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 Ombres des Lumières : Hegel (3)

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AuteurMessage
Delugio
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Delugio


Nombre de messages : 107
Date d'inscription : 29/05/2005

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09062005
MessageOmbres des Lumières : Hegel (3)

Citation de Hegel, La raison dans l'histoire, traduction Papaioannou, éd. 10/18, p. 259-262 (3)


Une telle dévalorisation de l'homme explique que l'esclavage soit, en Afrique, le rapport de base du droit. L'unique rapport essentiel que les nègres ont eu, et ont encore avec les Européens, est celui de l'esclavage. Les nègres n'y voient rien de blâmable, et traitent en ennemis les Anglais qui ont pourtant fait plus que tous les autres peuples en faveur de l'abolition du commerce des esclaves et de l'esclavage. Pour les rois, en effet, il est d'importance primordiale de vendre leurs ennemis prisonniers ou même leurs propres sujets, et en ce sens l'esclavage a contribué à éveiller un plus grand sens de l'humanité chez les nègres. Ils sont réduits en esclavage par les Européens et vendu en Amérique, et pourtant leur sort dans leur propre pays est presque pire, dans la mesure où ils y sont soumis à un esclavage aussi absolu. L'esclavage suppose en effet, de façon générale, que l'homme n'a pas encore la conscience de sa liberté, et qu'il tombe ainsi au niveau d'une chose, d'un objet sans valeur. Dans tous les royaumes africains connus des Européens, l'esclavage est une institution indigène et domine naturellement. Mais la distinction entre maîtres et esclaves est fondée seulement sur l'arbitraire. La leçon que nous pouvons tirer de l'état d'esclavage qui existe chez les nègres, leçon qui constitue le seul aspect intéressant de la question est celle que nous connaissons déjà pour l'avoir déduite de l'idée, à savoir que l'état de nature est, par lui-même, l'état de l'injustice absolue et complète. De la même façon, tous les degrés intermédiaires entre cet état et la réalité de l'État rationnel comportent encore des éléments d'injustice. C'est pourquoi nous trouvons encore l'esclavage dans l'État grec et dans l'État romain, et que le servage s'est perpétré jusqu'à l'époque de récente. Mais dans la mesure où il prend place à l'intérieur de l'État, l'esclavage est en lui-même un moment du progrès par rapport à la pure existence isolée et sensible, un moment d'éducation, une sorte de participation à une vie éthique et culturelle supérieure. L'esclavage est une injustice en soi et pour soi, parce que l'essence de l'homme est la liberté. Mais pour arriver à la liberté, l'homme doit acquérir d'abord la maturité nécessaire. L'élimination graduelle de l'esclavage est, pour cette raison, plus opportune et plus juste que son abolition brutale.
L'esclavage ne doit pas exister, car il est en soi et pour soi injuste selon le concept de la chose. Mais le "doit", exprime quelque chose de subjectif, il est, comme tel, non historique. Ce qui manque encore au "doit", c'est la substantialité éthique d'un État. L'esclavage n'existe pas dans les États rationnels, mais, avant l'apparition de tels États, l'idée vraie ne peut exister sous certains aspects, que comme un pur devoir être ; dans ce cas, l'esclavage est encore nécessaire. C'est un moment de passage à degré supérieur. On ne peut prétendre de façon absolue que l'homme, par le seul fait qu'il est un homme, soit considéré comme essentiellement libre. Il n'en est rien chez les Grecs et les Romains eux-mêmes. L'Athénien n'était libre qu'en tant que citoyen d'Athènes et ainsi de suite. Notre idée générale, c'est que l'homme est libre en tant qu'homme ; mais autrement il n'a de valeur que sous quelques aspects particuliers : époux, parents, voisins, concitoyens, n'ont de valeur que l'un pour l'autre. Chez les nègres, cela ne se produit qu'à un faible degré. Les sentiments éthiques, entre eux, sont d'une extrême faiblesse, ou, pour mieux dire, n'existent pas du tout. Le premier rapport éthique, celui de la famille, est absolument indifférent aux nègres. Les hommes vendent leurs femmes, les parents vendent leurs enfants, et inversement, selon le rapport réciproque de puissance qui existe dans chaque cas. La violence de l'esclavage fait disparaître tous les liens de respect moral que nous avons réciproquement, et il ne vient pas à l'esprit des nègres d'exiger les uns des autres ce que nous pouvons exiger chez nous. Ils ne se préoccupent pas de leurs parents malades, si l'on excepte le fait que parfois il vont prendre conseil des sorciers. Les sentiments humains, comme ceux de l'amour et d'autres sentiments semblables, impliquent une conscience de soi qui n'est plus seulement conscience de la personne singulière. Ainsi, dans la mesure où j'aime quelqu'un, je suis conscient de moi dans l'autre ; comme le dit Goethe, j'ai un coeur vaste. C'est un élargissement de moi-même. La polygamie des noirs a souvent pour fin la génération d'un grand nombre d'enfants qui pourront tous être vendus comme esclaves. Ils ne ressentent absolument pas l'injustice du procédé. Cette triste situation prend chez eux des proportions énormes. Le roi du Dahomey a 3333 femmes ; tout homme riche en a plusieurs avec de nombreux enfants qui lui rapportent de l'argent. Des missionnaires racontent qu'un nègre se rendit à l'église des Franciscains et se mit à se lamenter affreusement en disant qu'il était désormais dans la misère, car il avait déjà vendu ses parents, même son père et sa mère.
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