Je n’ai toujours pas lu le livre de Stephen Smith et Géraldine Faes auquel, j’ai paraît-il collaboré puisque je suis cité dix-sept
fois et remercié à la fin. Je n’étais pas au courant. Géraldine Faes était, il est vrai, venue me voir en décembre 2005 pour
une interview à paraître dans Epok, le magazine de la Fnac dont elle est rédactrice en chef. Elle ne m’a jamais parlé de ce
projet. Drôle de déontologie. Il paraît que je suis le «laudateur rémunéré d’Aristide». Si tout le reste est à l’avenant, on
devine que c’est un ouvrage sérieux et que cela vaut la peine de casser sa tirelire pour l’avoir sur sa table de nuit. Enfin, tant
que je ne bouffe pas mes congénères, ça va (dans l’avant dernier livre de Smith, on apprend que les Africains se « bouffent
entre eux»). Smith espérait peut être que j’allais l’envoyer devant la 17e chambre pour faire de la publicité à ce bouquin qui
est un bide. Mais comme disait Aristide : « Parfois, quand on est raciste, on pense que le nègre voit moins loin que le blanc et,
en ce sens, on se trompe… »
Naturellement, hier je n’étais pas au meeting organisé par la Françafrique à la Mutualité. Donc je n’ai pas eu la chance -
comme les quelques centaines d’imbéciles qui ont répondu au matraquage des médias - de croiser Dieudonné allant faire
allégeance au Cran après l’avoir beaucoup critiqué et serrant la main à tout le monde (y compris à Pocrain) , ni Christiane
Taubira qui, comme à l’accoutumée, joue à être là sans y être, ni Roselyne Bachelot qui, paraît-il, parle de mon dernier livre
sans l’avoir lu, ni Patrick Devedjian, un ancien activiste d’extrême droite dont la présence n’avait donc rien de surprenant, ni
Jack Lang qui, décidément, se fait bien vieux. Ah, mon pauvre Jack, ce n’est pas comme ça que tu finiras à l’Élysée ! La route
est encore longue ! Hit the road, Jack !
Même si les politiques qui ont répondu à l’invitation du Cran sont racistes, tout autant que le Cran, il leur a bien fallu aller un
peu lécher les bottes des nègres avant les élections. Quels nègres ? Peu importe : ils se ressemblent tous. Leurs bottes aussi,
surtout quand on est au ras du sol. On remarquera cependant que François Bayrou, président de l’UDF, le parti du
"président" Lozès, n’a pas cru utile, lui, de se déplacer. Une claque pour le Rastignac de Cotonou. Peut-être François Bayrou
était-il, comme moi, à la campagne à bricoler ou à panser ses chevaux ? On n’a pas vu davantage le maire de Paris ni
Christophe Girard. Bizarre, bizarre… Mis à part quelques égarés faméliques, il n’y avait pas non plus d’Antillais. Il est vrai
qu’ils ne sont pas tous assez noirs ni dociles au goût de Lozès et de ses amis.
Pas de nouvelles du zouk honteux que le Cran nous prépare pour le 10 mai. Peut-être pour fêter le vingt-cinquième
anniversaire de l’élection de Tonton ? L’Élysée et Matignon jurent, paraît-il, qu’ils n’ont pas donné un sou. Faut-il les croire,
par les temps qui courent ? On parle d’un remaniement, voire d’un nouveau gouvernement. Patrick Lozès sera-t-il notre
nouveau Premier ministre ? Tin remplacera-t-il Donnedieu de Vabres ? Pap Ndiaye prendra-t-il la place de Douste et
organisera-t-il le nouveau colloque du Cran à La Mamounia? Si tel est le cas, ces bons Français me retireront certainement
mon passeport et m’expulseront de France. D’ici là, j’ai le plaisir de vous annoncer que mon ami René Préval, nouveau
président d’Haïti, (et dont je serai sans doute le « laudateur rémunéré » dans le prochain livre de Stephen Smith) sera
l’invité officiel de la France au mois de juin. C’est, je crois, beaucoup plus important que toute cette agitation de petits
arrivistes complaisants.
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