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 LA FRANCAFRIQUE SE PORTE BIEN: LES OMBRES D'ABDOULAYE WADE

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mihou
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mihou


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26022007
MessageLA FRANCAFRIQUE SE PORTE BIEN: LES OMBRES D'ABDOULAYE WADE

LA FRANCAFRIQUE SE PORTE BIEN: LES OMBRES D'ABDOULAYE WADE
La vie d'un homme politique qui aligne des décennies d'opposition et sept ans de pouvoir dans l'un des pays les plus bavards de la planète devrait être connue dans les moindres détails. Etrangement, à plus de 80 ans, Abdoulaye Wade, président du Sénégal et candidat à sa propre succession, conserve des zones d'ombre. A commencer par son âge.

Sa biographie prétend qu'il est né le 29 mai 1926 à Saint-Louis, alors capitale coloniale. On y trouve bien, au no 9 de la rue Abdoulaye-Seck-Marie-Parsine, une famille qui porte son nom. "Il a vécu ici durant ses années d'école. Je suis le petit-fils de sa soeur. Il a dormi ici avec ses gardes du corps il n'y a pas longtemps", affirme Alamine Wade, 26 ans, peintre pour touristes, dont le thème central semble être des femmes, seins nus, qui préparent à manger. "Je sais qu'il doit travailler pour tout le pays, mais c'est dur, à Saint-Louis. J'ai rien vu depuis six mois, même pas un petit client. Et sa maison, là, on a repeint le rez-de-chaussée en jaune, mais l'étage tombe en ruine."
Sa maison natale, elle, est en meilleur état mais se trouve à Kébémer, 110 kilomètres plus au sud, dans une rue sablonneuse. A la mairie, couverte d'affiches bleues pour le candidat Wade, on confirme qu'il y est né, mais on n'a pas le temps d'en parler. De vieux lits sont arrivés de France pour équiper une maternité à Jocul. Il faut l'inaugurer très vite, avant les élections, si bien que le ministre de l'assainissement, le docteur Issa Mbaye Samb, originaire lui aussi de Kébémer, a envoyé ses hommes donner un coup de main. Lesquels ne sont pas spécialistes en santé publique : quand ils se penchent pour prendre le matériel médical, on aperçoit leur revolver à la ceinture.
Sur un mur, ce graffiti : "Kébémer, ville morte oubliée." Cela semble s'être arrangé. Ces derniers mois ont vu l'inauguration de deux lycées, deux collèges, deux crèches, un grand bâtiment vide à l'entrée de la ville appelé "espace jeune", le haras national et un centre pour les femmes. Dans le même temps, le nombre d'électeurs a explosé. "Nous en avions 35 000 il y a sept ans, et 85 000 aujourd'hui, dit un responsable de la mairie. Ils vont tous voter Wade."
Lorsque le futur président voit le jour, le système colonial repose sur les "quatre communes". Les individus nés à Saint-Louis, Dakar, Rufisque et Gorée sont citoyens français ; les autres, sujets coloniaux. Le père d'Abdoulaye, vétéran de 1914-1918, a fait enregistrer son fils à Saint-Louis pour lui assurer un passeport français et des études. Mais n'a-t-il pas attendu l'âge de l'école, ce qui ajouterait quelques années au plus vieux président en exercice, qui brigue encore un mandat de cinq ans ? "Wade a raconté un jour qu'il avait couru à Saint-Louis derrière le cheval d'Ahmadou Bamba (fondateur de la confrérie des Mourides), mort en juillet 1927. Comment est-ce possible s'il est né en mai 1926 ?", demande Abdou Latif Coulibaly, journaliste et bête noire du président pour les trois livres qu'il a publiés depuis 2003.
Dans son étude d'avocat à Dakar, Moustapha Wade, de trois ans l'aîné du président, affirme que la famille ne compte que des centenaires et balaie ces doutes sur l'âge d'Abdoulaye. "Notre père avait accès au télégraphe. Il a envoyé immédiatement un câble à l'état civil de Saint-Louis." Admettons. Mais l'impression subsiste, en parcourant la biographie du futur président, qu'il manque quelque chose. Sa scolarité est très lente, peut-être parce qu'il suit aussi l'école coranique. Il passe son bac à 23 ans à Dakar puis décroche, avec son frère, une bourse pour la France.
Durant les années 1950, le futur président fréquente une dizaine de facultés, à Paris, Besançon et Grenoble, dans une boulimie de certificats et de diplômes en maths, psychologie, philosophie, droit, sociologie, économie. A Besançon, il fait son stage d'avocat et, surtout, il rencontre sa future femme, Viviane Vert, belle, blonde, les yeux bleus. Dans le portrait très flatteur consacré à Wade par son conseiller en communication, Cheikh Diallo (Si près, si loin avec Wade, Hachette, 2006), quatre chapitres ne suffisent pas à dire tout ce que Viviane représente pour Abdoulaye : son centre de gravité, l'énergie de ses combats, la mère de ses deux enfants, sa diététicienne. A quoi il faut sans doute ajouter sa banquière, chaque fois que l'opposant s'est retrouvé à sec. Mais, là encore, un étrange décalage : dix ans s'écoulent avant que le couple se marie. Cheikh Diallo pense qu'il attendait l'indépendance pour rentrer avec une épouse blanche. Souleymane Jules Diop, qui signe une biographie récente (Wade, l'avocat et le diable, L'Harmattan, 2007), affirme que c'est parce qu'elle était déjà mariée et qu'André, le mari richissime, ne la laissait pas partir.
De retour à Dakar dès 1960, il enseigne à la faculté de droit et plaide au barreau. L'un de ses premiers clients sera le village de Keur Massar, sur la route de Thiès, qui, grâce à lui, obtiendra gain de cause dans une dispute territoriale avec une localité voisine. En cette journée électorale de février 2007, Keur Massar est aussi la première étape de sa "marche bleue" dans les environs de Dakar. Une marche à vrai dire très motorisée : le convoi d'énormes jeeps américaines passe en trombe d'un village à l'autre, flanqué d'un essaim furieux de motos aux couleurs du candidat. A Keur Massar, un camion monté d'une sono chauffe la foule. "La seule chose que Wade ait faite pour nous, c'est gagner ce procès en 1963, confie un membre du conseil municipal. Nous l'avons remercié en lui offrant deux terrains, plus de 8 hectares, mais il ne les a jamais mis en valeur. Il vient à chaque élection, fait des promesses. Regardez comme la ville est pauvre ! Regardez ces jeunes qui n'ont rien à faire." Un mouvement de foule annonce l'arrivée du convoi. Maître Wade salue notables et militants par le toit ouvrant. Des mains se tendent, on dirait qu'il prononce quelques mots malgré le vacarme, avant de reprendre sa course folle.
L'entrée d'Abdoulaye Wade en politique est tardive, mais futée. En 1974, il propose à Léopold Sédar Senghor de le laisser fonder un parti non pas d'opposition, mais "de contribution". Pour devenir aussitôt le maître des manifestations et des coups de force dans la rue, ce qui lui vaudra plus de séjours en prison que de passages au gouvernement. Quatre fois, il échoue à la présidentielle et accuse le vainqueur d'avoir triché. Son opiniâtreté semble s'émousser fin 1998 : il rentre en France et il faudra, l'année suivante, qu'une large coalition (aujourd'hui éclatée) se range derrière lui pour qu'il revienne à Dakar, fasse à nouveau campagne pour le sopi (le changement) après quarante ans de pouvoir socialiste, et l'emporte le 19 mars 2000, avec les félicitations du perdant, Abdou Diouf. L'alternance est saluée dans le monde entier et soulève au Sénégal un immense espoir. Wade lui-même donne l'impression de vouloir rattraper d'un coup tout le temps perdu. Débordant d'énergie et d'idées, il se lance dans un tourbillon de voyages et de promesses.
Une de ses premières décisions, rénover l'avion présidentiel, donnera lieu à un scandale financier mais lui permettra de passer à l'étranger l'équivalent d'un an et demi. Quant aux promesses, elles forment un inventaire à la Prévert : un nouvel aéroport, une nouvelle capitale, un nouveau port, un tramway à Dakar, une centrale nucléaire en Casamance, une université ici, un centre des femmes là, une raffinerie, un comptoir national pour l'artisanat, des routes bitumées, des lacs artificiels, des avions et des bateaux, du pétrole bon marché, des usines, des subventions.

"Pour lui, quand c'est dit, c'est fait", estime Cheikh Diallo, dont la biographie présente un Wade athlétique - 200 pompes chaque matin - et génial, dont le seul tort est de courir plus vite que son intendance. Les livres de Jules Diop et d'Abou Latif Coulibaly décrivent au contraire un homme assoiffé de pouvoir et d'argent, notamment celui de Taïwan. A deux reprises, à dix ans d'écart, Taïpeh a versé, pour que le Sénégal se détourne de la République populaire de Chine, de grosses sommes dont Wade aurait reçu tout ou partie. Les chantiers qui veulent transformer Dakar sont également soupçonnés d'avoir donné lieu à des détournements. La Cour des comptes a épinglé 400 marchés attribués sans appel d'offres et critique le manque de transparence des dizaines d'agences spécialisées que la présidence a créées pour capter l'argent des bailleurs de fonds. Idrissa Seck, qui fut son chef de campagne et son premier ministre avant d'être jeté en prison, s'est souvenu de la première phrase de Wade, une fois élu : "Nos problèmes d'argent sont terminés." Un journaliste demandait récemment le montant de son budget de campagne. "Est-ce que je vous demande ce que vous avez mangé hier soir ?", a répondu le président, avant de lancer : " Je n'ai plus d'adversaires. Les quelques adversaires que j'ai sont dans la presse."
"Wade pratique la fuite en avant comme un joueur de poker, estime Madiambal Diagne, patron du journal Le Quotidien, emprisonné pendant deux semaines en 2004 après avoir critiqué la promotion de juges "dociles" et révélé une affaire de corruption à la direction des douanes. Il fait encore illusion parce qu'il joue sur les fantasmes d'une population très pauvre qui a tellement envie d'entendre ce qu'il raconte !" Le téléphone sonne ; c'est le conseiller municipal de Keur Massar, aux anges, qui veut témoigner des résultats du passage éclair du président. "Il va faire trois choses pour nous : rénover une route secondaire, créer une sortie spéciale pour nous sur l'autoroute en construction et investir enfin sur son terrain. Oui, il nous a dit ce qu'il allait y construire : une usine de montage de voitures..."

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