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 A la recherche des Hébreux: histoire des Hébreux

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mihou
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mihou


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31032007
MessageA la recherche des Hébreux: histoire des Hébreux

1800 avant JC
A la recherche des Hébreux

L'Histoire des Hébreux nous est essentiellement connue par la Bible.

AbrahamLa Bible est un ensemble d'épopées, d'annales royales, de récits mythologiques, de poèmes, de prières formulées par des prophètes ainsi que de textes juridiques. Elle a été rédigée par des érudits ou scribes juifs principalement entre l'an 500 et l'an 150 avant Jésus-Christ.

Les rédacteurs se sont appuyés sur des compilations de textes anciens, des archives de diverses origines et de différentes époques, mais probablement pas beaucoup plus haut que le VII e ou le VIII e siècle avant J.-C.

Ils ne cherchaient pas à retrouver l'histoire du peuple hébreu au sens des historiens modernes mais ils voulaient montrer que, depuis l'origine, ce peuple avait noué une alliance avec un Dieu unique et que celui-ci s'était manifesté à travers toutes sortes de signes et d'événements. Il s'agit d'un récit théologique dans lequel les historiens et les archéologues peuvent parfois trouver des informations historiques, surtout pour les périodes postérieures au Xe siècle.

La plupart des événements relatés dans la Bible sont censés se dérouler au IIe millénaire avant JC à moins qu'ils ne se perdent dans la nuit des temps.
Abraham, «père fondateur»

La Bible raconte l'histoire des Hébreux depuis l'alliance conclue par Dieu avec Abraham (en langue araméenne ou hébraïque, «père d'une multitude»). Ce chef de clan prospère serait né à Ur, en Chaldée (l'Irak actuel).

Quand la Bible était encore vue comme un récit historique précis, les spécialistes dataient cette épopée des environs de 1800 ans avant notre ère. Aujourd'hui, elle est considérée comme largement mythique, même si la mémoire d'un ou plusieurs personnages fondateurs a pu servir de modèle à Abraham.

Celui-ci a 99 ans quand Dieu lui apparaît en songe...

Abraham et Sarah visités par trois anges aux chênes de Mambré (enluminure du XIIIe siècle)Selon le premier livre de la Bible, la Genèse,Yahvé («Celui qui est») noue avec Abraham une alliance (en hébreu, Berîth, en grec,Testament). Il l'engage à quitter sa contrée et à partir vers la terre de Canaan, ainsi nommée d'après Cham, l'un des fils de Noé.

Dieu annonce aussi à Abraham qu'il aura un fils, Isaac, de son épouse Sara et qu'il sera le père d'une multitude de nations ! Abraham part donc avec son peuple, qu'on dénomme les Hébreux.

Après une longue errance, la petite troupe s'établit enfin dans le pays de Canaan, «où coulent le lait et le miel» sous la conduite d'Isaac et de son fils Jacob, surnommé Israël («Dieu s'est montré fort») en souvenir de son combat contre un ange relaté par la Bible. Ce pays de Canaan, entre le Jourdain et la Méditerranée, n'est autre que l'actuelle Palestine (au sens géographique et non politique).
L'Exode selon la Bible

Une partie des Hébreux auraient émigré plus tard en Égypte, à la recherche d'un mieux-être.

Jacob reçoit ses frères en Egypte (Jacob Pontorno, 1518, National Gallery, Londres)

D'après la Bible, Joseph, fils de Jacob et petit-fils d'Isaac, serait devenu, du fait de sa grande sagesse, le Premier ministre du pharaon. Il aurait alors invité ses onze frères à le rejoindre.

Moïse lisant la Tora (fresque de la synagogue de Doura-Europos, IIIe siècle après JC)Bientôt victimes de vexations, les Hébreux seraient revenus à Canaan après s'être libérés du joug égyptien, sous la conduite du prophète Moïse.

Longtemps, on a situé l'arrivée des Hébreux en Égypte au temps de l'occupation du delta du Nil par les conquérants étrangers Hyksos et la sortie d'Égypte vers environ 1200 ans avant notre ère, sous le règne de Merenptah ou de son père Ramsès II.

Mais aujourd'hui, en s'appuyant à la fois sur une analyse scientifique du texte et sur des études archéologiques, la majorité des biblistes et des historiens pensent que cette aventure n'est pas à prendre au pied de la lettre.

Aaron, frère de Moïse, rallume le chandelier de la menorah (enluminure du XIIe siècle)Les chroniques égyptiennes n'ont d'ailleurs pas gardé trace de cette éventuelle migration.

Celle-ci nous est seulement connue par le deuxième livre de la Bible, l'Exode, rédigé plusieurs siècles plus tard.

D'après ce récit, après une longue errance dans le désert du Sinaï puis la conquête guerrière du territoire de Canaan, les Hébreux se partagent les riches terres de la «Terre promise».

Chacune des douze tribus issues de la descendance de Jacob reçoit son lot à l'exception des descendants de Lévi, auxquels Moïse, selon la Bible, a réservé l'exercice du culte.
Premiers documents archéologiques

La première trace historique des Hébreux nous vient d'une stèle au nom du pharaon Merenptah qui exalte une victoire égyptienne sur les Hébreux en 1207 avant J.-C : «Israël est anéanti, sa semence n'existe plus».
Des Hébreux aux Juifs

Les historiens parlent des Hébreux pour la période des patriarches (d'Abraham à l'avènement de Saül), des Israélites pour la période royale et desJuifs après l'exil de Babylone, les Israéliens étant quant à eux les citoyens de l'État actuel d'Israël).

Parallèlement, les archéologues observent un drôle de phénomène dans les hautes collines de Judée qui semble dater à peu près de la même époque... Selon la Bible en effet, les Hébreux, après leur errance dans le désert auraient entrepris vers 1230 avant JC la conquête de Canaan qui serait ainsi devenu leur royaume.

Ce territoire, situé entre le fleuve Jourdain et la Méditerranée, où sont censés s'être déroulés de nombreux événements guerriers comme la prise de Jéricho par exemple, est très peuplé depuis la préhistoire.

Une civilisation prospère s’y est développée à partir de 1750 avant JC : les Cananéens. Comme leurs voisins de Syrie et de Mésopotamie, les Cananéens ont créé un réseau de cités-états raffinées, ornées de palais et de temples importants. Ils adorent de nombreux dieux comme Dagan, le dieu des céréales, et Baal, le dieu de l’orage, Astarté, la déesse de la fécondité…

L’archéologie, qui a beaucoup étudié ces cités, ne réussit pas à distinguer les Hébreux parmi ces Cananéens avant le XII e siècle avant JC ni à retrouver les traces de destructions qui correspondraient à une conquête guerrière et à un changement brutal de culture.

Au XIIe siècle en revanche, de nouveaux villages se développent sur les collines de Judée. Leur fouille montre que parmi les détritus alimentaires, les os de porc disparaissent, alors que les autres animaux continuent d’être consommés. Les archéologues y voient le signe d’un changement de culture sous l’effet, peut-être, d’une nouvelle religion : cet interdit alimentaire est en effet clairement exprimé dans la Bible.

Les premiers Hébreux seraient donc en réalité des Cananéens qui ont modifié leurs croyances et non pas des conquérants venus de l’extérieur. Certains spécialistes, comme l'Américain William Dever, pensent qu’il s’agit de petits groupes de rebelles cananéens qui ont quitté les cités de la plaine alors en crise. D’autres, comme l'Israëlien Israël Finkelstein estiment qu'il s'agit plutôt d'anciens nomades qui se sont sédentarisés.

Si la Bible préfère parler de «conquête», c’est parce qu’elle a été écrite plusieurs siècles après ces événements et que les scribes cherchaient à bien montrer, à l’avantage de leur peuple, les différences avec leurs «cousins» cananéens, devenus entre temps leurs ennemis.
Sophie Laurant (Le Monde de la Bible)
Moïse et le mont Sinaï

Le patriarche Moïse ne nous est connu que par le récit de l'Exode dans lequel les spécialistes des textes anciens ont reconnu des emprunts littéraires importants. Ainsi, lorsqu'il naît, sa mère l'abandonne dans son berceau sur le Nil afin qu'il échappe à une persécution du pharaon. Là, il est sauvé par l'intervention d'une princesse égyptienne.

Moïse sauvé des eaux (Sébastien Bourdon, National Gallery, Washington)

Ce texte ressemble beaucoup au récit contant la naissance merveilleuse du roi Sargon d'Assyrie, vers 2500 avant notre ère. De même, l'épisode biblique relatant l'arrivée en Egypte de Joseph et de ses frères, censé se dérouler une génération plus tôt, présente de nombreux points communs avec des contes égyptiens.

Moïse est d'ailleurs un nom égyptien et le récit de l'Exode présente de nombreux détails précis montrant que ses auteurs avaient une bonne connaissance de la culture de leur puissant voisin occidental. Malheureusement, ces informations ne "collent" pas entre elles pour présenter un contexte historique précis et crédible.

Ces détails ont longtemps abusé les historiens qui ont par exemple tenté de retrouver le "vrai" mont Sinaï. C'est sur cette montagne en effet que, selon la Bible, Dieu a donné à Moïse les tables de la loi portant les 10 Commandements, scellant ainsi une alliance unique, au fondement quasi juridique avec le peuple hébreu.

Cet épisode fondamental pour le judaïsme est situé pendant les quarante ans d'errance dans le désert, après la sortie d'Égypte sous la ferme conduite de Moïse.

Une dizaine de montagnes ont été ainsi "identifiées" depuis les années 1930 avec le Mont Sinaï... Depuis le Haut Moyen Âge, la tradition a, elle, choisi le Djebel Moussa, à l'extrême sud de la péninsule du désert du Sinaï où a été édifié le monastère Sainte-Catherine.

http://www.herodote.net/dossiers/synthese.php5?ID=123&ID_dossier=47
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A la recherche des Hébreux: histoire des Hébreux :: Commentaires

mihou
Israël et ses Rois
Message Sam 31 Mar - 17:49 par mihou
1000 à 597 avant JC
Israël et ses Rois

Vers le Xe siècle avant JC, les Hébreux des douze tribus se seraient unis sous l'autorité d'un roi, Saül, pour combattre leurs ennemis communs, les Philistins.
Mystérieux Philistins

Goliath et David (enluminure du XIIe siècle)

Parmi les nombreux autres peuples dont parle la Bible, les Philistins jouent un rôle important : ces «peuples de la Mer», comme les appellent leurs voisins, viennent de la mer Égée. Ils tentent de conquérir l’Égypte, en vain. Ils se replient sur la côte sud du Levant et s’y installent vers le XII e siècle avant JC.

Les Philistins sont vus comme des ennemis par les Hébreux qui prennent de plus en plus d’importance et par les Cananéens. Pourtant, l’archéologie montre que les échanges commerciaux, les mariages, les alliances furent très nombreux.



Mais peu à peu, les Philistins imitent la culture des Cananéens et des Hébreux, copient leur poterie, adoptent leur alphabet puis leur langue. A partir du VII e siècle, ils ne se distinguent plus beaucoup des autres peuples et comme eux, se soumettent au puissants rois assyriens puis babyloniens, qui règnent sur l’Orient.

Ils laissent cependant le nom de «Palestine» qui vient de «Philistin», à la région. Ils construisent plusieurs cités dont Gaza et Ascalon. Leur capitale, Gat, est aujourd’hui un site archéologique majeur pour comprendre leur civilisation.

Ils atteignent une position de force avec le successeur de Saül, le roi David, qui conquiert Jérusalem et en fait sa capitale. Les archéologues ont retrouvé en 1993 une stèle rédigée vers 835 avant notre ère où le roi de Damas, Hazael indique qu'il a tué un ennemi appartenant à «la maison de David», ce qui semble attester historiquement l'existence de ce roi dont le souvenir s'est maintenu plus d'un siècle après.

Cependant, les différentes fouilles menées à Jérusalem et dans les environs semblent montrer que cette cité était très modeste au Xe siècle avant JC, c’est-à-dire à l’époque de David. L’année dernière, Eliat Mazar, archéologue israélienne a affirmé avoir retrouvé le palais du roi, mais ses collègues en doutent beaucoup.
Le royaume de David

Saül élit David à la royauté(enluminure du XIIIe siècle)Ce premier royaume d'Israël aurait atteint son extension maximale, du fleuve Euphrate à la mer Rouge, sous le règne de Salomon, fils de David, qui construit le premier temple sur le mont Moriah.

Dans le sanctuaire, le «Saint des Saints», aurait été conservée l'Arche d'Alliance avec, à l'intérieur, les Tables de la Loi, des pierres où auraient été gravés les Dix Commandements transmis par Dieu au prophète Moïse sur le mont Sinaï, peu avant d'entrer dans la «Terre promise».

Le roi envoie des navires en Phénicie et jusque dans la mer Rouge chercher des bois précieux pour la construction du Temple. D'où sa légendaire relation avec la reine de Saba, qui aurait régné sur les bords de la mer Rouge et de laquelle prétendaient descendre les anciens empereurs d'Éthiopie...

Toujours selon la Bible, les dépenses fastueuses de Salomon épuisent les ressources d'Israël et poussent les sujets à la révolte. Le royaume se divise à sa mort (en 931 avant JC selon la chronologie traditionnelle).

Au sud, Roboam, son fils, ne règne plus que sur deux des douze tribus issues de la descendance d'Abraham et de Jacob : Juda et Benjamin, mais il conserve Jérusalem pour capitale du royaume de Juda. Au nord de la Palestine, les dix autres tribus portent Jéroboam sur le trône. Samarie devient bientôt la capitale de leur royaume qui garde le nom d'Israël.

Certains archéologues doutent que le grand royaume unifié de David et Salomon ait jamais existé : pour eux, il y a eu dès l’origine deux royaumes, et c’est seulement après la disparition du royaume du Nord, au VII e siècle avant notre ère, que Juda aurait «réécrit l’histoire» en se présentant comme le vrai héritier d’un âge d’or perdu, où tous les Israélites se seraient réclamés d’un seul royaume centré sur Jérusalem.

Le jugement de Salomon (enluminure du XIVe siècle, bibliothèque de Troyes)A partir du IXe siècle avant JC, les événements et les personnages qu'évoque la Bible appartiennent davantage à l'Histoire et sont souvent attestés par d'autres documents, même s'ils donnent encore lieu à des discussions.

Tandis que végète le royaume de Juda, le royaume d'Israël, au nord, ne tarde pas à entrer en conflit avec le royaume syrien de Damas. Pour se défendre, le roi Omri conclut une alliance avec le roi de Tyr. Son fils Achab épouse Jézabel, la fille du roi phénicien.

Fatale alliance ! Jézabel introduit à la cour d'Israël le culte de Baal, à la grande indignation du prophète Élie. S'ensuite une suite de tragédies que la Bible conte par le menu.
Histoire tragique

Les royaumes d'Israël et de Juda ne tardent à être victimes du formidable affrontement entre les empires mitoyens d'Égypte et de Mésopotamie.

Prisonniers juifs sous la garde d'un officier assyrien En 722 avant JC, le royaume d'Israël subit l'assaut des Assyriens et de leur roi Sargon II.

Le fils et successeur de ce dernier, Sennachérib, réprime âprement les révoltes qui secouent son royaume.

Il déporte une partie des Hébreux d'Israël entre le Tigre et l'Euphrate (l'Irak actuel). L'effacement mystérieux de ces émigrants malgré eux a donné lieu à beaucoup de mythes et de légendes sur les tribus perdues d'Israël.

Pour échapper à la déportation, certains Hébreux s'enfuient vers le sud et s'établissent dans le royaume de Juda.

Les Assyriens repeuplent l'ancien royaume d'Israël avec des populations de diverses origines qui parlent l'akkadien, la langue véhiculaire de la Mésopotamie.

La Bible explique ainsi l’existence des Samaritains : il s’agirait de nouveaux venus qui auraient pris le nom de Samarie, capitale de la région. Ils auraient adopté les préceptes de la religion hébraïque tout en gardant quelques relents de paganisme et d'idolâtrie, ce qui leur vaut le mépris des Juifs du royaume de Juda. L’origine des Samaritains semble en réalité très différente.
Les Samaritains, peuple étranger ou ancêtre témoin ?

A plusieurs reprises, Jésus croise des Samaritains sur sa route qui semblent très mal considérés par les Juifs. Pourtant, les Samaritains, qui habitent entre la Judée et la Galilée, prient le même Dieu, lisent et respectent avec ferveur le Pentateuque, les cinq premiers livres de la Bible.

Mais, au 1er siècle de notre ère, ils sont considérés comme des hérétiques, des descendants des colons païens amenés par le roi d’Assyrie Sargon II, au VIe siècle, et qui se seraient mal convertis au judaïsme. Certains spécialistes de la Bible pensent plutôt que les Samaritains sont les descendants des Juifs qui ne sont pas partis en exil à Babylone. En effet, au VI e siècle, une bonne partie de la population, surtout dans les campagnes, est restée et a continué de prier comme avant.

Si le Temple de Jérusalem était détruit, ils pouvaient tout de même honorer Dieu sur le Mont Garizim, en Samarie. Une fois revenus de Babylone, les exilés ont ajouté de nombreux textes à la Bible en recueillant les paroles des prophètes. Pendant leur exil, ils avaient également modifié certains rites puisqu’ils n’avaient plus de Temple pour sacrifier et célébrer, qu’ils ont conservé à leur retour : le judaïsme a ainsi beaucoup évolué à cette époque tandis que les Samaritains restaient les témoins d’une époque oubliée.
L'exil à Babylone

Les habitants de Juda vont à leur tour subir la pression des grands empires alentour.

En 609 avant JC, leur roi Josias est défait et tué par les Égyptiens du pharaon Néchao II en un lieu dit «Har Meggido» (en hébreu, la colline de Megiddo)... Sous l'écriture d'Armageddon, le mot sera repris dans l'Apocalypse de Saint Jean (Nouveau Testament) pour désigner le lieu où l'Antéchrist, avant la fin du monde, rassemblera ses armées en vue de s'opposer au retour de Jésus-Christ.

Pour finir, Jérusalem est prise en 597 avant JC par le roi de Babylone, Nabuchodonosor. Une bonne partie des Juifs sont alors envoyés en exil à Babylone. Dans l'épreuve, ils vont parfaire leur foi en un Dieu unique et définir la première religion strictement monothéiste.

Pour beaucoup d'historiens de l'Antiquité et pour la plupart des spécialistes, la Bible telle que nous la connaissons résulte de cette expérience. Elle est rédigée après le retour d'exil, autorisé par le roi perse Cyrus II après qu'il se fut emparé de Babylone en 538 avant JC.

Les textes de l'époque de Josias auraient alors été repris, réinterprétés et enrichis d'autres traditions.
Sophie Laurant (Le Monde de la Bible)
Le vrai rôle du roi Josias

La Bible elle-même indique dans le second livre des Rois, que Josias, roi de Juda (639-609 avant JC), a redécouvert en faisant réparer le Temple de Jérusalem, le «Livre de la Loi», c’est-à-dire probablement un rouleau de parchemin portant le texte des Dix commandements et les textes législatifs du Deutéronome (quatrième livre du Pentateuque, première partie de nos Bibles actuelles).

Cette information, à cause de la façon dont elle est racontée, est prise au sérieux par les historiens du texte biblique : il y a certainement sous cette affirmation un fait historique réel en même temps que la volonté de donner un «beau rôle» à Josias.

A partir de cet indice, et de bien d’autres piochés dans l’analyse des livres bibliques, l’hypothèse la plus sérieuse est la suivante : à l’époque d’Ezéchias, l’arrière grand-père de Josias, qui fut incontestablement un roi brillant, on a mis par écrit un certain nombre de lois. Puis, Josias reprend ce corpus à son compte, propose une réforme qui est un «retour aux sources» et s’en glorifie. Des chroniques royales sont probablement ajoutées dès cette époque aux textes législatifs redécouverts.

Moïse recevant les tables de la Loi (Chagall, Musée national du judaïsme)

Cependant, tous les spécialistes ne partagent pas l’idée selon laquelle le texte biblique aurait entièrement été rédigé sous ce règne, et véhiculerait simplement l’idéologie royale de Judas, avec un regard très négatif sur le royaume du Nord (Israël), coupable de tous les vices et péchés.

A leurs yeux, une réécriture fondamentale du Pentateuque a eu lieu dans les 450-400 avant JC, après le retour d’exil à Babylone, sous l’influence des prophètes, en particulier d’Esdras et Néhémie, à la tête d’un mouvement de «refondation» du judaïsme. Leur vision glorifiait en effet Jérusalem, au détriment de tous les autres lieux de cultes et posait les bases d’une sorte de «nationalisme religieux» exclusif (d’où le mépris affiché pour les Samaritains).

La Bible que nous connaissons aujourd’hui prendrait réellement forme à cette époque-là où les scribes ajoutent également au corpus les Livres des Prophètes.
http://www.herodote.net/dossiers/synthese.php5?ID=124&ID_dossier=47
mihou
Les Juifs après l'exil de Babylone
Message Sam 31 Mar - 17:50 par mihou
Les Juifs après l'exil de Babylone

Ezéchiel console les Juifs en exil à Babylone, miniature médiévale Les prophètes hébreux de l'époque, tels Jérémie et Ézéchiel, voient dans l'exil de Babylone la sanction méritée par le peuple hébreu pour avoir désobéi à Dieu.

À Babylone, cependant, les Juifs gagnent en prospérité et la religion israélite s'affermit.

Au bout de cinquante ans, Cyrus II, le Grand Roi des Perses, conquiert la Babylonie en 539, et une partie de la diaspora choisit de retourner en Judée tout en demeurant sous la tutelle des Perses.

Les Juifs de retour de Babylone reconstruisent le Temple dès 516 avant J.-C. Ils adoptent l’araméen comme langue d'usage. Leur langue ancestrale, l'hébreu, reste employée pour la liturgie.

Vers 440 avant J.-C., en présence du gouverneur Néhémie, le sacrificateur Esdras lit solennellement les livres de la Loi de Moïse, «prescrite par l`Éternel à Israël». De ce jour, ces cinq premiers livres de la Bible, ou Pentateuque (du grec penta, cinq, et teukhos, livre) deviennent la loi de l'État.
Les Juifs rejettent les Grecs

Un siècle plus tard, l'empire perse s'effondre sous les coups que lui porte le Macédonien Alexandre le Grand. «Alexandre avait régné douze ans quand il mourut. Ses officiers nobles prirent le pouvoir chacun dans son fief», ainsi que le rappelle le premier livre des Maccabées, dans la Bible. «Tous ceignirent le diadème après sa mort et leurs fils après eux durant de longues années.»

La Palestine passe comme l'Égypte sous la tutelle des Lagides, descendants de Lagos, général d'Alexandre, puis en 198 avant JC sous la tutelle des Séleucides de Syrie, descendants de Séleucos.

Sous le règne de ces souverains hellénistiques de langue grecque, les prêtres du temple de Jérusalem codifient les rites religieux dans l'un des futurs livres de la Bible, le Lévitique.

Des scribes complètent par ailleurs les récits des origines du peuple juif dans le livre dit Deutéronome. Les écrits bibliques prennent alors leur forme presque définitive et sont traduits en grec dans la diaspora juive d’Alexandrie (entre 301 et 150 avant JC). Selon la légende, cette traduction serait l’œuvre de soixante-douze sages, les «Septante» , d’où le nom de cette version de la Bible qui servit ensuite aux premières traductions latines.

De la domination séleucide, la tradition juive garde un mauvais souvenir du roi Antiochos IV Epiphane. En 169 avant JC, celui-ci pille le Temple puis, l’année suivante, instaure dans le sanctuaire un culte royal et interdit toues les pratiques juives : circoncision, respect du sabbat et pureté de la nourriture. Avec son approbation, de jeunes Juifs «branchés» osent même bâtir à Jérusalem un gymnase (I Maccabées, 1, 14), autrement dit un lieu où l'on pratique des exercices sportifs en étant nus (*) ! C'est un défi à la pudeur coutumière des habitants.

Un soulèvement populaire, de dimension religieuse, se produit alors, sous la conduite de la famille des Maccabées.

En 153 avant JC, les souverains séleucides s'accommodent de la prise de pouvoir par Jonathan puis Simon Maccabée. Ceux-ci restaurent l'autonomie du pays sous un régime théocratique dirigé par des rois, les Asmonéens, qui vont se comporter comme tous les souverains de leur époque, battant monnaie, construisant des palais et des mausolées, utilisant la diplomatie et la guerre pour faire exister leur Etat. Ils rétablissent les rites religieux juifs dans leur pureté.

En réaction à l’hellénisme, le judaïsme se définit avec encore plus de force qu’auparavant. C’est à cette époque qu’est rédigé le livre de Daniel qui introduit dans la Bible l’idée de martyr, victime innocente de sa foi et l’idée d’apocalypse, message d’espérance sur la fin des temps.

Le festin de Balthazar, d'après le Livre de Daniel (Rembrandt, 1636)

Deux livres racontant l’épopée des Maccabées sont également ajoutés au corpus biblique, ainsi que le livre d’Esther, qui est une fiction rédigée en grec traitant de la résistance et de la ruse.

Mais le pouvoir asmonéen cumule les fonctions royales et celle de grand-prêtre du Temple, ce qui déplait à de nombreux juifs. Au premier siècle avant JC, des groupes revendiquent leur rupture avec Jérusalem : les Esséniens, contestent la légitimité du grand-prêtre et partent vivre au désert, à Qumrân probablement, où les archéologues ont retrouvé les fameux manuscrits de la Mer Morte, les plus anciens manuscrits bibliques jamais découverts, aux côtés de textes de règlements d’une communauté très rigoriste sur les règles de pureté.

Apparaissent aussi les Pharisiens, juifs pieux qui se réunissent dans les synagogues pour discuter de l’interprétation de la Torah (la Bible).

En 63 avant JC, deux frères, Aristobule II et Hyrcan II, se disputent le pouvoir. Hyrcan fait appel à au général romain Pompée, alors en Syrie. Rome est depuis un siècle allié des Asmonéens. Pompée prend Jérusalem et consolide le pouvoir d’Hyrcan II au détriment d’Aristobule. Mais le prix à payer est lourd : Hyrcan perd le titre de roi et doit verser un tribut à Rome.

Le pays a perdu son indépendance et Pompée re-découpe le territoire pour laisser Hyrcan n’administrer que la Judée – sous contrôle d’un gouverneur -, l’Idumée, la Galilée et la Perée (aujourd’hui Transjordanie). Les villes de la côte ne font plus partie du royaume.

Le conseiller d’Hyrcan, Antipater prend de plus en plus d’importance. Il lutte contre Antigone, le fils d’Aristobule qui s’est allié aux Parthes pour envahir la Palestine et faire prisonnier Hyrcan. En 37, Antipater parvient avec l’aide des Romains à prendre le pouvoir à Jérusalem sous le nom d’Hérode le Grand, «ami et allié du peuple romain».

Son règne correspond à une période de paix et de prospérité économique relative. Le souverain transforme de façon grandiose le Temple de Jérusalem , construit et embellit à tour de bras les cités de son royaume. Il meurt en 4 avant notre ère, alors que vient de naître, en 6 ou 7, un juif galiléen, originaire de Nazareth, nommé Jésus…

Les fils d’Hérode se partagent le territoire puis son petit-fils, Agrippa 1er réunifie pour un temps le royaume à partir de 37 après JC, toujours sous la tutelle de Rome. Son fils Agrippa II doit composer avec les procurateurs romains et va affronter la première révolte juive, en 66 à Jérusalem.

La mauvaise situation économique, la corruption des administrateurs romains, leur idolâtrie païenne attisent la haine de la population qui va soutenir un mouvement de Pharisiens radicaux : les Zélotes dans leur détermination à débarrasser la Judée de l’occupant romain pour hâter la fin des temps.

Malgré l’extension du mouvement, la révolte est écrasée par Titus qui prend Jérusalem en 70 et ramène à Rome, pour son triomphe, des objets pris dans le Temple. En 73, prend fin le siège de Massada, dernier bastion de résistance héroïque, par le suicide collectif des insurgés. La Palestine est exsangue.

Pourtant, cinquante ans plus tard, sans que l’on en connaisse exactement les raisons, les Juifs se soulèvent à nouveau contre les Romains. C’est la seconde révolte qui elle aussi sera écrasée trois ans plus tard. L’empereur Hadrien interdit aux Juifs de résider à Jérusalem, rase le Temple et reconstruit une colonie païenne : Aelia Capitolina.

Les Juifs de Judée se réfugient sur la côte, à Alexandrie ou en Galilée. C’est dans cette dernière région que les rabbins, rassemblés dans les synagogues vont réfléchir et interpréter ces événements dramatiques. Ils vont compiler au début du III e siècle, les interprétations orales de la Loi en un recueil de préceptes : la Michnah.

Un peu plus tard, ce recueil sera inclus dans un ouvrage fondamental qui rassemble aussi des commentaires exégétiques, des coutumes, de l’histoire, des pensées : le Talmud. Ces textes sont à la base du judaïsme tel qu’il se pratique encore aujourd’hui. Ils vont permettre aux Juifs de vivre leur religion désormais sans le Temple de Jérusalem.
Sophie Laurant (Le Monde de la Bible)

http://www.herodote.net/dossiers/synthese.php5?ID=125&ID_dossier=47
mihou
Le judaïsme, religion du Dieu unique
Message Sam 31 Mar - 17:51 par mihou
Le judaïsme, religion du Dieu unique

Les premiers Hébreux honoraient vraisemblablement un dieu tutélaire et protecteur comme chaque cité ou tribu du Moyen-Orient, au IIe millénaire avant JC.

Leur religion, le judaïsme, évolue vers le monothéisme et la foi en un Dieu unique, Yahvé, après la destruction du royaume d'Israël par les Assyriens (722 avant JC).

Elle prend sa forme définitive après la destruction du royaume de Judée par les Babyloniens (597 avant JC) et pendant l'exil de Babylone, au VIe siècle avant JC.

Les textes bibliques écrits à cette époque relatent une alliance conclue entre le Dieu unique et les Hébreux, selon l'annonce faite à Abraham et confirmée à Moïse. Celui-ci a transmis à son peuple les Dix Commandements reçus sur le mont Sinaï.

Le Lévitique, l'un des premiers livres de la Bible, fixe les nombreuses règles de vie (circoncision, repos du Shabbat,...) et les prescriptions alimentaires (abstention du porc et du mélange de lait et de viande,...) qui s'appliquent aux pratiquants.

Les Hébreux attendent le Messie qui les délivrera de l'oppression. Le mot, d'origine araméenne, signifie oint du Seigneur ; il se traduit en grec par... Christ (Jésus de Nazareth - Jésus-Christ - se présentera plus tard comme le Messie tant attendu mais seule une fraction des juifs le suivra ; elle fondera le christianisme).

La vie religieuse des juifs s'ordonne autour de rituels importants, à commencer par la circoncision, une petite opération chirurgicale obligatoire pour tous les garçons. La Pâque, qui commémore la fuite d'Égypte, est la fête la plus importante devant le Yom Kippour ou Grand Pardon. En décembre, la Hanoukka ou Fête des Lumières, commémore une victoire des Hébreux sur les Grecs en 164 avant JC. Elle donne lieu à un échange de cadeaux.

Le Temple de Jérusalem est le coeur géographique et affectif du judaïsme. Il conserve les textes sacrés ainsi qu'un chandelier sacré à sept branches, la Ménorah.

Il a été construit par le roi Salomon pour abriter l'Arche d'Alliance, détruit par Nabuchodonosor, reconstruit une première fois après le retour des juifs de Babylone puis à nouveau par Hérode, avant d'être définitivement détruit par les Romains.

Les vestiges actuels, réduits à un mur d'enceinte, le Mur des Lamentations, témoignent des drames subis par les Hébreux au cours de leur longue Histoire [en savoir plus]
mihou
Abraham
Message Sam 31 Mar - 17:53 par mihou
C'est sa fête : Abraham

Tête du prophète Abraham (mosaïque du XIVe siècle, basilique Saint-Marc, Venise)

Abraham (en hébreu, «père d'une multitude») est un chef de clan prospère, natif d'Ur, en Chaldée (l'Irak actuel).

Selon la Genèse, le premier livre de la Bible, «Il avait quatre-vingt-dix-neuf ans quand le Seigneur lui apparut et lui dit : "C'est moi le Dieu Puissant. Marche en ma présence et sois intègre. Je veux te faire don de mon alliance entre toi et moi, je te ferai proliférer à l'extrême» (Genèse 17).

Dieu est désigné par la Bible sous le nom de Yahvé(YHWH en écriture hébraïque), que l'on peut traduire par «Celui qui suis» ou plus simplement par «Je suis celui qui est».

Yahvé engage Abraham à quitter sa contrée et à partir vers la terre de Canaan, ainsi nommée d'après Cham, l'un des fils de Noé. Abraham part donc avec son peuple, qu'on dénomme les Hébreux, d'un mot qui signifie «ceux qui passent». Après une longue errance, la petite troupe s'établit enfin sur la terre de Canaan, qui n'est autre que l'actuelle Palestine (au sens géographique et non politique).

Abraham, qui désespère d'avoir un fils de son épouse Sara, en obtient un de sa servante Agar. Il est appelé Ismaël. Mais près d'un quart de siècle après le départ d'Ur, Dieu annonce à Abraham que Sara aura de lui un fils, Isaac, et qu'il sera le père d'une multitude de nations ! À la naissance du fils tant attendu, Ismaël et sa mère doivent s'enfuir dans le désert égyptien pour échapper à la haine de Sara.

Le sacrifice d'Isaac (enluminure du psautier de Saint-Louis, XIIIe siècle, BN)

Pour mettre à l'épreuve la soumission d'Abraham à son égard, Dieu lui ordonne de lui sacrifier Isaac et au moment où le malheureux enfant est sur le point de périr, un ange arrête le bras d'Abraham. Isaac est remplacé par un bouc sur la table de sacrifice.

Jacob, fils d'Isaac, prend le nom d'Israël(fort comme Dieu) après avoir combattu toute une nuit contre un homme qui se révèle être un ange. Ses douze fils vont former les douze tribus d'Israël.

Abraham est considéré comme le fondateur de la nation hébraïque. Les trois grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam) se réclament de lui. Mais tandis que les Hébreux se considèrent comme de la descendance d'Isaac, les Arabes revendiquent Ismaël pour ancêtre.
mihou
Diaspora et judaïsme
Message Sam 31 Mar - 17:55 par mihou
1er millénaire avant JC à nos jours
Diaspora et judaïsme

De tous temps, la Terre promise a connu une forte poussée démographique et croulé sous le poids des hommes, d'où une émigration constante et importante vers les autres contrées du Moyen Orient et de la Méditerranée.

À l'époque du Christ, au début de notre ère, on évalue sa population à près de trois millions d'habitants (presque autant qu'aujourd'hui), ce qui est énorme pour l'époque (l'Empire romain à son apogée compte environ 50 millions d'âmes et le monde entier, environ 250 millions).

La victoire de Titus, les ravages de la deuxième guerre juive et la séduction de la civilisation gréco-romaine accélèrent l'émigration hors de Palestine. Les juifs vont rejoindre les nombreuses communautés de la diaspora déjà installées en Mésopotamie, en Égypte et autour de la Méditerranée, parfois depuis plusieurs siècles (diaspora est un mot grec qui se traduit en français par... dispersion).

La survie du judaïsme ( *) repose bientôt sur la diaspora, qui représente les quatre cinquièmes de la population juive. Dans la Méditerranée orientale, les juifs constituent à eux seuls un cinquième de la population. Ils sont plus nombreux à Alexandrie qu'à Jérusalem !

Les juifs de ces communautés dispersées de par le monde pratiquent volontiers le prosélytisme et accueillent des convertis indigènes. C'est le cas en Europe bien sûr, mais aussi en Afrique du nord, en Éthiopie et même en Inde, au Kerala.

Les juifs occupent une place avantageuse au sein de l'Empire romain et sont dispensés à titre exceptionnel du culte de l'empereur. Ils placent leur espérance dans l'étude des livres sacrés de la Torah.

Parmi les juifs de la diaspora figurent aussi des prédicateurs qui évoquent un homme nommé Jésus et crucifié quelques décennies plus tôt à Jérusalem. Ceux-là se détachent rapidement de leurs coreligionnaires pour créer une religion à vocation universelle, le christianisme.
Jean-François Zilbermann
http://www.herodote.net/dossiers/synthese.php5?ID=110&ID_dossier=47
mihou
Nabuchodonosor s'empare de Jérusalem
Message Sam 31 Mar - 17:58 par mihou
Nabuchodonosor s'empare de Jérusalem
Découvrir les Amis d'HérodoteCe document existe en version intégrale pour les Amis d'Hérodote

Le 16 mars de l'an 597 avant JC, Jérusalem tombe aux mains de Nabuchodonosor.

Le puissant roi de Babylone reçoit la soumission du royaume de Juda. Celui-ci est l'ultime survivance du royaume d'Israël fondé quatre siècles plus tôt par Saül, David et Salomon, et dont la population a déjà eu à souffrir des Assyriens.

Nabuchodonosor déporte la famille royale et l'élite juive dans son pays, entre le Tigre et l'Euphrate (l'Irak actuel).

Dix ans plus tard, suite à une ultime révolte, toute la population de Jérusalem est envoyée en Mésopotamie et le prestigieux Temple de Salomon est détruit. C'est la première diaspora.

Ezéchiel console les Juifs en exil à Babylone, miniature médiévaleLes prophètes hébreux de l'époque, tels Jérémie et Ézéchiel, voient dans ces malheurs une punition infligée au peuple hébreu pour avoir désobéi à Dieu.

A Babylone, cependant, les Juifs vont affermir leur religion et regagner en prospérité ce qu'ils ont perdu en liberté.

Cinquante ans plus tard, lorsque Cyrus, roi de Perse, conquerra la Babylonie, une partie des Hébreux retournera en Palestine pour bâtir un deuxième Temple, tout en demeurant sous la tutelle des Perses.

Avec la chute de Jérusalem, c'en est fini de l'indépendance d'Israël pour... 2500 ans, jusqu'à la résurrection de l'État hébreu au XXe siècle de notre ère (mise à part une brève période d'indépendance sous les Maccabées ou Asmonéens).
http://www.herodote.net/dossiers/evenement.php5?jour=-5970316&ID_dossier=47
mihou
Destruction du Temple
Message Sam 31 Mar - 18:00 par mihou
Destruction du Temple

Jérusalem, capitale de l'ancien royaume de Judée, est mise à sac par l'armée romaine le 8 septembre de l'an 70 (*), après un siège atroce de deux ans.
Un roi cruel

Profitant des divisions entre les juifs, le général romain Pompée a conquis la Samarie et la Judée en 63 avant J-C. Un protégé des Romains, Hérode, en profite pour liquider la dynastie des Asmonéens et devenir roi de Judée (ou pays des Juifs) en l'an 37 avant JC.

De cet homme célèbre pour sa cruauté et son absence de scrupules, l'empereur romain Auguste aurait dit : «Mieux vaut être le porc d'Hérode que son fils»... Hérode a en effet lui-même tué certains de ses enfants mais, en qualité de juif, il ne lui est jamais arrivé de consommer du porc (notons le jeu de mots sur fils [uios en grec, la langue d'usage d'Auguste] et porc [uos]) !

C'est à la fin du règne d'Hérode le Grand que naît Jésus-Christ à Bethléem, au sud de Jérusalem.

Avant de mourir en l'an 4 de notre ère, le roi de Judée partage son royaume entre trois de ses fils. Mais sa dynastie s'arrête là. En l'an 6, l'empereur Auguste transforme la Judée en une province romaine gouvernée par un simple procurateur.
Première guerre juive

Décontenancés par les croyances monothéistes des habitants, les Romains laissent ceux-ci libres de s'organiser comme ils l'entendent sous l'autorité de leur Tribunal religieux, le Sanhédrin. Mais les Juifs ne manquent pas de se quereller et de se diviser sur la conduite à tenir vis-à-vis de l'occupant.

Les grands prêtres et le parti des Pharisiens s'accommodent de l'occupation étrangère tandis que dans les milieux populaires, la secte des Zélotes appelle à la résistance et veut hâter la réalisation des promesses divines.

Les Zélotes déclenchent une violente révolte en août 66. Ils massacrent les grands prêtres et s'emparent de Jérusalem. Mais les Romains, sous la direction du général Vespasien, mènent la reconquête avec détermination.

Vespasien étant devenu empereur, c'est à son fils Titus qu'il revient d'achever le siège de Jérusalem. Il ne s'agit pas d'une mince affaire car la population de la ville s'élève déjà à cette époque à environ 80.000 habitants. Les habitants sont déportés comme esclaves cependant que le Temple, haut lieu de la religion juive, est complètement détruit (à l'exception d'un pan du mur d'enceinte, le futur «Mur des Lamentations»).

bas-relief de l'arc de Titus, à Rome Le vainqueur, Titus, rentre à Rome où il reçoit un magnifique triomphe. Un arc est bâti en souvenir de ce triomphe à l'entrée des forums romains.

Ses bas-reliefs relatent les exploits des Romains en Judée et notamment le pillage des trésors du Temple, en particulier un fameux chandelier sacré à sept branches, la Ménorah (ce chandelier disparaît en 455 suite au pillage de Rome par les Vandales de Genséric).

La destruction de Jérusalem et du Temple ne met cependant pas fin à la première guerre juive... Au-dessus de la Mer Morte, la forteresse de Massada continue de résister sous la direction d'un chef zélote, Éleazar...
Jean-François Zilberman

http://www.herodote.net/dossiers/evenement.php5?jour=700908&ID_dossier=47
mihou
Chute de Massada
Message Sam 31 Mar - 18:02 par mihou
Chute de Massada

Le 2 mai 73, la forteresse de Massada tombe aux mains des légionnaires. C'en est fini de la première guerre juive contre la domination de Rome.

Construite au temps des Asmonéens, la forteresse de Massada, qui surplombe de 400 mètres les rives sauvages de la mer Morte, est le dernier îlot de résistance juive à l'occupation romaine.

Sous la conduite d'un chef nommé Eleazar ben Jair, un millier de Zélotes, hommes, femmes et enfants, résistent pendant trois ans à plus de 15.000 légionnaires. Ceux-ci n'arrivent à accéder aux murailles qu'en aménageant une rampe artificielle depuis le pied du rocher.

Quand ils pénètrent dans la forteresse, ils ne découvrent que des cadavres, dix des assiégés ayant tué tous les autres avant de se suicider eux-mêmes pour ne pas tomber sous la loi étrangère.

On ne retrouve que sept survivants : deux femmes et cinq enfants, cachés dans un puits. Le récit de ce drame nous a été rapporté par l'historien juif Flavius Josèphe. Les découvertes archéologiques récentes, sur le site de Massada, corroborent ses propos.
De Massada à Varsovie

Le souvenir de Massada a ressurgi avec brutalité en avril-mai 1943, lorsque 60.000 juifs du ghetto de Varsovie se sont soulevés contre les SS allemands dans une tentative héroïque et désespérée. Ce fut pratiquement, contre les nazis, le seul acte de résistance armée au génocide des Juifs.
Deuxième guerre juive

En Judée même, le sentiment national n'est pas mort avec la prise de Massada. Deux générations plus tard, l'empereur Hadrien est lui-même effrayé par la vigueur du particularisme juif. Il décide de le combattre par une campagne d'hellénisation ( *) : la circoncision est prohibée, Jérusalem rebaptisée «Colonia Ælia Capitolina» et un temple dédié à Jupiter Capitolinus est édifié sur les ruines du précédent. La Judée redevient la Palestine, en souvenir de ses premiers habitants, les Philistins.

Mais un jeune exalté du nom de Bar Kochba («Fils de l'étoile») prend la tête d'une nouvelle révolte et s'empare de Jérusalem. Il malmène la légion égyptienne XXII Deiotariana chargée de faire régner l'ordre.

Hadrien se rend sur les lieux et appelle la Xe légion bretonne, sous le commandement du général Gaius Julius Severus, pour mater la rébellion. La campagne militaire va durer trois ans, de 133 à 135, et entraîner la mort de plusieurs centaines de milliers de Juifs. A son terme, la Judée sera durablement ruinée et les Juifs auront, qui plus est, l'interdiction de se réinstaller dans la ville de Colonia Ælia Capitolina, l'ancienne Jérusalem.
Joseph Savès
Diaspora et judaïsme

De tous temps, la Terre promise a connu une forte poussée démographique et croulé sous le poids des hommes, d'où une émigration constante et importante vers les autres contrées du Moyen Orient et de la Méditerranée.

À l'époque du Christ, au début de notre ère, on évalue sa population à près de trois millions d'habitants (presque autant qu'aujourd'hui), ce qui est énorme pour l'époque (l'Empire romain à son apogée compte environ 50 millions d'âmes et le monde entier, environ 250 millions).

La victoire de Titus, les ravages de la deuxième guerre juive et la séduction de la civilisation gréco-romaine accélèrent l'émigration hors de Palestine. Les juifs vont rejoindre les nombreuses communautés de la diaspora déjà installées en Mésopotamie, en Égypte et autour de la Méditerranée, parfois depuis plusieurs siècles (diaspora est un mot grec qui se traduit en français par... dispersion).

La survie du judaïsme ( *) repose bientôt sur la diaspora, qui représente les quatre cinquièmes de la population juive. Dans la Méditerranée orientale, les juifs constituent à eux seuls un cinquième de la population. Ils sont plus nombreux à Alexandrie qu'à Jérusalem !

Les juifs de ces communautés dispersées de par le monde pratiquent volontiers le prosélytisme et accueillent des convertis indigènes. C'est le cas en Europe bien sûr, mais aussi en Afrique du nord, en Éthiopie et même en Inde, au Kerala.

Les juifs occupent une place avantageuse au sein de l'Empire romain et sont dispensés à titre exceptionnel du culte de l'empereur. Ils placent leur espérance dans l'étude des livres sacrés de la Torah.

Parmi les juifs de la diaspora figurent aussi des prédicateurs qui évoquent un homme nommé Jésus et crucifié quelques décennies plus tôt à Jérusalem. Ceux-là se détachent rapidement de leurs coreligionnaires pour créer une religion à vocation universelle, le christianisme.
http://www.herodote.net/dossiers/evenement.php5?jour=730502&ID_dossier=47
mihou
L'Espagne découvre l'intolérance:les pogroms
Message Sam 31 Mar - 18:06 par mihou
L'Espagne découvre l'intolérance

Le 6 juin 1391, à Séville, deux synagogues sont converties en églises. C'est le début d'une première vague de violences contre les juifs de la péninsule avant leur expulsion définitive un siècle plus tard.
La populace contre les juifs

L'affaire s'accompagne de nombreux meurtres et de rapines contre la communauté juive de la ville. Les violences s'étendent très vite à Tolède, Valence,... Les rois de la péninsule tentent de s'opposer aux mouvements populaires. Ils sanctionnent lourdement les fauteurs de troubles mais rien n'y fait.

Deux mois plus tard, le 5 août, à Barcelone, les émeutes atteignent leur paroxysme. Des marins castillans, qui avaient déjà pris part aux émeutes de Séville et Valence, mettent le feu au quartier juif et tuent une centaine d'habitants. Les survivants se réfugient dans le château royal voisin de leur quartier.

Plusieurs responsables des violences sont arrêtés, ce qui a l'effet de déclencher une émeute populaire. Le château royal est assiégé et ses archives brûlent. Le tocsin sonne. Les juifs sont extraits de leur refuge et contraints au baptême. 300 s'y refusent et sont exécutés.

L'Espagne catholique découvre l'intolérance et la haine alors même qu'elle triomphe des envahisseurs musulmans qui ont conquis la péninsule 700 ans plus tôt.

Le temps est loin (1150) où Alphonse VII de Castille se proclamait «roi des trois religions» : christianisme, islam et judaïsme (*). Il était alors habituel que les armées cessent de combattre du jeudi soir au lundi matin pour respecter les jours de repos des uns et des autres !

À mesure que les rois chrétiens d'Espagne repoussent les musulmans et conquièrent de nouvelles terres, les habitants musulmans ou juifs sont invités à se convertir.
Limpieza de la sangre

Après les malheurs du XIVe siècle (Grande Peste, guerre de Cent Ans et autres guerres, Grand Schisme de l'Église catholique), les esprits sont troublés dans la péninsule comme dans le reste de l'Europe occidentale. Cela explique en bonne partie les poussées de haine.

Le peuple des villes s'échauffe contre les juifs, nombreux dans toutes les villes, et surtout contre les conversos, musulmans ou juifs convertis au catholicisme et que l'on soupçonne non sans raison d'être restés fidèles à leur première croyance.

Dans ce pays où se sont établis une diversité prodigieuse de peuples (Ibères, Celtes, Basques, Grecs, Carthaginois, Latins, Juifs, Germains, Berbères, Arabes, Gitans,...), on commence à exalter la «limpieza de la sangre» (la pureté du sang) et l'on s'en prend violemment aux faux convertis soupçonnés de corrompre la foi.

< L'Inquisition à l'oeuvre (peinture du XVe siècle > Les conversos juifs sont surnommés de façon méprisante marranes (du mot arabe moharannah qui signifie impur et en est venu à désigner les porcs).

En 1478, les souverains espagnols importent le tribunal de l'Inquisition pour s'assurer de la sincérité des marranes.

Ceux qui refusent d'abjurer sont brûlés. Ceux qui se rallient pleinement à la foi catholique sont épargnés.

Sur la peinture ci-contre, qui date du XVe siècle, on reconnaît des marranes voués aux flammes et d'autres qui, ayant accepté de se convertir, ont été coiffés d'un chapeau conique en signe de reconnaissance.

Juifs et musulmans restés fidèles à leur foi sont purement et simplement expulsés après la prise de Grenade, l'année même de la découverte de l'Amérique, en 1492.

Un siècle plus tard, le 22 septembre 1609, le roi Philippe III, un soliveau, se laisse convaincre par son favori, le duc de Lerma, d'expulser aussi les Morisques (musulmans convertis au catholicisme). 500.000 (sur une population totale de huit millions d'habitants) doivent quitter précipitamment la péninsule... et abandonner leurs biens au duc de Lerma et à ses partisans. C'est une catastrophe économique pour l'Espagne et le début d'un irréversible déclin.
De l'antijudaïsme à l'antisémitisme

En quittant le Moyen Âge et en entrant dans la Renaissance, l'Espagne passe insensiblement de l'antijudaïsme médiéval à l'antisémitisme moderne. Elle ouvre la voie aux horreurs du XXe siècle européen.
André Larané
Épisode suivant :
Voir la suite5 janvier 1895 : l'affaire Dreyfus

Articles liés à celui-ci, que vous pouvez lire aussi avec profit :
20 avril 1233 : Le pape établit l'Inquisition en France
2 janvier 1492 : Chute de Grenade et fin de la Reconquista
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Les commentaires des Amis d'Hérodote
Tous les commentaires sur cet article :
Gérard Combes (12-07-2006 17:23:26)
L'Espagne avait découvert l'intolérance bien avant cette date dans la fameuse Al Andalous.
Dès 852. Quatre exécutions de blasphémateurs chrétiens contre l'islam à Cordoue
- Épuration de l'administration de Cordoue de ses éléments chrétiens
- Exécution du chrétien de Cordoue Fandila pour blasphème contre l'islam
- Destruction des églises de Cordoue datant d'après la conquête arabe

Plus tard en 1066, au cours du massacre de Grenade, le Nagid de la ... Lire la suite
Gerard Combes (12-07-2006 17:08:19)
M. Sastre Parres, vous écrivez que Napoléon était un antisémite. Pourriez-vous m'indiquer vos sources ? Ce que je sais de l'Empereur dénote un philosémite et non pas un antisémite.

Merci d'avance
José R. Sastre Parres (06-06-2006 19:22:13)
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous. L'Espagne n'est pas passé insensiblement de l'antijudaïmse médiéval à l'antisémitisme raciste moderne, qui es une création du XXe siècle héritier de la "Déesse Raison" du XVIIIe siècle français (le "grand" Voltaire était profondément antijuif, ou antisémite, comme Napoléon ?) ! Il y eut, en effet, "la limpieza de sangre", concept très "Ancien Régime" nullement exclusivement espagnol, loin s'en faut, qui exigeait des quartiers de noblesse ("d'épée" surtout) pour être bien "considéré" et pour jouir des privilèges de l'aristocratie, espagnole ou française. Il est évident que les juifs convertis et "nobles" ne pouvaient pas démontrer que leurs ancêtres avaient fait les croisades, car ils furent tous "roturiers", ayant accès, après conversion "sincère" à la "noblesse de robe". Le Grand Inquisiteur Torquemada et sainte Thérèse d'Avila étaient descendants de juifs. L'Espagne n'a rien a voir avec l'antisémisme raciste né au XIXe siècle, la France et l'Allemagne, sûrement.

José, l'Espagnol

http://www.herodote.net/dossiers/evenement.php5?jour=13910606&get_all=1&ID_reac=1193&tout=1#1193
mihou
L'«Affaire Dreyfus»
Message Sam 31 Mar - 18:08 par mihou
Le 5 janvier 1895, le capitaine Alfred Dreyfus est solennellement dégradé dans la cour des Invalides. Il a été condamné au bagne à vie pour haute trahison.

L'«Affaire Dreyfus» commence un an plus tard avec la révélationde son innocence. Elle va secouer l'opinion publique en France et dans le reste du monde pendant plusieurs décennies.

La dégradation du capitaine Dreyfus dans la cour des Invalides
Une condamnation sans histoire

L'affaire Dreyfus débute comme une banale affaire d'espionnage par la découverte en septembre 1894 d'un bordereau contenant des secrets militaires et adressé à l'ambassade allemande.

Le capitaineAlfred Dreyfus (35 ans) est très vite accusé d'en être l'auteur sur la foi d'une analyse graphologique truquée. Issu d'une riche famille israélite d'origine alsacienne, cet officier d'état-major est arrêté dès le 15 octobre 1894 sous l'inculpation de haute trahison.

Il échappe à la guillotine en vertu d'une loi qui a aboli la peine de mort pour les crimes politiques. C'est ainsi qu'il part pour l'île du Diable, en Guyane.

Personne en France ne doute alors de sa culpabilité... Personne sauf sa femme Lucie et son frère Mathieu qui vont remuer ciel et terre pour obtenir sa libération.
Le doute s'installe

Tout se corse en mars 1896. Le lieutenant-colonel Georges Picquart, qui dirige le service de renseignements, découvre que l'auteur du bordereau est en vérité le commandant Charles Walsin-Esterhazy. Ayant fait part de ses doutes au chef de l'état-major, il est réduit au silence par un limogeage en Tunisie.

En octobre 1896, le colonel Henry, des services secrets, désireux d'écarter les soupçons d'Esterhazy, produit un nouveau bordereau qui accable Dreyfus. On apprendra plus tard qu'il s'agit d'un faux document !

Entre temps, la famille du capitaine Dreyfus fait appel au journaliste Bernard-Lazare pour chercher des motifs de réviser le procès.

Enfin, le 14 novembre 1897, lesénateur de Strasbourg Auguste Scheurer-Kestner, lui aussi convaincu de l'innocence de Dreyfus, publie une lettre où il annonce des faits nouveaux. Le lendemain, Mathieu Dreyfus ne s'embarrasse pas de précautions et dénonce Esterhazy comme le véritable auteur du bordereau.
Le patriotisme contre les principes

caricature antidreyfusarde Le 11 janvier 1898, Esterhazy, qui a lui-même demandé à être jugé, estacquitté par un conseil de guerre et c'est le lieutenant-colonel Georges Picquart qui fait les frais du procès. Accusé de faux, il est emprisonné et chassé de l'armée !

A Paris, chacun prend parti et l'Affaire prend vite un tour politique:

– il y a d'un côté ceux qui considèrent qu'on ne transige pas avec les principes et que Dreyfus, comme tout citoyen a droit à un procès équitable; ce sont les «dreyfusards». Parmi eux beaucoup de pacifistes de gauche et des idéalistes de droite comme Charles Péguy.

– de l'autre côté, les «antidreyfusards» considèrent que l'intérêt national prime par-dessus les droits de la personne; face à l'«ennemie héréditaire» (l'Allemagne), il n'est pas question de porter atteinte au moral de l'armée avec un procès en révision de Dreyfus, que celui-ci soit innocent ou pas! L'origine israélite et bourgeoise de Dreyfus attise les passions et l'antisémitisme vient au secours d'un patriotisme dévoyé.
Le dénouement

Le 13 janvier 1898, coup de théâtre avec la publication d'un article incendiaire,intitulé J'accuse... et signé par le célèbre écrivain Émile Zola. Tout y est dit des mensonges et des compromissions des autorités. L'auteur doit s'exiler pour ne pas être emprisonné.

Mais il n'est plus possible au gouvernement d'en rester là. Dreyfus revient du bagne. Il est à nouveau jugé, condamné à dix ans de prison et aussitôt grâcié par le Président de la République. Le dénouement a lieu le 12 juillet 1906 avec sa réhabilitation par la Cour de Cassation.
De l'Affaire à Israël

Parmi les nombreuses conséquences de l'Affaire Dreyfus en France et dansle monde, notons celle-ci :

Un jeune journaliste hongrois d'origine juive, Theodor Herzl, suit l'Affaire dès le premier procès de Dreyfus. Révolté par l'antisémitisme français, il en conclut à la nécessité de créer un État juif pour accueillir ses coreligionnaires et publie un livre pour les en convaincre. Israël est ainsi né de l'injustice faite à Dreyfus.
http://www.herodote.net/dossiers/evenement.php5?jour=18950105&ID_dossier=47
Le 13 janvier 1898, Émile Zola publie une lettre ouverte au président de la République dans L'Aurore sous le titre «J'accuse».
Zola engage sa réputation et sa liberté

Dans ce texte virulent qui occupe la première page du quotidien, le célèbre écrivain dénonce les manigances qui entourent le procès du capitaine Alfred Dreyfus, accusé à tort d'espionnage, et l'acquittement par le conseil de guerre, trois jours plus tôt, du capitaine Esterhazy, le vrai coupable.

Emile Zola Ce faisant, Émile Zola, riche et comblé d'honneurs, prend sciemment à 48 ans le risque de se faire arrêter et condamner pour diffamation publique.

Son article fait d'emblée l'effet d'une bombe. Dès le lendemain a lieu une «pétition des intellectuels» en soutien de l'écrivain. Cette pétition est une première dans l'Histoire de France.

Zola reçoit par ailleurs le soutien empressé de Georges Clemenceau, qui tient une chronique dans L'Aurore depuis que le scandale de Panama l'a exclu de la vie parlementaire.

Sincèrement indigné, le «tombeur de ministères» saisit l'occasion de faire sa rentrée politique en s'en prenant selon son habitude au gouvernement en place.

Le 23 février 1898, Émile Zola est traduit en cour d'assises et condamné à un an de prison. Mais l'affaire prend de l'ampleur et met l'opinion publique en ébullition.
La vérité éclate au grand jour

En août, coup de théâtre ! Le colonel Henry, qui a décrypté le bordereau à l'origine de l'Affaire, met au jour un nouveau document. Mais un examen minutieux révèle des anomalies...

Le 30 août, le colonel est convoqué par le ministre de la guerre auquel il avoue avoir «arrangé les choses». Emprisonné , il se suicide le lendemain dans sa cellule... grâce à la bienveillance de ses gardiens qui, contrairement aux usages, lui ont laissé de quoi se tuer (un rasoir).

Devant le scandale, le ministre est contraint à la démission et son remplaçant consent à la révision du procès de Dreyfus qui rentre enfin du bagne.

Dreyfus avec ses avocats Demange et Labori en 1899 Un procès se tient à Rennes dans une atmosphère houleuse.

Le 9 septembre 1899, la cour militaire reconnaît à nouveau Dreyfus coupable de haute trahison, mais le condamne seulement à dix ans de réclusion en raison de «circonstances atténuantes» (!).

Le président de la République Émile Loubet grâcie Dreyfus dès le 19 septembre mais l'ancien capitaine exige un acquittement complet.
Vers l'apaisement

L'émotion provoquée par l'Affaire concourt à la formation d'un bloc républicain et relance le principe d'une laïcisation complète de l'État, en latence depuis l'époque de Jules Ferry, vingt ans plus tôt. C'est ainsi que la loi de séparation des Églises et de l'État est enfin votée après d'ardents débats le 5 décembre 1905.

Enfin, le 12 juillet 1906, l'Affaire trouve son épilogue avec un arrêt de la Cour de Cassation qui casse le jugement du 9 septembre 1899. Dreyfus est définitivement innocenté. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur dans la cour de l'École militaire le 21 juillet 1906.

Picquart, que Clemenceau considère comme le véritable héros de l'Affaire car il a risqué sa carrière au nom de la justice et de l'honneur, est promu au grade de général et devient tout bonnement ministre de la Guerre dans le gouvernement du «Tigre» (surnom de Clemenceau).

L'Affaire sera close avec le transfert des cendres de Zola au Panthéon le 4 juin 1908.
Dreyfus, les intellectuels et l'antisémitisme

Dès la parution de J'accuse (1898), la bourgeoisie parisienne se divise très violemment en deux camps.

– Les dreyfusards dénoncent l'injustice faite à Dreyfus et l'acquittement inique d'Esterhazy. Ils placent la justice et les droits de l'homme au-dessus de l'honneur militaire et de la raison d'État.

Parmi les dreyfusards, on trouve non seulement des hommes politiques mais aussi des écrivains de renom. C'est le moment où l'on commence de parler des «intellectuels», non sans une nuance de mépris.

– Les antidreyfusards considèrent qu'il vaut mieux condamner un innocent plutôt que d'admettre que la justice militaire ait pu se tromper.

À une époque où chacun, à droite comme à gauche, ne rêve que de revanche sur l'Allemagne et de«guerre régénératrice», tout affaiblissement de l'Armée fait figure à leurs yeux de haute trahison.

Par le fait que Dreyfus est issu d'une riche famille israélite, le camp antidreyfusard ne tarde pas aussi à attiser un antisémitisme d'un genre nouveau, à la fois national et laïc.

http://www.herodote.net/dossiers/evenement.php5?jour=18980113
mihou
Le 15 février 1896 apparaît dans la vitrine d'une librairie de Vienne un ouvrage mystérieux : Der Judenstaat, Versuch einer Modernen Lösung der Judenfrage (L'État juif, recherche d'une réponse moderne à la question juive).

L'auteur, Theodor Herzl (35 ans), est un journaliste hongrois d'origine juive... mais très éloigné du judaïsme traditionnel.

Il a suivi à Paris l'année précédente le déroulement de l'Affaire Dreyfus pour le compte de la Neue Freie Zeitung, un journal de Vienne. Il a assisté en particulier à la cérémonie de dégradation dans la cour des Invalides.
Antisémitisme révoltant

Le jeune journaliste a été révolté par la flambée d'antisémitisme dans la patrie des Droits de l'Homme. Il en a tiré la conclusion qu'il est illusoire pour les juifs de chercher leur salut dans l'assimilation et qu'ils doivent posséder leur propre État. Cet État doit être en mesure d'offrir un refuge à tous les juifs qui viendraient à être persécutés. C'est la thèse qu'il présente dans son ouvrage : Der Judenstaat.

Sa thèse suscite d'emblée l'enthousiasme chez les humbles juifs orientaux. Elle rejoint aussi les aspirations de nombreux militants «sionistes» qui, depuis une quinzaine d'années, ont commencé d'émigrer en Palestine.
Le mouvement sioniste s'organise

Dans les mois qui suivent la parution de L'État juif, Theodor Herzl et ses amis Max Nordau et Israël Zangwill décident de réunir un congrès. La ville de Munich est pressentie mais les rabbins locaux, comme l'immense majorité des rabbins, se montrent hostiles au mouvement sioniste et c'est finalement à Bâle, en Suisse, que se retrouvent en août 1897 les 204 délégués juifs.

Ce premier Congrès sioniste définit un plan d'action (le «programme de Bâle»). Il préconise la colonisation de la Terre sainte par des paysans, des ouvriers et des artisans juifs, et une action politique en vue de légitimer le nouvel État.

Les Congrès suivants, année après année, organisent le mouvement sioniste. Ils créent une Banque nationale juive puis, à l'initiative du chimiste Chaïm Weizmann, qui deviendra en 1949 le premier président de l'État d'Israël, est créé en 1905 un Fonds national juif pour l'achat de terres agricoles en Palestine.

La colonisation est conduite au nom du slogan : «Une terre sans peuple pour un peuple sans terre». Elle fait fi de la présence sur place, en Palestine, d'habitants musulmans, chrétiens... ou juifs. Theodor Herzl lui-même n'exclut pas, il est vrai, d'expulser les indésirables.

Le fondateur du mouvement sioniste crée un hebdomadaire à Vienne, Die Welt, et en 1902, publie un roman d'anticipation qui évoque la vie dans le futur État. Intitulé en allemand Altneuland (Terre ancienne, terre nouvelle), le roman décrit le sionisme comme «un poste avancé de la civilisation, un rempart de l'Europe contre l'Asie, s'opposant à la barbarie».
Mortelle menace

Theodor Herzl multiplie les contacts avec les chefs d'État, y compris le pape Pie X, le sultan Habdul-Hamid III, l'empereur Guillaume II et le ministre britannique Joseph Chamberlain. En 1903, celui-ci lui offre d'installer l'État juif... en Afrique, sur le territoire de l'Ouganda, alors possession britannique.

Theodor Herzl, insensible à la composante religieuse du sionisme et craignant de ne jamais avoir gain de cause en Palestine, veut se saisir sans tarder de cette offre, faute de mieux. Il est suivi par Éliezer Ben Yéhouda, le créateur de l'hébreu moderne, et par le mouvement religieux ultranationaliste Mizrahi.

Il réunit à Bâle, en août 1903, un VIe Congrès sioniste et annonce aux délégués : «J'ai une grande surprise pour vous : Sa Majesté, le souverain de l'empire britannique, vous offre un cadeau, l'Ouganda !»

L'annonce survient peu après le premier grand pogrom (*) du XXe siècle, à Kichinev, dans la province russe de Moldavie : une soixantaine de juifs ont été assassinés sans motif par la foule. Max Nordau lance aux délégués : «Nous avons besoin d'un asile de nuit, lieu de repos pour les persécutés» (*).

Les «sionistes» convaincus fulminent. Ils ne veulent rien d'autre que la Palestine. Mais ils se retrouvent en minorité face à une majorité de «territorialistes» prêts à accepter l'offre britannique.

Le mouvement fait scission. Les sionistes poursuivent non sans mal la colonisation de la Palestine cependant que les territorialistes étudient après l'Ouganda d'autres territoires tout aussi invraisemblables avant de rejoindre enfin les sionistes.
Épilogue

Épuisé par son inlassable activité et les conflits au sein de son mouvement, Theodor Herzl meurt le 3 juillet 1904, à l'âge de 44 ans. Son rêve va recevoir une impulsion décisive avec la déclaration Balfour du 2 novembre 1917 qui apporte aux sionistes l'appui officiel de la couronne britannique.

Il trouvera son aboutissement en novembre 1947, peu après le génocide des juifs européens, lorsque l'assemblée générale des Nations Unies votera le partage de la Palestine en deux États, l'un arabe, l'autre juif. L'État d'Israël sera officiellement proclamé le 14 mai 1948 par David Ben Gourion.
André Larané
http://www.herodote.net/dossiers/evenement.php5?jour=18960215
mihou
La Déclaration Balfour
Message Sam 31 Mar - 18:16 par mihou
La Déclaration Balfour

Le 2 novembre 1917, en pleine guerre mondiale, le ministre britannique des Affaires étrangères, Lord Balfour, publie une lettre où il indique que son gouvernement est disposé à créer en Palestine un «foyer national juif».

Cette lettre ouverte, adressée au baron de Rothschild, a été en fait rédigée en étroite concertation avec ce dernier, qui préside l'antenne anglaise du mouvement sioniste.
Les débuts du sionismee

Le sionisme est un mouvement politique et religieux apparu à la fin du XIXe siècle. Il tire son nom de Sion, une colline de la Jérusalem biblique.

Le premier groupe sioniste, «Hibat Sion» (Les Amants de Sion, en hébreu), est créé en 1882 à l'instigation du rabbin Samuel Mohilever. Il prône le retour des juifs en Palestine, alors possession du sultan d'Istamboul et y voit un préalable à l'accomplissement des promesses divines et à l'arrivée sur terre du vrai Messie (envoyé de Dieu).

Quelques centaines d'étudiants juifs de Russie commencent ainsi d'émigrer. Ils désignent leur action du mot hébreu «Alya» qui signifie montée.

Le sionisme se développe surtout sous l'impulsion de juifs bien intégrés dans la société de leur temps, comme le médecin Léon Pinsker, auteur du livre Autoémancipation, mais déçus de voir leur sécurité compromise par les pogroms, à partir de l'assassinat du tsar Alexandre II (1881).

Le sionisme reçoit une impulsion décisive avec l'engagement du journaliste Theodor Herzl.

Choqué par la vague d'antisémitisme qui a balayé la France, «pays des droits de l'Homme», au moment de l'affaire Dreyfus, Herzl publie en 1896 L'État juif et, l'année suivante, réunit à Bâle le premier Congrès sioniste.

De riches philanthropes comme le baron Edmond de Rotschild soutiennent le mouvement et achètent des terres en Palestine ; à l'aube du XXe siècle, celle-ci compte une vingtaine de colonies agricoles exploitant 18.000 hectares.

Dans les vingt ans qui précédent la Première Guerre mondiale, la population juive de Palestine passe ainsi de 50.000 à 85.000 personnes, soit 12% de la population totale de la province.

Notons que la ville de Jérusalem compte déjà une majorité de juifs (environ 30.000)... dont une bonne partie sont de souche locale, pour moins de 10.000 musulmans.
Le sionisme dans la guerre

Au début de la Grande Guerre, les juifs combattent loyalement dans les armées de leur pays respectif.

Toutefois, ceux qui vivent aux États-Unis, pays neutre, ne cachent pas leur sympathie pour les puissances centrales, l'Allemagne et l'Autriche, plus tolérantes que la Russie et même la France à l'égard du judaïsme !

À mesure que l'Europe s'enfonce dans la guerre, chaque camp tente de rallier un maximum de soutiens, au prix parfois de tractations secrètes que la morale réprouve. Il en va ainsi du traité secret de Londres avec l'Italie.

En 1916, les Français et les Anglais concluent les accords secrets Sykes-Picot, du nom de leurs signataires, en vue de se partager les futures dépouilles de l'empire turc, allié des puissances centrales, notamment la Syrie, la Palestine et l'Irak. Dans le même temps, les Britanniques n'ont pas de scrupule à promettre au chérif Hussein qui gouverne La Mecque tous les territoires arabes sous occupation turque,... y compris Palestine et Syrie.

Le colonel T.E. Lawrence, animé par son amour de l'Orient arabe, fait son possible pour mettre en oeuvre cette promesse. Il y gagne le surnom de «Lawrence d'Arabie».

Le summum de l'hypocrisie est atteint avec la déclaration Balfour destinée à rallier les communautés juives en leur promettant de façon vague, non pas un État mais un «foyer national juif» en Palestine.

Six semaines plus tard, le 9 décembre 1917, le général britannique Robert Allenby entre à Jérusalem sans coup férir. Son armée, venue d'Égypte, compte trois bataillons juifs. C'en est donc fini de sept siècles de domination musulmane sur la Ville sainte, arabe puis turque.
Les malentendus de la paix

Avec la fin de la guerre, les Alliés ont comme prévu le plus grand mal à concilier leurs promesses aux uns et aux autres.

La Société des Nations (SDN), à peine née, reconnaît la déclaration Balfour. Elle fait de la création d'un «foyer national juif» en Palestine l'un des principaux objectifs du mandat confié aux Britanniques.

Fayçal, fils du défunt chérif de La Mecque et compagnon d'armes de T.E. Lawrence, ne voit pas d'inconvénient à une cohabitation des Palestiniens avec les colons juifs. Il signe dans ce sens un accord avec le représentant des sionistes, Chaïm Weizmann, le 3 janvier 1919 à Akaba. Mais il exige en parallèle que soit reconnue sa souveraineté sur le monde arabe. Ce ne sera pas le cas. La France le chasse de Syrie et il doit se contenter du trône d'Irak, sous la tutelle britannique.

Les Arabes commencent dès lors de s'en prendre aux implantations juives mais ils ne pourront empêcher la fondation de l'État d'Israël le 14 mai 1948. Le conflit entre l'état hébreu et ses voisins arabes ne semble pas près de cesser 80 ans après.
Le texte de la déclaration Balfour

Voici la déclaration d'intentions adressée par Arthur de Balfour, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Lloyd George, à lord Rothschild, vice-président du Board of Jewish Deputies :

«Cher Lord Rothschild,

«J'ai le grand plaisir de vous adresser, de la part du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration suivante, en sympathie avec les aspirations juives sionistes ; cette déclaration a été soumise au Cabinet et approuvée par lui.

«Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un Foyer national pour le peuple juif, et il emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui porte atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives de Palestine ainsi qu'aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans les autres pays.»
Bibliographie

Pour une initiation à l'Histoire du judaïsme, je recommande l'ouvrage de Josy Eisenberg :Une histoire des Juifs (Le Livre de poche, 1970, page 473), d'où est tiré le texte ci-dessus en encadré.
Épisode suivant :
Voir la suite19 septembre 1935 : lois antisémites de Hitler

Articles liés à celui-ci, que vous pouvez lire aussi avec profit :
13 mars 1881 : assassinat du tsar Alexandre II
5 janvier 1895 : Dégradation du capitaine Dreyfus
15 février 1896 : Parution de L'État juif
26 avril 1915 : Traité secret de Londres entre l'Italie et les Alliés
14 mai 1948 : Indépendance d'Israël
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Les commentaires des Amis d'Hérodote
Les 3 derniers commentaires sur cet article ( 7 en tout) :
LEJEUNE DOMINIQUE (03-11-2006 01:01:07)
Je me permettrai d'apporter quelques précisions sur le peuplement juif de la palestine:
50000 Juifs en 1882
85000 en 1914 donc une progression très faible et c'est bien à partir de la déclaration Balfour que le sionisme avec l'Alyah va s'accentuer jusqu'au 6 millions d'israéliens en 2006.
bernard (29-10-2006 08:06:31)
Toutes les pesonnes qui aujourd'hui se disent juives ont-elles tous leurs ancêtres (père et mère) qui soient aussi d'origine juive certaine. Pas sûr.
Les juifs rêvent d'une terre à eux suite, entre autre, aux persécutions qu'ils ont pu subir dans leur terre de naissance. Cela ne leur donne pas le droit de persécuter à leur tour les gens qui vivent depuis leur naissance comme nombre de leurs ancêtres sur la terre qu'ils veulent s'approprier.
Dans les temps très anciens, très reculés du temps de la Préhistoire et même avant, les habitants de Palestine n'étaient ni Juifs ni Musulmans.
Certains de ces gens là sont devenus juifs en Palestine, à Babylone, en Egypte. D'autres, qui vivaient aussi en Palestine, ne sont pas devenus juifs. Puis, plus tard, certains sont devenus musulmans. Ceux-là, par exemple, ayant eu leurs ancêtres qui ont vécu en Palestine ont autant le droits que certains juifs de vivre en Palestine;
Ni Dieu ni la bible ne sont les gardiens du cadastre. Ils ne doivent rien à voir dans l'affaire.


Pat L. (21-09-2006 01:19:59)
il est important et meme capital que le peuple d'israel ait retrouvé sa terre comme indiqué dans les recits bibliques, les juifs ne pouvaient en aucune façon se retrouver ailleurs qu'en terre sainte d'israel...


http://www.herodote.net/dossiers/evenement.php5?jour=19171102&get_all=1&ID_reac=4012&tout=1#4012
Des lois pour séparer les Juifs des autres Allemands

Le 15 septembre 1935, Hitler promulgue un ensemble de lois antisémites qui visent à séparer les citoyens juifs des autres Allemands.

Le Führer présente ces lois à Nuremberg, pendant le congrès du parti national-socialiste allemand (en abrégé, nazi), afin de bien signifier sa volonté d'aller de l'avant dans la mise en oeuvre d'une politique raciale.
André Larané
Des lois d'exclusion

Caricature nazie de 1936 stigmatisant les unions entre juifs et non-juifsEn premier lieu, le dictateur prive les Juifs de la citoyenneté allemande.

Par la loi «sur la sauvegarde du sang et de l'honneur allemand», il leur interdit d'épouser ou de fréquenter des «Aryens», c'est-à-dire des citoyens allemands réputés de race pure. Les mariages mixtes antérieurs sont dissous. Il défend également aux juifs d'employer des Allemandes de moins de 45 ans !

«Pénétré de la conviction que la pureté du sang allemand est la condition de la conservation du peuple allemand et animé de la volonté inflexible de garantir la nation allemande à jamais, le Reichstag a adopté à l'unanimité la loi suivante qui est promulguée ci-après :
«article premier. Les mariages entre juifs et habitants du Reich de race allemande ou parents sont interdits. Les mariages qui auraient été contractés nonobstant cette interdiction sont nuls, même si, dans le dessein de tourner la loi, ils ont été conclus à l'étranger...
«article 2. Les relations en dehors du mariage, entre juifs et habitants de race allemande ou parents, sont interdites.
«article 3. Il est interdit aux juifs de faire travailler dans leur ménage des personnes de race allemande ou parents de sexe féminin, âgées de moins de 45 ans...»
Un illusoire retour à l'ordre

Dans un discours qui fait suite à la promulgation de ces lois, Hitler les justifie en assurant qu'elles devraient stabiliser les relations entre «Juifs» et «Aryens»...

des militants nazis organisent le boycott d'un magasin juif (1933 Dès le 1er avril 1933, un mois après sa prise de pouvoir, le dictateur a lancé un boycott des commerces tenus par des Juifs pour protester contre l'appel au boycott des exportations allemandes. Mais les violences antisémites se sont ensuite tassées... Si bien que des israélites allemands qui avaient fui le pays à l'avènement de Hitler osent y revenir.

Les militants nazis, dans leur impatience de voir l'Allemagne libérée des Juifs («judenfrei»), multiplient les exactions et les brimades à leur égard.

Sur un peu plus de 500.000 juifs allemands, il en restera encore près de 300.000 en 1938, quand les nazis organiseront le pogrom (*) de la « Nuit de Cristal », et un peu plus de 200.000 au début de la Seconde Guerre mondiale. Les autres auront pris la précaution d'émigrer avant qu'il ne soit trop tard, en faisant le sacrifice de leurs biens.

Trente mois après la prise de pouvoir par les nazis, les lois antisémites de Nuremberg inaugurent un processus d'exclusion qui va déboucher sur la «Solution finale de la question juive» et les crimes que l'on sait.
Genèse de l'antisémitisme nazi

Les lois antisémites de Hitler ne sont pas issues brutalement du néant. Elles sont le résultat d'un long processus qui a conduit de l'antijudaïsme médiéval à l'antisémitisme moderne.

Les chrétiens du Moyen Âge reprochaient aux juifs leur appartenance au «peuple déicide» mais les intégraient volontiers en leur sein lorsqu'ils choisissaient de se convertir. À la veille de la Grande Guerre (1914-1918), c'est encore en Allemagne que les israélites d'Europe se sentent le mieux intégrés !

Tout change avec la Grande Guerre et l'effondrement des valeurs religieuses traditionnelles. «L’effondrement de la foi chrétienne est nécessaire à la diffusion de l’idéologie antisémite moderne», observe l'historien Emmanuel Todd (L'invention de l'Europe, 1999).

L'antisémitisme hitlérien naît de la rencontre de deux mouvements d'idées, aussi pernicieux l'un que l'autre :
– d'une part l'antisémitisme d'essence nationaliste et socialiste qui fait du Juif le symbole du capitaliste cosmopolite et apatride,
– d'autre part le darwinisme social, une perversion de la théorie de la sélection naturelle de Charles Darwin.

L'antisémitisme se répand à la fin du XIXe siècle en Europe. Les milieux nationalistes, socialistes et laïcs qui dénoncent le pouvoir de l'argent, exaltent les vertus des classes laborieuses et pratiquent le culte de la Nation, opposant cette dernière au cosmopolitisme judaïque et bourgeois, à l'universalisme chrétien ainsi qu'à la royauté, qui transcende les identités nationales. La banque Rothschild, présente à Londres, Paris, Vienne et Francfort, devient pour les nationalistes comme pour les socialistes le symbole vivant du juif cosmopolite qui suce le sang des peuples.

Dans le même temps, sous l'influence du darwinisme social, il paraît légitime aux Européens «de progrès» que les êtres les plus faibles disparaissent et laissent la place aux êtres les mieux armés pour survivre, au nom de la sélection naturelle. Cette démarche scientiste s'avère en totale rupture avec l'éthique chrétienne qui avait jusque-là dominé en Europe.

En 1922, le gouvernement social-démocrate de Suède permet à l'administration de stériliser d'office les personnes simples d'esprit ou handicapées sans que cela choque le moins du monde l'opinion éclairée d'Europe. Une décennie plus tard, Hitler, en Allemagne, édicte à son tour des lois similaires contre les handicapés. Il suffit ensuite au Führer d'étendre les lois d'exclusion aux Juifs, considérés d'une certaine manière comme des handicapés de la nationalité. Au début de la Seconde Guerre mondiale, les nazis ne se contentent plus de stériliser les handicapés mais entreprennent de les exterminer.

Aussitôt après vient le tour des Juifs. Le processus est planifié à l'échelle industrielle le 20 janvier 1942 à Wannsee, au plus fort de la Seconde Guerre mondiale.
http://www.herodote.net/dossiers/evenement.php5?jour=19350915&ID_dossier=47
mihou
La Nuit de Cristal
Message Sam 31 Mar - 18:20 par mihou
La Nuit de Cristal

La nuit du 9 au 10 novembre 1938 reste l'un des plus tristes moments de l'histoire allemande.

Après les accords de Munich, les Allemands, comme les autres Européens, croient la paix préservée et manifestent leur jubilation. Adolf Hitler est dépité par les acclamations populaires dans son pays même. Il constate les réticences de ses proches et de ses sujets à le suivre dans sa politique de conquête et de grandeur. «Avec ce peuple, je ne puis encore faire une guerre», se plaint-il (*).

Un mois tout juste après la défaite morale des démocraties occidentales, il décide donc de frapper les consciences allemandes et de les retourner à l'occasion d'une opération spectaculaire comme il en a le secret. C'est la «Nuit de Cristal». Le parti nazi franchit à cette occasion un nouveau pas dans la voie de l'antisémitisme.

De premières lois antisémites avaient déjà mis à l'écart les Allemands catalogués comme Juifs. D'autres mesures leur avaient succédé : enregistrement des entreprises juives, carte d'identité spéciale, privation de passeport.
Les origines du pogrom

Le prétexte choisi pour relancer la politique antisémite est vite trouvé. C'est l'agression le 7 novembre d'un conseiller de l'ambassade d'Allemagne à Paris, Ernst vom Rath, par un jeune juif polonais (les motifs de cette agression font aujourd'hui débat parmi les historiens). à l'annonce de la mort de vom Rath, dans la soirée du 9 novembre, le ministre allemand de la propagande Joseph Goebbels dénonce un «complot juif» contre l'Allemagne.

Pour consolider la thèse du complot, les médias à sa solde se remémorent opportunément un autre attentat qui avait eu lieu en Suisse en 1936 lorsque l'étudiant juif David Frankfurter avait assassiné le chef des nazis locaux, Wilhelm Gustloff... Sur le moment, cet attentat n'avait suscité aucune réaction de la part de Hitler car la même année se tenaient à Berlin les Jeux Olympiques et les nazis n'étaient pas encore en état de défier les démocraties.

Dès le soir du 9 novembre, Goebbels jette les militants nazis dans les rues pour un pogrom (*) de très grande ampleur à l'image des émeutes antijuives qu'encourageait au XIXe siècle l'administration du tsar.
Le drame

Les sections d'assaut nazies (SA), les SS et les Jeunesses hitlériennes s'en prennent aux synagogues et aux locaux des organisations israélites, ainsi qu'aux magasins et aux biens des particuliers. Les agresseurs sont pour la plupart en tenue de ville pour laisser croire à un mouvement populaire spontané.

Près d'une centaine de personnes sont tuées à l'occasion de ce gigantesque pogrom. Une centaine de synagogues sont brûlées et 7500 magasins sont pillés.

Incendie d'une synagogue à Siegen

Avec un certain cynisme, les nazis donneront à ces premières violences antisémites planifiées en Allemagne le nom poétique de«Nuit de Cristal», en référence aux vitrines et à la vaisselle brisées cette nuit-là.

La communauté juive sera taxée d'une énorme amende pour cause de tapage nocturne (ça ne s'invente pas). 35.000 juifs environ seront aussi arrêtés et envoyés dans des camps. Ils seront pour la plupart libérés contre rançon. L'extermination n'est pas encore d'actualité.

Guidé depuis deux décennies par un antisémitisme forcené, Hitler veut chasser les juifs d'Allemagne. Non sans habileté, il exerce contre eux des pressions de plus en plus brutales, ajustées à l'évolution des relations internationales.
André Larané
http://www.herodote.net/dossiers/evenement.php5?jour=19381109&ID_dossier=47
mihou
Mise au point de la «Solution finale»
Message Sam 31 Mar - 18:22 par mihou
Mise au point de la «Solution finale»
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Le 20 janvier 1942, une quinzaine de dignitaires nazis et d'officiers SS se réunissent à Wannsee, un faubourg huppé de Berlin.

Au cours de cette «conférence de Wannsee», Reinhard Heydrich, le chef des services de sécurité, expose les modalités de la «solution finale de la question juive». Cette expression énigmatique recouvre rien moins que le projet de déporter et d'exterminer tous les Européens israélites ou considérés comme tels par les nazis.
Montée de l'antisémitisme

Adolf Hitler est le premier coupable de l'extermination des Juifs. Dès 1920, à son initiative, le petit parti nazi dont il a pris la direction projette d'attribuer aux Juifs le même statut qu'aux étrangers et de favoriser leur émigration.

Dans Mein Kampf (Mon combat), le livre qu'il écrit en prison en 1924 il rejette la responsabilité de la défaite allemande de 1918 sur la «juiverie internationale». Toutefois, s'il s'épanche sur ses sentiments antisémites, il ne dit rien du sort qu'il réserve aux Juifs. En 1935, au pouvoir depuis deux ans, il prend des lois antisémites en vue d'interdire les unions mixtes.

Les nazis pratiquent dès lors un antisémitisme de plus en plus brutal : exclusion des Juifs de toutes les fonctions un tant soit peu importantes, interdictions professionnelles, pogroms etc. Le paroxysme est atteint lors de la Nuit de Cristal.

Hitler pense en finir avec les Juifs d'Europe en les réinstallant dans des «réserves», d'abord à Lublin, en Pologne, puis à Madagascar. Jusqu'en 1941, un groupe de travail réfléchit aux moyens de les convoyer vers la grande île de l'Océan Indien, alors colonie de la France.
Vers l' extermination

Le 30 janvier 1939, tandis que se fait jour l'imminence d'un conflit généralisé, le Führer évoque pour la première fois en public, devant le Reichstag (Parlement allemand), à l'occasion du sixième anniversaire de sa prise de pouvoir, le projet d'exterminer les Juifs et nonplus seulement de les chasser, cela dans l'hypothèse où ils menaceraient sonprojet politique : «Si la juiverie internationale devait réussir, en Europe ou ailleurs, à précipiter les nations dans une guerre mondiale, il en résulterait, non pas la bolchevisation de l'Europe et la victoire du Judaïsme, mais l'extermination de la race juive».

Cette hypothèse se profile au printemps 1941, quand sombre le rêve hitlérien d'une alliance avec l'Angleterre et la France contre les Soviétiques et qu'au contraire, l'Allemagne se retrouve en guerre contre l'Angleterre de Churchill et l'URSS de Staline.

A partir du printemps 1941, des détachements spéciaux de SS suivent l'armée allemande en Pologne puis en URSS et commencent à massacrer les innocents. Le plus souvent, ces sinistres «groupes d'intervention» ou Einsatzgruppen fusillent leurs victimes sur place et les ensevelissent dans des fosses communes. Mais les bourreaux emploient aussi une méthode semi-industrielle en asphyxiant les malheureux avec les gaz d'échappement de camions, cette méthode ayant déjà été utilisée pour exterminer les handicapés mentaux un à deux ans plus tôt.

Un premier camp d'extermination avec des camions à gaz est ouvert à Chelmno (Kulmhof), au centre de la Pologne, pendant l'été 1941. À la fin de l'année 1941, 300.000 à 400.000 Juifs, hommes, femmes et enfants, ont déjà été assassinés de différentes façons. On s'oriente à pas rapides vers une extermination à grande échelle.
Le génocide et la guerre

Appréhendant une nouvelle défaite après celle de 1918, le Führer éprouve le besoin d'engager totalement le peuple allemand à ses côtés. Alors prend forme le projet d'extermination totale des juifs d'Europe.

Les participants de la réunion de Wannsee mettent sur pied une organisation de type industriel qui va conduire à la disparition en moins de quatre ans de plusieurs millions d'innocents. Avant tout conçue pour exterminer les juifs d'Europe, elle va aussi être dirigée contre les Tziganes (plusieurs dizaines de milliers de victimes) et même contre les homosexuels, tombés en défaveur au milieu des années 1930 dans les milieux nazis.

Au centre de cette organisation figurent des camps de travail et des camps d'extermination dont Auschwitz est le cruel symbole.

Entrée du camp d'Auschwitz

Des simples citoyens aux SS en passant par les soldats de la Wehrmacht, beaucoup d'Allemands se compromettent peu ou prou dans l'indicible crime. Environ 100.000 y sont directement associés dans un rigoureux fractionnement des tâches (recensement, regroupement, convoyage, élimination,...) qui donne à chacun une perception limitée de sa responsabilité.

Malgré le secret dont elle est entourée, l'immense entreprise d'extermination des juifs est rapidement connue à l'étranger. Mais l'opinion démocratique se refuse jusqu'au bout à y croire tant les faits paraissent invraisemblables.
Épisode suivant :
mihou
14 mai 1948 :Indépendance d'Israël
Message Sam 31 Mar - 18:24 par mihou
14 mai 1948
Indépendance d'Israël

Le 14 mai 1948 est officiellement proclamé l'État d'Israël. A l'ONU (Organisation des Nations Unies), où une majorité a pu exceptionnellement se dégager en sa faveur, il est prévu de partager l'ancienne province ottomane de Palestine entre cet État et un État palestinien regroupant les populations de langue arabe.
Un si long chemin !...

Depuis la prise de Jérusalem par les Romains et la destruction du Temple, les juifs de la diaspora du monde entier n'avaient cessé de cultiver le rêve d'un retour vers la Terre promise.

Ce rêve prend forme en Europe à la fin du XIXe siècle sous le nom de «sionisme». Il reçoit pendant la Grande Guerre un semblant d'appui de la part des Britanniques, avec la déclaration Balfour dans laquelle, toutefois, il n'est pas explicitement question de créer un État.

Les colons juifs mettent en place de véritables structures étatiques : système de santé, centrale syndicale (Histadrout), université hébraïque, radio nationale,...

En plein essor économique, la Palestine attire entre les deux guerres mondiales non seulement des juifs (335.000 en 1936) mais aussi des Arabes des pays voisins : pas moins de 100.000 dont les descendants sont aujourd'hui répertoriés comme Palestiniens.

Confrontés à la multiplication des heurts entre juifs et Arabes, les Britanniques, en position d'arbitre, de plus en plus embarrassés, commencent à songer à un partage de la province entre les deux communautés.

En attendant, en 1939, ils imposent des restrictions à l'immigration légale. Qu'à cela ne tienne, les juifs développent l'immigration clandestine.

Une organisation militaire, l'Irgoun, s'en prend même aux Britanniques et lance contre eux des attentats terroristes (le plus retentissant frappe l'Hôtel du Roi David, à Jérusalem, siège des forces britanniques, le 22 juillet 1946).

Après la Seconde Guerre mondiale, l'immigration clandestine ne se tarit pas. Les Britanniques ramènent de force en Allemagne des rescapés juifs des camps de la mort qui s'étaient embarqués sur un vieux cargo, rebaptisé pour l'occasion Exodus. L'opinion occidentale s'indigne.

Lassé, Londres porte le problème de la Palestine devant l'Organisation des Nations Unies (ONU). Celle-ci vote le 29 novembre 1947 le principe d'un partage du territoire entre deux États, au sein d'une union douanière, le secteur de Jérusalem et Bethléem étant quant à lui placé sous administration internationale.

Ben Gourion lit la déclaration d'établissement de l'Etat d'Israël (14 mai 1948)

Le mandat anglais prend fin le 14 mai 1948 et le même jour, conformément au plan de partage onusien, le président Chaïm Weizmann proclame l'indépendance de son État sous le nom d'Israël, du nom d'un ancien royaume hébreu.
Un conflit sans fin

Le fondement du nouvel État est la «loi du Retour» qui donne à tout juif du monde entier le droit de s'établir dans le pays. Les Arabes ne supportent pas cette nouvelle atteinte à leur sol. Les plus modérés prônent un État laïc unifié (une exception au Moyen-Orient) qui excluerait la «loi du Retour». Les extrémistes prônent le rejet pur et simple des juifs.

Sitôt la proclamation de l'État d'Israël, toutes les armées des pays voisins (Égypte, Syrie, Transjordanie, Irak et Liban) se ruent contre lui cependant que les habitants arabes sont appelés à fuir pour laisser la place aux éradicateurs (les Israéliens eux-mêmes lespoussent à partir par quelques opérations terroristes ciblées). Un demi-siècle plus tard, la plupart ne sont toujours pas revenus.

Dans un premier temps, l'avantage est aux agresseurs. La Légion arabe arriveà s'emparer du mur des Lamentations, haut lieu de la religion juive dans le vieux Jérusalem. Les Irakiens contournent le lac de Tibériade. Les Égyptiens s'emparent de Gaza... Tel-Aviv est menacée. Mais les juifs, bien que moins nombreux (60.000 combattants contre 80.000), se ressaisissent.

Quand les hostilités reprennent après une trêve imposée par le médiateur de l'ONU, les Israéliens arrivent enfin à refouler leurs ennemis et des armistices sont signés l'année suivante. Ils vont délimiter les nouvelles frontières d'Israël... de façon très provisoire.
André Larané
 

A la recherche des Hébreux: histoire des Hébreux

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