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 Dans les pas d'un Galiléen

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mihou
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mihou


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06052006
MessageDans les pas d'un Galiléen

Dans les pas d'un Galiléen

Pauvre et itinérant, Jésus n'a pas laissé d'empreinte matérielle. Mais l'archéologie permet de retracer son mode de vie et son parcours « politique ».

De notre envoyé spécial, Ugo Rankl

Terrible Ier siècle. Années de fer, de haine et de feu en Palestine, en proie à la domination romaine et aux révoltes juives. Guerres, ambitions et massacres ont laissé d'innombrables traces archéologiques. Au contraire, l'aventure de Jésus le Galiléen, qui se déroule sur cette rougeoyante toile de fond historique, ne se lit dans aucun vestige. Jésus n'était ni riche ni puissant. Sa contestation de l'ordre romain est non violente. Comment laisser une trace matérielle dans ces conditions ?

Le royaume des cieux que le Christ veut instaurer sur terre n'a pas de capitale. Effectivement, Capharnaüm, le centre de sa prédication en Galilée, n'est en rien marquée de son vivant par ses actes, ses paroles et la dévotion des premiers disciples. Les fouilles n'ont permis de découvrir aucune inscription, stèle, objet caractéristique des tout premiers temps du christianisme. Jésus passe, annonce, guérit, relatent beaucoup plus tard, et de façon contradictoires, les Evangiles. Il ne construit pas ni ne détruit. Il ne peut alors laisser aucune marque dans la pierre.

Pourtant, l'archéologie est indispensable, moins pour raconter les grands moments de la vie du Christ que pour expliquer pourquoi et comment il apparaît publiquement, à la suite de Jean-Baptiste, dans les années 20 du Ier siècle. Les fouilles conduites à Sepphoris, toute proche de Nazareth, apportent une partie de la réponse. La ville est détruite en 4 avant Jésus-Christ - c'est-à-dire un à deux ans après la date de naissance probable du Christ - par le légat romain Varus, qui vient de Syrie pour châtier les Juifs, coupables de s'être révoltés contre les taxes. Le Ier siècle est bien celui des empiétements païens sur la religion de Yahvé.

Quelques années plus tard, Hérode Antipas, fils d'Hérode le Grand, reconstruit la ville en lui donnant une forme romaine, strictement organisée selon des axes perpendiculaires. Sepphoris devient alors la « parure de la Galilée », avec ses villas décorées de fresques et de mosaïques. Les restes d'un imposant bâtiment administratif de 40 mètres sur 35 témoignent des ambitions d'Antipas. Les fouilles des quartiers d'habitation ont permis d'exhumer les fondations de villas dont les toits étaient tous couverts de tuiles rouges, typiques des cités romaines. Une attention toute particulière semble avoir été portée à l'ornementation des façades, afin d'accentuer l'aspect latin de Sepphoris ressuscitée.

Cette avancée spectaculaire vers la romanisation de la Galilée est plus sensible encore à Tibériade, qu'Hérode Antipas fonde et dédie à Tibère, devenu empereur en 14. Antipas va chercher loin de la Galilée les coûteux matériaux de construction nécessaires à l'édification de sa capitale. Antipas veut marcher dans les pas de son père, roi des Juifs par la grâce des Romains, qui a construit Césarée à l'identique des grands ports romains. Prudent, Hérode le Grand avait soigneusement évité d'impliquer la Galilée dans son projet de romaniser l'économie, l'architecture et la société juive. Il savait en effet que les Galiléens seraient les plus réfractaires de tous les Juifs à la romanisation.
Simplicité de vie

Antipas est moins avisé que son père. Il tente pourtant de ne pas heurter les convictions les plus profondes de ses sujets en appliquant son vernis romain sur la Galilée. Les pièces de monnaie qu'il fait frapper ne portent aucun visage afin que ne soit pas transgressé l'interdit sur la représentation de la figure humaine, essentiel dans le judaïsme. Mais ces précautions ne suffisent pas. Les Galiléens exècrent Sepphoris dès sa fondation. A l'occasion d'une révolte juive, l'historien Flavius Josèphe (43-100 après Jésus-Christ) décrit ainsi la haine des Galiléens pour cette cité qui est, à leurs yeux, une souillure romaine sur la terre qui appartient à Dieu : « Les Galiléens, saisissant l'occasion, trop bonne pour être manquée, de laisser libre cours à leur haine pour cette ville qu'ils détestaient, se ruèrent à l'assaut dans l'intention d'exterminer tous ses habitants. Ils se répandirent dans la ville, l'incendièrent et n'épargnèrent aucune forme de souffrance à leurs compatriotes. »

Une telle volonté de détruire est née de l'immense distance qui existe, au Ier siècle, entre le mode de vie des paysans galiléens et celui des citadins romanisés qui habitent les villes construites par Antipas. Les fouilles archéologiques conduites à Nazareth permettent de mesurer le gouffre qui sépare alors les deux populations. A l'époque de Jésus, Nazareth est sous l'autorité d'Hérode Antipas. Le village est à l'écart des grandes routes. Ses dimensions n'excèdent pas 600 mètres sur 200. Les maisons sont espacées pour laisser place aux enclos pour le bétail. Mille personnes devaient y vivre au Ier siècle. Leurs maisons étaient faites de boue séchée, de paille et de quelques pierres. Il n'y a pas de fortifications, pas de synagogue, pas de bâtiment public. Aucune trace d'une maison du Ier siècle n'a été retrouvée par les archéologues franciscains qui fouillent le site depuis la fin des années 60. Il n'existe pas, non plus, la moindre mention écrite de Nazareth sur quelque document que ce soit datant du Ier siècle. Les scribes n'avaient aucune raison de s'intéresser à un aussi pauvre hameau tant que les taxes y étaient collectées et qu'aucun fauteur de troubles ne s'y manifestait...

La même simplicité de vie, la même frugalité s'exprime à travers les fouilles de Capharnaüm, sur la rive nord du lac de Tibériade ou mer de Galilée. Ici non plus, aucune inscription du Ier siècle n'a été découverte. Le hameau, situé aux confins des terres d'Hérode Antipas, n'est pas, lui non plus, digne de l'intérêt des fonctionnaires.

En 1986, deux membres du kibboutz de Ginossar trouvent les restes d'un très ancien bateau, enfoui dans la boue du fond du lac qu'une sécheresse exceptionnelle a découvert. Pendant quatorze ans, Orna Cohen, conservatrice de l'Université hébraïque de Jérusalem, a travaillé à restaurer cette embarcation dont la découverte fit grand bruit, puisque, pour tous les chrétiens, il s'agissait à l'évidence du bateau de Zébédée et de ses fils mentionnés dans les Evangiles. Mais Orna Cohen estime qu'il n'existe aucune preuve matérielle reliant ce bateau à Jésus, hormis la période à laquelle il a été construit, entre 40 avant Jésus-Christ et 80 de notre ère. Ce bateau pourrait aussi bien être celui d'habitants de Magdala, qui furent si bien massacrés par les Romains que, selon Flavius Josèphe, les eaux de la mer de Galilée étaient rouges de sang.

Néanmoins, la découverte de ce bateau s'est révélée essentielle pour évaluer le niveau d'avancement technique et le style de vie des habitants de la Galilée, au moment où Jésus vit et prêche parmi eux. La barque de Ginossar est très bien construite. Les artisans qui l'ont assemblée étaient très habiles. Mais cette embarcation devait représenter l'investissement d'une vie pour toute une famille. Pendant vingt ans, ce modeste esquif a été si souvent rafistolé que les planches de la coque sont de vingt-deux essences de bois différentes, certaines nobles comme le cèdre, d'autres très communes comme le saule. Utilisée jusqu'à la dernière limite, la barque de Ginossar est démontée. La proue et la poupe sont probablement récupérées pour être mises sur une nouvelle embarcation, et la coque, irrécupérable, est coulée. En filigrane de l'histoire de la barque de Ginossar, on distingue celles de communautés techniquement avancées mais très pauvres et disposant de très peu de moyens matériels.

L'archéologie nous apprend également que les pêcheurs et les paysans de Galilée étaient profondément attachés aux règles et aux principes du judaïsme. Les tombes retrouvées à Nazareth sont un premier indice du caractère exclusivement juif de ce hameau, à l'époque de Jésus. Le rituel d'inhumation respectait scrupuleusement les préceptes de la loi juive. Les morts étaient d'abord inhumés dans des cavités - kokhim - creusées dans des chambres mortuaires dont l'entrée était fermée par de lourdes pierres rondes. Au bout de quelques mois, quand les chairs étaient décomposées, les os étaient rassemblés dans un ossuaire individuel ou déposés, en vrac, dans une nouvelle cavité.
Des bains pour se purifier

Les découvertes archéologiques montrent également le souci presque obsessionnel des paysans de Galilée pour la pureté du corps. Au Ier siècle, bien que vivant dans un état de pauvreté absolue, les habitants de Nazareth disposaient d'au moins deux bains rituels - miqwoth - afin qu'il leur soit possible de respecter les obligations religieuses liées à la purification. Les fouilles conduites à Sepphoris, Gamla, Jodephat, Nazareth, Capharnaüm ont également permis de retrouver des centaines d'ustensiles liés à la pratique régulière du bain rituel. Tous ces objets sont faits d'une pierre tendre et blanche que l'on trouve en abondance en Galilée. Le métal, le verre, la céramique étaient considérés comme impurs et ne pouvant convenir à la fabrication de ces objets très communs, mais auxquels était attachée une grande valeur symbolique.

Le respect scrupuleux des rites juifs d'inhumation et la pratique régulière des bains de purification laissent supposer que les Galiléens du siècle de Jésus sacrifiaient aussi aux autres traditions juives importantes comme la circoncision, la célébration de Pâque, le repos hebdomadaire du shabbat.

On peut aussi en conclure qu'ils étaient également très attachés aux lois régissant la propriété foncière, l'endettement, la redistribution régulière des terres telles qu'elles leur avaient été transmises par Moïse et les prophètes. L'urbanisation de la Galilée et son intégration dans l'espace commercial romain sous l'influence d'Hérode le Grand et d'Antipas ne pouvaient donc que susciter résistance et révoltes. C'est dans ce cadre qu'il faut peut-être alors regarder l'affrontement de Jean-Baptiste et d'Hérode Antipas, qui se terminera par l'arrestation et la mise à mort du prophète en 28.

Baptiste éliminé, Antipas veut s'en prendre à Jésus, qui, en annonçant l'avènement d'un royaume des cieux fondé sur l'alliance avec un Dieu juste, attentif au sort des humbles, dresse un réquisitoire contre la société marchande et romanisée que voudrait créer Antipas en Galilée.

Selon les Evangiles, les pharisiens, traditionalistes dont l'enseignement est fixé dans le Talmud, viennent avertir Jésus du danger qu'il court. Celui-ci fait alors dire à Antipas qu'il se rendra à Jérusalem, car un prophète ne saurait mourir loin de cette ville. A Jérusalem, le Christ va en effet à la rencontre de Caïphe, le grand prêtre, et de Ponce Pilate, le préfet romain, deux adversaires infiniment plus dangereux qu'Antipas.

Selon Philon d'Alexandrie, Pilate est un homme violent, vénal, agressif, voleur. C'est un magistrat félon, à la férocité sans limites, qui fait exécuter ses prisonniers sans jugement. Dans les Evangiles, au contraire, Pilate est décrit comme un homme mesuré et sage que certains Juifs manipulent habilement pour obtenir la condamnation du Christ... L'autre ennemi mortel de Jésus à Jérusalem est le grand prêtre Caïphe, qui sera déposé en 36 comme Pilate. Caïphe et tout son clan appartiennent au parti des sadducéens, rivaux des pharisiens. Les seules sources écrites dont on dispose sur les sadducéens ont été produites par leurs opposants. Leur image est donc particulièrement mauvaise dans les Evangiles et dans les chroniques de leurs contemporains. Flavius Josèphe les décrit comme « plus féroces que quiconque quand ils avaient à juger ». C'est contre eux que parle Jésus dans la parabole de la vigne : « Il [Dieu] viendra, anéantira ses métayers et donnera sa vigne à d'autres. »

Les sadducéens, qui contrôlent la grande prêtrise du Temple de Jérusalem, professent le même mépris pour l'espoir en la résurrection des morts. A l'époque de Jésus, la caste dont sortent tous les grands prêtres est un groupe étroit, puissant et immensément riche. En outre, les sadducéens jouent, sans aucune retenue, la carte de la collaboration avec l'occupant romain, à Jérusalem. Ce choix attire sur eux la haine de tous les autres groupes juifs, mais leur permet de jouir pleinement, sur terre, des fruits de leur bonne entente avec les Romains.
Qumran, découverte majeure
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