Le livre noir du gaullisme :
Le Gaullisme, l’Afrique et ses morts
Du Gaullisme, parlons-en
Chers frères et sœurs d’Afrique et du monde noir, chers amis européens, chers frères et sœurs des communauté du tiers monde,
Il y a des moments dans la vie ou le silence des victimes encourage l’arrogance des vainqueurs. Ils se mettent alors à exécuter devant nous leur danse macabre, leur danse de morts. Conscient de l’impunité de leurs actes criminels, ils ont l’audace de vouloir faire avaler au monde entier, la pilule de l’amnésie collective.
Nous vous interpellons, Mesdames et Messieurs, car l’Afrique dite francophone, vient de vivre une semaine d’anniversaire, de commémoration et d’hommage au général De Gaulle et nous avons vu les africains aller goutter à la sauce, aromatisée et gluante du Gaullisme, bon marché dont les tenants ne se rappellent même plus le mal, qu’ils imposent ainsi aux peuples en souffrance qui gardent dans leur chaire, le désespoir et la ruine que cette doctrine a infligé au corps économique, social, politique et institutionnel de nos pays africains de l’espace francophone.
Nous avons ainsi eu droit à des messes de requiem, à des expositions de photographies, à l’appel du 18 juin, et au discours de Brazzaville sur certaines radios africaines, bref le grand jeux pour un mort lointain. Alors que nos populations crèvent de faim et de soif pour ne pas parler de la pandémie du sida.
Frappé par l’amnésie, la cécité politique et l’infertilité morale, les gouvernants africains semblent aujourd’hui être plus préoccupés par ce qui vient de l’extérieur, l’anniversaire de la mort du général Charles De Gaulle, est un évènement pour eux.
Au lieu de se préoccuper du bien être de nos populations qui végètent aujourd’hui encore dans la crasse, la pauvreté et la maladie, dans des villages sans eau ni électricité.
L’Afrique dite francophone souffre de la nocivité du gaullisme et de ses séquelles, c’est pourquoi en ce qui nous concerne, nous refuserons toujours d’être les africains de service, ceux qu’on utilisent comme des paravents pour faire croire que tout va bien.
Ceux qui dans les temps obscures de l’esclavage, dormaient dans la maison du maître, quand les notre passaient la nuit dans la grange avec le bétail, ceux qui dans la période douloureuse de l’apartheid, servaient d’indicateurs à la police du régime criminelle blanc d’Afrique du sud. ceux là même qu’on utilisent aujourd’hui encore contre nous pour mieux nous niquer.
De Gaulle est mort le 9 novembre 1970 dans sa résidence de Colombey-les- deux-églises en haute Marne. Il laissait à la France cette doctrine politique qu’est le gaullisme, dont les gardiens du temple, nous disent sans sourciller que:
* c’est une philosophie politique dont le principe repose sur la grandeur de la France, son existence en tant que nation, son rayonnement dans le monde ainsi que l’adaptation de ses institutions et de sa vie sociale aux exigences du monde moderne. Le gaullisme a commencé pendant la guerre comme un mouvement de résistance patriotique.
Il se caractérise par - l’unité, le rassemblement et la résistance contre l’occupation hitlérienne.
· L’indépendance de la France, et le refus de sa « vassalisation » par des organismes supranationaux ( ONU, OTAN et de la superpuissance des USA) . Cette indépendance est défendu dans les domaines politiques, économiques, culturels, diplomatiques et militaires.
· Sa méthode dit-on, repose sur le pragmatisme et le refus des carcans idéologiques en vue d’atteindre les objectifs fixés : l’indépendance de la France, son rayonnement dans le monde, l’unité intérieur de la France au service du projet patriotique de son leader relié directement au peuple français par le suffrage universel direct.
· C’est aussi la fin de l’engagement colonial de la France à travers l’indépendance des pays d’Afrique noire et de l’Algérie.
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C’est sur l’aspect concernant le rayonnement de la France et de la fin de son engagement colonial que nous voulons intervenir pour relever les ambiguïtés que l’Afrique a hérité du gaullisme et qui sont en partie responsables des malheurs de l’Afrique dite francophone.
Le sacrifice des indépendances africaines par le gaullisme
Il y a quatre raisons fondamentales qui expliquent la nocivité du gaullisme vis-à-vis des indépendances africaines : la première c’est le rang de la France dans les relations internationales et à l’ONU particulièrement avec un cortège de pays clients qui votent à sa suite.
La deuxième c’est l’accès aux matière premières stratégiques ( pétrole, uranium) ou juteuses (cacao, café, bois précieux, etc. ) auquel il faut ajouter la domination économique et monétaire à travers la gestion du franc CFA relié au Franc français.
La troisième, c’est un financement d’une ampleur considérable de la vie politique française, à travers des prélèvements sur l’aide publique au développement, la vente des matières premières et l’attribution des grands marchés d’équipements de nos pays aux entreprises françaises quelque soit le montant de la facture.
La quatrième, c’est le rôle de la France comme sous-traitante des USA dans la guerre froide, pour maintenir l’Afrique francophone dans la mouvance anti-communiste contre l’URSS. Donc pour ces quatre raisons De Gaulle met en place un système qui va nier les indépendances de nos pays africains. C’est cela le caractère nocif du gaullisme sur lequel nous reviendrons plus loin.
Retour à Brazzaville.
La conférence de Brazzaville convoquée dans la précipitation et ouverte par le chef de la France libre le 30 janvier 1944. aussi bizarre que cela peut paraître, il n’y avait pas de représentant des différents pays colonisés. Curieuse conférence. Elle est sensée examiner l’avenir des relations entre la France et ses colonies avec les colons plus nombreux à la table de non négociation, devant quelques pauvres noirs de service.
Charles De Gaulle fut pour les français sans doute un homme de référence et les hommages qui pleuvent aujourd’hui encore sur sa mémoire nous font dire qu’ils sont plus attachés à ses idées. Examinons ici ce qu’il disait à Brazzaville, la capitale de l’AEF de l’époque dont le gouverneur Félix Eboué, était un noir, franc-maçon, originaire de la Guyane actuelle.
« Depuis un demi-siècle, à l’appel d’une vocation civilisatrice vieille de beaucoup de centaines d’années, sous l’impulsion des gouvernements de la République et sous la conduite des hommes tels que : Galliéni, Brazza, Dodds, Joffre, Binger, Marchand, Gentil, Foureau, Lamy, Borgni-Debordes, Archinard Lyautey, Gouraud, Mangin, Largeau.
Les français ont pénétré, pacifié, ouvert au monde, une grande partie de cette Afrique noire, que son étendue, les rigueurs du climat, la puissance des obstacles naturels, la misère et la diversité de ses populations avaient maintenue, depuis l’aurore de l’histoire, douloureuse et impénétrable ».
Bref Mesdames et Messieurs, nous vous épargnons la suite de cette allocution qui parle d’établir de nouvelles bases des conditions de la mise en valeur de notre Afrique, du progrès humain de ses habitants et de l’exercice de la souveraineté française sur nos malheureux pays africains.
Douche froide dans une curieuse conférence
C’est un tournant de l’histoire coloniale française et pourtant la fin de l’œuvre coloniale proclamée par celui qui parle au nom de la France, écarte toute idée d’autonomie et d’indépendance des possessions dite françaises.
De Gaulle n’est pas le décolonisateur dont la France vante le mérite, c’est une immense supercherie des tenants du gaullisme sur laquelle nous nous réservons le droit de revenir, car en définitive, c’est bien nous les africains qui sommes aujourd’hui encore les victimes de ce poison nocif qu’est le gaullisme.
Le général De Gaulle souligne la nécessité d’amener les africains à participer à la gestion de leurs propres affaires, mais avec une restriction importante : « la fin de l’œuvre de civilisation accomplie par la France dans les colonies dit-il, écartent toute idée d’autonomie, toute idée d’évolution hors du bloc français de l’empire ; la constitution éventuelle - même lointaine - de self-governments dans les colonies est à écarter »
Mesdames et Messieurs, nous connaissons la suite : l’union française est crée en 1946, après le retrait du général de Gaulle de la vie politique pour entamer à Colombey-les-deux-églises « une longue traversée du désert »
Le 13 mai 1958, il revient au pouvoir pour amorcer le processus éphémère de la soit disant communauté franco-africaine en claire un mariage du cheval et du cavalier. Mesdames et Messieurs, laissons ici le grand Sily guinéen Ahmed Sékou Touré exprimer ce que les africains dans leur immense majorité pensent réellement de l’homme à la croix de Lorraine, de la France et de la communauté de souffrance qu’ils proposent aux peuples africains des colonies françaises.
Le gaullisme comme une immense duperie
Mesdames et Messieurs, le Lundi 25 Août 1958, la rencontre du Sily avec la croix de Lorraine est une page de dignité dans l’histoire des peuples africains, peu importe ce que cela coûtera à Sékou Touré et à la Guinée, mais les blancs savent depuis ce jour là que tous les africains ne sont pas des laquais prêt à s’inviter à la soupe gluante et puante du gaullisme triomphant.
La réception de Conakry fut grandiose et inoubliable, De Gaulle lui même en témoigne et le souligne dans ses mémoires. Les historiens français ne nous contrediront pas sur ce point. Ce jour là De Gaulle habitué aux interlocuteurs africains de service, plus formalistes, n’a aucune idée du tempérament fougueux et de la phraséologie révolutionnaire et syndicaliste du jeune leader guinéen.
Après avoir salué l’homme du 18 juin, le patriote résistant, le héros de guerre, l’homme à la croix de Lorraine. L’éléphant orateur, le Sily guinéen entre dans le vif du sujet « Notre option fondamentale qui a elle seule, conditionne les différents choix que nous allons effectuer, réside dans la décolonisation intégrale de l’Afrique, ses hommes, son économie, son organisation administrative, etc, en vue de bâtir une communauté franco-africaine solide dont la pérennité sera d’autant plus garantie qu’elle n’aura plus en son sein des phénomènes d’injustice, de discriminations ou tout autre cause de dépersonnalisation et d’indignité. » Et le Sily ajoute comme pour porter l’estocade :
« Nous ne renonçons pas et nous ne renoncerons jamais à notre droit légitime et naturel à l’indépendance. Car nous entendons exercer pleinement ce droit, le projet de constitution ne doit pas s’enfermer dans la logique du régime colonial ». Puis il ajoute comme pour enfoncer l’estocade.
« Nous sommes africains et nos territoires ne sauraient être une partie de la France. La qualité ou plutôt la nouvelle nature des rapports entre la France et ses anciennes colonies devra être déterminer sans duperie. En disant Non de manière catégorique à tout aménagement du régime colonial et à tout esprit paternaliste, nous entendons ainsi sauver dans le temps et l’espace les engagements qui seront conclus par la nouvelle communauté franco-africaine.
Notre cœur, notre raison, en plus de nos intérêts les plus évidents , nous font choisir sans hésitation, l’indépendance et la liberté dans cette union, plutôt que de nous définir sans la France et contre la France.
Il n’y a pas de dignité sans liberté, car tout assujettissement, toute contrainte imposée et subie dégradent celui sur qui elle pèse, et lui retire une part de sa qualité d’homme et en fait arbitrairement un être inférieur. Nous préférons la pauvreté dans la liberté ä la richesse dans l’esclavage »
Mesdames et Messieurs, ce discours est d’actualité et il n’y a aucun africain aujourd’hui digne de sa race qui ne se reconnaît pas dans l’intervention sans concession du grand Sily guinéen. Il ne s’agit pas ici d’être pour la France ou contre la France et les Gaullistes. Il s’agit d’établir des nouveaux rapports qui instaurent la confiance et l’amitié vraie dans les relations franco-africaines.
Observez aujourd’hui la pénétration des chinois en Afrique et vous comprendrez que c’est sur la base de l’amitié, du travail bien fait dans la confiance sans volonté de dominer l’autre qui fait qu’aujourd’hui les africains se tournent vers la Chine pour construire des petits infrastructures que les français auraient facturé au triple du coût normal.
La duperie, oui la duperie et le mensonge ont viciés nos relations avec la France officielle, il est temps de décoloniser les relations Franco-africaine.
Pour que nous retrouvons ensemble ce que le Sily guinéen proposait à De Gaulle à Conakry, il y a 48 ans. Un vrais mariage sur la base de la confiance et de l’estime entre les deux parties.
Et la France officielle doit être heureuse que ce soit un chercheur africain qui le dit clairement avec son indépendance d’esprit. Car demain. Ce sera des hommes et des femmes, avec machette et fusil en main dans la rue qui l’exigeront de Lomé à Dakar, de Douala à Brazzaville, de N’djamena à Abidjan, si ce n’est déjà fait pour cette dernière ville.
Et ce jour là la France officielle et les gaullistes du dimanche se rendront compte tardivement de la rupture nécessaire qu’ils ont refusé d’opérer avec le paternalisme de type gaullien dans les relations franco-africaines.
Aujourd’hui, il y a en Afrique une autre race de chefs d’états. Ils ne sont pas nombreux, mais c’est une question de temps. Ils ne ressemblent pas et n’ont à avoir avec les Houphouet-Boigny, Mobutu, Bokassa, Habyarimana, Léon Mba, Eyadéma, Yaméogo, Hamani Diori, Tombalbaye, Amadou Ahidjo, Bongo, Biya, Sassou Nguesso, Compaoré et consorts.
Ils ont pour nom : Ellen Johnson-Sirleaf, Tabo Mbeki, Yahi Boni, Gbabo Laurent, John Agyekum KUFUOR. Et nous pouvons vous assurer qu’ils pensent tous la même chose que le défunt Sily guinéen. Ils souhaitent tous une amitié sincère avec la France, loin des assujettissements qui nous ont conduits dans les impasses du temps présent.
Sam 2 Déc - 0:35 par mihou