Une conférence réunit du 18 au 24 avril 1955 à Bandoeng (ou
Bandoung), sur l'île de Java, la plupart des États pauvres d'Asie et
d'Afrique. Révélation du tiers
mondeLes 29 pays participant à la conférence se définissent comme appartenant au
tiers monde. Cette expression a été inventée trois ans plus tôt par un grand démographe français, Alfred Sauvy,
pour désigner l'ensemble des pays pauvres qui se distinguent de
l'Occident développé et du
monde communiste, par référence au tiers
état de la Révolution française.A Bandoeng se retrouvent la
Chine de Mao et Chou En-lai, l'Inde de Nehru, l'Égypte de Nasser, le
Cambodge de Sihanouk,... et un seul pays industrialisé, le Japon. La
Yougoslavie du maréchal Tito, État communiste européen rival de l'URSS,
figure parmi les vedettes de la conférence.L'Afrique est très
mal représentée car la plus grande partie de ce continent est encore
colonisée. Seules l'Égypte, l'Éthiopie et le Libéria sont pour l'heure
indépendants. L'Algérie, engagée dans la guerre d'indépendance, est
représentée par Hocine Aït Ahmed. Le rêve du non-alignement
À Bandoeng, le yougoslave Tito, l'Égyptien Nasser et l'Indien Nehru revendiquent leur
«non-alignement», à égale distance des deux superpuissances, les États-Unis et l'URSS.Ces
leaders prônent le rassemblement des pays pauvres, la lutte contre le
colonialisme et la ségrégation raciale, la lutte contre Israël ainsi
que l'établissement de relations commerciales équitables entre les pays
développés et les pays pauvres.Leurs revendications rencontrent un écho enthousiaste dans l'élite intellectuelle des pays occidentaux, notamment chez Jean-Paul Sartre. Mais deux ans plus tard, une conférence afro-asiatique, au Caire, se solde par la confusion du fait de la présence de l'URSS.Josip
Broz Tito organise une nouvelle conférence en septembre 1961, chez lui,
à Belgrade, d'où sont exclus les Soviétiques. À l'occasion de cette
conférence naît le
mouvement des pays non-alignés (sous-entendu : qui ne sont alignés ni sur Washington, ni sur Moscou).Aujourd'hui,
la solidarité entre les pays pauvres d'Afrique et d'Asie n'évoque plus
qu'un romantisme révolutionnaire obsolète. L'unité du tiers
monde n'a
pas survécu à l'implosion du
monde communiste, à l'échec des
expériences progressistes dans les pays en voie de développement, au
naufrage de l'Afrique et au décollage économique de l'Extrême-Orient.
http://www.herodote.net/dossiers/evenement.php5?jour=19550418&out=1