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 10 Mai, Commémoration de la Traite négrière : Une symboliqu

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mihou
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mihou


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10 Mai, Commémoration de la Traite négrière : Une symboliqu Empty
11052006
Message10 Mai, Commémoration de la Traite négrière : Une symboliqu

10 Mai, Commémoration de la Traite négrière : Une symbolique résistante, combattante, républicaine
01/02/2006

La décision du chef de l’Etat français de fixer au 10 Mai la date de commémoration de la traite négrière atlantique et de l’esclavage dans les colonies suivant en cela les recommandations du Comite pour la Mémoire de l’Esclavage présidé par l’écrivaine guadeloupéenne et personnalité éminente Maryse Condé porte une charge symbolique tous gagnants dont il convient de s’imprégner.
Cette décision historique n’intervient pas sans les atermoiements peu honorables d’un exécutif français qui n’a eu de cesse, depuis la promulgation de la loi Taubira en 2001 -laquelle prévoyait une commémoration officielle en France métropolitaine- d’aller de manoeuvres dilatoires en pourrissement des rapports entre les différents acteurs du travail de mémoire sur l’histoire négrière.
Il est fort à parier que ce sont encore, sous la pression d’une mobilisation collective certes irrégulière, par moment défaillante mais nettement déterminée, des considérations de politiques intérieures qui ont poussé le chef de l’Etat français à presser le pas de cette décision historique malgré lui et l’ensemble de la classe politique. M. Chirac ne manque pas de peaufiner ses arithmétiques et la gestion de son capital et camp politique à l’heure où son bilan en deux mandats électoraux s’apparente à une peau de chagrin. Il y aura désormais un électorat noir et arabe à soigner.
La véritable signification de la date du 10 mai échappe donc aux politiques de l’établissement. Cette date remet en selle les logiques d’acteurs, de résistance, de lutte à perte de vie des esclavisés venus d’Afrique pour la prospérité du trône de France, de la sainte église catholique apostolique et romaine. Elle élimine donc directement la date du 27 avril [décret de la deuxième abolition par Schoelcher en 1848 de l’esclavage dans les colonies], point d’ancrage schoelchériste, qui développait la sémiotique implicite du don gracieux de liberté des Blancs aux pauvres nègres inaptes à la contestation de leurs propres chaînes.

Le 10 mai coïncide [?] par ailleurs fort heureusement avec la date d’un discours historique de Louis Delgrès, officier martiniquais de l’armée française qui allait se retourner contre son camp, l’armée napoléonienne, en proclamant sa révolte face à la restauration de l’esclavage en Guadeloupe où il servait, lui, les valeurs de liberté, de justice et d’humanité. Il sacrifiera sa vie à ce parti pris pour la liberté en se faisant sauter à la tête de ses troupes le 28 mai 1802. Cette date inclut par conséquent, par sa rencontre avec la proclamation historique de Delgrès, l’ensemble du mouvement résistant des îles des Caraïbes et des colonies plus généralement.

Le 10 mai est donc habité d’une symbolique de résistance et de combats de toutes les heures et surtout de toutes les époques, menant à l’époque contemporaine. Epoque où une des plus dignes descendante d’esclaves de Guyane, Christiane Taubira, aura porté l’immense poids politique de faire adopter par une représentation parlementaire singulièrement fermée à la diversité raciale et de sexe, de surcroît si peu soucieuse de la question négrière, la loi criminalisant la traite négrière transatlantique. Le mépris avec lequel cette loi a été accueillie ne s’est estompé que lorsque des associations de descendants d’esclaves sont parvenues à mobiliser brillamment cet instrument à des fins mémorielles robustes et non consensuelles, allant jusqu’à interdire de fait plus que de jure des ventes aux enchères officiellement autorisées d’objets en relation avec la traite négrière...

La date du 10 mai, inspirée par le travail pionnier de Christiane Taubira et du Comité pour la Mémoire de l’Esclavage institué par la conséquence de l’action parlementaire de la première nommée, remet les victimes au cœur de la production de la mémoire collective et d’une nouvelle identité nationale en cours d’élaboration. Cette date va faire beaucoup de victimes. D’abord tous ceux qui se sont glissés dans les habits de l’Anticommunautarisme vaseux et qui ont cru devoir s’insurger à cors et à cris contre la loi Taubira, réclamant pour des motifs peu clairs son abolition. Sous le prétexte de l’intrusion du politique dans l’écriture et l’enseignement de l’histoire, de forts relents colonostalgiques se sont fait jour et mettaient en demeure le dispositif de la loi de Mai 2001.
Cette question est donc réglée car il n’est pas imaginable que le président français s’appui sur l’adoption d’une loi pour fixer une date de commémoration et qu’il abroge par la suite cette même loi.
La république se remet un tantinet à vivre, mais ce ne sont là que des frémissements réversibles. Le jour est historique mais l’indigénat vécu de fait par tous les Noirs et Arabes, descendants de colonisés dont l’existence civile est distinctive de celle de leurs compatriotes en inégal accès aux ressources matérielles et culturelles de la nation, ne va pas être dissout par décret. Mais en se proposant de trancher dans le sens de la reconnaissance de l’histoire martyre et traumatique des uns, la république symboliquement mime ses valeurs, sa promesse fondamentale d’égalité. Il ne s’agit que d’un mime...
Ce sera encore et toujours aux dominés, aux exclus, aux rebuts, aux reclus, aux damnés de la terre comme à ceux du derme, de prendre l’initiative historique comme l’a fait Christiane Nzinga Taubira. Madame la députée de Guyane trouve un début de consécration des efforts qu’elle a entrepris depuis bientôt dix ans et se retrouve, à un an de l’élection présidentielle de 2007 en position idéale pour transformer sa candidature latente en succès historique au soir du premier tour.

La commémoration du 10 mai n’annulera pas les traditions ultramarines en la matière, elles ont leur historicité et leur légitimité spécifique. Mais comme pour toute partie de l’histoire nationale méritant un regard de la communauté citoyenne, il était normal qu’une date officielle unitaire émerge, c’est désormais chose faite. Ceci en rien n’interfère dans la production des lieux, dates, structures du souvenir et de la mémoire que devront mettre sur pied, animer et développer tous les pays et continents concernés, l’Afrique en premier.

Z.B.
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10 Mai, Commémoration de la Traite négrière : Une symboliqu :: Commentaires

Très bon article, comme toujours. Il a le mérite de susciter le commentaire



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