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 ENQUETE CHOC SUR LES NOIRS DE FRANCE

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AuteurMessage
mihou
Rang: Administrateur
mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

ENQUETE CHOC SUR LES NOIRS DE FRANCE Empty
20022007
MessageENQUETE CHOC SUR LES NOIRS DE FRANCE

SONDAGE.

Les Noirs de France affichent leur influence

Le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran)
crée l'événement, avec un sondage consacré aux Noirs. Un tiers
d'entre eux (37 %) affirme que les discriminations dont ils sont
victimes se sont « aggravées » depuis un an.





LE SONDAGE TNS-Sofres que nous publions (lire en page 3) est sans
précédent, donc impressionnant. Pourtant, nous avons hésité avant de
le mettre à la une de notre journal. Cette enquête est sans
équivalent : c'est en effet la première fois qu'un institut de
sondage, après avoir interrogé au total plus de 13 000 personnes,
s'est fixé comme objectif de recenser les Noirs de France et de
donner de leur nombre une évaluation sérieuse : au-dessus de 18 ans,
l'âge du vote, ils seraient donc presque 2 millions. Pourtant, si
nous nous sommes interrogés, c'est parce que l'initiative du Conseil
représentatif des associations noires de France (Cran) - le mouvement
a un an d'âge - bouscule la tradition républicaine française. Une
tradition qui exclut tout comptage ethnique et proclame que les
Français - au moins en théorie - sont tous égaux, sans distinction de
race ni de religion. Sans doute le président du Cran, Patrick Lozès -
fils d'un ancien sénateur de la IV e République qui a été ensuite
ministre de l'ex-Dahomey, devenu Bénin -, cherche-t-il, pour
l'essentiel, à lutter contre les discriminations dont les Noirs de
France (Africains et Antillais réunis) sont victimes. Avec « son »
sondage commandé à la Sofres, il souligne, à l'approche de la
présidentielle, le poids politique et social des Français noirs. Et
suggère que, si on ne les entend pas, eux sauront, d'une façon ou
d'une autre, se faire entendre. Il n'empêche : une brèche s'ouvre
ainsi. Et on peut s'interroger : jusqu'où ? Si, aujourd'hui, pour
combattre les discriminations, on compte les Noirs, demain, qui
comptera-t-on ? Les Français d'origine asiatique, d'origine
maghrébine, d'origine italienne ? Et puis après ?

Des classements bizarres

Lozès - qui évalue, lui, le nombre total des Noirs de France (enfants
compris) entre 3 et 5 millions - se défend de toute approche
communautariste. Il se veut un fils de la République, mais souhaite,
dit-il, que la République - sauf à accepter que les dérapages à la
Dieudonné ou, pire, façon Tribu KA ne s'aggravent - regarde en face
la vraie vie de la plupart des Noirs de France. Il résume d'une
formule sa démarche : « Se compter pour pouvoir compter ». Si l'on
additionne, en effet, ceux des Noirs qui se disent victimes de «
discriminations raciales » dans leur vie quotidienne « souvent, de
temps en temps ou rarement », on obtient un pourcentage inquiétant :
56 %. Or les Noirs, à l'image du reste des Français, ne font pas
confiance aux politiques pour les défendre mais, pour l'essentiel,
aux associations. D'où la posture du Cran. Il n'en reste pas moins
que, pour son enquête, la Sofres a dû procéder à des classements
bizarres. Par exemple entre « personnes se déclarant noires » et «
personnes se déclarant métisses issues de Noirs ». Déjà, du bilan de
la colonisation (notamment en Afrique) jusqu'aux provocations de
Georges Frêche ou de l'animateur-romancier Pascal Sevran, le débat
n'avait pas cessé, depuis un an, de se durcir. Ce serait un comble
que la démarche du Cran, certes instructive, vienne ébranler un peu
plus les assises d'une République en crise. Mais ce serait une erreur
pour autant de ne pas écouter le Cran.



Eric Hacquemand et Dominique de Montvalon
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Nous avons respecté la stricte légalité »
BRICE TEINTURIER, directeur de TNS-Sofres




BRICE TEINTURIER le reconnaît : « C'est la première fois qu'une
enquête de ce type est réalisée auprès des populations noires. »
Combien y a t-il de Noirs en France ? Personne ne le sait avec
précision puisque la Commission nationale de l'informatique et des
libertés (Cnil) interdit de constituer des fichiers à partir de
données ethniques. Jusqu'à présent, les statistiques publiques
recensent les individus en fonction de leur nationalité ou en
s'appuyant sur la notion d'immigration. Mais la couleur de la peau
n'est pas un critère utilisé. A partir d'une évaluation
méthodologique novatrice (l'institut a rapporté le nombre de
personnes se déclarant noires au cours de son enquête à l'ensemble
des résidants en France métropolitaine de plus de 18 ans), il y
aurait 1 864 148 Noirs en âge de voter. Un chiffre qu'il faut prendre
avec certaines précautions. « Tous ne sont pas de nationalité
française et ne sont donc pas des électeurs potentiels », précise
Teinturier, pour qui « ce chiffre constitue vraisemblablement un
plancher ». « Certains appartenant à cette population n'ont peut-être
pas osé le dire au cours de l'enquête. D'autres sont aussi en
situation irrégulière. Enfin, certains métis aujourd'hui refusent de
se considérer comme Noirs parce que cela est synonyme de
dévalorisation sociale », analyse-t-il. Il n'en reste pas moins que
TNS-Sofres a pris d'extrêmes précautions. « Nous avons respecté la
stricte légalité puisque aucun fichier n'a été constitué », insiste
Teinturier. Consultées par le Cran, la Halde et la Cnil n'auraient
d'ailleurs rien trouvé à y redire.


E.H.


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« Pour compter, il faut se compter »
PATRICK LOZES, président du Cran




PRESIDENT-FONDATEUR du Conseil représentatif des associations noires
(Cran), Patrick Lozès, pharmacien et fils d'un ancien sénateur de la
IV e République, vient de publier « Nous, les Noirs de France » (Ed.
Danger Public). Il est l'invité du jour de France-Info, ce matin, à 8
h 15.

Quels sont les objectifs de cette étude ?


Patrick Lozès. Il fallait briser un tabou : les Noirs sont de
nationalité française à 81 %. Ce sont des citoyens qui veulent vivre
comme tout le monde. Or, la France n'avance que quand elle regarde en
face ses inégalités. C'est l'objectif de ce baromètre : montrer la
réalité des discriminations. Pour avancer notre pays doit s'accepter
tel qu'il est. La société blanche bien pensante continue de se
retrancher derrière l'absence de chiffres. Cette fois, elle n'a plus
d'excuse.



Compter les Noirs, c'est la porte ouverte au communautarisme...
J'en ai assez de l'hypocrisie générale. La lutte pour la justice que
nous menons à travers ce baromètre vise à permettre aux Noirs de
vivre avec tout le monde. Regardez la photo sur l'équipe de campagne
de Nicolas Sarkozy parue dans « l'Express » du 19 janvier 2006 : sur
les 18 personnes rassemblées autour du ministre, 17 sont des hommes
blancs en costume-cravate. Alors que l'on ne vienne pas accuser les
Noirs d'être communautaristes...



« Le Cran n'exclut rien pour la présidentielle »



56 % des personnes noires interrogées se disent victimes de
discriminations. Qu'en pensez-vous ?
C'est monstrueux. Il y a en France trois fois moins de cadres noirs
que de cadres blancs dans les entreprises. Pourquoi les Noirs
auraient-ils plus envie d'être ouvriers ? Ce décrochage dans l'emploi
mais aussi dans l'accès au logement ou à l'éducation est d'autant
plus grave que le désenchantement vis-à-vis des responsables
politiques est fort. Ceux qui, jusqu'à présent, luttaient contre les
discriminations dans les salons avec champagne et petits-fours vont
devoir rapidement se confronter à une réalité : les électeurs noirs
sont près de deux millions. Ils feront la différence dans l'isoloir
en 2007.



Quelle sera l'attitude du Cran durant cette campagne ?
Présenter un candidat ou donner une consigne de vote, le Cran
n'exclut strictement rien pour la présidentielle. Une chose est
sûre : je ne crois pas que l'absence de diversité entre les candidats
lors d'une élection comme la présidentielle soit une bonne chose.
S'il devait y avoir un candidat noir, il ne représenterait pas que
les Noirs : personne ne va demander à Sarkozy s'il représente les
immigrés hongrois ou si Ségolène Royal représente les femmes...



Quelles solutions prioritaires préconisez-vous ?
Les Noirs ont besoin d'un message symbolique : la nomination de 8 %
de Noirs dans le prochain gouvernement serait de bon augure. Nous
demandons aussi des mesures spécifiques pour favoriser l'accès aux
grandes écoles, aux médias, au marché du travail. Le Cran propose par
exemple que les pouvoirs publics parrainent la création de 1 000
entreprises par des chefs d'entreprise noirs. Il faudra enfin mettre
en place des statistiques de la diversité car, pour compter dans la
société, il faut d'abord se compter.


Propos recueillis par E.H.


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A Château-Rouge, le racisme au quotidien



QUAND on demande à Charlotte, 74 ans, pétillante Antillaise, si elle
a déjà été victime de discrimination, elle éclate de rire. Un rire
amer. « Evidemment ! Depuis ma naissance, je souffre. Les
discriminations, quand on a la peau noire, c'est tous les jours,
matin, midi et soir et ça ne s'arrêtera pas avant ma mort »,
pronostique cette retraitée avant d'acheter des bananes
guadeloupéennes chez un marchand du quartier Château-Rouge à Paris
(XVIII e ), là où réside et travaille une importante communauté
noire. Sa « plus grande blessure » remonte à mai 2004. « Sous des
dizaines d'yeux, j'ai trébuché dans la rue, je me suis cassé la jambe
et personne n'est venu me ramasser. J'ai ensuite pris le bus.
Personne n'a voulu me laisser sa place, c'était ignoble ! », dénonce
cette ancienne cuisinière. « En fait, pour les autres, je suis une
immigrée. » Comme Charlotte, Eric, 38 ans, Béninois naturalisé
français, en a aussi « assez » des regards méprisants des Blancs. «
En décembre, je suis allé aux Deux-Alpes. Les gens me mataient
bizarrement. Ils devaient se dire : Mais qu'est-ce qu'un Noir vient
faire à la montagne, les Africains, ça sait pas skier ! » Depuis
quelques mois, ce conducteur de car, qui vit dans un petit studio,
cherche un appartement plus spacieux. « Une vraie galère quand on a
un accent black. J'ai répondu à une annonce. C'était écrit Libre de
suite . Quand j'ai appelé, le propriétaire me proposait, comme par
hasard, de le visiter dans un mois », s'indigne-t-il. Lui n'est pas
partisan des recensements ethniques. « Si c'est pour nous mettre dans
une catégorie à part, pour renforcer les communautarismes, mieux vaut
s'abstenir. »

« Etre noir en France, c'est partir avec un handicap »

D'origine malienne, Camara, lui, y est favorable. « Si le nombre des
Noirs est important, ça nous donnera plus de poids. Les statistiques
pourraient être une bonne base de travail pour réduire les inégalités
et faire en sorte que notre vie soit plus facile », dit-il. Jean-
Edouard, 25 ans, né d'un père guadeloupéen et une mère ivoirienne,
avoue, lui, ne « plus supporter les contrôles de police à répétition,
les délits de sale gueule ». Pour mieux lutter contre les
discriminations, il faut, selon lui, « davantage les sanctionner ».
Venant du Mozambique, mariée à un Guadeloupéen, Arlette, vendeuse de
cosmétiques pour blanchir la peau, ne se retrouve « absolument pas
dans nos institutions ». « Elles représentent très mal la diversité
de la France. Où sont les ministres noirs ? », s'interroge-t-elle.
Cette habitante des Yvelines, qui a l'impression qu'« être noir en
France, c'est malheureusement un peu partir avec un handicap », a «
déconseillé » à sa fille de se lancer dans des études de commerce. «
Pour trouver un boulot dans cette branche, il faut plutôt être blonde
aux yeux bleus. Ma voisine, également noire, a fait un stage dans un
magasin. Elle lavait les étagères dans l'arrière-boutique et n'avait
pas le droit d'être en contact avec les clients. »


Vincent Mongaillard


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ENQUETE CHOC SUR LES NOIRS DE FRANCE :: Commentaires

mihou
Re: ENQUETE CHOC SUR LES NOIRS DE FRANCE
Message Mar 20 Fév - 12:01 par mihou
Un sondage dérangeant



IL Y A malaise. Ce premier baromètre des discriminations à l'encontre
des populations noires en révèle la profondeur. Contrairement à
certaines idées reçues et à l'essence même de la République
française, le comptage ethnique ne semble plus effrayer. Appartenez-
vous à une « minorité visible » (Noirs, Arabo-Berbères, Asiatiques,
Indo-Pakistanais) ? Seulement 0,3 % des personnes interrogées
refusent de répondre. La majorité (56 %) préfère parler de la
discrimination dont ils disent être victimes. Où ? D'abord dans les
espaces publics et les transports en commun (62 %), ensuite sur leur
lieu de travail (42 %). Les principales formes ? Une attitude
dédaigneuse, méprisante et irrespectueuse (37 %), l'insulte et la
difficulté lors de la location d'un logement (24 %). Mais, et c'est
là qu'il y a peut-être un réel motif de satisfaction, 43 % des
personnes noires interrogées affirment n'avoir jamais été
discriminées. Au pays de l'égalité des droits, sans distinction de
race ou de religion, il n'y a donc pas motif à dramatiser à l'excès.
Il reste pourtant un problème : les Noirs ont l'impression que leur
situation ne change pas. Pis, pour 37 % d'entre eux, elle
s'aggraverait. L'enquête montre aussi un désenchantement envers les
institutions. Les Noirs ont-ils confiance en elles pour améliorer
leur sort ? Pas vraiment. L'Etat, la police et surtout les
responsables politiques arrivent bons derniers. Par contre, à 72 %,
ils font confiance à l'école et plus encore aux associations (81 %).
Enfin, 65 % pensent que c'est aux Noirs eux-mêmes de lutter contre
les discriminations. Comme si ces Français avaient décidé de prendre
en main leur propre avenir.


Eric Hacquemand



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VOIX EXPRESS Que pensez-vous de l'initiative du Cran de compter les
Français noirs ?


Charlotte Varin 24 ANS ETUDIANTE EN DROIT MARCQ-EN-BAROEUL (59)
« A priori, cela me choque. Cela dit, les Français aiment bien les
chiffres ! Une problématique est plus parlante et concrète quand elle
est chiffrée. Alors pourquoi ne pas s'y résoudre si cela permet aux
Français de prendre conscience d'un certain nombre de problèmes ? A
mon avis, cela peut être positif à titre expérimental mais ce serait
négatif si c'était une marque de repli communautaire. »

Philippe Gobillon 39 ANS DIRIGEANT ASSOCIATIF ORMESSON (94)
« Dans un réflexe citoyen, cela m'inquiète. On peut facilement tomber
dans le communautarisme. Un décompte des Français noirs peut avoir
des effets positifs mais peut aussi être très dangereux à terme.
Aujourd'hui, selon moi, on a plus à gagner à jouer la carte de la
mixité du paysage français plutôt que de prêter le flanc à des
discours ségrégationnistes. »

Babito Petit Maître 35 ANS INFORMATICIEN CHARENTON (94)
« Ce serait sympa de savoir combien on est de Français noirs. Surtout
si ça peut aider à lutter contre les discriminations.
Personnellement, je ne suis pas confronté au racisme, en tout cas pas
ouvertement. Et je ne pense pas qu'il faille prendre ce comptage
comme la montée du communautarisme. Là-dessus, la France ne va pas
changer et, selon moi, ne doit pas changer. »

Monique Wach 59 ANS SOCIOLOGUE PARIS XIIe
« En France, on a trop longtemps nié les diffé- rences au nom de
l'uni- versalisme. Je comprends cette démarche car il faut montrer
l'importance de ces minorités. Cela passe par des chiffres. Là où
c'est moins légitime, voire choquant, c'est que cela induit qu'Arabes
et Noirs sont des Français différents. Et, avec le métissage, qui
peut décider que quelqu'un est noir ? »

Omar Hosni 21 ANS ETUDIANT EN HISTOIRE GARCHES (92)
« Je n'aime pas trop les associations comme le Cran et le Crif. Je
les associe au communautarisme. En France, on parle d'intégration,
alors, si on commence à compter les Noirs ou les Arabes et à faire
des sondages sur leurs problèmes... Le recensement rime avec Français
et non avec couleurs. La discrimination, je la perçois plus selon le
niveau social. »

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FRANCHEMENT... Le recensement ethnique est-il utile ?


L'INITIATIVE du Cran, une première en France, suscite le débat. Selon
l'ancien médiateur de la République, Bernard Stasi, qui présida en
2003 la Commission sur la laïcité mise en place par Jacques Chirac et
participa à la création de la Haute Autorité de lutte contre les
discriminations et pour l'égalité (Halde), le risque existe de
favoriser le communautarisme.



Le Cran et la Sofres ont réalisé un sondage fondé sur les origines
ethniques. Qu'en pensez-vous ?
Bernard Stasi. J'y vois un risque de renforcer le communautarisme,
l'enfermement sur ses origines. C'est tout à fait opposé à ma
conception de la lutte contre les discriminations. Il faut au
contraire lutter pour que la France reste un pays uni. Notre
République est composée d'opinions, de couleurs, d'origines
ethniques, de convictions politiques et de religions différentes.
Mais elle est unie sur les valeurs fondamentales, qui rejettent tout
communautarisme. Je termine un livre qui s'appellera « Tous
Français », dans lequel je dis que, quelles que soient notre
religion, notre couleur de peau, nous avons tous les mêmes droits et
les mêmes devoirs.



Mais certains ont plus de mal que les autres à faire respecter leurs
droits, à bénéficier d'une vraie égalité. Doit-on encourager
certaines discriminations positives pour y remédier ?
Non. Il faut être très prudent. La Halde est faite pour cela, elle
doit mener ce combat, garantir le respect ou la promotion de
l'égalité des chances, tout en veillant à ne pas tomber dans le
communautarisme.



Il menace davantage la France qu'auparavant ?
Pas forcément davantage, mais la menace existe. Parce que la France
est de plus en plus diverse. C'est très positif, la diversité est une
richesse. Je n'aimerais pas vivre dans un pays où il n'y aurait que
des Blancs ou que des Noirs, des protestants, des juifs, des
catholiques... Mais pour combattre les discriminations, il faut
utiliser les outils dont nous disposons. La France a suffisamment de
moyens, législatifs et autres, pour assurer cette lutte. L'idée
d'importer un système de discrimination positive, sur le modèle
américain de l'« affirmative action », ne me plaît pas du tout.



Quand les outils ne suffisent pas, un tel sondage n'aide-t-il pas les
gens à prendre conscience du problème ?
Peut-être... Mais alors il ne faudrait en aucun cas en abuser.



Saisie du problème du comptage ethnique, la Commission nationale
informatique et libertés (Cnil) doit rendre, dans les jours qui
viennent, sur cette question clé un avis très attendu.

Propos recueillis par Henri Vernet


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OUI « Un recensement intelligent »
Manuel Valls, député et maire PS d'Evry



«REFUSER les statistiques ethniques, c'est considérer que tous les
citoyens de la République reçoivent le même traitement quelles que
soient la couleur de leur peau et l'orthographe de leur nom. Il
s'agit là d'une hypocrisie ingénue, d'un mal français que de ne pas
vouloir rendre compte de la réalité au nom de principes. » Les
phénomènes d'exclusion et de racisme font des ravages. On sait très
bien que l'ethnicisation des métiers a tendance à se développer. Les
emplois les moins qualifiés dans les secteurs du bâtiment et de la
restauration sont le plus souvent occupés par une main-d'oeuvre
colorée, pigmentée, qui vit dans les quartiers difficiles. » La
ségrégation joue à plein en sa défaveur. La lutte contre les
discriminations passe par une meilleure répartition territoriale mais
aussi sociale de ces populations. Ce n'est possible que si l'on peut
compter sur des statistiques ethniques, encadrées par la loi, et des
autorités indépendantes qui ne doivent surtout pas être utilisées à
des fins électorales. Le recensement réalisé avec intelligence
permettra d'avoir une vision très claire de la réalité des choses, de
promouvoir aussi la diversité, cette France mosaïque. »

Propos recueillis par V.Md


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NON « Une concurrence malsaine »
Samuel Thomas, vice- président de SOS Racisme



«NOUS faire croire que le recensement ethnique est une avancée est un
mensonge. Au contraire, c'est, en réhabilitant la notion de race, un
retour aux heures sombres de notre histoire, à l'époque coloniale. Ce
type de fichage, c'est depuis toujours l'outil des auteurs de
discriminations, certaines boîtes d'intérim ou certains offices HLM,
qui le font dans la plus grande illégalité. Tous ceux qui combattent
le racisme refusent de mettre des hommes dans des cases.
Inévitablement, les statistiques ethniques amplifient les
stéréotypes, conduisent à des analyses raccourcies qui évaluent le
comportement des gens en fonction de leur couleur. » Des personnes
qui refusent d'être cataloguées seraient contraintes de se définir
comme une minorité, de se marginaliser, ce qui est extrêmement grave.
Les données ethniques provoqueraient une concurrence malsaine entre
victimes. Les Blacks pourraient dire qu'ils sont plus touchés par les
discriminations que les Beurs ou l'inverse, les Arabes plus que les
Kabyles... Enfin, cela mènerait tout droit à une politique de quotas.
Avec tant de Noirs, tant de Maghrébins à recruter à des postes de
cadres dans les entreprises par exemple. Or, on ne doit embaucher
qu'en fonction des compétences ! »

Propos recueillis par V.Md.



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VU HIER SOIR Scènes de racisme ordinaire


Canal +, 20 h 50/« Dans la peau d'un Noir ». C'est juste une ou deux
blagues. Mais tellement révélatrices. Laurent, le père de famille
blanc grimé en Noir grâce à un maquillage sophistiqué, se fait
contrôler en voiture par la police. En tant que Blanc, il n'a pas
l'habitude de ce petit théâtre de la cruauté. Avec son masque de
Capverdien, les forces de l'ordre se lâchent : « Faut pas voler une
voiture française ! Plutôt une allemande. » Lors d'un deuxième
contrôle, le mot « voleur » revient encore, toujours sous forme de
pique souriante, pas agressive, mais si humiliante. Tous des voleurs
potentiels, les Noirs qui circulent la nuit ? Une chercheuse du CNRS
interrogée dans la première partie du documentaire (diffusion du
deuxième et dernier volet ce soir) pointe en tout cas un phénomène
bien français : « Nous sommes les champions du contrôle d'identité. »
Deux familles, l'une blanche, l'autre noire, ont échangé leurs
identités pendant un mois pour faire peau neuve. Et démontrer que les
vieux clichés ont la peau dure.

Yves Jaeglé
 

ENQUETE CHOC SUR LES NOIRS DE FRANCE

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