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 France blanche, colère noire de François Durpaire : L’Antico

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mihou
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mihou


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France blanche, colère noire de François Durpaire : L’Antico Empty
20122006
MessageFrance blanche, colère noire de François Durpaire : L’Antico

France blanche, colère noire de François Durpaire : L’Anticommunaurisme déconstruit
19/12/2006

Dans cet ouvrage, François Durpaire revient sur ce que l’on appelle désormais la « question noire », sujet qu’il réinscrit dans une historicité, ce qui lui donne une toute autre dimension par rapport à l’actualité récente. Il s’agit pour cet historien, spécialiste des relations internationales entre l’Afrique francophone, la France et les États-Unis[1], d’aborder ce qu’il appelle la colère « raisonnée et raisonnable » des Français « Noirs » qui « réclament, ni plus ni moins, que l’égalité des citoyens entre eux »[2]. Dès l’entrée en matière, cet ouvrage constitue un bol d’oxygène dans ce climat où l’ignorance est devenue l’arrière-fond de certaines prises de position dans l’espace public en France, surtout à travers les discours d’une partie de la classe politique qui semble ignorer la notion même de « république », lorsqu’elle ne connaît simplement pas l’histoire plurielle de la France. Mais cette méconnaissance en dit plus sur le rapport de la France à l’égard de ses minorités visibles que sur cette population elle-même. De ce point de vue, l’ouvrage de Durpaire va à l’essentiel en posant de façon osée les questions que l’on évite par la stigmatisation ou bien les discussions peu informées, discussions dans lesquelles les néo-conservateurs semblent exceller :



Ignore-t-on qu’en France, en ce début du XXIe siècle, la couleur de la peau continue d’entraver des milliers de destins ? Ignore-t-on que le racisme, pour y être moins visible — et plus insidieux —, n’est que plus pénalisant, ne donnant que peu de prise à la condamnation morale ou juridique ? S’il n’y a pas une spécificité française du racisme, il y a bien une spécificité française du racisme, il y a bien une spécificité de sa négation. Aujourd’hui, ce ne sont pas ceux qui pratiquent la discrimination, mais bien ceux qui la dénoncent, qui sont accusés de diviser la nation.[3]



Pour répondre à cette interrogation complexe, l’auteur de France blanche, colère noire rappelle avec beaucoup de pédagogie les termes du débat en cours, par exemple, en revenant sur l’invention du « concept de communautarisme » qui ne s’appuie « sur aucune analyse précise des évolutions sociales en France contemporaine »[4], mais bien sur l’argument d’autorité ou l’activation de l’épouvantail anglo-saxon. Il nous montre aussi le conservatisme du républicanisme qui dissimule un modèle ethnoracial dominant et constitué en norme déterminante de l’identité française.



L’anticommunautarisme ne stigmatise pas tous les groupes. Il ne se pense pas soi-même comme groupe particulier, mais comme seul porteur de l’idéal universaliste. Les différences chez les autres sont seules « communautaristes ». Il y a, dans cette dénonciation sélective, une réalité inavouable, celle du caractère communautaire du discours anticommunautariste. Les anticommunautaristes, dans leur dénonciation de la pensée anglo-saxonne, entretiennent la confusion entre multiculturalistes et communautariens. Ce contresens permet de traduire en français « multiculturalisme » par « communautarisme », alors que le multiculturalisme se rapproche du modèle libéral, qui est précisément l’opposé du modèle communautarien.[5]



On le voit, Durpaire n’hésite pas à revenir sur cette notion pour clarifier le propos et le débat en général, notamment en reconstruisant le contexte juridique et professionnel de l’affirmative action aux USA. Mais, comme il le montre, la question demeure encore un impensé en France. Avec cet ouvrage, Durpaire réoriente manifestement le débat en introduisant, dans l’espace publique, un tout autre questionnement qu’il réenvisage à l’aune des souffrances de la communauté « noire » en France continentale. L’un des mérites de Durpaire est de les penser selon une unité, sans toutefois perdre de vue la diversité qui fait leurs mouvements en constitution (sites web, association…) et que l’on refuse de considérer autrement qu’à travers un républicanisme étriqué (discours intégrationniste, homogénéisation, refus de la différence…). Sans doute que cette République-là a bien compris qu’elle était en train de disparaître, sous la pression de la mondialité en mouvement. La question impropre des « discriminations positives » en est le reflet patent dans la mesure où elle illustre bien la difficulté et le refus systématique à travers la caricature ou le mélange des problèmes entre ceux des immigrés européens et ceux des populations issues des anciennes colonies françaises. Ainsi, on entendra des historiens et politiciens bavards nous dire avec autorité que les jeunes des banlieues seraient moins intégrés qu’eux qui ne sont français que depuis une génération… Si la confusion est grossière et que le raisonnement est risible, ces exemples montrent parfaitement la disparition programmée du républicanisme étriqué.



Dans cette optique, la parution de France blanche, colère noire est l’un des signes qui en annoncent l’essoufflement, tout en proposant un horizon plus positif à travers cinq propositions en guise de conclusion de son livre. Pour cela, nous saluons sa démarche enthousiasmante. En outre, elle a le mérite de (ré)concilier la rigueur intellectuelle avec la pédagogie et l’honnêteté intellectuelle qui fait défaut à tant d’autres ouvrages pourtant célébrés par les médias. Toutefois, celui de Durpaire se distingue aussi par le fait qu’il s’agit d’un hymne à la diversité culturelle, en ce sens qu’il nous invite à entrer dans cette « nouvelle région du monde »[6] dont parle l’écrivain et philosophe Édouard Glissant.





François Durpaire, France blanche, colère noire, Paris, Odile Jacob, 2006 ISBN 2-7381-1807-0





Buata Malela[7]

[1] François Durpaire, Les États-Unis ont-ils décolonisé l’Afrique noire francophone ?, préface d’André Kaspi, Paris, L’Harmattan, coll. Études africaines, 2005.

[2] François Durpaire, France blanche, colère noire, Paris, Odile Jacob, 2006, p.20.

[3] Ibid., p.21.

[4] Ibid., p.26.

[5] Ibid., p.33.

[6] Édouard Glissant, Une Nouvelle région du monde. Esthétique I, Paris, Gallimard, coll. Blanche, 2006.

[7] Contact : bmalelaafrikara@hotmail.com

Buata Malela
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