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 Et si l'immigration profitait à tout le monde ?

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mihou
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mihou


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Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

Et si l'immigration profitait à tout le monde ? Empty
21122006
MessageEt si l'immigration profitait à tout le monde ?

Les Echos, no. 19646
Idées, mercredi 12 avril 2006, p. 19

Le point de vue de

Et si l'immigration profitait à tout le monde ?

BRIGITTE GIRARDIN

BRIGITTE GIRARDIN

Voulue par le gouvernement, l'« immigration choisie » fait, aujourd'hui, débat dans notre pays. Certains s'interrogent sur le caractère « moralement inacceptable » d'une politique sélective qui viserait à n'accueillir chez nous que les migrants les plus qualifiés ; d'autres stigmatisent la « fuite des cerveaux » qu'une telle politique ferait endurer, à l'Afrique notamment. Pourtant, les moyens existent de faire en sorte que cette immigration choisie soit mutuellement profitable à tous.

Pour cela, ne nous trompons pas d'enjeu : ce serait un leurre de chercher à empêcher toute forme d'immigration. Celle-ci constitue une donnée permanente de notre histoire et répond à des besoins avérés de l'Europe qui, au cours des prochaines années, subira les conséquences d'une démographie insuffisamment dynamique. En revanche, faire de ces migrations internationales une source d'enrichissement équitablement réparti entre pays du Nord et pays du Sud, voilà un objectif que nous devrions tous partager. Selon la Banque mondiale, l'apport des migrants au revenu mondial avoisinera 800 milliards de dollars en 2025. A nous d'agir de concert pour en partager les retombées. C'est notre intérêt commun de ne pas subir le phénomène migratoire, mais d'agir ensemble pour qu'il contribue au bien-être global.

Pour y parvenir, une piste nouvelle doit être explorée : celle du « codéveloppement ». Encore trop peu connue, cette idée française est pourtant expérimentée avec succès depuis quelques années, et suscite l'intérêt croissant de nos partenaires européens. L'idée de départ en est simple : faire participer les immigrés installés en France au développement de leur pays d'origine. Cette idée reçoit d'ailleurs un accueil favorable des associations de migrants, qui y voient un moyen de garder un lien étroit avec leur terre natale. En d'autres termes, il s'agit de mobiliser les diasporas au profit des pays dont elles sont issues, de faire en sorte que leur départ ne soit pas une perte définitive pour leur pays.

Le premier intérêt du codéveloppement, c'est qu'il prend en compte le phénomène migratoire dans toute sa dimension, qu'il s'agisse de l'immigration clandestine, le plus souvent fondée sur la fuite de la misère, ou de l'immigration légale, composée de personnes qualifiées ou non. Aux moins qualifiés, le codéveloppement ne se contente pas de verser une simple aide au retour. Il propose un véritable appui à la réinsertion dans le pays d'origine, par le biais d'une formation et d'une aide financière liée à la création d'une activité pérenne (petit commerce ou agriculture vivrière par exemple), avec un accompagnement local d'un an pendant la phase de démarrage. Dans plusieurs pays d'Afrique subsaharienne, des expériences positives ont été menées. Ainsi au Mali, 350 projets de réinsertion individuelle ont été financés et ont abouti à la création de 700 emplois sur place.

Quant aux plus qualifiés, qu'ils soient cadres, médecins ou ingénieurs, et qui souhaitent demeurer en France où ils sont installés, il s'agit de leur proposer de transmettre leurs compétences à leurs compatriotes, soit au travers de missions de formation de courte durée effectuées dans leur pays d'origine, soit par l'enseignement à distance rendu possible par les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Il s'agit de faire appel au volontariat, éventuellement encouragé par des mesures incitatives. Et il faut, me semble-t-il, rester dans cette même logique de l'incitation, pour les étudiants venant se former en France. Car je ne crois pas aux mesures contraignantes qui risqueraient de détourner les meilleurs de notre pays, au profit des universités américaines ou canadiennes.

Le second volet du codéveloppement vise à canaliser l'épargne des migrants vers l'investissement productif dans leur pays d'origine. L'enjeu est considérable, puisqu'on estime à 150 milliards de dollars les transferts que reçoivent chaque année les pays du Sud en provenance de leurs expatriés, ce qui représente le double de toute l'aide publique au développement ! Or, seuls 10 % de ces sommes sont utilisés à des investissements productifs sur place. En liaison avec les opérateurs financiers, il s'agit donc d'améliorer l'efficacité de ces transferts, par exemple en augmentant la capacité des caisses de microcrédit à consentir des prêts pour financer la création d'activités économiques dans les pays du Sud.

Ainsi, au Maroc, un projet de gîtes ruraux financés par des Marocains de France est en train de voir le jour ; certains des contributeurs rentreront pour gérer l'équipement, d'autres resteront en France et en confieront la gestion à un membre de leur famille ; l'activité ainsi créée offrira des emplois nouveaux à ceux qui, autrement, n'auraient d'autre choix que d'émigrer. Au final, c'est l'illustration parfaite de la stratégie « gagnant, gagnant » qui peut réunir pays du Nord et pays du Sud dans des actions convergentes et complémentaires : l'« immigration choisie », dans les pays développés, a bien tout à gagner à l'élaboration de politiques d'« émigration choisie », dans les pays de départ.

On le voit bien, le codéveloppement constitue une approche nouvelle, originale, portée par la France, et qui permet d'établir un lien entre politiques d'immigration et politiques de coopération. Il s'agit bien d'un complément indispensable à notre politique d'immigration, qui rend celle-ci non seulement acceptable mais profitable pour nos partenaires du Sud. En changeant ainsi d'échelle, nos idées continueront à progresser, mais surtout l'immigration pourra bien profiter à tout le monde...


Note(s) :

BRIGITTE GIRARDIN est ministre déléguée à la Coopération, au Développement et à la Francophonie.
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