Le scandale de la faim en Afrique ( 09/06/2005 )
Stratégie volontariste des états africains ou volonté occidentale de continuer à dominer l'Afrique
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Une partie de l’Afrique a faim. Sur une population de quelques 832 à 840 millions d’habitants, 38 millions ne mangent pas à leur faim. On parle des grandes zones, le Sahel, la corne de l’Afrique, une partie de l’Afrique de l’Ouest, mais un rapide diagnostic montre que d’autres pays non cités sont aussi concernés, comme l’Angola, le Mozambique, le Zimbabwe et la majeure partie africains qui n’arrivent pas à nourrir leur population. Une des questions fondamentales que se pose le monde entier est pourquoi les africains ne s’en sortent pas au-delà de l’aide financière qu’ils reçoivent, des protocoles de coopération que ces pays établissent le monde occidental.
La réponse tient essentiellement dans l’incapacité des pays africains à construire une stratégie alimentaire pour leurs pays. L’observation des relations internationales montre que l’insertion de l’Afrique dans le Monde « moderne » après l’effondrement du rideau de fer, se traduit négativement par une accélération et une sédimentation des famines que je qualifie de modernes. Les famines modernes sont liées à une stratégie machiavélique de certains pays africains qui obtenir plus d’aide de l’Occident en terme de compensation laisse pourrir la situation en gaspillant les stock de sécurité alimentaire et en demandant aux organisations non gouvernementales d’être des relais auprès des pays donateurs. La question centrale est de savoir pourquoi ce machiavélisme sociétal.
En demandant l’aide aux occidentaux, les pays africains peuvent écraser tranquillement les revendications politiques de leurs populations au nom de l’urgence alimentaire et de la nécessité d’organiser des mouvements d’union nationale pour sauver le développement. Le développement n’est qu’un alibi qui permet aux hommes politiques africains, et de façon consciente, d’affamer les populations, ce qui leur permet d’atteindre plusieurs objectifs : sur le plan intérieur éviter la contestation car comme dit le dicton « ventre affamé n’a point d’oreille » et donc n’entend pas, ce qui permet de légitimer les fausse mobilisations pour la sécurité alimentaire et d’asseoir ainsi la légitimité politique du pouvoir. Cette légitimité permet sur le plan interne d’orchestrer les distributions de nourriture venant des donateurs étrangers sous forme d’aide bilatérale, multilatérale, ou non gouvernementale. Les pouvoirs politiques en place grâce à la famine peuvent contrôler certaines populations gênantes ou opposantes par le biais de l’arme de la faim.
Les pays africains peuvent ainsi accélérer la procédure d’allégeance des populations opposantes et orchestrer la distribution de l’aide alimentaire en fonction de leurs propres critères qui souvent sont ethniques. Ce vaste puzzle interne est organisé sans contrôle au nom de la souveraineté nationale. La question face à cette situation n’est-elle pas de laisser les pays africains travailler pour essayer de s’en sortir. L’aide doit être conjoncturelle et non structurelle. En structuralisant l’aide les dirigeants africains trouvent là un moyen sympathique de ne rien faire alors que nos pays ont été bénis par les dieux dans le domaine des ressources naturelles, forestières et hydrauliques.
Il manque un élément : le volontarisme politique qui conjugué à l’organisation peut aboutir à des résultats intéressants, il suffit de regarder le cas de la Chine et de l’Inde. Sur l’autre versant de la question la famine ne fait pas que des heureux parmi les pays africains, elle rend les pays occidentaux heureux car tant qu’il existera des crises alimentaires conduisant à la famine les pays du tiers monde seront toujours dominés. Plusieurs études ont montré qu’il était possible par une coopération organisée et efficace de prévenir les famines, et comme l’écrit le Prix Nobel d’Economie Amartya Sen d’origine indienne, la prévention des famines met en jeu des mesures si faciles que la véritable énigme tient à ce qu’elle continue de sévir.
On peut se demander pourquoi la réponse tient au fait que la famine génère plusieurs activités économiques comme le charity business, comme l’aide liée, comme la coopération compensatrice qui se traduit par la victoire du Nord contre le Sud. Qu’une partie du Sud, c'est-à-dire l’Afrique noire, arrête de se lamenter et de se plaindre et qu’elle nourrisse ses populations en travaillant et en s’organisant au lieu de passer son temps à faire la guerre.
Lucien Pambou