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 Montréal noir

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mihou
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mihou


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Montréal noir Empty
15052006
MessageMontréal noir

L'Actualité, no. Vol:17 No:20
15 décembre 1992, p. 32

Montréal noir

Rioux, Christian

Dans leurs yeux, une colère de Noirs incompréhensible à ceux qui passent sans les voir.

Pat Dillon et moi avons grandi dans la même ville, le même quartier, le même immeuble. Mais nous ne le savions pas. Elle habitait au rez-de-chaussée, moi au deuxième. Elle avait vue sur la rue, ma chambre donnait sur la cour. Elle fréquentait l'école publique anglaise, j'allais à l'école privée française.

Tous deux minoritaires, chacun à sa façon : elle était la seule enfant noire de la rue Victoria, j'étais le seul à parler français. Vingt-cinq ans plus tard, ce bout de rue poussiéreux en bordure de Côte-des-Neiges est devenu « la Main » des 100 000 Noirs de Montréal. Mais les passants font semblant que rien n'a changé.

Les devantures autrefois ternes ont pris des couleurs au fur et à mesure que les Jamaïcains, les Haïtiens et les Africains y ont remplacé les Juifs partis vers la banlieue. Les delicatessen ont fait place aux restaurants antillais, les épiciers aux marchands de mangues, d'ignames et de cassaves qu'achètent des femmes aux robes éclatantes. On y trouve de la sauce de palme, des carpes fumées d'Afrique et le pain lourd des Antilles. Les bouchers découpent des queues de porc et des pieds de boeuf, comme à Port-au-Prince. Le boulanger juif Cantor vend, à côté des traditionnels bagels, des pâtés jamaïcains « pas très authentiques », dit Pat Dillon (aujourd'hui directrice de la station de radio CKUT).

C'est ici que débarquent les enfants de domestiques jamaïcains (comme elle), les boat people haïtiens et les étudiants sénégalais. Ils s'entassent à cinq ou six dans les petits appartements de brique de la rue Linton, où ça sent les épices. Dans la pièce du fond, de l'encens brûle sur de petits hôtels vaudou. Aux murs, des photos de Michael Manley ou de Malcolm X. Les nouveaux venus qui ne savent pas où déposer leurs poubelles les abandonnent sur le terre-plein, au centre de la rue. L'école Coronation, plus haut, accueille plus de 50 % de Noirs, le centre pour délinquants, 20 %. De petites églises, comme la St. Peter Spiritual Baptist Church, poussent dans les sous-sols désaffectés. L'Afrique à Montréal PQ !

C'est ici, m'explique Michael Mark, que les jeunes Jamaïcains apprennent à devenir des Blacks : « Avant d'arriver à Montréal, je ne savais même pas que j'étais noir ! Je n'en avais pas conscience. » Les gangs de jeunes de la rue Victoria, Michael Mark les connaît. Il leur vend les meilleurs disques de reggae, de calypso et de rap qu'il va chercher lui-même deux fois par mois chez des grossistes de New York. Ils s'assemblent dès 10 h du matin sur les trottoirs. Ils ont la journée à perdre entre le dépanneur du coin et le métro Plamondon. Quand ils se bousculent, les policiers les dispersent. Les jeunes filles noires ont peur d'eux, dit le Nigérian d'en face, qui tient le comptoir de l'épicerie Mokassa entre deux cours de littérature française. « Ce qui m'inquiète chez eux, c'est leur regard. »

Dans leurs yeux, une colère d'adolescent bien sûr, mais aussi une colère de Noir incompréhensible à ceux qui passent sans les voir. « Pourtant, la vie n'est pas si mal ici. Je n'y comprends rien », dit, impuissant, Monty Bhajun, un épicier mauriçois qui sert la population noire depuis 25 ans.

« Quand on va faire un tour à Westmount, on n'est pas bienvenus. Les policiers nous ennuient et nous disent de ne pas rester tard, dit Mike, 14 ans, fils de Trinidadiens, aux gestes gracieux. Ils nous prennent pour des criminels. C'est pourtant mon quartier ici, l'endroit où je suis né. »

Mike me décrit un Montréal que je ne connais pas. Il parle de Nelson Mandela comme s'il sortait de Bordeaux, de Malcolm X comme s'il avait été abattu rue Sainte-Catherine, de Rodney King comme si les policiers qui l'ont sauvagement battu à Los Angeles avaient été jugés par des Blancs de Pointe-Claire. Lorsque Mike marche à grands pas dans les paisibles avenues des environs, ce sont les rues dévastées du Bronx qu'il voit. Quand il se promène au bord de la rivière des Prairies, il voit Brooklyn de l'autre côté...

Les policiers du poste 15 et les jeunes West Indies de la rue Victoria ne vivent pas dans le même univers. Les premiers portent fièrement la moustache gauloise, vont pêcher le week-end à leur chalet des Laurentides et dépassent rarement Old Orchard. Les seconds battent au rythme de l'Amérique noire qui va jusqu'au Brésil. Montréal n'est pour eux qu'une banlieue éloignée de Harlem et ils seraient bien embêtés de situer Saint-Jérôme sur une carte.

Chaque dimanche, toutes origines confondues, ils se déchaînent au Red Zone, la boîte rap de la rue Saint-Laurent. En baskets et en casquette, ils imitent la démarche du ghetto et l'accent jamaïcain. Dans le train d'enfer, c'est à peine si l'on entend les paroles des rappers de Public Enemy qui scandent : « L'homme noir est le sel de la terre et quelques démons tentent de le cacher. »

Savez-vous ce qu'ils disent ? ai-je demandé. Les adolescents ont continué de glisser sur le plancher de danse avec un sourire entendu.

« Les jeunes Noirs sont très perméables aux idées du continent américain, dit l'écrivain haïtien Émile Ollivier, et aux modes qui arrivent directement de la Jamaïque ou des États-Unis. »

« Montréal et New York, c'est pareil », m'ont dit et redit les jeunes Noirs que j'ai rencontrés. Même que ce serait mieux là-bas, car les Noirs y sont plus nombreux. Ici, le racisme serait simplement plus subtil et parlerait français.

Et il n'y a pas que les jeunes flâneurs de la station de métro Plamondon qui pensent ainsi : « Qu'on tue 100 Noirs à New York ou quatre à Montréal, ce n'est qu'une différence de quantité », dit Garvin Jeffers, directeur adjoint du Westmount High School, et membre respecté de la communauté noire anglophone.

Feindre d'ignorer qu'on est noir, me dit un jeune Jamaïcain en colère, serait le pire des racismes : « J'aime mieux me faire traiter de sale nègre, au moins la situation est claire ! »

Pas surprenant que le visage sévère de Malcolm X se multiplie à une vitesse effarante sur les murs du Montréal noir. Sur les casquettes, les tshirts, les pantalons (et même des sacs de chips), le « X » noir sur fond blanc est devenu un signe de ralliement. C'est le cinéaste noir américain Spike Lee (en lui consacrant un film) qui a redonné vie à ce fondamentaliste musulman, assassiné dans les années 60, qui prêchait la vengeance contre les « démons aux yeux bleus » et considérait l'assassinat de John Kennedy comme « un juste retour des choses ».

« Heureusement, la plupart des jeunes Noirs n'ont jamais lu une ligne de Malcolm X », me dit Ronnie Dee, l'animateur vedette de la station de radio CIBL. Ses paroles ont-elles toujours un sens à Montréal en 1992 ? « Oui ! » affirme sans hésiter June Bertley, directrice de l'Institut Garvey (fondé sur les idées du Jamaïcain Marcus Garvey qui prêchait le retour en Afrique). « Malcolm X n'était pas un radical, il voulait simplement aller plus vite que Martin Luther King. »

Le Québec n'est pas à l'abri d'un retour au radicalisme des années 60, prévient Roy Gettins devant un poster du leader de Harlem. Dans un ancien local industriel, entre le chemin de fer et la rue Jean-Talon, il apprend aux adolescents noirs qui fréquentent les cours de l'Association de la communauté noire de Côte-des-Neiges « que, unis, ils pourront se tenir debout, que, divisés, ils tomberont. Et qu'ils doivent être ensemble pour ne pas se retrouver dos au mur. » C'est en apprenant aux jeunes Noirs qu'ils sont différents qu'ils prendront confiance en eux et pourront réussir, dit-il.

A l'autre bout de la ville, le paisible quartier Ahunstic cache la même rage sous ses grands ormes centenaires. « Comment ça se fait que lorsque Bruny Surin gagne une médaille aux Jeux olympiques, il est québécois, et que s'il violait une fille, il serait tout à coup noir ? demande Joseph Guy Indy, 17 ans. A l'école, tout le monde se regroupe par couleur, pis nous on est noirs. »

Je lui ai demandé quelle autre communauté que les Haïtiens pouvait se vanter, après 20 ans, de compter 250 médecins, 150 ingénieurs et encore plus d'infirmières, de fonctionnaires et d'universitaires... Joseph a haussé les épaules.

Quand j'ai appris à Michelbon Jolibois, son copain, que l'Assemblée nationale avait déjà compté un député noir (Jean Alfred, de 1976 à 1981), il a douté puis m'a lancé : « Évidemment, ils ont trouvé le moyen de s'en débarrasser. » Ils ? « Oui, les Blancs ! »

Personne, parmi la trentaine de Noirs rencontrés pour ce reportage, ne m'a raconté de cas de discrimination raciale criante. Quelques-uns m'ont parlé d'une tante ou d'un cousin harcelé par ses compagnons de travail blancs. Les jeunes, de harcèlement policier. Tous soupçonnent cependant qu'un jour, quelque part, leur couleur a fait la différence pour obtenir un emploi ou un logement.

« Ma génération avait tendance à courber l'échine, dit l'éducateur Max Charlier. Les jeunes nés ici ne laissent rien passer. Ils ne se comparent pas à leurs parents, mais aux autres Québécois. Ils ne sont plus des Haïtiens et pas encore tout à fait reconnus comme des Québécois. Ils se cherchent ! »

A l'école secondaire Joseph-François-Perrault, deux skins, crânes rasés et Doc Martens aux pieds, sont venus à la rentrée des classes avec des chiens « dressés pour attaquer les Noirs », disaient-ils ! Des élèves ont réagi en s'équipant de téléavertisseurs : lorsqu'un membre du groupe était en difficulté, il suffisait d'un coup de fil (donné d'une cabine téléphonique de l'école) pour sonner le rappel et se porter à sa défense.

« Les jeunes Haïtiens ont souvent honte de leurs origines, surtout qu'Haïti ne leur a pas donné beaucoup de raisons de s'en vanter, explique Dominique Ollivier, rédactrice en chef de la revue bilingue Images. Les modèles haïtiens ne font pas le poids face à Michael Jordan ou Malcolm X. On sait bien que les idées des ghettos américains n'ont rien à voir avec la société québécoise où les Noirs sont essentiellement issus de l'immigration, mais il n'y a pas d'alternative. »

« Pourtant, les Noirs sont en train de changer Montréal. L'ennui, c'est qu'ils ne le savent pas ! » dit Ronnie Dee qui offre (sur CIBL) aux jeunes Haïtiens chaque samedi, entre minuit et 5 h, un curieux cocktail de calypso, de compas, de rap, de raï et de reggae. Montréal compte plus d'une centaine d'associations noires qui vont du Ralliement des infirmières haïtiennes aux associations de Gonaïviens, en passant par le Black Theater Workshop et l'Association « négro-marketing » qui veut « designer » des produits pour les consommateurs noirs. Il y a des traiteurs, des assureurs, des entrepreneurs en construction, des compagnies de taxi et des courtiers en valeurs mobilières noirs. Cette année, Luc Melville et les membres de son groupe Rude Luck, des Haïtiens, ont remporté le concours de musique rock L'Empire des futures stars. Les Haïtiens de Missile 727 attirent certains soirs plus de l000 personnes dans le nord de Montréal et ils ont joué à New York, Miami et Paris. « Nous sommes là pour rester et il faudra vous y faire », dit Ronnie Dee.
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Montréal noir :: Commentaires

mihou
Re: Montréal noir
Message Lun 15 Mai - 21:12 par mihou
Dans son bureau du Westmount High School, Garvin Jeffers réplique à chacun des exemples de réussite noire. « On trompe les Noirs en leur laissant entendre qu'ils pourront vivre comme tout le monde dans cette société. Nous sommes définis par notre couleur de notre naissance à notre mort. Ce n'est pas drôle, mais c'est la dure réalité. Nous sommes

tous des descendants d'esclaves et, fondamentalement, des Africains. »

« C'est faux ! », répond Bergman Fleury, conseiller à l'intégration à l'école secondaire Joseph-François-Perrault. « La communauté noire, ça n'existe pas ! C'est une invention de l'esprit. Les "porteparole noirs" ne représentent personne. Les Haïtiens se sont débarrassés de l'esclavage il y a plus de 150 ans et il y a plus de cultures différentes en Afrique que dans toute l'Europe. Haïtiens, Jamaïcains et Sénégalais n'ont rien en commun que la couleur de leur peau. Et encore, il y a beaucoup de teintes de noir. »

Les Haïtiens, qui représentent la moitié des Noirs de Montréal, se démarquent fréquemment de la Ligue des Noirs du Québec présidée par Dan Philip, un professionnel de la lutte antiraciste. Ils affirment que les Noirs n'ont pas tous la même culture et ne sauraient être représentés par les mêmes organisations. Les militants, comme Garvin Jeffers, écoutent leurs arguments avec un léger sourire en se disant qu'un jour « ils finiront bien par découvrir qu'eux aussi ils sont noirs ».

Depuis quelques années, les organisations noires, financées par les gouvernements (qui ont un faible pour « l'interculturel »), ont surgi à Montréal. Le ministère québécois de l'Industrie et du Commerce envisage même de créer un fonds d'un million de dollars destiné aux entrepreneurs noirs. Et le ministère de l'Éducation vient de reconnaître la première école noire de Montréal. Au dernier étage d'une ancienne école de la Petite-Bourgogne, les 30 petits Noirs (dont deux Haïtiens) de l'école primaire Garvey apprennent, entre deux cours de mathématiques, que Cléopâtre était noire (les historiens disent qu'elle était grecque) et que des Africains auraient exploré l'Amérique 100 ans avant Jacques Cartier. Sur les murs : une série de posters d'empereurs égyptiens aux traits négroïdes accentués.

Pourquoi une école noire ? « Parce que la structure de l'école blanche rejette les jeunes Canadiens de descendance africaine (le nouveau terme pour désigner les Noirs), dit June Bertley. Ils n'ont ni le même comportement, ni la même façon d'apprendre que les Blancs. » En 1990, des parents haïtiens de Montréal-Nord avaient pourtant refusé le transfert de leurs enfants dans une école près de chez eux par crainte de se retrouver justement entre Noirs.

Personne ne connaît le taux de décrochage des Noirs de Montréal, mais tout le monde dit qu'il est élevé, plus particulièrement chez les anglophones (environ 60 %). Rue Jean-Talon, au-dessus d'un garage, le président de l'Association des Jamaïcains de Montréal, Noël Alexander, accuse la loi 101. Selon lui, son application « brutale » provoquerait le décrochage et briserait les familles.

« Les jeunes Jamaïcains quittent leur île avant d'avoir une connaissance de base de l'anglais. On les plonge dans l'école française et leurs parents ne peuvent plus les comprendre. »

La solution proposée : laisser les Noirs anglophones fréquenter l'école anglaise et introduire progressivement le français sur une période d'au moins deux ans. En attendant, Noël Alexander a conseillé à son neveu de ne pas immigrer au Québec.

La criminalité est importante chez les jeunes Noirs, admet Noël Alexander. Selon une étude de l'Université McGill, ils représentent 23 % de la population des centres pour jeunes délinquants anglophones de Montréal. A la Cité des Prairies (où les jeunes ont commis en moyenne 18 délits), les Noirs représentent de 30 % à 50 % des détenus anglophones, et 15 % des francophones. « Dans les deux cas, ils sont surreprésentés », dit le directeur Jean-Marie Carette.

« Ces chiffres s'expliquent surtout par la recrudescence de la criminalité chez les Jamaïcains. La plupart de ces jeunes ont l'impression d'être exclus et de porter sur leurs épaules 100 ans d'oppression. » Et les « gangs » haïtiens sont souvent en guerre avec les « gangs » jamaïcains.

Verra-t-on un jour à Montréal des ghettos à l'américaine ? Edina Baines, présidente du Black Community Council of Quebec, croit que toutes les caractéristiques d'un ghetto existent déjà dans Côte-des-Neiges : pauvreté, taudis, décrochage, criminalité, etc. « Ça commence à ressembler au Bronx. »

D'autres, comme Dorothy W. Williams, professeur au Collège Lasalle et auteur de Blacks in Montreal, soutiennent que les Noirs ont plutôt tendance à se disperser dans la ville.

Francophones et anglophones suivent des parcours différents. « C'est la reproduction des deux solitudes », dit Émile Ollivier. Les Haïtiens, plus mobiles à cause de la langue, choisissent Saint-Michel, Rosemont, Montréal-Nord, Saint-Léonard et Laval (les environs de la rue Viau ont même été surnommés, du nom d'une banlieue de Port-au-Prince, Ti-Bwoklin - de Petit-Brooklyn). Les Noirs anglophones arrivés à Côte-des-Neiges dans les années 60 sont partis vers Notre-Dame-de-Grâce, Saint-Laurent, LaSalle... ou Toronto. Dans la Petite-Bourgogne, où débarquaient les premiers Noirs américains au début du siècle pour travailler au chemin de fer, on trouve maintenant quelques jeunes yuppies noirs qui habitent de petites maisons pastel.

Amely Clyque, du Negro Community Center (la première organisation noire de Montréal), se souvient des années 40, quand il n'y avait pas 3000 Noirs à Montréal. « Les premiers ont commencé ici sans le sou, puis ils ont déménagé dans un meilleur logement avant de s'acheter une maison en banlieue. C'est la preuve qu'on peut réussir. »

Elle s'inquiète de voir les idées et l'atmosphère des ghettos américains envahir Montréal : « Ça n'a pas marché là-bas, ça ne marchera pas mieux ici. »

Ma semaine chez les Noirs s'est terminée là où elle avait commencé. Rue Victoria, les ouvrières jamaïcaines rentraient du travail. Les jeunes flâneurs du métro Plamondon, fatigués de ne rien faire, s'en allaient souper. J'ai acheté un pâté jamaïcain et levé les yeux vers la fenêtre derrière laquelle j'ai grandi : une belle tête noire me souriait de ses dents étincelantes.


Illustration(s) :

Le X se multiplie sur les t-shirts et les casquettes.
Dans les coulisses de la Cari-fête été 1991, à Montréal, un événement haut en couleur.
« Les jeunes nés ici ne se comparent pas à leurs parents, mais aux autres Québécois. »
 

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