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Le 9 juillet 1762, trois régiments de la garde du tsar Pierre III se détournent de leur maître et prêtent serment de fidélité à son épouse, Catherine, «pour la défense de la foi orthodoxe et pour la gloire de la Russie». Leur révolte est animée par le propre amant de la reine, Grégoire Orlov.
Le tsar, honni de la noblesse pour ses sentiments germanophiles, abdique dès le lendemain. Il meurt une semaine plus tard dans sa retraite, sans doute tué par l'un des frères Orlov dans une querelle d'ivrognes. Ainsi débute le règne immense de Catherine II la Grande.
Un grand «homme d'État»
Catherine II de Russie (1729-1796), par Vigilius Eriksen (musée de l'Ermitage, Saint Pétersbourg)La nouvelle impératrice est née à Stettin, en Prusse, le 2 mai 1729, sous le nom de Sophie Augusta d'Anhalt-Zerbst.
Princesse allemande d'extraction modeste, elle a été fiancée au grand-duc Pierre de Holstein-Gottorp, neveu de la tsarine Élisabeth et petit-fils de Pierre le Grand.
Elle acquiert une culture d'autodidacte très étendue et se révélera plus tard étonnamment préparée à ses responsabilités. Elle lit Tacite, Machiavel, Montesquieu dans le texte et n'hésitera pas à racheter en viager la bibliothèque de Diderot.
Bien que de culture allemande, Catherine s'assimile remarquablement à sa nouvelle patrie. Convertie à la religion orthodoxe, elle prend le nom de Catherine et se fait apprécier des Russes, au contraire de son mari, inculte, immature, allemand de coeur et admirateur éperdu du roi de Prusse Frédéric II.
Le couple se déteste et comme de bien entendu ne donne le jour à aucun héritier pendant huit ans, au grand mécontentement de la tsarine Élisabeth qui pousse Catherine à prendre un amant, le «beau Serge». Sans doute celui-ci est-il le véritable père de l'héritier qui naît sur ces entrefaites.
Pierre monte sur le trône à la mort de la tsarine Élisabeth, le 5 janvier 1762, et prend le nom de Pierre III. Il n'a rien de plus pressé que de se retirer de l'alliance avec la France et l'Autriche contre la Prusse, sauvant son héros, Frédéric II, d'une situation désespérée. Il restitue à la Prusse la Poméranie et la Prusse-orientale. Le bruit court enfin que le nouveau tsar se prépare à abolir le servage. C'est à ce moment-là que Catherine, profitant du mécontentement nobiliaire, s'empare du pouvoir.
La prise de pouvoir de Catherine II suscite des mécontentements. Un Cosaque du Don du nom de Pougatchev prétend être le tsar Pierre III. Avec une armée de 26.000 hommes composée de paysans, ouvriers et de Cosaques, il dévaste la Petite-Russie, tenant en échec le nouveau pouvoir. Livré par ses compagnons au général Souvorov, Pougatchev est décapité à Moscou en 1775.
Quelques mois après son accès au trône, l'impératrice intervient en Pologne où elle fait élire comme roi son favori, Stanislas Poniatowski ! Pour le soutenir contre ses ennemis, regroupés dans la confédération de Bar, elle envahit le pays en 1770.
Là-dessus, par le traité de Saint-Pétersbourg du 25 juillet 1772, elle s'entend avec le roi de Prusse Frédéric II et l'archiduchesse d'Autriche Marie-Thérèse pour enlever à la Pologne un tiers de son territoire.