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 De Dieudonné à Sarkozy:Ou qui perd gagne...Par Henri Georges

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mihou
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mihou


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De Dieudonné à Sarkozy:Ou qui perd gagne...Par Henri Georges Empty
03102006
MessageDe Dieudonné à Sarkozy:Ou qui perd gagne...Par Henri Georges

De Dieudonné à Sarkozy
29/09/2006


Ou qui perd gagne...



Par Henri Georges Minyem


Ce matin-là, mes étudiants avaient eu vent de la lettre que j'avais adressée en mars 2005 à l'humoriste Dieudonné. Plusieurs d'entre eux éprouvèrent le besoin d'un éclairage sans détours sur ma position face à ce qui devenait un phénomène de société. Cet épisode, à certains égards, dramatique se révélerait catharsis d'une souterraine frustration et d'un déficit de présence au sein du tissu social français de la population mélanoderme. Je leur expliquai dans des termes simples que j'éprouvais de l'affection pour cet homme qui s'était découvert une âme de leader et une conscience politique face à une cause qu'il jugeait indispensable de défendre, celle d'une minorité non visible politico-médiatiquement ; cet humoriste de talent dont l'aura médiatique permettait d'amener les souffrances des noirs de France à la conscience de la majorité blanche.
L'un de mes étudiants prit son courage à bras le corps et me désigna l'ouvrage que je tenais dans les mains : "Codes noirs" d'André Castaldo introduit par Christiane Taubira.
"Que pensez-vous réellement de Dieudonné ? " me demanda-t-il.

La question que me posa Dan, de confession juive fut directe, simple, sans ambages. S'attendit-il à ce que je m'aligne sur la bien-pensance hypocrite et instrumentale qui faisait de Dieudonné l'antisémite pervers dont l'unique finalité fut l'extermination des juifs ? Si tel fut le cas, il eût du être déçu, car je lui expliquai alors qu'une cause juste avait parfois besoin d'une électrode négative pour apparaître à la lumière du jour. Non point que j'assimilasse Dieudonné à une allégorie pernicieuse, mais bien ses excès, ses formes d'expression et ses maladresses verbales afférents à la communauté juive qui pouvaient laisser à penser à un judéophobe larvé. J'avais longuement expliqué dans ma "Lettre à Dieudonné et aux Noirs de France", le danger que représentait son immersion incontrôlée dans un champ qui relevait d'une discipline complexe, de mon point de vue méconnue de lui : la sociologie politique.
Ainsi, l'amalgame fait entre les commémorations intempestives du martyre de ce peuple et le mutisme social observé dans les discriminations raciales à l'encontre des Noirs pouvaient inciter à croire à une inéquité structurelle dans le traitement des souffrances. Mais, du point de vue des Français blancs, la perception qui se dégageait de l'exhibition comparée de ces faits relevait d'une graduation de la souffrance humaine. En d'autres termes, stigmatiser la souffrance séculaire des Noirs depuis la traite transatlantique, tout en s'opposant à la sur-médiatisation de celle des juifs, créait par effet de miroir, un antagonisme entre lesdites communautés ; erreur de communication dont ne manqueraient pas de se saisir les membres des deux communautés.

Pour les Noirs d'abord, qui trouvaient enfin un amplificateur à leur négation sociale, à leur désarroi fataliste qu'ils furent obligés de taire par honte durant des décennies, Dieudonné devint le pourfendeur de l'injustice sociale d'une société blanche au racisme larvé qui n'avait jamais intégré le principe de l'égalité entre les races.

Pour les juifs, la dénivellation sous forme de critique de ce que, par tradition, ils avaient fini par considérer comme sacré (à savoir la shoah), s'apparenta à un blasphème insupportable, un sacrilège antimémoriel, une diffamation intolérable.
Illustration desdites positions se matérialisera dans les surenchères oratoires de quelques-uns : le philosophe Alain Finkielkrault se trouva un ennemi tout désigné et une communauté à combattre. Quelques personnalités littéraires telles Eric Zemmour (dont j'ai par ailleurs apprécié la convergence de vues avec la mienne dans son analyse sur le féminisme) s'illustrèrent aussi sur ces thèmes en s'attaquant à la loi Taubira.
L'amalgame entre les positions ethno-corporatistes de Dieudonné trouva écho dans les médias, et insidieusement le débat se déplaça sur le bien-fondé de la loi contre la traite et l'esclavage. Les institutions de la République ne furent pas en reste, puisque le Sénat français alla jusqu'à décerner le grand prix du Sénat à un historien, Olivier Pétré-Grenouilleau dont les travaux sur l'esclavage se résumaient à une conclusion simpliste sur le plan intellectuel : les responsabilités de la traite étant partagées entre Africains et Européens, la loi Taubira n'aurait plus aucune consistance, voire aucune validité, de son point de vue. Subjectivisme quand tu nous tiens !

L'un des célèbres ministres de cette République alla même sur le plateau de télévision du 19-20 de France 3 déclarer en "avoir marre de cette incessante repentance" à laquelle la France qu'il aimait tant devait chaque fois se livrer. Ledit ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, candidat déclaré à la présidentielle 2007 avait, à la faveur de son impétuosité "mis le feu aux banlieues". Vous savez, c'est le père fondateur du fameux "Nettoyage de la racaille au karcher". Face à un journaliste de France Ô, quelques jours plus tard, et devant la fronde des antillais dont le patriarche, homme de lettres et chantre de la négritude, Aimé Césaire avait subtilement manifesté l'hostilité, Monsieur Sarkozy se posa en bienfaiteur moderne des Noirs et plus généralement, des minorités car, affirma-t-il : "j'ai été le premier à nommer des préfets antillais, musulmans…" Les Noirs de France lui devraient bientôt leur premier présentateur de JT à 20h, sur la première chaîne, Harry Roselmack qui, grâce à un groupe de pression militant pour la visibilité médiatique des minorités, Averroès, avait été retenu. Nous devrions donc être reconnaissants à Monsieur Sarkozy "qui dit ce qu'il fait et fait ce qu'il dit" de sortir les Noirs de leur condition alors que les autres se contentent de promesses !



Au sein de la poupulation noire

La communauté noire quant à elle, s'enrichit de nombreuses revendications, allant des plus légitimes, à l'instar de la visibilité politico-médiatique aux positions les plus extrémistes. Les plus modérés au sein de cette population furent quelques fois taxés de traîtres. Ma lettre à Dieudonné me valut quantité impressionnante d'invectives sur un site africain (cameroon-info.net) dont la plupart des auteurs, jusqu'au-boutistes ignoraient jusqu'au style analytique que j'avais usité. Ces adeptes de la manière forte et thuriféraires pusillanimes encouragèrent l'humoriste à persévérer dans ses erreurs et l'on eut bientôt droit au florilège de ses déclarations les plus outrageantes, les plus offensantes pour les juifs : "pornographie mémorielle (…), la shoah, c'est leur business (…)"…Puis, il y eut : "L'enquête sur un antisémite" (ce titre n'est pas de Dieudonné mais de Claude Askolovitch du Nouvel Obs) (sic)…(…) La corrida était ouverte, il ne restait que la mise à mort. La messe était dite, irrévocable, irrémissible : Dieudonné était antisémite ! Quelle horreur ! Pourtant la surenchère ne prit point fin.

Du côté des Noirs, disais-je, la tribu Kâ commença à faire parler d'elle, par des ratonnades physiques et verbales sur "des juifs qui s'attaquent aux Noirs". Leur leader, Kemi Seba avait été le représentant français de la N.O.I. (Nation Of Islam) dirigée par le révérend Farrakhan. Il y avait appris la persécution millénaire au plus, pluriséculaire au moins, de son peuple et entendait participer au réveil des consciences des siens qu'il chérissait au-delà de tout et qui furent persécutés de tout temps. Il se mit à organiser des réunions régulières (devinez où ?) …au théâtre de la Main d'or dont Dieudonné est propriétaire dans le 11ème arrondissement de Paris. Des chercheurs noirs initièrent des travaux pour justifier de l'exploitation des Noirs non plus exclusivement par des Européens, mais aussi et surtout par des juifs, qui s'étaient enrichis grâce à ce commerce odieux.
De là à semer confusion et amalgame dans des esprits en mal de repères, de solutions à leurs problématiques existentielles, il n'y eut qu'un pas que beaucoup franchirent. Non point qu'ils se mirent à "casser du juif", mais ils se mirent à lui attribuer la responsabilité (non exclusive cependant, ne soyons pas manichéens), de leur insularité sociale. Il y eut aussi Youssouf Fofana qui permit de comprendre l'impact désastreux des thématiques ethniques dans des esprits gangrenés par la misère sociale, la promiscuité, l'analphabétisme et la bêtise. Bientôt le CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires) vit le jour, dans la foulée d'une conférence à Jussieu à laquelle je participai le 10 septembre 2005, engendrant avec lui la fronde d'autres associations préexistantes et la palabre commença au sein des collectifs négrophiles, comme si bien savent le faire les nègres. On assista bientôt à l’émergence flagrante d’une floraison d’opportunistes noirs tels Dodag Dogoui, autrefois candidat « France Diversité » aux élections européennes, qui se déculottant face à Nicolas Sarkozy, lui offrit ses services en quêtant quelconque subside que le maître de céans consentirait à lui octroyer dans son infinie magnificence, pour services rendus à « la cause » ; et je me confortai dans les analyses qui me poussèrent autrefois à quitter la dite liste pour les minorités. Mains l’on eut aussi un certain « Doc Gynéco » et bien d’autres dont l’insignifiance ne mérite de ma part nul commentaire supplémentaire.
Quant à moi, je pris le parti de rester objectif : je ne trancherais ni pour un camp, ni pour l'autre, seulement à la lumière de faits avérés, prouvés. Ma position resterait tout autant neutre au sujet des communautés noire et juive.

"J'habite un immeuble où cohabitent des personnes de toutes confessions et de différentes origines", expliquai-je. "Ma voisine de palier est une juive marocaine avec qui j'ai d'excellents rapports. Parmi vous mes étudiants, se trouvent des personnes de confession juive. Suis-je fondé à manifester un comportement discriminatoire basé sur des considérations confessionnelles ? Si je devais descendre aussi bas, alors, j'estime que je n'aurais plus ma place de pédagogue ici, devant vous". "L'homme, ajoutai-je, doit être déterminé par ses actes et non par une hérédité psychosociale qui le figerait dans une position indépendante de ses choix propres". Faire acte d'individuation, d'interpersonnalité, de communication et d'empathie est à la portée de tous. Plus encore, c'est le principe élémentaire du lien social, concept anthropologique fondateur de toute société humaine.
Si je considère mon destin social dans un pays, je ne puis faire abstraction des nécessaires et indispensables codes, échanges, rites de cette société, en même temps que je me dois de les comprendre comme autant de complémentarités dans la diversité.
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De Dieudonné à Sarkozy:Ou qui perd gagne...Par Henri Georges :: Commentaires

Chez Nicolas Sarkozy

J'ai déjà illustré plus haut par des exemples, l'opportunisme de Nicolas Sarkozy, je vais m'atteler à en démontrer l'instrumentalisation face à l'inexorable marche des revendications qu'il pressentit. Sentant grossir celles des Noirs, il décida que l'immigration serait choisie et non plus subie, superbe slogan pour bien faire comprendre la légitimité de ses actions de nettoyage du territoire de la vague immigrée menaçante. Ainsi, les Noirs les plus instruits auraient le droit d'entrer en France pour une période limitée, et les autres seraient contraints de rentrer chez eux, par toutes voies légales, voire physiques. L'Afrique n'a qu'à mourir pour que la France vive ! Guère d'immigrés illettrés ici ! Ainsi, une carte de séjour « compétences et talents » serait délivrée aux ressortissants étrangers « susceptibles de participer (...) au développement économique ou au rayonnement (...) de la France dans le monde ». Ce que Monsieur Sarkozy évita de dire, c'est que toutes ces actions de bonne volonté apparente s'initiaient d'abord d'un calcul politique assez subtil. En effet, "la Commission européenne part du constat qu'entre 2010 et 2030, aux taux d'immigration actuels, la population active de l'Europe des 25 diminuera de 20 millions de travailleurs.

Elle souligne que, bien que l'immigration en soi ne constitue pas une solution au vieillissement de la population, des flux d'immigration plus soutenus pourraient être de plus en plus nécessaires pour couvrir les besoins du marché européen du travail et pour assurer la prospérité de l'Europe."

Pour Sarkozy, l'immigration "choisie" se déclinerait aussi au niveau quantitatif, le gouvernement proposant chaque année des quotas en visas et titres de séjour en fonction des besoins français en main-d'oeuvre étrangère. Les conditions de regroupement familial seraient durcies : l'immigré(e) devra être en France depuis au moins dix-huit mois contre un an actuellement, pour faire venir sa famille, et devra prouver qu'il peut faire vivre sa famille avec son salaire pour la faire venir (les prestations sociales ne seront pas prises en compte dans le calcul).
Nicolas Sarkozy entend également supprimer la régularisation "automatique" prévue dans la loi au bout de 10 ans sur le territoire français. Le mariage avec un Français ne donnerait plus automatiquement le droit au séjour : un immigré en situation irrégulière qui se mariera avec un ressortissant Français devra attendre trois ans de vie commune et démontrer qu'il respecte le contrat d'accueil et d'intégration que le ministre de l'Intérieur veut créer, avec notamment une exigence de niveau de langue

Ensuite, la discrimination positive. Ce fut un des leitmotivs de Dieudonné aux débuts de son engagement militant pour les mélanodermes de France. Sarkozy l'a reprise politiquement à son compte. Seulement, chez cet homme, elle se légitime moins de la bonté d'âme de son pourfendeur que d'une quête incessante de différentiation au regard des aux autres politiques, par rapport à ce qu'il considère (à raison d'ailleurs), comme de la frilosité politique. Mais, Sarkozy est surtout un opportuniste futé qui sent tourner le vent. Les affaires Dieudonné ont fait grand bruit, mais qui en a tiré un bénéfice politique ? Sarkozy ! Comment ? Par des actes symboliques qui, donnant l'illusion de son pragmatisme en politique, s'apparentent à une improvisation, une gestion au coup par coup, et donc mercenaire de la politique. Et, je le clame haut et fort, sur le long terme, cette gestion circonstanciée est une attitude dangereuse ! L'homme politique se doit d'être un visionnaire qui, posant des actes lourds par intermittence, porte dans son projet, l'essence de son dessein, le destin d'un Etat, l'idéal d'un peuple.

Sarkozy fut ébranlé par les incendies du 9ème arrondissement de Paris du 15 avril 2005, du 26 août 2005 dans le 13ème arrdt, du 29 août 2005 dans le 3ème arrdt, et du 04 septembre 2005 à l'Haÿ-les-Roses, preuves ostensibles de son incompétence et surtout de sa duplicité. Ces drames justifièrent le grondement de moins en moins sourd des Africains. Incompétence disais-je ? Celle d'un ministre de l'intérieur dont le rôle premier est d'assurer la sécurité des personnes résidant en France, quel que fut leur statut.
Alors, il en transfère la responsabilité à la mairie de Paris. La décentralisation lui en a-t-elle procuré les moyens ? La mairie, obligée de louer des chambres d'hôtels pour héberger des personnes en mal de logements, alors même que les services de l'Etat disposent de locaux, d'immeubles, de bâtiments pouvant être réquisitionnés par des préfets pour assurer des hébergements.
Et c'est ici qu'intervient la duplicité. Pas de mixité sociale en matière de logement et absence flagrante de volontarisme d'Etat pour assurer l'hébergement de centaines de familles pourtant installées légalement et professionnellement intégrées, mais exclues des priorités gouvernementales en matière de politique du logement !
Alors, Monsieur Sarkozy qui comprend l'opportunité politique qu'il y a à se poser en gestionnaire pragmatique des problématiques humaines, décide au lendemain des incendies, d'expulser manu militari des familles d'immeubles dits insalubres, afin d'éviter d'autres accidents causés par des propriétaires véreux et se pose dès lors en défenseur de personnes démunies et sans papiers qui seraient "si bien chez elles en Afrique". Monsieur Sarkozy poussera même son cynisme jusqu'à déclarer : "Il faut fermer tous ces squats et tous ces immeubles pour arrêter ces drames et c'est ce que j'ai demandé au préfet de police parce que ce sont des êtres humains qui sont logés dans des conditions inacceptables". "A force d'accepter des gens malheureusement à qui on ne peut proposer ni travail ni logement on se retrouve dans une situation où on a des drames comme ça" . L'inversion de la problématique par un subtil positionnement en garant de la sécurité face à la précarité lui permit alors d'échapper aux conséquences politiques d'un nouveau drame. Voilà Sarkozy se posant en ardent humaniste qui détruit des vies précaires pour des impératifs humanitaires.

Pourtant, Sarkozy n'entend pas être taxé de "négrophobie". Il veut bien des Africains, mais de "bons" Africains ; pas ceux-là qui bénéficient allégrement des allocations gracieusement offertes par l'Etat, mais de ceux qui ont fait de grandes études. Ainsi, il réussit subtilement la manoeuvre de la division en légitimant certains qui adhèreront à l'expulsion des autres, sans broncher.

Ce que Monsieur Sarkozy oublie de signaler, c'est qu'ils sont déjà là ces Africains instruits, à nettoyer les rues, les super et hypermarchés, à faire de la manutention, de la plonge dans les arrière-salles des restaurants huppés, à faire les vigiles pour subsister…
Que va-t-il en faire de ceux-là ? Sur leur sort, Monsieur Sarkozy a une idée lumineuse : beaucoup sont sans-papiers, c'est la raison de leur chômage et de leurs galères !
Alors, on va les régulariser au cas par cas, en tenant compte de leur situation familiale, etc. En substance, tu as des diplômes et peux justifier d'un revenu, voire d'une attache familiale, tu resteras dans l'eldorado…Tu n'en as pas et on te propose 11 000€ si tu as femme et enfants pour déguerpir ; tu feras ainsi de la place à ceux qui la méritent. Pragmatique Monsieur Sarkozy ? Non ! Astucieux, cynique et diabolique ! Simplement, Monsieur Sarkozy oublie peut-être un élément non négligeable à mes yeux, dans son plan de déportation d'intellectuels africains : Ils ne viennent plus ici pour effectuer des travaux subalternes, des tâches alimentaires, mais faire carrière à hauteur de leurs compétences. C'est donc tout naturellement qu'ils aspirent aux mêmes traitements que leurs compères occidentaux.
Le nombre des actifs devrait stagner ou diminuer légèrement à l'horizon 2040 , et celui des "inactifs âgés" (les plus de 60 ans) dont le nombre serait multiplié par deux. Selon l'INSEE , en 2050, un habitant sur trois serait âgé de 60 ans ou plus, contre un sur cinq en 2005 (…).
Il faudra donc de la main d'œuvre pour s'occuper de tous ces grabataires, et ce ne sont sûrement pas les diplômés africains qui le feront. De même, selon le CREDOC, les secteurs les plus demandeurs de main d'œuvre ne sont pas des secteurs de haute technicité, exception faite des nouvelles technologies qui sont en progression : ce sont la restauration, les carrières médicales et paramédicales…
Comment faire donc pour que cette population choisie ne devienne un nouveau fardeau pour la France ? Nouvelle trouvaille du génie Sarkozy ! On leur fera signer des engagements de retour chez eux, au terme de leur formation, de même qu'on durcira davantage les textes sur le droit de la nationalité, de manière à éviter des mariages avec des ressortissants français. Toutes ces mesures dissuasives éviteraient à la collectivité de "les subir", après les avoir "choisis". Tout un programme !
Dans son jeu de chaises musicales où les chaises prennent une impitoyable forme humaine, Monsieur Sarkozy démontre son profond irrespect pour les nations africaines et prolonge l'imaginaire néo-colonial en se posant en défenseur de la légalité.

En réalité, cet homme est un piètre stratège qui se joue des drames humains que son ambition hypertrophiée occasionne. Seuls comptent les chiffres, lisibles, parlants, péremptoires pour le peuple qui s'affranchit ainsi de toute réflexion et assimile son excitation effrénée à de l'efficacité.
Ainsi se vante-t-il des : "Expulsions sans relogements du squat de Cachan avec jeu de ping-pong entre Etat et mairies, Expulsions aveugles d'enfants de France vers des terres inconnues, 30 000 demandes de régularisations, 7 000 effectives…" Quid des 27 000 personnes ou familles non régularisables ? Nulle communication sur le sujet ! Seule compte la réitération politicienne de l'intransigeance du ministre de l'intérieur nous assourdit. Dans son genre, Sarkozy est comme Hoederer (in "Les mains sales" de J.P. Sartre) pour qui seule la fin justifiait les moyens.
Ainsi, à la suite des émeutes dans les banlieues, que sa télégestion politique a soulevées, il dilue sa co-responsabilité en se trouvant un coupable : l'Africain polygame, bien aidé en cela par des intellectuels à l'analyse apocryphe tels Hélène Carrère d'encausse (Cf. La polygamie des Africains en cause par Henri Georges Minyem ). Son flair ici aussi lui offre une formidable occasion de s'illustrer en pompier pyromane et en référence en matière d'autorité garante du respect des instances républicaines dont la très musclée police. Et l'"homme d'action" de trancher : "ce sont des jeunes désocialisés qui n'aiment pas la France et qui, pis, ne sont même pas français" : il va procéder à leurs expulsions. La cause est entendue : l'illégal séjour des familles dans les cités est la cause des émeutes, et non pas leur origine sociale ! Et la nuance est de taille, car tout compte fait, parmi les émeutiers figure quantité majoritaire de jeunes français des troisième et quatrième génération, alors qu'en tenant compte de la situation statutaire, l'on s'aperçoit que les familles polygames sont plus enclines sociologiquement à souffrir d'inéquité structurelle aisément favorisée par l'illégalité de leur statut administratif. Raccourci bientôt repris par des sociologues du samedi soir, qui s'empresseront de nous conforter dans nos prénotions, fortement présupposées, mais surtout dans nos frayeurs mises à mal par ces "sauvageons" des banlieues qui cassent nos véhicules. Sans leur témoigner quelconque excuse, je me permets de réitérer qu'il s'agit avant tout de fils de la République France.
Bientôt, la communauté réactionnaire de se gausser des galéjades de ce quinqua à la démarche assertive dont le pays aurait bien besoin face à l’obsession sécuritaire et de se perdre en philippiques sur ces populaces dont la chasse aux allocations est la seule véritable aspiration. Grâce à la pantalonnade de notre héros Sarkozy, la société exsuda par son assentiment muet l’écume de ses révoltes sournoises. Dithyrambes tendancieuses pour une réalité bien plus complexe.

Et puis, tantôt, empruntant à Le Pen et De Villiers, Sarkozy affirmera : "Aime la France ou quitte-la". Pas de juste milieu, mais bel et bien le biais détourné d'une incitation musclée à taire sa différence et à créer du même ; L'uniformisation sociale implicite dans un tel slogan a pour but d'asservir sans susciter d’amélioration, rien qu'une alternative indiscutable. Voilà comment d’une démocratie, on glisse vers le totalitarisme en feignant d’accroître la légitimité de l'institution républicaine. Mais c'est aussi une puissante arme à niveler vers le bas, à exclure la réflexion, à uniformiser, à créer du même. Cette arme-là, toutes les dictatures l'ont utilisée dans le monde. Ah, Politique-spectacle quand tu nous tiens !
De toute cette gesticulation, je tire plusieurs enseignements dont le principal est le suivant : Nicolas Sarkozy, grâce au tout répressif comminatoire, mesure sa puissance à la terreur qu'il entend inspirer aux personnes fragilisées et qui bien malgré elles, lui apportent en retour la crédibilité et l'hypostase nécessaires à une stature d'homme d'Etat qu'il ne possède pas !!! A ce titre, il instrumentalise le peuple français en utilisant sa fonction ministérielle à des fins d’affirmation personnelle et de légitimité de son image revendiquée de fermeté et de rigueur.
Je réitère qu'à la faveur de son identification anthropomorphique à la raison prophétisée, surtout favorisée par sa fonction politique, Nicolas Sarkozy s'incarne en zélateur métempsychotique d'une réalité qui bien souvent échappe à la pertinence de son analyse sociétale. Dans le monde industriel, on appelle cette catégorie laborieuse : "les opérationnels", certains parleront de « tacticiens », par opposition aux stratèges.
Ce déficit de pertinence, de substance, couplé à une nature conquérante transforment son impétuosité en boulet, comme l’illustrent ses propos récents sur la justice à Bobigny, suscitant la fronde des magistrats, ou en se rendant outre-atlantique servir de faire-valoir français à la calamiteuse politique impérialiste de Georges Bush. Cet homme, que Dieu un jour prochain, dans son infinie bonté, accueillera auprès de lui, restera, en ce qui me concerne, le président américain le plus crétin, abruti, insipide de toute l'histoire des Etats-Unis. Mon regard posé sur cet homme depuis 2001 m’éclaire qu’il n' y a aucune stratégie chez Bush, rien que des aperceptions, des présupposés et des certitudes, vous savez, comme celles que l'on se fait autour d'une table bien garnie et d'un bon vin avec en apéritif une doctrine implacable, meurtrière : le fanatisme doublé d’un dogmatisme pragmatique…Voilà la politique réduite à son expression la plus insignifiante par la plus grande des Nations modernes, par le biais d'une attaque terroriste.
De là à s'interroger sur le sens et les valeurs, voire sur la pérennité de notre civilisation, il n'y a qu'un pas. Et c'est cet homme-là qui adoube Sarkozy, illustration d'une proximité de "pensée" et d'une orientation géopolitique du monde.

Ainsi va la France, notre patrie bien-aimée qui, à coup de slogans politiques captieux, sera de nouveau conduite, si nous le décidons, vers une nouvelle forme de despotisme (Sarkozysme?) "éclairé" dès le mois de mai de l'année prochaine.

Entre-temps, celui grâce aux déclamations duquel Sarkozy aura su apparaître en chantre de l'égalité républicaine est accusé d'incitation à la haine raciale, agressé physiquement et verbalement, honni et banni des scènes artistiques nationales. Sur lui se déversent des torrents de haine et d'opprobre et sa communauté ethnique qui n'aura su le défendre et le mettre en valeur s'en détache, en faisant une icône à qui l'on n'ose témoigner reconnaissance. Tel était le sens de ma lettre de mars 2005 : L'as-tu lue Dieudonné ? L'as-tu bien lue ?

Henri Georges Minyem
Chercheur en sciences sociales EHESS-PARIS
http://www.georgesminyem.com

http://grioo.com/info8002.html
 

De Dieudonné à Sarkozy:Ou qui perd gagne...Par Henri Georges

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