MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE

Vues Du Monde : ce Forum MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE est lieu d'échange, d'apprentissage et d'ouverture sur le monde.IL EXISTE MILLE MANIÈRES DE MENTIR, MAIS UNE SEULE DE DIRE LA VÉRITÉ.
 
AccueilAccueil  PortailPortail  GalerieGalerie  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Derniers sujets
Marque-page social
Marque-page social reddit      

Conservez et partagez l'adresse de MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE sur votre site de social bookmarking
QUOI DE NEUF SUR NOTRE PLANETE
LA FRANCE NON RECONNAISSANTE
Ephémerides
Le deal à ne pas rater :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à -50% (large sélection)
Voir le deal

 

 Maputo, un modèle pour l'Afrique ?

Aller en bas 
AuteurMessage
mihou
Rang: Administrateur
mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

Maputo, un modèle pour l'Afrique ? Empty
19052006
MessageMaputo, un modèle pour l'Afrique ?

Courrier international, no. 765
Afrique, jeudi 30 juin 2005, p. 33

MOZAMBIQUE
Maputo, un modèle pour l'Afrique ?

Duncan Campbell
Mail & Guardian (Johannesburg)

Présenté comme un cas exemplaire par les experts internationaux, qui relèvent de rapides progrès en matière de bonne gouvernance, le Mozambique sort la tête de l'eau. Mais la pauvreté reste omniprésente.

Dinis Dzimba n'a pas fait des trous dans son pantalon pour suivre la mode. Si ses vêtements sont en piteux état, c'est parce que ce sont les seuls qu'il possède ; même sa guitare à six cordes est faite d'un bidon cabossé. Mais la mélodie et les paroles de sa chanson, intitulée Eggfish - l'histoire d'une femme qui aime faire la grasse matinée -, ont quelque chose de magique et lui valent un petit attroupement d'admirateurs sur le marché de Xikelene, à Maputo [la capitale du Mozambique].

Grâce à une coïncidence qui n'arrive en général que dans les films, deux membres de Ghorwane, un groupe mozambicain connu, sont sur le marché ce jour-là. Et, lorsque Dzimba met fin à son concert improvisé, ils lui proposent d'enregistrer avec eux. Le jeune homme prend leur numéro ; il les rappellera rapidement, juste pour vérifier que le numéro est bon.

Dzimba n'est qu'un exemple de l'énergie musicale perceptible partout à Maputo. Comme le souligne Mia Couto, grand romancier mozambicain, si de nombreuses langues parlées dans le sud du pays n'ont pas de mot pour désigner la ville, l'expression de l'essence de cette cité de 1 million d'habitants a en revanche donné naissance à un genre musical, le marrabenta. Et la musique fait aussi de la politique : les rappeurs de Gpro Fam utilisent dans leurs chansons des extraits de discours prononcés par Samora Machel - premier président du Mozambique - pour dénoncer la corruption.

Le Mozambique connaît une croissance annuelle de 9 %

Aujourd'hui, un tiers des 19 millions de Mozambicains vivent dans les villes ; le pays a connu une urbanisation rapide au cours de l'interminable guerre qui l'a dévasté. C'est aussi l'un des plus pauvres du monde, et l'espérance de vie y est d'à peine 41 ans. Mais depuis la fin de la guerre civile, en 1992, et les premières élections démocratiques, l'heure du développement a sonné, du moins sur le papier, et la croissance annuelle atteint 9 %. Aujourd'hui, Maputo voit pousser sur ses plages des villas de plusieurs millions de dollars, et des quartiers sécurisés s'érigent le long des chemins de terre où des enfants fouillent encore les poubelles en quête de nourriture.

Aux yeux de la communauté internationale, l'histoire du Mozambique est une success story. Trois présidentielles menées avec succès, une bonne gestion du budget par le gouvernement et une diminution de la pauvreté. Le Mozambique a bénéficié du processus d'allégement de la dette mis en place à la fin des années 1990.

A en croire Michael Baxter, représentant de la Banque mondiale, "le Mozambique est indéniablement un modèle de réussite. Une réussite en termes de croissance, et un modèle qui montre aux autres pays comment tirer le meilleur parti de l'aide internationale." A Maputo, l'une des villes d'Afrique les plus vivantes et les plus accueillantes, certains changements sont déjà visibles. Les immeubles et les cybercafés ont fleuri. Le tourisme est en pleine expansion.

"Je me réjouis que nous ayons été capables de créer une stabilité, de mettre en place la démocratie, affirme Mia Couto. Je suis heureux de voir que les Mozambicains peuvent critiquer ouvertement le gouvernement et qu'il existe une presse riche et diversifiée à Maputo. Ramener la paix n'était pas une tâche facile, mais nous l'avons fait et nous pouvons en être fiers. Mais je ne suis pas fier des autres raisons pour lesquelles tout le monde fait du Mozambique un modèle, notamment de l'économie de marché. On veut résoudre des problèmes complexes avec des remèdes rapides, du bricolage, et cela m'inquiète."

Si le malaise est palpable dans de nombreuses conversations à Maputo, ce n'est pas seulement parce que la misère, omniprésente, reste le problème majeur. L'autre souci, c'est le prix à payer pour jouer un jeu dont les règles sont fixées par des capitales occidentales qui font la pluie et le beau temps en matière de dette et d'aide internationale. On se souvient ici que c'est la volonté de la Banque mondiale de déréguler le secteur de la noix de cajou qui a fait disparaître 90 % des emplois de cette grande industrie exportatrice, au début des années 1990. Ils sont également nombreux à se plaindre des subventions accordées aux agriculteurs occidentaux. Et l'expansion de Maputo a aussi son revers : les cruelles inégalités, visibles partout dans la capitale, ont encouragé la corruption et la délinquance, deux sujets placés au premier rang des préoccupations politiques lors des dernières élections.

Seuls 30 % de la population ont accès à l'eau courante

Eneas Comiche est maire de Maputo. Ancien combattant, cet homme charismatique jouit d'une réputation d'intégrité rare dans la classe politique. Il administre une ville où environ 30 % de la population a accès à l'eau courante et seulement 40 % à l'électricité. Et il ne dispose que de 10 millions d'euros pour payer les quelque 3 000 employés municipaux. "Il ne reste pas grand-chose à investir", explique-t-il. Or il a besoin de fonds pour construire des routes, des systèmes d'évacuation des eaux usées, pour le ramassage des ordures, pour tout. Et Eneas Comiche veut aussi maîtriser la flambée de délinquance et la corruption qui gangrène la vie publique.

"La délinquance est étroitement liée à la pauvreté. Combattre la pauvreté est notre premier objectif, déclare-t-il. Notre grand défi consiste à changer les mentalités et à obtenir des citoyens qu'ils s'engagent. La lutte contre la corruption est essentielle."

Pour Fernando Lima, qui travaille pour le journal indépendant Savana, l'évolution de Maputo a ses bons et ses mauvais côtés. "Parmi toutes les libertés conquises, il y a aussi la liberté de voler, la liberté de mentir. Nous sommes dans un cercle vicieux", commente-t-il, whisky et épi de maïs à la main. "Les gens sont arrivés en ville pendant la guerre en se disant que c'était temporaire, mais personne n'est reparti. Si la vente de six canettes de Coca par jour vous permet de vivre, vous restez."
Revenir en haut Aller en bas
https://vuesdumonde.forumactif.com/
Partager cet article sur : reddit

Maputo, un modèle pour l'Afrique ? :: Commentaires

Aucun commentaire.
 

Maputo, un modèle pour l'Afrique ?

Revenir en haut 

Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE :: POLITIQUE/POLITICS :: LUTTE CONTRE LA CORRUPTION/FIGHT AGAINST CORRUPTION-
Sauter vers: