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 Déclaration Universelle des Droits de l’Homme…Blanc

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mihou
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mihou


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29112006
MessageDéclaration Universelle des Droits de l’Homme…Blanc

10 décembre 1948 : Déclaration Universelle des Droits de l’Homme…Blanc
16/01/2005

Depuis un demi siècle la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme [DDH], tant et si universelle qu’elle fut approuvée par 48 états membres de la jeune Organisation des Nations Unies, se présente comme le socle intouchable du progrès des peuples de la barbarie vers la civilisation. La force symbolique de l’institution qui la supporte, les Nations Unies, l’obligation plus ou moins explicite d’en référer pour faire acte d’honorabilité internationale, à défaut de culture humaniste, bâillonnent les éventuels autres discours possibles sur l’humain.



En effet, il serait à tout le moins hâtif et primesautier de faire l’économie d’un questionnement sur les textes dits fondamentaux, références qui, presque mécaniquement servent d’appui-tête à tous les discours sur la marche du monde et le devenir du vivant. Ce serait simple abandon que de considérer l’univers des possibles clos à jamais depuis un jour de décembre 1948 au palais Chaillot de Paris en France.



La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ne peut être sortie de son contexte historique et des rapports de force qui l’imprègnent et lui donnent substance. Au terme d’une guerre fratricide, entre 1939 et 1945, responsable des plus abominables atrocités en Europe contemporaine, barbaries commises par des Européens à d’autres Européens, les vainqueurs, traumatisés par ces horreurs, veulent s’administrer une thérapie préventive, une charte morale préservant l’individu et sa liberté.

Les dizaines de millions de victimes méritaient bien cette précaution, il va sans dire. Mais il est difficile de soutenir que la quarantaine de pays occidentaux ayant approuvé un tel projet de déclaration universelle aient eu légitimité pour engager le monde entier, à partir d’une expérience continentale, pour les périodes postérieures. D’autant plus que cette référence s’est par la suite auto-validée, dans la mesure où l’adhésion des nouveaux pays à l’Onu impliquait qu’ils signassent la dite charte. Avec ou sans conviction, le parapluie de l’Onu ouvrant aux financements internationaux et à bien d’autres avantages auxquels des petits pays fragiles ne pouvaient se permettre de renoncer.



La dimension eurocentrique du texte, dans son écriture, dans sa langue, dans son inspiration philosophique maçonnique renvoie à des référents culturels occidentaux, ce qui dans le contexte historique et des rapports de domination ne pouvait ne pas être. La filiation fut vite faite avec la révolution française et sa célèbre Déclaration de Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. Ses cousins aînés souvent évoqués, la Déclaration d’Indépendance en Amérique en 1776, le Bill of Rights [1689] et l’Habeas corpus [1679] anglais, confortent le caractère européen de la D.D.H.

Ce n’est pas s’imaginer dans une planète jusque là vierge de projets protégeant la personne et ses droits, attendant providentiellement l’arrivée rédemptrice de l’homme blanc. Il faudrait rappeler que les civilisations du monde ont toujours eu, selon les périodes, un intérêt marqué pour la protection de la vie, des individus contre les arbitraires des pouvoirs monarchiques, esclavagistes, économiques.

La Maât -valeur éthique centrale- de l’Egypte antique, a préservé son administration de la nécessité de centres carcéraux, pendant plusieurs millénaires de rayonnement de cette civilisation négro-africaine. Cette valeur a érigé par là même, un standard de respect de la personne, et de sacralisation de la vie difficilement égalable. Le code d’Hammourabi [1700 av. JC] de Babylone, les doctrines des penseurs chinois de l’ère préchrétienne avaient partagé cette préoccupation. En 300 avant l’ère dite chrétienne, Meng-Tseu, en Chine, écrivait que "l'individu est infiniment important", que "la personne du souverain est ce qu'il y a de moins important". Sium-Tseu lui emboîtait le pas un siècle plus tard, en répondant à la question "Qu'est-ce qui rend la Société possible ?" par : "Les droits de l'individu".



L’intérêt des peuples africains de l’ère dite chrétienne, et en particulier du Mandingue de l’ancien Mali, pour la liberté et l’inaliénabilité humaines, ressort clairement dès le 13ème siècle, en 1222, dans le texte consigné comme le Serment des Chasseurs ou encore la Charte du Mandé. Ce texte qui fut proclamé à l’intronisation du souverain le plus connu, Soundjata Keïta fondateur de l’empire du Mali, disposait explicitement que :

Toute vie étant une vie, tout tort causé à une vie exige réparation. Par conséquent, que nul ne s’en prenne gratuitement à son voisin, que nul ne cause du tort à son prochain, que nul ne martyrise son semblable…

Chacun dispose désormais de sa personne, chacun est libre de ses actes, dans le respect des «interdits» des lois de sa Patrie. [Cf. La Charte du Mandé et Autres Traditions du Mali, Albin Michel, Paris, 2003]



Les civilisations anciennes ne sont donc pas dépourvues de références en matière d’intérêt documenté pour la dignité humaine, et la révolution haïtienne de 1804 est réellement celle qui a ouvert la voie à une conception non ethnique, non raciale de la liberté humaine à l’époque contemporaine. Conception arrachée à des nations toutes aujourd’hui humanistes déclarées et qui se sont épanouies dans la pratique négrière et esclavagiste.



La DDH procède ainsi d’une captation de consensus et d’une prédation culturelle. Elle fonctionne à partir du minimum de valeurs communes aux pays occidentaux, européens principalement, base extrapolée comme un droit naturel à la totalité humaine. Elle est appelée à supplanter les formes locales de droit, modernes et traditionnelles. Cette déclaration est probablement un paroxysme d’occidentalisation et de droit du plus fort.



Il est important d’apprécier la dimension anthropocentrique et la philosophie individualiste de la DDH. La référence à l’individu tend à en faire un absolu, en cohérence avec la longue entreprise de libération des Européens des servitudes de l’Ancien régime monarchique, par les idéaux individualistes des 18ème, 19ème siècle. Les civilisations désireuses de mettre au centre de leur modèle des références religieuses, éthiques, morales, auraient probablement proposé une écriture différente. Une vision du monde reposant sur des cosmogonies faisant intervenir dans le vivant la généalogie des dieux, les transactions entre le visible et l’invisible, le rôle des mânes, des animaux tutélaires, la proximité fusionnelle avec le cosmos, le matriarcat, … proposerait des acceptions différentes du droit.

L’absolutisme de l’individu, qui relativise l’ensemble du vivant à la condition humaine n’a pas manqué de faire passer au second plan les dimensions spirituelles, environnementales, les conditions matérielles au sein desquelles s’expriment les peuples.

Les valeurs d’harmonie, d’équilibre, de vérité, de collectivité, unissent des peuples depuis des millénaires, elles insèrent l’individu inaliénable dans la totalité vivante elle-même inaliénable. Le corollaire de toute notion de droit se trouve être une construction parallèle des devoirs, que demandait d’ailleurs en vain l’URSS en 1948, d’où son abstention lors du vote de la déclaration. Un seul article (29) fait état des devoirs.



La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est rendue par ailleurs suspecte par le fait que signée en 1948, elle précède de peu les flagrantes et sanglantes agressions coloniales qui culminent en Afrique [Madagascar, Cameroun, Algérie] entre la fin des années 50 et le début des années 60. L’Asie et le Vietnam seront le terrain d’affrontement des grands blocs Est-Ouest, de même que l’Afrique du Sud sous Apartheid et l’Amérique latine : ici et là, point de droits de l’homme.

L’hypocrisie de la conception universaliste de ces droits formels et réservés s’étale alors au clair. L’horreur au quotidien pour les Asiatiques, les Africains, ne gêne nullement les bonnes consciences.

D’ailleurs l’article 2 de la DDH ne s’accommode t-il pas des situations de privations de souveraineté, reconnaissant le fait colonial ? Ne dit-il pas :

1. Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.

2.De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté. [Mis en gras par nous]



On pourrait se demander comment le fait colonial dont le dénominateur international commun est la servitude des colonisés, le travail forcé dénomination lénifiante de l’esclavage, se conjugue avec l’article 4 de la DDH :

Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.



Il est vrai que les précurseurs de la république et hérauts des droits de l’homme, avaient prévenu de la nécessité politique, économique et morale du déversement colonial. Hugo dans son Discours sur l’Afrique, du 18 mai 1879 se fendait d’un plaidoyer colonialiste énergique, affirmant de cette pauvre Afrique que peuplée, elle était la barbarie même, déserte, la sauvagerie…

Jules Ferry, connu pour ses lois sur l’école, avait affirmé le 29 juillet 1885 devant les députés français : « …les races supérieures ont un droit sur les races inférieures… ». Il précisera sa pensée à l’adresse d’un député radical inquiet du rapport de la colonisation aux droits de l’homme, répliquant vertement que la Déclaration de 1789 « n’a pas été écrite pour les Noirs de l’Afrique Equatoriale » [Journal officiel, 29 juillet 1885].

De tels ascendants politiques, icônes et cadres mentaux des générations suivantes, Napoléon en tête, n’ont pas aidé à avoir une conception des droits de l’homme inclusive jusqu’aux confins du Congo belge ou du Soudan français. La pratique des nobles conceptions humanistes a cheminé ainsi sans peine de contradiction pour les acteurs, avec les génocides et crimes contre l’humanité de la traite négrière aux totalitarismes post-coloniaux. L’idéologie des droits de l’homme, s’en sort assez mal en point, neutre à l’instance des projets impérialistes, enfermée dans les formalismes des institutions qui se cautionnent de son évocation stérile.



Une approche apparemment altruiste, vouée à se mettre au service d’une humanité, qui peut-être dépasse l’échelle et l’épaisseur intellectuelle des législateurs globaux, en finit par montrer autant sinon davantage de limites que de réussites. Eurocentrique, et calquée sur les valeurs culturelles individualistes de l’Occident, elle perd toute pertinence véritable foulée au pied par ses promoteurs qui la bafouent hors l’espace de vie protégé de l’Occident. Les intérêts économiques, géopolitiques, la compétition internationale reprennent vite le dessus, et la DDH est ravalée à un statut de musée, ou d’alibi manipulé pour des fins qui lui demeurent extérieures et parfois adverses.



Akam Akamayong

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