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 “Elargir l’Union européenne, c’est moins cher qu’une guerre

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mihou
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mihou


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“Elargir l’Union européenne, c’est moins cher qu’une guerre Empty
08062005
Message“Elargir l’Union européenne, c’est moins cher qu’une guerre

Daniel Cohn-Bendit
© AFP

DANIEL COHN-BENDIT
“Elargir l’Union européenne, c’est moins cher qu’une guerre !”

Dans quelques jours, à Copenhague, les Quinze vont lancer définitivement l’adhésion de dix nouveaux Etats à l’Union européenne. Face aux égoïsmes nationaux et aux peurs de l’opinion publique, le député européen Daniel Cohn-Bendit défend cet élargissement comme une chance historique et économique pour l’Europe. (28 novembre 2002)



S’engager à élargir l’Union européenne sans avoir réglé
au préalable tous les problèmes financiers et institutionnels
que cela pose, n’est-ce pas aberrant ?



L’Histoire n’est jamais très logique. Certes, en théorie, il aurait fallu, avant de s’engager dans un processus d’élargissement de l’Union, réformer les institutions. Mais toute la question est de savoir comment on arrive à mettre en place des réformes. Prenez l’exemple de l’euro. Pendant des années, on a tenté, en vain, de réunir les conditions politiques et économiques permettant de créer une monnaie unique. Après l’unification allemande, il y a eu, tout à coup, une accélération de l’Histoire, et l’euro a été lancé alors même que les conditions optimales n’étaient pas réunies. Tous ceux qui affirmaient qu’on aurait dû davantage harmoniser les économies avant de faire l’euro, ont eu théoriquement raison, mais politiquement tort. Aujourd’hui, l’élargissement, en mettant en avant la nécessité des réformes, accélère le mouvement. Sans ce rendez-vous avec les Etats candidats, les travaux en cours de la Convention sur l’avenir de l’Europe, chargée de proposer une réforme institutionnelle, seraient impensables. La Convention s’achèvera en juin 2003, une conférence intergouvernementale discutera ensuite de ses résultats pour arriver à un nouveau traité en décembre 2003, qui devra être ratifié par les Quinze, plus les dix candidats. Car, parallèlement, les ratifications des dix adhésions auront lieu avant la fin 2003. Engagée dans cette course de vitesse, l’Union devrait parvenir en même temps à réformer ses institutions et à s’agrandir. Mais cette réforme de dernière minute représente aussi un risque, je ne le nie pas.


Le 25 octobre dernier, à Bruxelles, les Quinze
sont convenus d’un budget de 40 milliards d’euros
pour financer l’élargissement en 2004-2006.
Est-ce suffisant ?


Je pense que l’élargissement sera une opération un peu plus difficile qu’on ne le laisse entendre. La faiblesse de sa préparation est particulièrement visible quand on voit quel est le budget qui lui est alloué. Les Européens sont en train de faire la même erreur que les Allemands qui estimaient, au moment de l’unification de leur pays, qu’un peu d’aide suffirait : on voit quels transferts colossaux furent finalement nécessaires pour l’unification des deux Allemagnes.


Une des craintes des citoyens de l’Union, justement,
c’est que l’élargissement va leur coûter cher…


Investir dans l’Europe nous renforce politiquement et nous rapporte économiquement. Il faut revenir aux banalités de base, qu’on a tendance à oublier : l’Europe est quand même née de l’idée de surmonter la guerre, dans l’une des régions qui fut parmi les plus bellicistes du monde. L’Europe du début du XXe siècle, c’était le Rwanda d’aujourd’hui ! En s’élargissant à l’Europe centrale, on élargit cet espace de paix. Cela n’a pas de prix. Investir dans l’élargissement va coûter cher, peut-être, mais moins que le prix d’une guerre. On voudrait une situation de conte de fées où la paix régnerait dans toute l’Europe sans en payer le prix. C’est impossible. Il faut également souligner que, même coûteux, même réalisé avec des pays aux économies bien moins avancées, l’élargissement renforcera notre espace économique. On avait les mêmes peurs avec les adhésions de l’Espagne, du Portugal et de la Grèce, qui finalement ont été positives pour tous. Face aux problèmes du monde, la masse critique que crée l’élargissement nous renforce.


Malgré tout, on a plutôt l’impression que cet élargissement
est placé sous le signe des égoïsmes nationaux.
Seulement 40 % des Français, par exemple, y sont favorables.


Face aux difficultés économiques mondiales, et face à des défis comme celui de l’élargissement, nos gouvernements ont une approche nationale, et favorisent donc l’égoïsme national. En fait, ce que nous, les politiques, n’arrivons pas à communiquer, c’est que l’élargissement représente un fantastique pari pour l’Histoire. Pour moi, sa justification première est contenue dans trois dates : Hongrie 1956, Prague 1968, Gdansk 1981. Ces dates sont la démonstration de la volonté des peuples de l’Est à vouloir se libérer du totalitarisme, et à vouloir adhérer à cet espace de démocratie et de liberté, qui est en fait la raison d’être de l’Union européenne. Cette Europe élargie est la consécration du “plus jamais ça”, plus jamais Hitler ou Staline. A partir de cette dimension politique s’est créé un grand marché qui permet de réguler d’une manière plus efficace les problèmes économiques et sociaux, qui permet aussi aux Européens d’intervenir dans la régulation de la mondialisation. L’élargissement va renforcer cela et, à moyen terme, il représente un “plus” incroyable. Mais dans l’immédiat, il faut s’en donner les moyens.


Certains Français ont peur de voir se réaliser une nouvelle Europe
avec l’Allemagne pour épicentre. Qu’en pensez-vous ?


Les Allemands ont tout de suite compris les avantages de l’élargissement pour leur économie. Les Français font donc comme si l’élargissement était un projet allemand. Ce qui est complètement absurde. Quand on voit quelle est la place des entreprises françaises en Pologne, on réalise qu’une partie de l’économie française a également compris où était son intérêt. Mais si on s’autolimite en pleurnichant, les Allemands continueront à être les premiers à s’investir dans l’élargissement.


Quel est l’état de l’opinion publique en Allemagne ?


Le problème en Allemagne est double. Les Allemands, qui supportent le poids de leur propre unification, ont peur que l’élargissement demande des efforts supplémentaires. En outre, comme l’Allemagne jouxte une partie des Etats candidats, l’opinion publique, très hésitante mais néanmoins fataliste, s’inquiète des vagues d’immigration. Mais, comme en France, il y a peu de débat sur le sujet.


Faire entrer tous ces pays dans l’Union,
n’est pas aussi un moyen de les soustraire
à l’influence américaine ?


Pas les soustraire complètement, mais leur donner une autre perspective, c’est vrai. Sans la promesse de l’élargissement, je suis sûr que la majorité des dix candidats aurait signé un accord avec les Etats-Unis sur la Cour pénale internationale, ou se seraient rangés derrière eux sur les questions culturelles à l’OMC. L’Union oblige à choisir son camp, ce qui permet ensuite de négocier à la même hauteur que les Etats-Unis. Ainsi, l’Europe devient une alliée des Etats-Unis, et non un ensemble suiviste. Et vis-à-vis de la Russie, l’Europe des Vingt-cinq ou des Trente représentera une masse telle que le rapport Europe/Russie sera le même qu’aujourd’hui entre la Russie et les Etats-Unis. Ainsi on crée un nouvel équilibre, sans avoir besoin de développer l’arme atomique.


Aucun référendum n’est prévu chez les Quinze
pour ratifier l’élargissement. Est-ce un problème ?


Il faut arrêter d’infantiliser les gens. Je suis pour un référendum, non d’ailleurs sur l’élargissement, mais sur la future Constitution européenne. Avec, à la clé, un enjeu majeur. Si le oui l’emporte, le pays reste dans l’Union. Sinon, il n’en fait plus partie.


La Turquie a-t-elle sa place dans l’Union européenne ?


C’est la question à 1 000 euros… Depuis longtemps déjà, il y a une instrumentalisation de cette question par les pays de l’Union. Les Allemands, au moment de l’affrontement avec le Bloc de l’Est, et lorsque la Grèce a intégré le Marché commun, ont suggéré à la Turquie de faire également une demande d‘adhésion. Objectif : régler ainsi plus facilement le conflit entre la Grèce et la Turquie. Depuis cette époque, on fait miroiter à une partie de la société turque la possibilité d’une intégration européenne. Mais en fait, aucun Etat de l’Union ne veut réellement l’intégration de la Turquie. Ils voient cela comme un moyen, une carotte pour démocratiser leur flanc sud-est. La perspective de s’amarrer à l’Union européenne représente pourtant, pour les couches laïques, modernes et démocratiques de la Turquie, une arme fondamentale dans leur combat pour la démocratisation de leur pays. Si l’on veut soutenir ce combat, il faut admettre que la Turquie fasse partie de l’Union. De fait, depuis que la Turquie a obtenu le statut de candidat et qu'un partenariat pour l'adhésion a été institué avec ce pays, il y a eu une évolution extraordinaire de la société turque : cela a calmé le problème kurde ; la peine de mort a été abolie ; la liberté d’expression s’est développée. Et le parti religieux qui vient de gagner les élections est un parti religieux séculier.


Mais cette adhésion ne poserait-elle pas
la question de l’identité européenne ?


La Turquie pose un problème géographique, car seulement une petite partie de son territoire se trouve en Europe [géographique]. Mais la question d’une Europe judéo-chrétienne-laïque ou judéo-chrétienne-musulmane-laïque est une fausse question, car il y a déjà tellement de musulmans en Europe que, de toute façon… Pour autant, on ne peut nier que l’adhésion de la Turquie remette en cause une certaine idée de l’identité européenne. Mais cela représente selon moi une possibilité d’aider l’islam à accélérer sa nécessaire sécularisation. Et c’est l’intérêt de l’Europe qu’il y parvienne. Pour le comprendre, il suffit d’observer l’autre côté de la Méditerranée et le drame de l’intégrisme. En fait, pour moi, l’obstacle absolu à une adhésion à l’Union européenne réside dans le rôle joué par l’armée dans la politique et la société turques. La question à poser maintenant aux Turcs est la suivante : êtes-vous prêts à renoncer au kémalisme ?


Quelles sont les réformes institutionnelles indispensables
au sein de l’Union pour éviter que l’élargissement ne mène au chaos ?


Il faut d’une part rendre plus efficace le mode de décision, en élargissant le vote à la majorité qualifiée au sein du Conseil des ministres européens. Si on s’élargit en maintenant la règle de l’unanimité dans tant de domaines, on risque de bloquer complètement le Conseil. Certains pays, notamment l’Allemagne et l’Italie, l’ont bien compris. Il faudrait d’autre part un rééquilibrage des pouvoirs entre le Conseil, qui représente les intérêts nationaux, et la Commission, qui défend l’intérêt communautaire, rééquilibrage en faveur de cette dernière. L’élection du président de la Commission par le Parlement européen me paraît à cet égard fondamentale, car cela renforcerait la légitimité politique de la Commission, et donc son pouvoir, face au Conseil. Elle est voulue par les députés européens quasi unanimes, et par au moins la moitié des gouvernements.


Que pensez-vous du projet de traité proposé
par le président de la Convention sur l’avenir de l’Europe,
Valéry Giscard d’Estaing ?


Ce canevas reflète une espèce de marchandage. Certains comme la France veulent un renforcement du président du Conseil. D’autres, comme les petits Etats, veulent renforcer la Commission. Le compromis possible consiste à renforcer l’un et l’autre.


Est-ce que, in fine, tout n’est pas suspendu
à un accord franco-allemand sur la réforme institutionnelle,
qui pourrait être annoncé en janvier prochain ?


Cela faciliterait certainement le processus de réforme. Mais attendons de voir cet accord. La France va s’efforcer de renforcer le président du Conseil, l’Allemagne, celui de la Commission. La France reste encore dans une optique très intergouvernementale. L’Allemagne également, mais elle s’efforce davantage de dépasser sa propre logique d’Etat. Mais, même si la France et l’Allemagne parviennent à un compromis, le problème du Royaume-Uni reste entier. Cet Etat, qui a une tradition constitutionnelle très différente de celle du continent, va rencontrer, au-delà même de son idéologie et de sa mauvaise volonté, un vrai problème de culture politique.


Ce projet constitutionnel à deux,
de même que le compromis bilatéral
sur le budget agricole de fin octobre,
annonce-t-il au moins un retour du fameux
“axe franco-allemand” ?


Il y a un travers journalistique assez bizarre, qui consiste à rendre compte des relations franco-allemandes comme d’une maladie infantile : tantôt c’est la fièvre brûlante, tantôt la forme éblouissante. Or, pour moi, ce n’était ni la catastrophe avant ce compromis d’octobre, ni la lune de miel après. Chirac a obtenu un sursis, faisant croire aux Français que la politique agricole commune ne changera jamais. Schröder a accepté ce compromis pour éviter que les problèmes financiers ne fassent stagner l’Union : il veut apparaître comme celui qui fait avancer le processus européen.
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