Imams sous contrôle
Nicolas Sarkozy en guerre contre les « prêcheurs radicaux ».
Jérôme Cordelier
Une dizaine d'imams, fichés par les Renseignements généraux, sont dans le collimateur des autorités françaises. L'un d'entre eux, Abdelhamid Aissaoui, un Algérien de 41 ans, mis en cause dans une tentative d'attentat contre le TGV en 1995, a déjà été expulsé de Lyon vers Alger. Après Londres, Nicolas Sarkozy a déclaré la guerre aux « prêcheurs radicaux ».
L'arsenal législatif a été renforcé depuis le 11 septembre 2001 en France, comme dans la plupart des pays européens. Les qualifications pour des poursuites administratives et judiciaires ne manquent pas : incitation à la haine raciale, apologie de crime, provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence...
Depuis janvier, à l'instigation de Dominique de Villepin, alors à l'Intérieur, des « pôles régionaux de l'islam radical » rassemblent tous les services compétents - y compris le fisc, l'inspection sanitaire et les douanes. Le dispositif a permis la multiplication des contrôles et l'expulsion, sur les quatre premiers mois de l'année, d'une trentaine de personnes - dont sept imams.
Visés en particulier, les salafistes. S'ils sont très minoritaires, leur rigorisme n'en constitue pas moins un terreau propice au radicalisme. « Cette manière de vivre l'islam en se retirant du monde s'apparente à un phénomène sectaire, explique un spécialiste du ministère de l'Intérieur. Elle séduit de plus en plus des jeunes en déshérence, via une littérature qui se vend bien et une profusion de sites sur l'Internet. »
Pour contrecarrer cette influence, le gouvernement affiche une nécessité : la formation des imams. « On a souvent affaire à des imams autoproclamés, constate Idriss Elouanali, de l'association La Boussole, qui publie l'Annuaire des mosquées de France. Ceux parlant à la fois l'arabe, pour comprendre les textes, et le français, pour transmettre correctement le message, sont peu nombreux. D'autant que le salaire promis est tellement dérisoire qu'il décourage les candidats... »
Priorité de Villepin à l'Intérieur, le dossier est toujours à l'étude. Le projet de formation universitaire des imams, prévu pour démarrer en octobre à Paris-IV, a pour l'instant été repoussé par le conseil des études de l'université.
© le point 28/07/05 - N°1715 - Page 19 - 334 mots