Les aléas de l’économie indienne pèsent sur le marché du sucre
Il a suffi que l’Inde prolonge la suspension de ses exportations de sucre raffiné jusqu’en mars 2007 pour que le cours du
sucre blanc fasse un bond sur le marché de Londres. La semaine dernière la tonne a grimpé jusqu’à 497 dollars, le cours le
plus haut depuis 4 semaines. Mais la décision indienne contestée par les raffineurs pourrait être remise en cause dans les
jours qui viennent, ce qui ne manquerait pas d’avoir un nouvel impact sur un marché mondial où l’Inde joue un rôle
grandissant. Après avoir opéré un retour à l’exportation en vidant ses silos, l’Etat a encouragé la culture de la canne, les
surfaces plantées ont augmentées, tout comme la production de sucre et d’alcool. Pour cette campagne les exportations
avoisineraient le million de tonne, elles quadrupleraient l’année prochaine, faisant de l’Inde le troisième exportateur derrière
le Brésil et l’Australie. Pour éviter que la denrée se raréfie à l’intérieur du pays, le gouvernement avait mis en place un
système de licence autorisant les industriels à importer du sucre roux pour réexporter du sucre blanc dans un délai de
trente-six mois.
Un système qui pâtit aujourd’hui de la politique récemment mise en place pour lutter contre l’inflation. Car, afin de calmer la
hausse des prix des produits de base, New Delhi a suspendu les exportations de légumes secs et… de sucre, y compris celles
prévues par ce système de licence, d’où la colère des industriels. Beaucoup de navires sont actuellement bloqués dans les
ports alors que des contrats ont été passés avec des négociants. Les raffineurs envisagent de porter plainte contre l’Etat , à
moins que la décision ne soit modifiée, ce qui ne devrait pas gêner le marché domestique puisque le prix du sucre a baissé la
semaine dernière. L’issue de ce bras de fer intéresse au plus haut point les traders car on comptait beaucoup sur l’Inde pour
pallier le défaut des exportations européennes en voie d’extinction en raison de la réforme du régime sucrier. Une autre
affaire préoccupe le négoce selon Denis Goncalvès de Kingsman, qui pourrait cette fois avoir un effet baissier sur le marché.
En mer Noire les cargaisons de sucre brésilien destinées à la Russie font du surplace faute de trouver preneur. 450 000
tonnes de sucre flottent actuellement car elles ne correspondent plus aux normes fixées par l’acheteur. Le plus grand
importateur de sucre a récemment changé la règle du jeu en demandant un certificat phytosanitaire qu’un seul port brésilien
est à même de délivrer. Coïncidence, Moscou s’attend à une excellente récolte de betterave.
par Dominique Baillard
http://www.rfi.fr/actufr/articles/079/article_45029.asp
[13/07/2006]