UE-ACP : le grand tournant de 2008
Anne-Marie Mouradian
(Photo RFI)
Les négociations d’accord de partenariat économique entre l’Europe et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique se poursuivent discrètement, sans faire la une des médias. Et pourtant, elles entraîneront une véritable révolution avec la libéralisation progressive, à partir de janvier 2008, des échanges commerciaux entre l’Union européenne et l’Afrique. Il est encore très difficile d’en prévoir l’impact réel sur les économies africaines mais les rapports d’experts se multiplient au fur et à mesure qu’approche l’échéance.
Ainsi, une récente étude, commandée par la Direction générale du commerce de la Commission de Bruxelles, porte sur l’avenir des services financiers en Afrique centrale (pays membres de la CEMAC plus République démocratique du Congo et Sao Tomé & Principe). La libéralisation devrait, selon le rapport, profiter aux consommateurs en stimulant en principe, la concurrence entre banques aujourd’hui majoritairement françaises. Mais actuellement, moins de 5% de la population d’Afrique centrale a accès aux services bancaires, la majorité de la population ayant recours à la micro finance. Par ailleurs, rien ne permet d’affirmer que la libéralisation permettrait à une banque africaine de s’installer en Europe pour concurrencer, par exemple, la Western Union qui assure les transferts de fonds des migrants africains. Ce serait pourtant une bonne chose, vu les coûts très élevés de ces transferts.
Une autre étude porte sur l’avenir du marché horticole en Afrique orientale et australe. Le marché, destiné quasi exclusivement à l’exportation vers l’Europe, se chiffrait, en 2004, à 485 millions d’euros. Champion incontesté des exportations de fleurs et haricots vers l’Europe, le Kenya est suivi, de très loin, par le Zimbabwe, la Zambie, l’Ouganda, sans oublier un nouveau venu, l’Ethiopie, qui démarre très fort. Le secteur occupe 300 000 personnes dont 60% de femmes. Il bénéficie d’importants investissements étrangers: les Hollandais, notamment, ont beaucoup investi et délocalisé dans la région une partie de leur production. Et les experts de prédire, après la libéralisation, de nouvelles envolées de roses kenyanes vers les marchés européens
par Anne-Marie Mouradian
[23/09/2006]
http://www.rfi.fr/actufr/articles/081/article_46342.asp