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Cuba a survécu au peak oil, par Megan Quinn - From The Wilderness.
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2 mars 2006
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L’énergie de la communauté : Comment
Cuba a survécu au peak oil.
FromThe Wilderness.com, 26 février 2006.
La Havane,
Cuba.
A l’Organiponico d’Alamar, un projet agricole communautaire, un collectif de travailleurs gère une grande ferme urbaine, un marché et un restaurant. Les outils manuels et la main d’œuvre ont replacé les machines consommatrices de pétrole. Les engrais sont produits par des vers de terre et le compostage. L’eau est économisée par un système irrigation au goutte-à-goutte et la communauté est approvisionnée par toute une variétés de produits sains.
Dans d’autres communautés à la Havane, où la pénurie de terrains se fait sentir pour mener des projets d’une telle ampleur, les habitants ont crée des jardins sur des terrains de parking et ont planté des légumes sur les toits des maisons et dans les patios.
Depuis le début des années 90, le mouvement d’agriculture urbaine a balayé toute l’île, et la capitale est sur le point d’assurer son autosuffisance alimentaire.
Un petit groupe d’Australiens a participé à ces efforts et s’est rendu sur l’île en 1993 pour enseigner les techniques de permaculture, un système basé sur l’agriculture durable beaucoup plus économe en termes de consommation d’énergie.
Cette nécessité d’introduire l’agriculture au cœur des villes a commencé à la chute de l’Union Soviétique et la perte pour
Cuba de plus de 50% des importations de pétrole, d’une bonne partie de ses aliments et de 85% de ses échanges économiques. Les transports furent paralysés, la faim fit son apparition et le cubain moyen perdit environ 15 kgs. (30 livres - ndt)
« En réalité, lorsque tout a commencé, ce fut par nécessité. Les gens ont commencé à cultiver des légumes là où ils pouvaient » explique un guide à l’équipe venue tourner un documentaire en 2004 pour montrer comment
Cuba avait survécu à la pénurie de pétrole.
Cette équipe était composée, entre autres, de membres de The Community Solution (la Solution Communautaire), une ONG basée à Yellow Springs, Ohio, qui dispense des formations sur le pic pétrolier (peak oil) - le moment où la production mondiale de pétrole entamera son irréversible déclin. Certains analystes pensent que le phénomène pourrait se produire dans les dix prochaines années, ce qui donnerait à
Cuba le statut d’un modèle à suivre.
« Nous voulions découvrir ce qu’il y avait chez le peuple cubain et la culture cubaine qui leur permettait de survire en ces temps si difficiles », dit Pat Murphy, directeur exécutif de Community Solution. «
Cuba a beaucoup à nous montrer sur la manière de gérer la crise énergétique. »
La pénurie de pétrole n’a pas transformé uniquement l’agriculture cubaine. Le pays s’est aussi tourné vers de petites unités d’énergies renouvelables et a développé un système de transports publics économe, tout en préservant son système de santé par une politique de prévention et l’application de solutions locales qui permet d’économiser les faibles ressources.
L’ époque qui a suivi la chute de l’Union Soviétique est connue à
Cuba comme la Période Spéciale.
Cuba perdit 80% de ses marchés d’exportation et ses importations chutèrent de 80%. Le PNB chuta de plus d’un tiers.
« Essayez d’imaginer un avion qui perdrait soudainement ses réacteurs. Ce fut réellement un crash, » raconte Jorge Mario, un économiste cubain. Un crash qui plongea
Cuba dans un état de choc. Les coupures de courant étaient fréquentes, jusqu’à 16 heures par jour. L’apport calorique journalier des cubains chuta d’un tiers.
Selon un rapport sur
Cuba rédigé par Oxfam, une ONG internationale d’aide humanitaire, « dans les villes, les bus ne circulaient plus, les générateurs ne produisaient plus d’électricité, les usines ne tournaient plus. Pour de nombreux Cubains, pour ne pas dire la plupart, l’occupation principale quotidienne consistait à trouver assez à manger. »
En partie due à l’embargo persistant des Etats-Unis, mais aussi à la perte des marchés extérieurs,
Cuba ne pouvait plus importer suffisamment de nourriture. De plus, sans alternative devant leur agriculture hautement mécanisée et consommatrice d’énergie, le production agricole chuta de manière brutale.
Les Cubains ont donc commencé, par nécessité, à faire pousser des légumes organiques, à développer des pesticides et fertilisants biologiques de substitution aux produits dérivés du pétrole, et ils ont aussi entrepris de varier leur régime alimentaire. Puisqu’ils ne pouvaient plus faire rouler leurs vieilles voitures, ils se sont mis à marcher, à faire du vélo, à prendre le bus, à faire du covoiturage.
« Il y a une infinité de petites solutions » dit Roberto Sanchez de la Fondation pour la Nature et l’Humanité à
Cuba. « Les crises ou le changement ou des problèmes peuvent déclencher ces solutions qui sont principalement des mesures d’adaptation. Nous nous adaptons. »
Une nouvelle révolution agricole
Les cubains sont aussi en train de remplacer leurs machines agricoles par la traction animale, et les jardins installés en milieu urbain réduisent les transports. On estime aujourd’hui que 50% des légumes consommés à la Havane sont produits à l’intérieur de la ville, tandis que les autres villes et villages cubains assurent entre 80 et 100% de leurs besoins.
En s’orientant vers le jardinage, les particuliers et les organisations de quartier ont pris l’initiative de faire l’inventaire des terrains inutilisés, de les nettoyer, et de les cultiver.
Lorsque les Australiens spécialisés en permaculture sont arrivés à
Cuba, ils ont mis en place le premier projet pilote de permaculture grâce à une subvention de 26.000 dollars accordée par le gouvernement cubain.
De cette initiative est née le centre et projet pilote de permaculture urbaine de la Fondation pour la Nature et l’Humanité à la Havane. « Avec ce projet, les gens du quartier ont pu voir ce qu’il était possible de faire sur les toits et dans les patios » dit Carme Lopez, directrice du centre de permaculture urbaine, debout sur le toit du centre au milieu des vignes, des plantes en pots et des casiers à composte fabriqués à partir de pneus.
Depuis, le mouvement se répand rapidement à travers les quartiers de la Havane. Jusqu’à présent, le centre de permaculture urbaine dirigée par Lopez a formé plus de 400 personnes du quartier à la permaculture et distribue une publication mensuelle, « El permacultor ». « Non seulement la communauté a découvert la permaculture » dit Lopez, « mais nous avons aussi appris des choses sur la communauté, en donnant en coup de main partout où cela s’avérait nécessaire. »
Un étudiant en permaculture, Nelson Aguila, ingénieur reconverti à l’agriculture, produit des aliments pour son quartier dans son jardin installé sur le toit. Sur à peine quelques dizaines de mètre carrés, il élève des lapins, de poules et cultive de nombreux gros pots de plantes. Circulant en liberté, on trouve des gerbils ( une bestiole ? - note ignare du traducteur) qui consomment les déchets des lapins et sont à leur tour une source importante de protéines. « Les choses changent, » dit Sanchez. « C’est une économie locale. Ailleurs, les gens ne connaissent pas leurs voisins. Ils ne connaissent pas leur nom. Les gens ne se disent pas bonjour. Ici, c’est différent. »
Depuis la transition d’une agriculture intensive à base de pétrochimie à une culture et jardinage organique,
Cuba consomme désormais 21 fois moins de pesticides qu’avant la Période Spéciale. Ils ont réussi à produire à grande échelle des pesticides et des fertilisants biologiques, et en exportent une partie vers d’autres pays d’Amérique latine.
Bien que la transition vers une production organique et la traction animale fut une obligation, les Cubains y trouvent désormais des avantages. « Un des bons côtés de la crise fut le retour à la traction animale » dit Miguel Coyula, un spécialiste du développement communautaire. « Non seulement nous économisons du pétrole, mais en plus (les boeufs) ne tassent pas le sol comme le ferait un tracteur, et leurs sabots retournent la terre. »
« L’agriculture cubaine, conventionnelle, la « révolution verte », n’a jamais réussi à alimenter le peuple » dit Sanchez. « Les rendements étaient importants, mais l’agriculture était orientée vers la culture de plantations. Nous exportions des citrons, du tabac, du sucre et nous importions les produits de base. Ainsi, le système, même dans ses meilleurs jours, n’a jamais réussi à répondre aux besoins. »
Tirant les conclusions de cette expérience en permaculture, Sanchez dit « vous devez suivre les cycles naturels, ainsi vous mettez la nature à votre service, au lieu de travailler contre la nature. Pour travailler contre la nature, il faut dépenser d’énormes quantités d’énergie. »
Solutions énergétiques
La plupart de l’électricité à
Cuba est généré à partir du pétrole importé, et les pénuries ont donc touché pratiquement l’ensemble de la population sur l’île. Pendant des années, les coupures de courant étaient imposées plusieurs fois par semaine. Sans les réfrigérateurs, les aliments pourrissaient. Sans les ventilateurs, la chaleur devenait insoutenable.
Les solutions à la crise n’étaient pas simples. Sans argent, le pays ne pouvait investir dans une centrale nucléaire ou de nouvelles centrales thermiques conventionnelles, ni même dans l’énergie éolienne ou solaire à grande échelle. Le pays a donc préféré se tourner vers les économies d’énergie et la mise en place de petites structures d’énergies renouvelables.
Ecosolar et
Cuba Solar sont deux organisations pionnières en matière d’énergies renouvelables. Elles assistent au développement de marchés d’énergie renouvelables, commercialisent et installent des systèmes, mènent des recherches, publient des bulletins d’information, et effectuent des études pour économiser l’énergie auprès des gros consommateurs.
Ecosol Solar a installé 1,2 mégawatts de photovoltaïques solaires aussi bien dans de petits foyers (capacité 200 watts) que dans des entités plus larges (de 15 à 50 kilowatts de capacité). Aux Etats-Unis, 1,2 mégawats seraient suffisants pour alimenter en électricité environ 1000 foyers. Ce nombre est nettement plus élevé à
Cuba où le nombre d’appareils ménagers par foyer est moindre et tournent à l’économie. Les maisons sont aussi bien plus petites.
Ven 19 Mai - 8:23 par Tite Prout