« Le célibat est désormais un luxe que tout le monde peut s'offrir. »
Propos recueilllis par Stéphanie Chayet
Le Point : Pourquoi le célibat est-il en augmentation ?
Anne Teachworth : Principalement parce que les femmes ont les moyens de vivre seules. Le célibat est désormais un luxe que tout le monde peut s'offrir.
Le Point : Le boom du secteur de la rencontre montre que cette solitude n'est pas toujours choisie.
A. Teachworth : Les gens sont plus exigeants, mais ils continuent à rêver de l'âme soeur. L'ennui, c'est qu'ils sont effarouchés par le sexe opposé. Je suis sidérée par la timidité de mes patients. Des hommes et des femmes qui sont couronnés de succès dans leur vie professionnelle deviennent extrêmement hésitants quand il s'agit de faire le premier pas en amour. Ils sont incapables d'exprimer leur intérêt pour l'autre.
Le Point : Quelle est la meilleure stratégie pour trouver un conjoint ?
A. Teachworth : On me demande souvent : « Où dois-je aller pour rencontrer quelqu'un ? » Ce qui importe n'est pas où l'on va, mais ce que l'on fait. L'inconnue croisée dans l'ascenseur, le jeune homme qui vous demande l'heure à l'arrêt d'autobus sont autant de conjoints potentiels. Pour faire des rencontres, il suffit d'engager la conversation.
Le Point : Dans votre livre, vous soutenez que l'on tombe souvent amoureux pour de mauvaises raisons...
A. Teachworth : Quand on est attiré par quelqu'un, c'est l'inconscient qui tire les ficelles. Sans le savoir, on cherche un conjoint avec qui l'on pourra reproduire le couple que formaient nos parents à l'époque de notre petite enfance. En général, si ce couple de référence fonctionnait bien, on choisit bien. Mais s'il était dysfonctionnel, méfiance ! Les couples à problèmes sont souvent composés d'individus issus de couples à problèmes. Ils ne savent pas comment résoudre leurs différends car leurs parents n'en ont jamais été capables. De génération en génération, l'histoire se répète.
Le Point : Etre issu d'une union malheureuse condamne-t-il à être malheureux en amour ?
A. Teachworth : On peut briser le cycle infernal, mais il ne faut pas attendre que les problèmes se manifestent. Les couples devraient consulter dès le début de leur relation ! Je suis très favorable aux thérapies préventives : si l'on comprend la manière dont notre histoire familiale nous a façonnés, il devient plus facile de repérer les mines qui jalonneront notre vie de couple, et donc de les désamorcer
* Psychothérapeute américaine, fondatrice de l'institut Gestalt, un centre de La Nouvelle-Orléans spécialisé dans les thérapies de couple et les « cours de séduction » pour célibataires. Elle est l'auteur de « Comment trouver l'âme soeur et la garder » (Payot).
© le point 16/05/03 - N°1600 - Page 65 - 443 mots