MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE

Vues Du Monde : ce Forum MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE est lieu d'échange, d'apprentissage et d'ouverture sur le monde.IL EXISTE MILLE MANIÈRES DE MENTIR, MAIS UNE SEULE DE DIRE LA VÉRITÉ.
 
AccueilAccueil  PortailPortail  GalerieGalerie  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Derniers sujets
Marque-page social
Marque-page social reddit      

Conservez et partagez l'adresse de MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE sur votre site de social bookmarking
QUOI DE NEUF SUR NOTRE PLANETE
LA FRANCE NON RECONNAISSANTE
Ephémerides
Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

 

 Tous coupables!

Aller en bas 
AuteurMessage
mihou
Rang: Administrateur
mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

Tous coupables! Empty
12052006
MessageTous coupables!

La Presse
Forum, samedi 28 février 2004, p. A18

Tous coupables!
Le bain de sang semble à ce point imminent à Haïti qu'il est temps de trouver des avenues nouvelles

Barbot, Vivian

Depuis l'indépendance, nous, Haïtiennes et Haïtiens, n'avons pas cessé de narrer la longue saga de nos échecs et de nous distribuer les rôles de coupables. La preuve est faite, nous sommes coupables. Nous sommes coupables d'être Noirs, Blancs, Mulâtres. Nous sommes coupables d'être riches, pauvres, indigents, de classe moyenne. Nous sommes coupables d'êtres commerçants, industriels, fonctionnaires, ouvriers, paysans, membres de la diaspora. Nous sommes coupables d'être présidents, militaires, dictateurs, tyrans, sanguinaires... Nous sommes coupables de nous taire. Nous sommes coupables de parler. Tous coupables, à tour de rôle: lui, elle, eux... Pas moi.

Aujourd'hui, le bain de sang semble à ce point imminent qu'il est temps de trouver des avenues nouvelles. Toutes et tous, ne pourrions-nous pas tourner le dos à cette funeste litanie? Renoncer à ces constants retours aux méthodes éculées- coups d'État et autres- qui n'ont jamais donné les résultats escomptés pour nous engager résolument dans une autre direction? Nous engager dans une tâche commune et urgente, celle d'assurer un avenir pour Haïti? Car si nous sommes toutes et tous à ce point coupables, c'est que le problème est aussi le nôtre. Cela étant, toutes et tous ne devrions-nous pas faire partie de la solution aussi?

De l'espoir

À cet égard, il m'apparaît clairement que toute solution au conflit actuel est vouée à l'échec si elle n'a pas un écho dans le coeur et la raison de chacune des parties en présence. Il y a, si nous voulons bien prendre la peine de nous écouter les uns les autres, des énoncés qui laissent entrevoir des changements de mentalité: tel chef des rebelles déclare qu'il ne veut pas le pouvoir pour lui-même, qu'il est un militaire et que ce n'est pas son rôle de diriger le pays. Tel porte-parole de la société civile prône la non-violence et les manifestations pacifistes. Tel dirigeant se résout à accepter l'aide étrangère, de mourir pour le pays et non pas de se sauver à l'étranger. Telle faction du peuple parle de démocratie...

Il y a là des germes de ce qui pourrait être la base d'un véritable projet de société. Un projet dont certains des mots clés pourraient être à titre d'exemples: éducation, citoyenneté, civisme, liberté, égalité, solidarité.

Plusieurs pays à qui nous avons montré la voie de l'indépendance en 1804 peuvent nous servir de modèle pour sortir de la crise actuelle. Pensons à l'Afrique du Sud, qui a su surmonter une situation extrêmement difficile. Leur démarche s'est articulée autour de la défense des droits humains et de la réconciliation nationale. À l'instar de Desmond Tutu et de Nelson Mandela, nous avons, en Haïti même ainsi qu'à l'étranger, des compatriotes capables d'incarner l'autorité morale propice à semblable démarche de réparation, de cicatrisation, de reconstruction, et d'insuffler au peuple le courage d'entreprendre un chantier d'une telle envergure.

D'autres y sont arrivés. Pourquoi pas nous? N'est-ce pas le temps de faire appel à eux? N'est-ce pas le temps de faire la paix entre nous? N'est-ce pas le temps de nous reconnaître comme frères et soeurs? N'est-ce pas le temps de cesser de confondre " fierté nationale " et " orgueil national "? N'est-ce pas le temps d'accepter en toute connaissance de cause l'aide qui nous est offerte par les pays étrangers?

Communauté internationale

Bien sûr, il faut d'abord rétablir la sécurité et l'ordre sur le territoire haïtien. Pour cela, je pense que la communauté internationale a le devoir d'intervenir. Le devoir d'ingérence s'impose afin de désarmer les bandes rivales. Le signal d'alarme s'est déclenché depuis trop longtemps déjà et ceux qui se réclament les défenseurs de ce monde ne doivent plus continuer d'ignorer, comme au Rwanda, l'impuissance d'un général Dallaire face à la tuerie qui se prépare.

Nos gouvernements, celui du Canada, du Québec et des autres provinces, doivent faire écho à la population canadienne qui a maintes et maintes fois exprimé sa très grande solidarité avec le peuple haïtien. Au sein de cette population, faut-il le rappeler, nous sommes plusieurs milliers de citoyennes et de citoyens d'origine haïtienne qui n'en pouvons plus de voir souffrir et mourir en vain nos compatriotes haïtiens.

Nos gouvernements peuvent et doivent jouer un rôle de leadership en préconisant l'envoi immédiat de troupes internationales pour assurer la paix en Haïti. Ils permettront ainsi aux ONG (organisations non gouvernementales) canadiennes qui oeuvrent sur le territoire haïtien de poursuivre l'aide humanitaire essentielle et inestimable qu'ils prodiguent aux populations locales.

Pour ma part, j'ai fait un séjour éclair dans mon pays d'origine l'été dernier, brisant ainsi un exil de quarante ans. J'ai ressenti intimement l'extrême fragilité du déséquilibre social, culturel et politique. Je suis revenue intimement convaincue que si mes compatriotes ont survécu jusque-là, c'est en nourrissant malgré tout l'espoir silencieux qu'il y a une issue de secours quelque part. Depuis mon retour, sans cesse, je me demande comment faire pour leur venir en aide et je ne veux pas céder au pessimisme ni au fatalisme.

J'ai beaucoup réfléchi et je refuse d'accuser qui que ce soit. Je ne manifesterai pas contre le président Aristide. Je ne manifesterai pas pour le président Aristide non plus. Je ne suis pas neutre pour autant. Je suis du parti de celles et ceux qui sont conscients que la crise dépasse les seuls protagonistes actuels et qui veulent une solution à long terme.

Je mets dans la balance ma culpabilité, ma peine, ma honte, mes morts, mes martyrs, mes victimes, mes deuils, ma rancoeur, mon manque de courage et tout le reste. Je reconnais et j'accepte de partager les sentiments et les torts collectifs de l'immense majorité de mes compatriotes qui ont connu de près ou de loin le même sort que moi. Incidemment, souvenons-nous aussi que nous avons des victoires à célébrer et créons l'espace qui nous permettra de le faire un jour.

Je veux en échange la survie de mon peuple, le premier peuple Noir à s'être libéré de l'esclavage. Cette leçon de courage titanesque était alors une victoire pour toute l'humanité et c'est à l'humanité tout entière que j'en appelle pour qu'Haïti ne meure pas!

Retraitée de l'enseignement l'auteure est une ex-présidente de la Fédération des femmes du Québec.
Revenir en haut Aller en bas
https://vuesdumonde.forumactif.com/
Partager cet article sur : reddit

Tous coupables! :: Commentaires

Aucun commentaire.
 

Tous coupables!

Revenir en haut 

Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE :: EDUCATION :: REVEIL ET CONSCIENTISATION-ENLIGHTMENT-
Sauter vers: