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 Racisme et lutte de classes II

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Tite Prout
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Tite Prout


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Date d'inscription : 01/06/2005

Racisme et lutte de classes II Empty
04052006
MessageRacisme et lutte de classes II

Plus la classe ouvrière est divisée, pires seront ses conditions de vie. Cet argument, maintes fois repris par le mouvement anarchiste (15), a été confirmé dans une étude réalisée par un sociologue américain. Ce dernier a mis à l’épreuve la thèse voulant que les ouvriers blancs et les ouvrières blanches bénéficient du racisme (16).

En comparant la situation d’ouvrier-e-s blanc-he-s et noir-es dans les 50 états des États-Unis, il a découvert que moins il y a de discrimination salariale contre les ouvrier-es noir-es, plus les salaires des ouvrier-es blanc-he-s sont élevés. Deuxièmement, il a découvert que l’existence d’un groupe d’ouvrier-e-s pauvres et opprimé-e-s à cause de leur origine ethnique réduisait les salaires des ouvrier-e-s blanc-he-s (mais n’affectait pas beaucoup les gains des blanc-he-s de la classe moyenne et supérieure). Finalement, il a découvert que plus la discrimination raciale est importante, plus la pauvreté est présente pour les blanc-he-s de la classe ouvrière.

De tels faits contredisent l’idée voulant que la majorité de la population ouvrière tire des avantages matériels du racisme. La logique derrière cet argument présuppose que la population ouvrière bénéficiant de ces privilèges doit d’abord y «renoncer» avant que l’unité de la classe ouvrière ne soit possible. Un tel argument suppose également que les capitalistes adopteraient une stratégie qui profite systématiquement à une majorité de travailleurs et de travailleuses, ce qui est non seulement peu probable mais ne peut durer longtemps. De plus, cet argument implique que notre tâche politique immédiate doit être la redistribution des richesses parmi les ouvrier-e-s, et non de mener la lutte des classes contre le capitalisme. En d’autres mots, on demande à la majorité des salarié-e-s de se battre pour de pires conditions de travail.

Cette approche confond deux choses très différentes: l’oppression et le privilège. Il est vrai que nombre de salariés ne font pas directement face à l’oppression raciale, ce qui ne veut pas dire qu’ils et elles en profitent. Les deux termes sont distincts: bien qu’il soit oppressif d’être condamné à des salaires de crève faim, ce n’est pas pour autant un privilège que d’avoir un salaire décent.

Pourquoi les idées racistes sont-elles acceptées ?

Aucun des arguments élaborés dans cet article ne nie la possibilité que des fractions de la classe ouvrière puissent recevoir temporairement des avantages de l’oppression raciale dans des circonstances spécifiques. Par exemple, la petite classe ouvrière blanche sud-africaine a reçu de véritable bénéfices de l’apartheid entre 1920 et 1980. Mais de façon générale, l’oppression raciale va fondamentalement à l’encontre des intérêts de la majorité des travailleurs et travailleuses, peu importe la couleur de leur peau.

Reconnaître le rôle primordial de la classe dominante capitaliste (soutenue par l’État) dans la promotion et l’exploitation de l’oppression raciale, ne revient pas à nier que beaucoup de gens de la classe ouvrière soutiennent souvent le racisme. Le racisme est très répandu au sein de la classe ouvrière. Cependant, ce soutien est bien plus un exemple concret de personnes agissant contre leurs propres intérêts que la preuve que les travailleurs et les travailleuses profitent du racisme

Cependant, si le racisme ne fournit pas d’avantages pour les salarié-e-s, comment pouvons-nous expliquer un tel soutien pour des idées essentiellement irrationnelles?

La réponse réside dans le fait que des forces matérielles fonctionnent dans le but d’encourager le maintien de ces idées.

Le premier facteur qui explique cette situation est l’hégémonie de l’idéologie bourgeoise. Les capitalistes ne gouvernent pas simplement par la force, ils gouvernent également en imposant une vision globale capitaliste. Comme l’indique Praxedis, « la classe dominante, ceux qui contrôlent l’éducation et de la richesse des nations, nourrissent le prolétariat avec de stupides croyances de supériorité et de fierté ». C’est le rôle de l’école, des médias, de la littérature et ainsi de suite. L’impact de cette propagande ne doit pas être sous-estimé.

Le deuxième facteur qui entre en ligne de compte sont les conditions matérielles de la classe ouvrière. Sous le capitalisme, la classe ouvrière souffre de la pauvreté, d’aliénation et de misère. De la même façon que les ouvrier-e=s peuvent se consoler dans la religion, ils et elles peuvent aussi compenser leur état de domination par une supposée supériorité raciale. Ce sont les « stupides croyances de supériorité et de fierté » dont parle Praxedis.

De plus, les membres de la classe ouvrière entrent en compétition les unes avec les autres pour une quantité limitée d’emplois, de logements, etc. Face à cette situation, il est possible qu’ils et elles en viennent à blâmer d’autres groupes de la classe ouvrière pour leurs problèmes. Lorsque ces autres groupes sont culturellement ou physiquement distincts dans leur apparence, ce ressentiment peut être exprimé en des termes racistes: « les maudits immigrants volent nos jobs ».

Les opprimé-es divisé-es

Avec une vue d’ensemble, il est clair que le racisme est un produit du capitalisme. Fondamentalement, il va à l’encontre des intérêts de la classe ouvrière et paysanne.

Peut-on considérer que les capitalistes issus de groupes opprimés sont des alliés fiables dans la lutte contre le racisme? Non, ils ne le sont pas.

Les effets du racisme dépendent fondamentalement de la position de classe. Prenons le cas des États-Unis: bien que les moyennes nationales de revenus des blanc-he-s et des noir-e-s montrent un vaste écart entre les deux, lorsqu’on prend en compte le facteur de classe, les inégalités matérielles entre les ouvrier-e-s blanc-he-s et noir-e-s sont finalement assez limitées. Pris sous un autre angle, l’écart entre les conditions de ces deux groupes de travailleur et de travailleuses, d’un côté, et ceux de la classe supérieure, de l’autre, est beaucoup plus important. (17)

Les intérêts de classe de cette élite lient ses membres au système capitaliste. Les chefs de police, les maires et les officiers des minorités ethniques sont tout autant les défenseurs du capitalisme que leurs homologues blancs. Ces groupes prendront le parti de l’élite blanche, si celle-ci leur permet de participer aux bénéfices.

Combattre le racisme

C’est le capitalisme qui produit continuellement les conditions permettant le développement de l’idéologie et de l’oppression raciste. Il va de soit qu’une véritable lutte contre le racisme peut seulement être menée par la classe ouvrière et paysanne. Ce sont les seules forces capables de renverser le système capitaliste. Le renversement du capitalisme fera en sorte de saper fondamentalement les racines sociales du racisme. Le renversement du capitalisme exige toutefois l’unification de la classe ouvrière et de la paysannerie à un niveau international, peu importe leur couleur ou leur nationalité.

La disparition du capitalisme et la mise en place du socialisme libertaire feront en sorte que les vastes ressources actuellement enchaînées aux besoins de la minorité bourgeoise soient placées sous le contrôle des prolétaires à travers la planète. Avec le communisme libertaire, il sera possible d’utiliser ces ressources pour créer l’égalité sociale et économique pour tous et toutes, nous donnant ainsi la capacité de se débarrasser de manière définitive de l’oppression raciale.

Cependant, cet article ne soutient d’aucune manière qu’on doit attendre après la révolution pour lutter contre le racisme. Seule une classe ouvrière unie peut anéantir le racisme et le capitalisme. D’autre part, l’unité de la classe ouvrière ne peut être construite qu’en s’opposant à toutes les formes d’oppression et de préjugé. C’est le seul moyen de garantir le soutien de tous les secteurs de la classe ouvrière.

Il apparaît clairement que le racisme ne peut être combattu sur que sur une base de classe. C’est dans l’intérêt de tous et toutes les prolétaires de soutenir la lutte contre le racisme. Le racisme est un problème pour la classe ouvrière parce qu’il affecte les conditions de vie de tous et toutes les prolétaires, parce que la plupart des individus qui sont victimes du racisme sont des prolétaires.

L’ensemble de la classe ouvrière bénéficie de cette unité, y compris celles et ceux qui sont victimes du racisme. L’unité de classe permet non seulement de faire progresser leurs conditions de vie, mais prépare également l’assaut final contre le système capitaliste. Sans nier l’héroïsme, et, dans quelques cas, le rôle d’agent de radicalisation joué par des mouvements organisés sur une base «minoritaire», on doit admettre qu’à eux seuls, ils ne parviendront pas à renverser l’ordre actuel des choses. (18) L’unité est particulièrement importante sur les lieux de travail, où le fonctionnement de syndicats formés de travailleurs et de travailleuses de groupes «minoritaires» s’avère pratiquement impossible.

L’unité de la classe ouvrière ne peut être construite que sur la base d’une opposition claire et résolue contre toute forme de racisme. Si les autres segments de la classe ouvrière ne s’opposent pas au racisme, elles créent une situation par laquelle les nationalistes parviennent à lier les segments opprimés de la classe ouvrière à leur propre bourgeoisie, puis les amener vers des campagnes «d’achat noir» et de bloc électoral. Les alternatives «lutte-de-classistes» et anarchistes doivent se présenter comme une alternative viable si elles veulent gagner le soutien de la classe ouvrière dans son ensemble.

Nos tâches

Le travail anti-raciste doit occuper une place prioritaire dans les activités de tous et toutes les anarchistes de lutte de classe. Ce travail est important, non seulement parce que nous nous opposons à toute forme d’oppression, parce que les anarchistes sont depuis longtemps les adversaires du racisme, mais aussi parce que ce travail est un élément essentiel qui permettra d’unifier et de conscientiser la classe ouvrière. Sans cette unité, ni le racisme, ni le capitalisme ne pourront être consignés aux livres d’histoire.

À un niveau général, cette tâche peut se traduire par un travail actif dans les luttes et les campagnes antiracistes, y compris avec des non-anarchistes (sans, bien sûr, perdre notre autonomie politique), de même que par une propagande continuelle contre le racisme dans nos publications, nos lieux de travail, nos syndicats et nos communautés.

Les lieux de travail sont des espaces particulièrement importants pour ces activités. C’est là que le capitalisme crée la plus grande pression sur l’unité ouvrière. C’est là que le mouvement ouvrier parvient ou non à rester debout, selon sa capacité à répondre aux besoins de tous les travailleurs et de toutes les travailleuses.

Plus concrètement, nous pouvons revendiquer des demandes qui s’appliqueront de façon égale à tous et toutes (de meilleurs salaires, le droit de se syndiquer, etc.), tout en amenant des revendications qui répondront plus particulièrement aux besoins des segments de la classe ouvrière qui subissent la discrimination raciale (accès égal à l’éducation et au logement, fin de la discrimination et de la ségrégation dans les milieux de travail, etc.) Ainsi, nous devons nous battre pour de meilleurs logements pour tous et toutes. Nous devons bien sûr cibler les patrons mais nous ne devons tolérer aucun préjugé raciste, d’où qu’il vienne.

Il n’y a pas de contradiction entre la lutte des classes et la lutte contre le racisme. L’une ne peut réussir sans l’autre.

-Par la Worker’s Solidarity Federation (Afrique du Sud), traduit par le groupe La Commune (NEFAC-Montréal)

*Serviteurs asservis : utilisé pour «indentured servants» qui ne possède pas de définition univoque. Ce terme fait référence à des travailleurs qui échangent leur force de travail gratuitement à un maître contractuellement. Ces contrats peuvent parfois durer toute une vie (NDT).

Notes

1) Eric Williams, 1944, Capitalism and Slavery. Andre Deutsch. p. 17. voir aussi Peter Fryer, 1988, Black People in the British Empire. Pluto Press. chapter 11.
2) Williams ne donne pas assez d”importance a l’esclavage dans les populations blanches.
3) Williams, p. 14.
4) Williams, p. 10.
5) Leo Huberman, 1947, We, the People: the drama of America. Monthly Review Press. p. 161.
6) Williams, pp. 18-9, 23-29.
7) Bill Freund, 1984, The Making of Contemporary Africa: the development of African society since 1800. Indiana University Press. p. 51.
Cool Fryer, p. 64.
9) Williams, pp. 23-6; Huberman, p. 167-8.
10) Huberman, p. 167.
11) Voir Freund pour plus de références sur le cas africain.
12) Fryer, pp. 61-81; Freund.
13) And not to workers as Fryer claims, pp. 54-5. Ces arguments sont critiqués plus en profondeur par le ‘Position Paper’ de la WSF sur «l’anti-imperialisme».
14) Programa de la Liga Pan-Americana del Trabajo in Articulos de Combate, p. 124-5, cited in D. Poole, “The Anarchists and the Mexican Revolution, part 2: Praxedis G. Geurrero 1882-1910”, Anarchist Review. No. 4. Cienfuegos Press.
15) Comme exemple, Ricardo Flores Magon and others, To the Workers of the United States, November 1914, reproduced as Appendix A, in Colin Maclachlan, 1991, Anarchism and the Mexican Revolution: the political trials of Ricardo Flores Magon in the United States. University of California Press. p. 123.
16) Al Szymanski, 1976, “Racial Discrimination and White Gain”, in American Sociological Review, 41.
17) N. Chomsky, 1994, Keeping the Rabble in Line. AK Press. pp. 105-6.
18) Voir à cet effet “Race, Class and Organization: the view from the Workers Solidarity Federation (South Africa)”, 1997, Black Flag, no. 212.

Extrait de Ruptures no 4
By Phebus at 01/28/2005 - 11:05 | Allies | Alliés | Anarchist-Communism | Anti-Racist Theory | Théorie antiraciste | Immigration | International Groups | Groupes internationaux | Revolutionary History | Histoire révolutionnaire | Ruptures | Francais | 1884 reads
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