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 Coluche 20ans après

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mihou
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mihou


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Coluche 20ans après Empty
19062006
MessageColuche 20ans après

http://www.liberation.com/page.php?Article=391283#

Société

Olivier Mongin, philosophe, revient sur l'esprit du comique, vingt ans après sa
mort:


« Contrairement à Dieudonné, Coluche n'enferme pas »


Par Renaud DELY


lundi 19 juin 2006





Il y a tout juste vingt ans, le 19 juin 1986, Michel Colucci, dit Coluche, se
tuait à moto sur une petite route près de Grasse (Alpes-Maritimes). Il avait 41
ans. «C'est un mec, y meurt...», titrait Libération, le lendemain. Après son
César pour Tchao Pantin et la création des Restos du coeur, Coluche, découvert
par le grand public une douzaine d'années plus tôt, était alors au sommet de sa
gloire. Ses sketches avaient inauguré une nouvelle forme de rire, repoussant
convenances et limites. Et la télévision lui permettait d'aller toujours plus
loin, en direct, dans la provocation. Corrosif, Coluche moquait sans pitié les
puissants en tout genre, quitte à verser dans ce que l'on n'appelait pas encore
le populisme. Sa gouaille brocardait toutes les communautés, des Arabes aux
juifs, en passant par les Noirs, les homosexuels, les femmes... Avec une nette
prédilection pour l'universelle catégorie des cons... Bref, le bouffon amer
appliquait l'axiome de Pierre Desproges, disparu deux ans plus tard, selon
lequel «on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui». Vingt ans de
«politiquement correct» plus tard, ses saillies seraient-elles encore tolérées ­
et applaudies ­ par une société corsetée d'interdits moraux ? En 2006, pour un
Jamel qui parle du racisme, combien de Dubosc ou de Bigard se contentent
d'empiler les vannes «apolitiques» sur la vie quotidienne ?

Philosophe et directeur de la revue Esprit, Olivier Mongin a récemment publié De
quoi rions-nous ? Notre société et les comiques (Plon). Il analyse la
spécificité du rire de Coluche. Et son actualité.

Quel type de rire a inventé Coluche ?

Coluche, c'est le premier comique de l'après-68. Il marque la véritable sortie
du comique d'après-guerre qui s'en prenait au rural (Fernand Raynaud, Bourvil)
ou qui faisait du comique troupier (Robert Lamoureux). Coluche, lui, est d'abord
un homme de radio, formé par Jean Yanne et Maurice Biraud. Il entre dans le
monde de la télévision, mais n'en subit pas la loi ; elle ne le formate pas. Sa
force, c'est qu'il s'invente un personnage, un saltimbanque, qui lui permet de
décliner toute une série d'autres personnages. Il y a le costume ; la salopette,
les chaussures jaunes, le badge «Coluche» qu'il porte le jour de son premier
passage à la télévision ; mais au-delà, il est d'une mobilité tout à fait
inédite. Il n'est pas dans le clip télé. Il est capable de faire du récit. Le
sketch matriciel, L'histoire d'un mec, dure plus de dix minutes ! En fait, c'est
l'histoire du mec Coluche racontée par plein d'autres mecs.

Sur quels ressorts joue-t-il ?

Coluche est indissociable de la scène : il existe par la scène. Il associe corps
et langage et est dans une relation très forte avec un public très demandeur,
dans un jeu de discussion, d'excitation. Ainsi, il sait très bien jusqu'où il
peut aller. C'est à la fois un vanneur et un fouteur de bordel. Il y a un côté
cour de récré.

Peut-on qualifier son rire de populiste ?

Non, je ne pense pas. Parce qu'à l'inverse du rire identitaire ou du rire
raciste qui enferme, Coluche, lui, renverse. Il n'est pas dans le durcissement
identitaire : il pratique le renversement carnavalesque. Plutôt qu'un populiste,
c'est un démiurge. Un personnage devient un autre personnage : le petit devient
le gros, l'Arabe est CRS, etc. Coluche bouscule les identités, entrechoque les
personnages. A travers ses sketches, on pourrait raconter l'histoire de France
des années 70 à 86. Dans le Schmilblick, il joue toute une série de figures de
la société émergente. Et dans ses spectacles, il finit par mettre en avant le
marginal : le Noir, le paumé, l'Arabe. Il parvient même à faire rire du pauvre.
Bref, Coluche fait parler les victimes sans les enfermer dans leur statut de
victimes.

Est-ce qu'aujourd'hui certains sketches ne se heurteraient pas au «politiquement
correct» ?

Ce n'est pas évident. D'abord parce qu'il y avait un Coluche insupportable qui
est devenu supportable. Les Restos du coeur et une sorte de momification du
personnage sont passés par là. A l'époque que nous vivons, ses prestations qui
passent le mieux sont sûrement ses sketches identitaires. Coluche est le premier
à avoir traduit les questions de la décolonisation et de l'immigration dans le
comique. Je ne pense pas qu'aujourd'hui un Noir ou un juif supporterait mal l'un
de ses sketches. En revanche, peut-être ceux qui portent sur le viol et sur des
questions de moeurs seraient-ils moins bien acceptés. Le contexte est, sur ces
sujets-là, très différent. En fait, le formatage de la télé et le monde du rire
contraint font qu'on rit sans doute de façon beaucoup moins osée. Des limites
sont apparues, pas tant sur les thèmes, que sur la manière d'en rire.

Il est arrivé à Dieudonné de se revendiquer de Coluche. A juste titre ?

Aujourd'hui, tout le monde se réclame de Coluche. Jamel l'appelle «notre mère à
tous». Mais la grande différence, c'est que les sketches identitaires de Coluche
partent du Belge et du Suisse, qui ne font d'ailleurs plus rire personne, pour
introduire le Noir, le juif et l'Arabe. Il ouvre, et il fait bouger les choses
et les identités. Contrairement à Dieudonné, lui n'enferme pas. Et la générosité
qui double sa cruauté et sa crudité permet de s'identifier à ses personnages.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=391283
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