A vous tous, mes compatriotes et autres…
Je profite de la nouvelle année qui s’annonce pour
vous présenter mes voeux. J’aimerai vous la souhaiter
douce, riche et heureuse. Mais 2007, est une année
que je pressens difficile et où des questions
identitaires se poseront avec une certaine acuité.
Cette montée des revendications, qui se dessine
actuellement, est sans doute liée aux futures
élections présidentielles, mais je n'en suis pas
convaincu. Il y a comme une main invisible, un
marionnettiste qui se joue de nous, dans l’optique de
changer les rapports sociaux, les fondements même de
cette République.
D’une société qui tend vers un modèle égalitaire,
fraternel et solidaire, « il » tente de la remplacer
par une société inégalitaire, conflictuelle et
égoïste.
Une société nouvelle se profile où l’Homme n’a plus
vraiment sa place, mais l’argent, l’apparence, le
factice, des valeurs éloignées de notre morale
religieuse ou de notre culture.
Toutefois, autour de moi à Paris, je vois une volonté
des populations de se rassembler et de faire peuple.
Lors des manifestations culturelles, nous sommes dans
un grand tout, un mélange de races et de couleurs.
En Martinique, au mois de novembre, j'assistais à une
avant-première et je me suis retrouvé avec plus de
cinq cent personnes à Madiana ; Et dans cette foule,
il n'y avait pas trente Noirs, même en comptant les
serveurs et les serveuses
Certes, nous sommes dans le symbolique, mais plus
concrètement, je vois en Martinique des quartiers
monocolores qui se constituent, des lieux où le Nègre
est absent, et quand il est de passage, il est
confronté aux regards haineux….
Avec la loi de défiscalisation immobilière, l’Etat est
en train de modifier la composition ethnique de la
Martinique, on substitue une population à une autre.
Cette loi contribue à exclure une grande partie de
la population afro antillaise de l’accès au logement
et à la propriété, car elle participe au
renchérissement du prix des sols et des loyers.
Cette loi est néfaste à plus d’un titre, à court
terme elle l’est, à long terme plus encore. Cette
loi est destructrice pour les 80 % des afro-antillais
composant la population martiniquaise.
Par ailleurs, beaucoup des nôtres doivent partir à
l’étranger pour travailler et dans le même temps, les
Européens qui arrivent trouvent du travail.
Je me questionne et je m’inquiète de cette situation,
car j'assiste à une exclusion, une éviction
progressive des Martiniquais dans leur propre pays,
les Martiniquais sont en train d’être relégués dans
les marges.
Et je ne vois que peu de personnes qui élève la voix.
Il y a comme un laisser-faire, la démission d’une
certaine élite intellectuelle, tout comme nos hommes
politiques qui sont taisant.
S’accommodent-ils de cette évolution ou
dysfonctionnement, font-ils preuve de lâcheté ou
sont-ils habités par cet « humanisme » qui les pousse
à faire la place à l’autre à son propre détriment ?
Quoi qu’il en soit, la Martinique d’aujourd’hui se
trouve dans une situation qui est défavorable aux
Martiniquais.
Dans ce pays, tout coûte cher, les rémunérations ne
suivent pas, sauf pour les fonctionnaires, la
paupérisation de toute une frange de la population,
notamment les personnes âgées s’accroît, les jeunes
et moins jeunes sont touchés par un fort taux de
chômage, de plus en plus de drogués et de gens qui
tendent la main dans les rues, de plus en plus de lit
sont créés pour interner les fous.
La Martinique va mal et cela ne peut plus durer. .
Cette situation est porteuse de désordre. Elle
préfigure des violences à venir si rien n’est fait
pour infléchir cette tendance.
Nous n’en sommes pas encore là, mais nous y venons !
En attendant, pour cette année 2007, je vous
renouvelle mes vœux.
Soyez fiers et ne baissez pas les yeux.
Tony Mardaye