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 Xénophobie et racisme: fils des stéréotypes... IV

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Tite Prout
Maître de Cérémonie du forum
Tite Prout


Nombre de messages : 1737
Localisation : Montréal
Date d'inscription : 01/06/2005

Xénophobie et racisme: fils des stéréotypes... IV Empty
01052006
MessageXénophobie et racisme: fils des stéréotypes... IV

On voit se multiplier, dans les collèges et lycées, le port de vêtements représentant un drapeau national (algérien, marocain ou israélien), des élèves juifs arborant ici ou là une plaque de l'armée israélienne.

La fréquence de ces manifestations vestimentaires apparaît liée à l'existence d'une surenchère entre communautés. Leur comportement fluctue, selon les époques, entre le souci d'éviter tout conflit et la volonté de s'imposer face à la laïcité. Mais en réalité on ne cherche jamais les vrais raisons des problèmes. Les quartiers où se manifestent ces communautarismes sont par exemple des "quartiers en souffrance", des cités ghettos, mais la seul réponse, ou du moins la plus voyante, est toujours connoté de sécurité, non pas pour les habitants eux même, mais pour protéger le reste de la population de ces gens.

Ainsi, en ne s'ouvrant pas à eux, c'est nous qui créons le communautarisme dont on les accuse et qui justifie pour beaucoup le racisme latent qui gangrène la France. Comment peut-on en effet demander à des gens d'abandonner leurs derniers repères pour s'intégrer à une société qui les rejettent ?

Combattre les idées recus

Les immigrants provenant d'autres pays se sont bien intégrés eux...
A Aigues-Mortes en 1893, près d'une cinquantaine (les chiffres sont discutés) d'Italiens ont été assassinés par les paysans partis les chasser avec des fourches. Cet épisode a été complètement refoulé. Cet aspect de la mémoire a été gommé par le discours mythique sur la France terre d'accueil. On a occulté ces formes d'exclusion. L'idée que les Italiens étaient bien acceptés est donc fausse et par la-même, l'idée que seul les immigrés "arabes" n'y arrive pas également. C'est plus souvent le pays d'accueil qui a du mal à assimiler ses immigrés que l'inverse, et ce encore plus en période de crise, voir le paragraphe sur "La culture du bouc-émissaire".

Ainsi, les difficultés de la deuxième génération de l'immigration maghrébine ne tiennent pas à la population elle-même mais à la restructuration de nos sociétés. La mobilité sociale est mise à mal à cause du chômage structurel. Ceux qui sont issus de la seconde génération et dont les parents occupent les échelons les plus bas du marché du travail en souffrent ... comme les classes populaires. Seulement, ils y sont surreprésentés. Sans oublier que les cités où leur parents se sont installé sont aujourd'hui à l'abandon et donc engendre une perte de repère proportionnelle à la dégradation de leur environnement.

De quelle intégration on parle d'abord ?

Contrairement à l'image populaire qui veut que ce soit les populations originaires du Maghreb, de Turquie ou d'Afrique qui ont le plus de mal à s'intégrer, et qui par conséquent sont de manière constante, et sous des formes diverses depuis les années quatre-vingt, au cœur des débats publics (chômage, laïcité, communautarisme...), c'est en réalité le peu de représentativité parmi nos élites qui pourrait bien en être la cause.

Si ces populations sont présentes dans le milieu scolaire ou professionnel, qu'elles sont également actives dans le milieu associatif, l'intégration politique, elle, fait cruellement défaut, hormis quelques cas anecdotique, alors que cela serait à mes yeux la principale défense contre les problématiques du communautarisme.

Diviser pour mieux régner

Tant que l'Occident ne changera pas son propre comportement, il est certain que les mêmes causes produiront les mêmes effets. Si l'Occident continue de se protéger en se verrouillant, cela finira par exploser.

Je doute que le métissage des idées et des gens aboutisse au communautarisme, au contraire, je crois que cela ne peut qu'enrichir notre société, d'ailleurs si on regarde de plus près cette dernière, ainsi que notre langue, on voit bien que toute leur richesse vient de tous les peuples qui y sont passé et qu'elles ne sont pas restées figé pendant des centaines d'années.

Cependant depuis des décennies on cherche en effet à figer les choses. Il est ainsi étonnant de voir que des gens qui sont mort pour la France durant les deux guerres mondiales et la guerre d'Algérie n'ont toujours pas été intégrés, qu'ils soient Harkis, Kabyles, etc ...

Autant de définition qui n'ont d'ailleurs pour objet que d'empêcher l'intégration dans une société de ces personnes ainsi nommées. On se rend en effet vite compte que la religion n'est pas le seul problème de la société française, mais que les origines ethniques ont également un poids conséquent. On acceptera ainsi plus facilement l'européen que le non européen. En ce sens l'intégration est un échec mais cela ne vient pas de ceux qui veulent s'intégrer. Le noir qui est lui français depuis 2 siècles aura toujours plus de difficulté que le slave qui n'est pas encore français...

Par exemple, on appelle les Français d'outre-mer les "Domiens", alors même que leurs ancêtres, victimes de la colonisation et de l'esclavage, ont été français avant les Savoyards ou les Niçois, et bien avant qu'une bonne partie de l'Afrique noire, l'Indochine ou l'Algérie. Français mais venus d'outre-mer, et donc souvent noirs ou mulâtres, cela suffit à tout changer dans leur vie quotidienne.

Entre fantasme et réalité

J'ai eu dernièrement, avec une amie, une discussion, si ce n'est atterrante, plutôt représentatif des idées préconçus que nous avons tous. Notre échange a commencé, actualité oblige (article commencé en janvier 2006), sur les "jeunes de banlieue".

Si par mon vécu j'en ai et j'en côtoie personnellement beaucoup, elle, par contre, ayant grandi dans un village, très loin d'être représentatif de la mixité social, se base principalement sur les médias pour définir son point de vue sur le sujet et affirme donc ressentir de l'insécurité également.

Une vision plutôt pleine d'aprioris donc mais après quelques dizaine de minutes, et plusieurs exemples concret, dont la question de savoir si elle avait déjà été victime d'un quelconque "outrage" par une personne désigné comme étant un "jeune de banlieue", elle finit par conclure, qu'effectivement, sa vision était faussée et que les rares fois où elle s'est sentie agressé par un tiers dans la rue, ce fut le fait de supporters de foot, de vieux pervers, mais aucunement d'un descendant d'une hypothétique immigration visible.

Bien sur, cela n'est qu'un exemple et j'en ai d'autres qui démontreraient exactement le contraire. En fait, j'ai donné celui-ci pour bien démontrer que l'on n'est pas forcement objectif lorsque l'on traite de tel sujet et que l'on prend souvent pour soi ce qui arrivé aux autres.

La suite de cette discussion est en revanche représentatif des stéréotypes ancrés depuis longtemps. Quoi que si on y regarde bien, c'est également le cas pour la première partie. Lorsque j'étais petit, j'entendais souvent dire que ce qu'il y a de bien avec l'"arabe", c'est qu'il est travailleur et corvéables à souhait (première vague d'immigration, pas de chômage). Une dénomination bien vite remis au rencart (après la crise pétrolière et le début du chômage), celui-ci a acquis le statut de voleur de travail et de profiteur d'allocations. Lors de mon adolescence, l'"immigré", qui n'en était plus vraiment un puisque né en France, devint la principale cible, à la fois voleur, associable, menace pour nos sociétés.

Mais pour en revenir à mon histoire, celle-ci est également symptomatique des stéréotypes que nous engrangeons. Après avoir donc conclu que si certains enfants de l'immigration posaient problème, cela était surtout du à la façon dont nous les voyons et non pas la façon dont la majorité agit, nous avons poursuivi sur l'affaire des kidnappeurs supposés antisémites car un quart des victimes visées sont de confession judaïques.

Si nous étions d'accord pour dire que l'on tirait des conclusions un peu vite sur l'antisémitisme forcement avéré et pas suggéré, elle m'a aussitôt dit que de toute façons cette bande organisée n'avait été que là où il y avait de l'argent et que, c'est bien connu, les juifs sont riches (sic) ... J'ai bien tenté de lui expliquer que je connaissais des juifs pauvres mais s'était comme si je parlais à un mur, pour elle cela ne faisait aucun doute, les juifs sont riches il n'y a cas voir les synagogues (re sic) ...

Cette amie est pourtant une personne censée, famille plutôt stable, étude supérieurs en chimie et ouvert à la discussion. Pourtant ce fut le premier sujet sur lequel elle m'imposa une fin de non-recevoir.

Mais comment en sortir ?

Pour intégrer il faut stimuler le dialogue et donc l'échange et cela ne peut se faire qu'à l'école et dans la société entière. Il faut enseigner les différences et surtout enseigner les similitudes beaucoup plus nombreuses qu'on ne le croit, que ce soit par l'intermédiaires des institutions mais aussi à l'échelle individuelle.

Sur le plan politique il faut bien entendue favoriser les musulmans démocrate et ouvert, qui représente la majorité de la population et dénoncer ceux qui utilisent ou entretiennent l'amalgame qui consiste à mettre des personnes différente dans un même groupe.

Il faut toujours veiller à ne pas mélanger religion et culture car cette dernière disparaitra toujours au profit de la première en cas de repli sur soi, un sorte de retour au plus petit dénominateur commun puisque la culture découle pour sa part d'un enrichissement au contact des autres, et ne peut donc être réservée à une quelconque idéologie.

Nous avons affronté une série d'extrémismes religieux dans l'histoire de France, et la bataille contre l'extrémisme chrétien fut la plus dur jusqu'à présent et elle se fit, non pas en interdisant cette religion ou en lui interdisant de tenir des propos, mais en séparant les combats. Aux idées on oppose des idées, aux actes on oppose des actes.

Il faut donc couper l'herbe a ceux qui arrivent à manipuler des esprits perdus pour causes de non connaissances de l'autre. Sont tout autant coupable, l'éducation que l'on donne à nos enfants, les médias véhiculant, par manque de temps et d'approfondissement des sujets traités, des aprioris et des vérités tout faites mais ne reflétant pas la réalité, et également tous les stéréotypes que nous utilisons à tord et à travers.

Que véhicule un film comme "la vérité si je mens" par exemple ? Ne confortons-nous pas certaines personnes qui lient argent et juifs ? Bien sur, je n'appelle pas à la censure systématique mais à ce que chacun fasse un effort pour éviter de diffuser à grande échelles des amalgames aussi simpliste que ce que véhicule ce film dans l'inconscient collectif. Cela ne ce fera pas en un jour mais c'est de notre responsabilité à tous que cette démarche réussisse.

Par ailleurs, il est important à mes yeux de ne pas tomber dans l'extrémisme américain qui consiste à laisser s'exprimer tous le monde, sous prétexte de liberté d'expression, comme le réclame bien souvent les extrémistes de droite. En effet, pour moi il n'y a pas de contradiction à être favorable à la liberté d'expression et à interdire ou condamner des propos si ceux-ci deviennent incitatifs à la haine raciale. La parole peut tuer et a partir de là, a-t-on le droit de tuer ou faire tuer des innocents par une éducation de la haine de l'autre ?

S'il y a un point commun aux racismes, c'est que ce sont des systèmes de gens soumis. On en trouvera toutes les déclinaisons, toutes les justifications, mais là où cela se ressemble c'est que c'est de la manipulation de victimes contre d'autres victimes, où celui qui a subit devient bourreau de celui qu'il pense être plus faible que soi, etc...

L'exemple symptomatique est surement le collectif « Seulement blanc, là est notre seule faute », qui dit regrouper des personnes victimes de racisme anti-blanc mais qui se limite à diffuser en grande majorité du racisme anti-arabe et de l'Islamophobie, en mélangeant habilement le tous pour finir par la bouillie immonde que cet article a essayé de démonter point par point.

La douleur et l'injustice du racisme ne doit pas amener à ne voir qu'une facette de celui-ci et surtout pas seulement celui qui nous semble inacceptable.

Nous ne ferons pas progresser « l'intégration » des immigrés en France par l'aggravation des tensions communautaires mais par l'affirmation de notre attachement aux valeurs humanistes et universalistes qui sont bafouées là-bas, et qui fondent ici notre citoyenneté. Cette dernière implique que la société reconnaisse enfin l'individu en tant que tel et lui permette de tisser des liens avec les autres individus.

Pour finir, je paraphraserai le célèbre proverbe chinois (de Confucius ?) qui dit : « Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt » en rajoutant : « quand c'est l'imbécile qui montre la lune, le sage se doit lui de regarder celui qui pointe ce doigt »

http://www.tou-o.com/reflexions-5-81.html
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