La sécheresse soutient les cours du coton
Traditionnellement porté par la demande, le marché du coton est en ce moment travaillé par l’évolution de l’offre. Mardi la livre cotait 56 cents 76 pour une livraison en décembre, un pic de six semaines alimenté par les craintes sur la récolte américaine. Celle-ci risque de baisser à cause de la sécheresse qui sévit actuellement aux Etats-Unis. Par conséquent l’offre du premier exportateur sur le marché mondial va s’en trouver réduite d’autant.
Le principal état producteur de coton, le Texas, pourrait voir sa production passer de huit à quatre millions de balles. Dans l’attente des premières estimations basées sur des données concrètes que l’administration américaine publiera dans une dizaine de jours, le négoce reste extrêmement réservé, une récolte américaine de 18 millions de balles aurait un effet haussier, mais au delà des 19 millions de balles, la baisse l’emporte.
L’autre information pouvant doper les cours concerne la suppression du «step two», c’est-à-dire l’aide à l’exportation que Washington a fini par démanteler pour se conformer au jugement de l’Organisation mondiale du commerce. Depuis le début de la semaine les exportateurs américains ne peuvent plus en bénéficier, une nouvelle donne dont les premiers effets commenceront à se faire sentir à l’automne quand le coton commencera à rentrer dans les entrepôts financés par les deniers publics. Il ne sera plus aussi aisé de le mettre sur le marché mondial sans cette aide qui rendait le coton américain compétitif même quand les cours montaient trop haut.
Toutes ces informations en provenance des Etats-Unis ne suffisent pas à rassurer les négociants européens sur la campagne 2006-2007, car si une des clés du marché réside à l’Ouest chez le premier producteur, l’autre est à l’Est, chez le premier consommateur, la Chine qui est aussi premier producteur mondial. Les nouveaux quotas d’importations annoncés pour le mois d’août ne sont toujours pas délivrés et leur émission est maintenant liée au sort de la récolte du Xinjiang.
Pour écouler cette production plus chère que le marché mondial, les filateurs ont le droit d’importer une tonne de fibre pour une tonne achetée au Xinjiang. Un dispositif opérationnel jusqu’à la fin du mois. Comme ils doivent payer cash ces achats locaux, ils les retardent au maximum, pour exporter vers la Chine. Il faudra attendre l’automne et peut-être affronter à ce moment là la concurrence de l’Inde dont la récolte est, paraît-il prometteuse.
Toutes ces inconnues sur l’évolution de l’offre et de la demande laissent les fonds de marbre. Alors que le négoce vend, ils sont en ce moment acheteurs. Le gérant d’un fonds anglo-saxon ne serait pas étonné de voir la livre de coton grimper jusqu’à 70 cents.
La chronique reprendra le 11 septembre.
par Dominique Baillard
[04/08/2006]
http://www.rfi.fr/actufr/articles/080/article_45408.asp