne santé corporelle et sexuelle, et ceux de la planification des naissances. «On leur apprend, dit Justa, qu'elles sont des personnes humaines avec des droits et de la dignité, et qu'elles peuvent dire non à des employeurs abusifs.»

À Kiwohede, les filles sont aussi invitées à se soumettre, sur une base volontaire, au test du VIH. Plusieurs d'entre elles découvrent qu'elles sont séropositives. «À elles nous offrons un suivi médical et tâchons de les sensibiliser au danger de transmettre la maladie», explique Justa Mwaituka. L'ONG canadienne SUCO finance d'ailleurs cette partie des activités de Kiwohede relative au VIH. Justa Mwaituka a été invitée à faire partie du conseil d'administration de SUCO dont le siège est à Ottawa.

Kiwohede compte aujourd'hui 16 centres d'accueil répartis à travers la Tanzanie. «Bien sûr, poursuit Justa, toutes les filles ne s'en sortiront pas. Certaines retourneront faire de la prostitution, ou retourneront sous la coupe d'employeurs malveillants. Mais au moins elles seront averties. Et elles sauront que Kiwohede continue d'exister pour les aider. L'important, c'est qu'elles sachent. Après, elles feront ce qu'elles veulent.»

J'ai noué conversation avec les filles qui m'ont accueillie tout à l'heure avec chants et vivats. Je leur demande si elles ont des rêves. Des tas de mains agitées se lèvent pour me répondre. Zuhura, la travailleuse sociale, traduit pour moi du swahili au français. Paulina a 12 ans. Elle veut devenir médecin. Hadija a 15 ans. Elle veut devenir avocate pour défendre les droits des enfants. Sylvia, 13 ans, rêve d'être pilote et de s'envoler loin au-dessus de la terre. Zainabu, elle, à 17 ans, voudrait tout simplement pouvoir continuer ses études. Je rêve avec elles. Je leur souhaite la meilleure chance du monde et aussi du courage. Elles applaudissent et se remettent à chanter.

Mais leurs rêves seront ardus à réaliser. Une tout autre réalité les guette. En Tanzanie, l'espérance de scolarisation n'est que de cinq années, alors qu'elle est de 14,5 au Canada et de 16 aux États-Unis. Et le système d'enseignement secondaire public n'arrive à accueillir que 20 % des élèves qui terminent leurs études primaires. Dans les centres d'accueil Kiwohede, seulement 300 des 8000 filles qu'ils abritent font actuellement leurs études secondaires. Même pas 4 %.

Collaboration spéciale

Monique Durand s'est rendue en Tanzanie grâce à un programme de l'ACDI destiné aux journalistes.
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