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 André Brink : l’Afrique du Sud et moi

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mihou
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mihou


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Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

André Brink : l’Afrique du Sud et moi Empty
17052006
MessageAndré Brink : l’Afrique du Sud et moi

André Brink : l’Afrique du Sud et moi
AFRIQUE DU SUD - 14 mai 2006 - par PROPOS RECUEILLIS PAR FADWA MIADI
http://www.jeuneafrique.com/jeune_afrique/article_jeune_afrique.asp?art_cle=LIN14056andrbiomted0
Écrivain universellement apprécié, l’auteur d’Une saison blanche et sèche, dont deux romans viennent de sortir en français, revient sur son itinéraire intellectuel et politique tout en évoquant l’évolution de son pays.

André Brink a vu le jour en 1935, à Vrede, village du fin fond de l’Afrique du Sud, dans une famille afrikaner descendant de colons boers. Quelque vingt-cinq années plus tard, il est né une deuxième fois, dit-il, sur un banc du jardin du Luxembourg. Il suit alors des études à la Sorbonne et rencontre pour la première fois des étudiants noirs qui lui font prendre conscience de l’absurdité de l’apartheid. Commence dès lors son engagement politique, qui lui vaudra quelques séjours à l’ombre et un exil auquel il ne se résoudra pas.

De passage à Paris à l’occasion de la sortie de deux de ses romans (voir J.A. n° 2361), l’auteur d’Une saison blanche et sèche nous a accordé un court entretien, promotion marathonienne orchestrée par son éditeur français oblige. Au cours de cette rencontre avec un monument de la littérature africaine resté humble malgré les prix, les consécrations internationales et une œuvre prolifique traduite en trente-trois langues, il sera question en vrac de l’Afrique du Sud, de l’écriture, des femmes et des autres thèmes chers au lauréat du prix Médicis étranger 1980. À 71 ans, celui-ci a abandonné l’enseignement et ne compte plus se consacrer qu’aux voyages et à ses mémoires.

Jeune Afrique : Comment va l’Afrique du Sud ?

André Brink : (Soupir)… Il faudrait deux heures pour en parler. Tout d’abord, tant de choses ont mal tourné ces dernières années à cause notamment de la corruption, du sida et de l’attitude officielle de l’Afrique du Sud vis-à-vis du Zimbabwe. Nous avons connu beaucoup de déceptions, mais j’ai tout de même le sentiment que les choses vont dans la bonne direction. Il ne s’agit que d’ondes à la surface de l’eau.

Vous écriviez encore récemment que l’Afrique du Sud détenait le record annuel des meurtres et des viols. La violence ne régresse donc pas ?

Il s’agit là d’un phénomène assez terrible. Il ne régresse pas, et l’on a souvent l’impression que le gouvernement ne sait plus quoi faire. C’est une violence insidieuse qui se manifeste dans tous les aspects du quotidien. Il serait trop facile de prétendre qu’elle n’est pas liée à un malaise économique, parce que la majorité des Sud-Africains qui étaient privés de pouvoir économique sous l’apartheid en sont toujours dépourvus et sont de plus en plus déçus. Pour beaucoup de gens, la violence est une expression de désespoir. Petite précision toutefois : sous l’apartheid, la violence constituait pour nombre de Sud-Africains le seul mode d’expression possible, alors que ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il existe des moyens légitimes pour s’exprimer, mais on a pris le pli de la violence.

Y a-t-il un livre que vous rêvez d’écrire ?

Si je le savais, je l’aurais déjà écrit. C’est au cours de l’écriture que je découvre ce que j’ai à dire. Tout ce que je sais, c’est qu’il en reste beaucoup, et j’espère disposer encore devant moi de beaucoup d’années pour faire des découvertes à travers l’écriture. J’écris pour savoir. Je ne peux accéder au sens de ce qui est advenu sans le coucher sur le papier.

Si vous n’aviez pas été écrivain, qu’auriez-vous fait ?

Rien. Je ne peux pas concevoir ma vie sans l’écriture. Dès l’âge de 9 ans, je savais que je voulais écrire. À l’époque, j’avais publié un premier poème… il était atroce, mais je savais, à travers la joie que cette activité me procurait, que je ne pourrais pas me passer de l’écriture.

Comment êtes-vous « tombé » dans l’écriture ?

C’était d’abord via le langage. Pendant les deux premières années de ma vie, ma mère était malade et elle ne pouvait pas s’occuper de moi. On m’a confié à une nourrice noire qui me portait sur son dos, me racontait des histoires, me chantait des chansons dans sa langue, le sotho, que je parlais couramment à l’époque - ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Mais je retiens au plus profond de moi-même la mémoire des rythmes de ses chansons et de ses narrations, et je crois que c’est de là que vient ma fascination pour la parole et l’écriture. À travers tout ce que j’écris, je suis à la recherche de ces histoires originelles que me racontait ma nourrice.

Des thèmes reviennent souvent dans vos livres : l’engagement politique, la musique…

L’engagement politique correspond à quelque chose de profond. Il a défini ma façon de vivre. Je ne pouvais pas m’exprimer en tant qu’individu sans le faire sur le plan politique, parce que tout ce qu’on fait dans un contexte sud-africain a des implications politiques. Mais je crois que je m’intéresse de plus en plus à des thèmes et à des expériences un peu plus intimes. C’est une tendance actuelle dans la littérature sud-africaine, y compris chez des auteurs comme Nadine Gordimer, qui a toujours été ce qu’on appelle un « écrivain politique ».

La musique m’est devenue de plus en plus importante. Je ne peux pas écrire sans musique et surtout sans Mozart, dont je suis un passionné. C’est mon compagnon de route permanent. Il a influencé d’une manière certaine ma façon d’écrire, même si je n’arriverai jamais à la sérénité qu’on retrouve chez lui. Je sens que je suis beaucoup plus proche de Beethoven, chez qui il y a plus de coups de tonnerre.

Et les femmes ?

C’est un thème qui a pris de plus en plus d’importance. Je me suis rendu compte pendant la lutte contre l’apartheid et par la suite que les femmes sont toujours en avant, mènent le combat et formulent de la façon la plus claire, la plus lucide et la plus profonde les causes pour lesquelles elles se battent.

En Afrique du Sud, on a connu plusieurs formes d’oppression. Autrefois, on pensait systématiquement à l’oppression politique et raciale. De plus en plus, on se rend compte que les violences faites aux femmes sont l’une des oppressions majeures. S’il est absent des lois, le sexisme est bien présent dans les mentalités et l’application des lois. Ce phénomène se manifeste actuellement dans l’affaire Jacob Zuma, l’ancien vice-président de l’Afrique du Sud jugé récemment pour viol (voir notre enquête pp. 20-25). C’est une chose effroyable que cet homme puisse encore être élu président même s’il a été acquitté. Et je trouve ahurissant que des jeunes femmes zoulous manifestent pour dire qu’elles souhaitent être violées par lui et qu’elles veulent être les femmes de Zuma…

Vous avez dit être né une deuxième fois sur un banc du jardin du Luxembourg au moment du massacre de Sharpeville, en 1960. Cette double naissance a contribué à votre sentiment d’être à la fois africain et européen.

Oui, je crois que c’est à ce moment-là que j’ai découvert l’Afrique. Depuis, à chaque fois que je me retrouve à Paris, la première chose que je fais c’est de me rendre au jardin du Luxembourg. Je ne peux pas passer une année sans venir au moins une fois à Paris, mais je ne peux pas envisager de vivre ailleurs qu’en Afrique du Sud.

Êtes-vous né ailleurs depuis ?

Je crois que j’ai connu plusieurs naissances au cours de ma vie. La toute dernière, c’était à l’aéroport de Vienne, où je me suis rendu il y a dix-huit mois pour donner une conférence à Salzbourg. Une jeune femme est venue me chercher à l’aéroport… et maintenant nous allons nous marier. C’est une nouvelle vie qui commence.
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