Exilé aux Etats-Unis depuis huit ans car il ne trouvait plus de rôles en France,
Isaach de Bankolé (" Black Mic-Mac ", " Night on Earth ".) a fait son trou
outre-Atlantique. On l'a vu l'an dernier dans " la Porte des secrets ", on
l'aperçoit dans "Miami Vice " et, à 49 ans, il vient de tourner dans " Casino
Royale ", le prochain James Bond.



Comment s'est décidé votre exil aux Etats-Unis ?

Isaach de Bankolé. Entre 1991 et 1998, j'habitais Paris mais je ne travaillais
qu'avec des metteurs en scène étrangers. Donc, je me suis dit qu'il vaudrait
mieux pour moi aller tenter l'aventure ailleurs, en l'occurrence aux Etats-Unis.
Je ne suis néanmoins pas parti dans l'inconnu. J'étais déjà proche de Jim
Jarmush et Jim Stark, son producteur. Ils m'ont mis en rapport avec un agent. Et
puis je suis tombé amoureux (NDLR : de la chanteuse de jazz Cassandra Wilson,
dont il est aujourd'hui séparé), ce qui n'a fait qu'accélérer mon départ.

C'est plus facile pour un acteur noir aux Etats-Unis qu'en France ?

IB. Aux Etats-Unis, c'est clair : on a nettement plus d'options quand on fait
partie d'une minorité par rapport à la France. Les gens vous écoutent plus. Cela
peut paraître paradoxal mais, en tant qu'acteur africain (NDLR : il est né en
Côte d'Ivoire de parents béninois) je lis beaucoup plus de scénarios qui me
concernent aux Etats-Unis qu'à Paris, même s'il y a une plus grande communauté
noire africaine en région parisienne qu'à New York. Ici, j'ai toujours du
travail. Je fais plus de castings et une chose en appelle une autre. A Paris, ce
n'est que le jour où j'ai ajouté un " de " àmon nom pourm'appeler De Bankolé que
j'ai réussi à trouver un appartement !

Quelques mots sur votre rôle dans le prochain James Bond.

IB. Mon personnage s'appelle Obano. C'est un seigneur de guerre, un peu à
l'image de Joseph Kony en Ouganda. Je suis un des méchants du film. J'ai eu
beaucoup de plaisir à travailler avec Daniel Craig. C'est un type qui y va à
fond et qui est d'une simplicité incroyable. Les gens qui avaient des doutes sur
sa capacité à endosser le rôle de 007 vont être surpris.

Propos recueillis à Los Angeles par Ch.C.

Il a également joué l'un des rôles principaux dans le dernier Lars VON TRIERS,
avec Dany GLOVER. Je ne me souviens plus du titre exact, mais en tout cas, le
film abordait le sujet sur le conditionnement de l'être humain par rapport à son
histoire. Cela se passe dans un endroit imaginaire, qui recrée la plantation,
aux fins fonds des states, mais aussi d'ailleurs. Le film était remarquable et
DE BANKOLE A LA HAUTEUR, MAGISTRAL.

Il a également joué avec et pour Patrice CHEREAU. Mais malheureusement son cas
est bien l'illustration de ce que nous vivons. C'est vraiment typique de la
connerie Française qui consiste à nous parquer dans des rôles de Nègres
Rigolards - et pas qu'au Ciné mais malheureusement dans notre quotidien et en
plus on rigole en nettoyant la merde des autres - Cela me rappelle, dans un
autre style CHEIKH MODIBO DIARRA qui, après avoir été refusé au CNRS, se voit
confié la Mission PARTFINDER à la NASA. C'est lui qui a mis au point le robot
qui roulait sur Mars. Ils ont du en faire une gueule les dirigeants du CNRS.

Ah oui, j'oubliais une coincidence. Au moment ou l'on ose, nous autres damnés de
la Terre, revendiqué notre place au sein de cette société, celle qu'on veut pas
celle qu'on nous impose, j'ai vu que dernièrement, on ressortait de ces placard
le "chanteur" AFRIC SIMONE. Un Nègre de Service, bien comme il faut, bien
rigolard, et en plus qui attrape une chaise avec ses dents. Moi cela ne m'a pas
fait rire.

Décidément, j'ai vraiment pas le sens de l'humour blanc.

Mariam SERI-SIDIBE