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QUOI DE NEUF SUR NOTRE PLANETE
LA FRANCE NON RECONNAISSANTE
Ephémerides

 

 La vérité sur l'esclavage

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mihou
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mihou


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06052006
MessageLa vérité sur l'esclavage

http://www.lepoint.fr/societe/document.html?did=177942

La vérité sur l'esclavage

Cent cinquante ans après l'abolition de l'esclavage, la France réexamine son
passé esclavagiste. A l'heure de l' examen de conscience, un tri s'impose entre
mythes et réalités historiques.

Catherine Golliau

Pour la première fois cette année, le 10 mai devient la journée nationale de
l'esclavage et de la traite négrière. En 2001, la loi Taubira reconnaissait à la
traite esclavagiste le caractère de crime contre l'humanité. En 2005, Jacques
Chirac présentait aux descendants des victimes les excuses de la nation. Plus de
cent cinquante ans après la signature du décret d'abolition de 1848, la France
se retourne enfin sur son passé négrier. Les militants de la « négritude » ont
fini par obtenir les réparations mémorielles qu'ils exigeaient de la République.

Mais cet examen de conscience ne se fait pas dans la sérénité : la mémoire et
l'Histoire ne font pas toujours bon ménage. Faute d'avoir été soumis plus tôt à
la décantation historique, l'esclavage est devenu un sujet politique, sinon
polémique. C'est une partie de l'élite noire française qui entretient depuis
plusieurs années autour de cette question un véritable bouillonnement
intellectuel d'où est censée sortir une identité noire rénovée. Pour ne pas en
rester au face-à- face entre ressentiment et méfiance, mieux vaut examiner les
faits. Que sait-on aujourd'hui de la traite négrière ? Où sont les vérités, où
sont les mensonges ? Etat des lieux.

Noir égale esclave ? Faux

Asservir l'autre est depuis la plus haute Antiquité et dans toutes les
civilisations un moyen d'affirmer sa puissance tout en obtenant de la
main-d'oeuvre à bon compte. En Egypte, la main-d'oeuvre servile, en grande
partie locale (droits communs, mauvais payeurs), est propriété de Pharaon, des
temples et des privilégiés. A Athènes, un habitant sur deux est un esclave ou un
affranchi. Délos est alors le grand marché de la Méditerranée et Platon lui-même
y fut vendu comme esclave. A Rome, à l'apogée de l'Empire, 2 à 3 millions
d'esclaves de toutes origines et de toutes races vivaient en Italie, où ils
représentaient plus de 35 % de la population, occupant toutes les fonctions ou
presque, d'ouvriers agricoles à conseillers du prince en passant par médecin ou
gladiateur. Le Moyen Age chrétien ? Il est aussi esclavagiste, et ses captifs
sont essentiellement blancs. En Italie mais aussi en France ou en Espagne, il
existait un vrai commerce d'esclaves, alimenté par les Génois, les Vénitiens,
les Byzantins qui, d'après Olivier Pétré-Grenouilleau (« Les Traites négrières
», Gallimard, 2004), n'avait rien à envier à la traite négrière du XVIIIe
siècle. Les victimes ? Les musulmans, les juifs, mais aussi les chrétiens
orthodoxes et les hérétiques. Il y eut ainsi, autour des années 1200-1300, une
véritable traite des Bulgares bogomiles, mouvement manichéen des Balkans.

Qu'est-ce qui distingue ces pratiques de la traite négrière ? Son objectif. A
partir du XVIe siècle, l'esclavage pratiqué par les Européens vise uniquement à
se fournir en moyens de production : les hommes vont être utilisés comme des
machines. A partir de 1492, Christophe Colomb a découvert les Amériques,
immenses territoires à exploiter. Les Indiens d'Amérique, réduits au travail
forcé, ont été rapidement décimés. On essaie bien d'utiliser dans les îles ou en
Amérique latine des ouvriers européens (il y aura même encore des esclaves
blancs à Cuba au XVIIe siècle). Mais leur nombre ne suffit pas : l'économie
sucrière qui se développe alors exige une main-d'oeuvre nombreuse, robuste et
surtout bon marché. L'Europe se tourne donc vers l'Afrique noire, où la traite a
été expérimentée sur la côte ouest dès le XVe siècle par les Espagnols et les
Portugais. A partir de la seconde moitié du XVIIe siècle s'organise ce que l'on
va appeler le « commerce triangulaire » : les bateaux partent des ports
européens (Le Havre et Rouen, La Rochelle, Bordeaux mais surtout Nantes,
Liverpool, Amsterdam) chargés de marchandises destinées à « acheter » les
captifs en Afrique. Ils cinglent ensuite, avec leur troupeau d'êtres humains,
vers les Amériques (Caraïbes, Brésil, Amérique du Nord), où ils les déchargent
et d'où ils repartent vers l'Europe enfin, les cales remplies des denrées
coloniales. Soit un voyage de douze à dix-huit mois, à hauts risques, mais à
forte rentabilité. Un « nègre » peut rapporter dix fois son prix d'achat. La
traite négrière est le premier grand commerce mondialisé.

Les Européens sont les seuls responsables de la traite ? Faux

La traite « atlantique « organisée par les Européens - Anglais, Français,
Hollandais, Portugais et Américains - a déporté entre 1450 et 1860 vers les
plantations des Amériques et des Antilles 11 millions d'Africains,
essentiellement originaires d'Angola, de haute Guinée, de Sénégambie et du
Bénin.

La traite orientale

Mais il existe deux autres traites, plus anciennes, moins étudiées, quoique plus
importantes par leur ampleur. D'abord celle dite « orientale », organisée dans
toute l'Afrique noire par les musulmans d'origine arabe et leurs alliés noirs,
traite qui, du VIIe siècle au XIXe, aurait entraîné, d'après les estimations de
l'historien Ralph Austen, la déportation de 17 millions de personnes vers
l'Arabie, le Maghreb, l'Inde et la Chine. Ce n'est qu'en 1920 que sera fermé au
Maroc le dernier marché aux esclaves... Cette traite sert autant les intérêts
économiques que l'expansion politique et religieuse de l'Islam. Au XIVe siècle,
la traite est la spécialité des marchands du Yémen et du golfe Persique. Au
XIXe, période où la traite orientale atteint son apogée et draine entre 4,5
millions et 6,2 millions de personnes hors de l'Afrique noire, le sultanat de
Zanzibar, au sud de la Tanzanie, spécialisé lui-même dans la culture du clou de
girofle, devient l'une des plaques tournantes de ce trafic. En 1923, l'admission
de l'Ethiopie à la Société des Nations se fera moyennant son engagement d'abolir
toute forme de servitude : près d'un tiers de ses habitants étaient alors des
captifs... Quant à l'Arabie saoudite, elle n'a toujours pas aboli l'esclavage.
Et au Soudan, les milices de l'Etat continuent à réduire les populations
chrétiennes en servitude. La traite « orientale » a pourtant laissé moins de
traces que la « traite atlantique » du fait d'une forte mortalité des esclaves
(les captifs devaient, en fonction des routes sahariennes, parcourir à pied plus
d'un millier de kilomètres, la mortalité sur la route de Libye pouvant atteindre
20 %), de l'importance des mariages mixtes, des affranchissements et de la
castration de beaucoup d'hommes, utilisés ensuite comme eunuques.

La traite africaine

Troisième « traite », et la plus importante puisqu'elle va servir de support aux
commerces des étrangers : celle pratiquée par les Africains eux-mêmes. Elle
trouve son origine dans les guerres tribales traditionnelles, mais est amplifiée
à partir du XVIIe siècle par la demande des Occidentaux et des musulmans. Cette
traite « intérieure », qui va enrichir les grands royaumes africains comme le
Dahomey (la ville de Ouidah, dans l'actuel Bénin, est le plus grand centre
esclavagiste de la côte ouest), aurait touché 14 millions d'individus. Sujet
tabou en Afrique, où beaucoup préfèrent parler de simples faits de «
collaboration », la traite interne reste, elle aussi, mal connue. Ses séquelles
semblent toutefois au centre des conflits racistes qui ravagent le continent
noir depuis la décolonisation.

Le racisme crée l'esclavage ? Faux

C'est la traite et l'esclavage qui nourrissent le racisme. Pour légitimer la
traite, les esclavagistes ont besoin de considérer les Noirs comme des êtres
inférieurs. Jusqu'au développement de la traite, la couleur noire n'est pas
péjorative en Occident. Sur les tableaux du Moyen Age, l'un des Rois mages est
noir. Quant à saint Maurice, vénéré par les peuples germaniques, il a les traits
négroïdes. D'après l'historien Olivier Pétré-Grenouilleau, ce sont les musulmans
qui, les premiers, recourent à la « malédiction de Cham » pour justifier le sort
qu'ils imposent aux Africains. Cette thèse sera reprise au XVIIe siècle par les
planteurs espagnols, en même temps que les stéréotypes « racistes » nés dans le
monde musulman dès le Moyen Age et qui vont poursuivre les Africains pendant des
siècles : hommes robustes, naïfs, paresseux... Au XIXe siècle, les Occidentaux
défenseurs de l'esclavage soutiendront des thèses « scientifiques » prouvant
l'infériorité de la race noire. Accusations que beaucoup finiront par
intérioriser. Dans le téléfilm « Noirs. Enquête sur l'identité noire », d'Arnaud
Ngatcha (diffusé le 7 mai sur France 5, voir Guide p. 150), l'écrivaine
guadeloupéenne Maryse Condé se rappelle ainsi ses parents » : « Au lieu de voir
l'esclavage comme une faute, ils avaient le sentiment d'être coupables. Ils
pensaient que, si leurs parents avaient été mis en esclavage, c'est qu'ils
portaient en eux des éléments qui faisaient d'eux peut-être pas des êtres
inférieurs, mais des êtres facilement pris et utilisés par les plus forts. »

Les conditions de vie imposées aux captifs avant leur arrivée en Amérique
étaient atroces ? Vrai

Dès qu'ils sont « razziés », les captifs vivent l'enfer : longs et douloureux
transferts des zones dites « de production » vers la côte, entassement pendant
plus de trois mois en moyenne dans des geôles avant l'arrivée des bateaux, trois
mois et demi au moins de traversée de l'Atlantique dans les cales de bateaux
marchands sommairement équipés. En Angola, 40 % des captifs meurent avant
d'atteindre la côte et d'être vendus aux Portugais et aux Brésiliens. La plupart
des études montrent toutefois que la mortalité des victimes de la traite varie
entre 10 et 20 %, quelles que soient les zones de recrutement et les nations
négrières. Les conditions de vie vont néanmoins s'améliorer du fait de la hausse
des prix des esclaves. Les négriers prévoient des bateaux un peu plus
confortables, et surtout plus rapides, les trajets comprendront des arrêts le
long de la côte africaine (à São Tomé, au Cap-Vert) et aux Caraïbes afin de «
rafraîchir » les captifs : on les fait alors descendre quelques semaines à
terre, histoire de les soigner un peu... Beaucoup de victimes meurent toutefois
en route (maladies, révoltes) et sont jetées à la mer. Au XIXe siècle, quand la
traite sera devenue illégale, certains capitaines n'hésiteront pas, pour
éliminer les preuves, à jeter vivante par-dessus bord leur cargaison humaine...

Les esclaves se révoltaient ? Vrai

En 1791, l'île de Saint-Domingue se révolte contre la France sous la houlette de
Toussaint Louverture et abolit l'esclavage en 1793, avant d'être reprise en main
par Napoléon. Sans réussir des actions aussi spectaculaires, beaucoup d'esclaves
parvenaient à s'enfuir. Le nègre marron, qui s'échappe de la plantation pour
vivre libre en communauté dans les « mornes » - les collines -, est un mythe aux
Antilles. Sur mer, la résistance était plus difficile. Le réalisateur américain
Steven Spielberg a popularisé, avec son film « Amistead », l'histoire d'esclaves
cubains mutinés en mer et soutenus par les abolitionnistes américains, mais
cette histoire reste une exception : seules 10 % des 30 000 traversées auraient
connu des rébellions, et celles-ci étaient généralement désespérées : sur des
mers dominées par les nations esclavagistes, les révoltés n'avaient aucune
chance, d'autant qu'en général ils devaient utiliser leurs geôliers pour
conduire le bateau.
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