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 Ombres des Lumières : Hegel (2)

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AuteurMessage
Delugio
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Delugio


Nombre de messages : 107
Date d'inscription : 29/05/2005

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09062005
MessageOmbres des Lumières : Hegel (2)

Citation de Hegel, La raison dans l'histoire, traduction Papaioannou, éd. 10/18, p.245-269 (2)


Tout individu n'a pas ce pouvoir magique qui au contraire est concentré dans des personnes singulières. Ce sont elles qui commandent aux éléments, et cela précisément, a le nom de magie. Beaucoup d'hommes se consacrent exclusivement à ordonner, à prédire et à effectuer ce qui est utile aux individus ou aux peuples. Les rois ont des ministres et des prêtres, parfois organisés en une hiérarchie complète, qui ont officiellement pour fonction de faire des sortilèges, de commander aux forces naturelles et de faire la pluie et le beau temps. Lorsque leurs commandements ont manqué trop longtemps d'efficacité ces faiseurs de sortilèges sont bâtonnés. Chaque pays possède, de cette façon, ses propres sorciers qui se livrent à des cérémonies spéciales accompagnées de toutes sortes de mouvements de danses, de bruits, de cris, et qui édictent leurs ordonnances au milieu de tout ce vacarme. Si l'armée est en guerre et que surviennent des ouragans, qui sont si épouvantables, les sorciers doivent s'acquitter de leur tâche, menacer les nuages, leur adresser des ordres, afin de les apaiser. De la même façon, en période de sécheresse, ils doivent faire pleuvoir. Pour ce faire ils n'invoquent pas Dieu. Le pouvoir vers lequel se tournent ces hommes n'est pas un pouvoir supérieur, puisqu'ils croient produire eux-mêmes ses effets. Pour se préparer, ils se mettent dans un état d'enthousiasme extraordinaire. Avec des chants et des danses furieuses, en mangeant des racines et en buvant des liquides enivrants, ils se mettent dans un état de transe extrême et profèrent alors leurs commandements. Quand ces ordres restent longtemps infructueux, ils désignent parmi les assistants, qui peuvent être leurs parents les plus chers, ce qui doivent être massacrés, et les autres les dévorent. En bref, l'homme se considère comme l'entité suprême qui a le pouvoir de commander. Souvent le prêtre passe plusieurs jours en proie à un état dans lequel il est livré à la folie, tue des hommes, boit leur sang et le fait boire aux assistants. Ainsi quelques hommes seulement ont, en fait, le pouvoir sur la nature, et eux-mêmes ne l'ont que lorsqu'ils s'élèvent au-dessus d'eux-mêmes en un état d'horrible exaltation. Tout cela se rencontre chez des peuples africains sans distinction, chaque peuple et ayant en sus, sur cette base commune, ses institutions particulières. Le missionnaire Cavazzi par exemple, rapporte différentes histoires du même genre à propos des nègres.[...]
Le second moment de leur religion consiste dans le fait qu'ils font de leur pouvoir un objet de représentations extérieures à leur conscience et lui donnent une figure. Ils élèvent à la dignité de génie toute chose qu'ils imaginent avoir de la puissance sur eux, animaux, arbres, pierres, figurines de bois. Des individus se procurent de semblables objets en se les faisant donner par les prêtres. C'est en cela que consiste le fétiche, mot employé par les Portugais et qui dérive de "feitizo", magie. Dans le fétiche il semble que se manifeste une autonomie objective en face du libre vouloir de l'individu. Mais, attendu que cette objectivité n'est rien d'autre que ce même arbitraire individuel parvenant à la contemplation de lui-même, ce libre vouloir reste maître de son image. Ce qu'ils se représentent comme leur pouvoir n'est pas, ainsi, quelque chose d'objectif, de solide en soi-même, de différent d'eux. Le fétiche reste en leur pouvoir, et ils le répudient s'il n'agit pas selon leur volonté. Ils élèvent alors un autre fétiche au rang de puissance supérieure et ils s'imaginent qu'il s'agit d'une force qui dépasse la leur, mais il la maintiennent d'autre part en leur pouvoir pour la même raison. S'il arrive, en effet, quelque chose de désagréable que le fétiche n'a pas su empêcher, si les réponses se révèlent fausses et tombent dans le discrédit, si la pluie vient à manquer et si la récolte est mauvaise, ils l'attachent et le bâtonnent, ou même le détruisent et l'éliminent, et en même temps en créent un autre. Cela veut dire que leur Dieu reste en leur pouvoir. Ils le créent et le déposent à plaisir, ils ne s'élèvent pas, par conséquent, au delà du libre vouloir. Un tel fétiche n'a ni l'autonomie religieuse ni, encore moins, l'autonomie artistique. Il reste une pure créature qui exprime l'arbitraire du créateur et qui demeure toujours entre ses mains. En un mot il n'y a aucun rapport de dépendance dans cette religion. La même chose arrive à propos des esprits des morts auxquels ils attribuent, comme aux sorciers, un pouvoir de médiation. Dans ce cas aussi, il s'agit d'hommes, mais le moment supérieur est constitué par le fait qu'ils sont des hommes qui ont été dépouillés de leur immédiateté. De là dérive le culte des morts, dans lequel les ancêtres défunts sont considérés comme une force dirigée contre les vivants. Les individus se tournent vers eux comme vers des fétiches, leur font des sacrifices, les évoquent par des incantations ; mais quand cela n'a pas réussi, ils punissent le défunt lui-même, en jettent les ossements et le déshonorent. D'autre part, ils ont l'idée que les morts se vengent quand leurs besoins ne sont pas satisfaits, et ils leur attribuent tout spécialement les malheurs qui les touchent. Nous avons déjà rappelé l'opinion du nègre selon laquelle ce n'est pas la nature ou un processus naturel qui rend malade ou fait mourir l'homme. Selon sa croyance, tout cela dérive du pouvoir exercé par un sorcier ou un ennemi, ou de la vengeance voulue par un mort. C'est la croyance aveugle dans la sorcellerie, qui a été terriblement dominante aussi en Europe. Or cette magie est combattue par des magiciens plus puissants. Il arrive que le préposé au fétiche ne soit pas disposé à le faire agir, alors on le bâtonne et on l'oblige à se livrer à des incantations. Et une des principales incantations des Khitomes consiste à apaiser les morts, ou à les contraindre, au moyen des plus horribles atrocités. Par ordre des morts, qui s'incarnent dans les prêtres, des sacrifices humains ont lieu. L'élément objectif reste, ainsi, toujours soumis à l'arbitraire. Le pouvoir des morts sur les vivants est reconnu, mais non respecté, puisque les nègres donnent des ordres à leurs morts et les ensorcellent. De cette façon l'élément substantiel reste toujours au pouvoir du sujet. Voilà la religion des Africains, elle ne va pas plus loin.
Il y a en elle, certes, la domination de l'homme sur la nature, mais sous le mode de l'arbitraire. C'est la volonté contingente de l'homme qui s'élève au-dessus du moment naturel qu'elle considère comme un moyen, auquel elle ne fait pas l'honneur de le traiter de façon appropriée à son essence, mais au contraire donne des ordres. Tout cela contient toutefois un principe plus juste que celui qui est impliqué dans le culte de la nature, que l'on considère souvent commune forme de la piété, dans la mesure où on dit que les phénomènes naturels sont l’œuvre de Dieu, en laissant entendre que l’œuvre humaine, l’œuvre de la Raison, n'est pas divine elle aussi. Le degré de conscience de la nature auquel les nègres sont parvenus, n'est pas, en effet, la conscience de son objectivité, et encore moins la conscience de Dieu comme Esprit, c'est-à-dire comme quelque chose qui est en soi et pour soit supérieur à la nature. D'autre part, il ne s'agit pas non plus de l'intelligence qui réduit la nature à l'état de moyen, qui, par exemple, navigue sur la mer, et en un mot se rend maîtresse de la nature. Le pouvoir du nègre sur la nature est seulement une force de l'imagination, une domination imaginaire.
En ce qui concerne les rapports humains, il en résulte comme second moment, du fait que l'homme est considéré comme réalité suprême, qu'il n'a aucun respect, ni pour lui-même, ni pour les autres. Cela impliquerait en effet une valeur supérieure, absolue, que l'homme recèlerait en lui-même. L'homme n'atteint une position qui lui assure le véritable respect qu'avec la conscience d'un être supérieur. Si, en effet, le libre vouloir est l'absolu, s'il est l'unique objectivité solide qui se présente à l'intuition, l'Esprit, quand il en reste à ce degré, ne peut avoir aucune idée d'universalité. Pour cette raison, il n'existe pas, chez les Africains, ce qu'on appelle l'immortalité l'âme. Ils connaissent, eux aussi, ceux que nous appelons chez nous des spectres mais il ne s'agit pas vraiment de l'immortalité qui implique que l'homme soit en soi et pour soi une réalité spirituelle, immuable, éternelle. Les nègres ont, à cause de cela, un mépris total pour l'homme, et c'est ce mépris, qui du point de vue juridique et éthique, constitue leur principale caractéristique. La dévalorisation de l'homme est poussée jusqu'à un point incroyable. L'ordre existant peut être jugé comme une tyrannie, mais cette tyrannie n'est ni considérée ni ressentie comme une injustice. À cela est lié le fait que l'usage de manger de la chair humaine est admis comme un usage licite et partout répandu. Il en est ainsi chez Ashanti, plus bas sur le cours du Congo, et dans la partie orientale du pays. Cet usage se présente immédiatement comme quelque chose de sauvage et d'abominable qui doit répugner à l'instinct. Mais chez l'homme on ne peut parler d'instinct : celui-ci est toujours en corrélation avec le caractère de l'esprit. Il suffit que l'homme ait un peu progressé dans sa conscience pour qu'il ait du respect pour l'homme en tant que tel. Abstraitement, on peut dire : la viande, c'est de la viande, tout est une question de goût. Mais on pense que cette viande est de la chair humaine, la même que celle du corps qui a une telle pensée. Le corps humain est un corps animal, mais il est essentiellement corps d'un être pensant ; il est lié à la vie de l'âme. Chez les nègres rien de tel ne se produit. Le fait de dévorer des hommes correspond au principe africain. Pour la matérialité [Sinnlichkeit] du nègre, la chair humaine est seulement quelque chose de sensible, de la viande et rien d'autre. Cette chair, du reste, n'est pas exclusivement employée comme nourriture. À l'occasion des fêtes, en effet, des centaines de prisonniers sont torturés et décapités, et leurs corps sont rendus à ceux qui les avaient faits prisonniers et qui en font ensuite la distribution. Dans certains endroits, on a vu de la chair humaine exposée sur des marchés. A la mort d'un individu riche, des centaines d'hommes sont tout bonnement massacrés et dévorés. Les prisonniers sont assassinées et taillés en pièces, la règle veut que le vainqueur mange le cœur de son ennemi tué. Dans les incantations, il arrive souvent que le sorcier tue le premier venu le donne en pâture à la foule.
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