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 Xénophobie et racisme: fils des stéréotypes... I

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Tite Prout
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Tite Prout


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Xénophobie et racisme: fils des stéréotypes... I Empty
01052006
MessageXénophobie et racisme: fils des stéréotypes... I

Xénophobie et racisme: fils des stéréotypes, cousins du communautarisme
Par Thierry, publié le Dimanche 30 Avril 2006

Xénophobie et racisme: fils des stéréotypes, cousins du communautarisme"Veux-tu avoir la vie facile? Reste toujours près du troupeau, et oublie-toi en lui."
Friedrich Nietzsche

Que ce soit dans la France d'en haut ou d'en bas, les sondages ou les études, les ressenti ou les discussions que l'on a, l'immigration est devenu l'un de ces sujets sur lequel il est difficile de faire l'impasse, tout reste dans la façon de le faire. Mais je ne vais pas m'attacher à régler un problème qui à mes yeux n'en est pas vraiment un, comparer à d'autres sujets, mais plutôt essayer de bien expliquer les termes et les situations qui s'y rattache pour faire un peu de trie entre ce qui est dit et ce qui est vrai.

Si aujourd'hui l'une des immigrations est plus mis en avant que les autres, la xénophobie, voir le racisme s'y rattachant, n'est pas né avec celle-ci mais n'a eu cesse de se chercher, au fil des siècles, une victime, et celle-là ne fut bien entendue pas toujours la même.

Le défi, à l'heure de la médiatisation à outrance, est de bien différencier le cas particulier de la généralité, et surtout de ne pas appliquer ce qui ce passe dans un pays étranger à la société dans laquelle on évolue, et par la même aux gens provenant de ces pays, qui par définition en sont partie pour une vie meilleur.

Mais avant toute chose, essayons donc de définir correctement certains termes.

Qu'est ce qu'être arabe ?

Un peu d'histoire

Depuis quinze siècles, l'ethnie arabe est majoritairement musulmane mais celle-ci, connue historiquement depuis environ trois mille ans, a aussi expérimenté les cultures et les pratiques religieuses païennes, zoroastriennes, judaïques, chrétiennes...

Ceux que l'Occident désignait il y a peu encore du nom de Sarrasins, étaient auparavant appelés Arabes scénites, c'est-à-dire Arabes qui vivent sous la tente (en grec, Skênê). Ils s'appelaient eux-mêmes Arabes tout simplement.

Dès le neuvième siècle avant J.-C., ils auraient influencé le développement historique du Moyen-Orient par la position géographique du pays d'Aribi, situé entre Syrie et Mésopotamie et leur rôle dans la compétition pour le contrôle des routes commerciales qui reliaient le golfe dit aujourd'hui arabo-persique à la Syrie, la Syrie à l'Égypte, l'Égypte à l'Arabie méridionale.

Au cours des siècles, la définition des Arabes recouvre des réalités fluctuantes. Déjà, à l'époque préislamique, elle désigne les populations de l'Arabie, distribuées en tribus surtout nomades dont certaines avaient commencé à pénétrer les steppes de Syrie et de Mésopotamie et dont d'autres, sédentaires, sont issues des civilisations de Sa'ba, Ma'in, Qataban, Hadramut (c'est -à- dire au sud, sur les terres de l'actuel Yémen). Mais c'est sur l'usage d'une langue supposée une, à l'époque comme aujourd'hui, que s'appuie principalement la délimitation du monde Arabe.

Un peu de réalité

Mais avec les nouvelles générations de descendants de l'immigration que l'on pourrait qualifier d'arabes, on voit bien que ces derniers, même s'ils sont de fait français, sont bien souvent encore considéré de nos jours comme eux-mêmes Arabe, quant bien même ceux-ci ne parle pas la langue censé les définir.

Sans compter que pour certains, ces derniers sont également obligatoirement musulmans ...

Qu'est-ce qu'être musulman ?

Ce qui est déjà sur, c'est que musulman n'est aucunement synonyme d'arabe, et inversement. Il se produit en effet souvent une confusion entre Arabes et musulmans et ce à cause de deux facteurs : l'origine arabe de l'islam et l'importance de la langue arabe dans cette religion. La tendance, fâcheuse, qui consiste également à ne considérer les Arabes que sous l'angle de la religion est tout autant porteur d'amalgame. Pourtant, on peut compter, parmi les croyants, des Arabes de confessions chrétienne et juive mais aussi des Arabes athées, agnostiques, laïques, etc...

S'il y a 300 millions d'Arabes dans le monde, on dénombre parmi eux quelques 20 millions de chrétiens. Et au final, seulement 25 % des musulmans vivent dans le monde arabe, un cinquième sont situés en Afrique sub-saharienne, et la plus grande communauté musulmane du monde est en Indonésie. Il y a des populations islamiques importantes au Bangladesh, Afghanistan, Pakistan, en Iran, en Chine mais aussi en Europe, dans l'ancienne Union Soviétique, et en Amérique du Sud. Il y a presque sept millions de musulmans aux Etats-Unis.

Ainsi, un musulman est seulement une personne qui pratique la religion islamique et rien d'autres. Suis-je chrétien parce que né en France ? bien entendue que non et c'est pareil pour toute personne né dans un pays où la religion musulmane est majoritaire. Par ailleurs, tous comme certaine personnes sont baptisées par le simple fait de la culture existante dans sa famille, un enfant ayant des parents catholiques pratiquants ne le devient pas automatiquement par la suite.

Là où ca devient un peu plus compliqué, c'est lorsque des gens se disent musulmans pour faire bien mais qui ne pratique pas les préceptes de la religion à laquelle ils disent appartenir. D'ailleurs, beaucoup de journalistes, politiques et autres intellectuels (ça me fait toujours bizarre d'utiliser ces mots à propos de ces gens) se sont servie de cette revendication, brandie en guise de provocation, pour évoquer, lors des émeutes de novembre 2005, une cause ethnico-religieuse aux troubles, ce qui a bien vite été démentie par la suite.

Six millions de musulmans ?

Là encore, l'habitude qui consiste à vouloir caser les gens dans des petites boites finit par effacer la réalité bien plus complexe que le sempiternel arabe=musulman.

Au vue des deux précédents paragraphes, je crois qu'il n'est pas nécessaire de revenir sur la différence qui existe entre Arabes et musulmans. Néanmoins cela ne suffit pas car si musulman ne veut pas forcément dire Arabe, l'inverse est quant même considéré comme étant en grande majorité vrai par une grande partie des français. Mais prenons donc quelques chiffres.

Selon un rapport publié l'année dernière par le CEVIPOF et Sciences PO, si la population d'origine étrangère en France est estimée en 1999 à 13,5 millions d'individus, répartis entre 5,5 millions d'enfants d'immigrés, 3,6 millions de petits-enfants d'immigrés et 4,3 millions d'immigrés, la plus forte proportion provient de l'Europe du Sud avec 5,2 millions d'individus (Italie 2,6 millions ; Espagne 1,5 million ; Portugal 1,1 million) soit 40 % de l'ensemble de la population d'origine étrangère en France.

Les autres pays de l'Union Européenne représentent 13,4 % de l'ensemble de cette population, avec 1,8 millions de personnes (probablement essentiellement originaires de Belgique). Les autres pays d'origine (non détaillé), catégorie la moins homogène, comptent 2,5 millions d'individus (18,6% de l'ensemble de la population d'origine étrangère en France) et intègrent les immigrations polonaises et russes anciennes et les immigrations asiatiques et de l'ex-Yougoslavie plus récentes.

La population d'origine étrangère provenant de Turquie s'élève à 322 000 personnes (2,4 %). D'autre part, 679 000 personnes sont issues de l'immigration d'Afrique sub-saharienne (5%). Enfin, « les originaires du Maghreb appartenant aux trois générations étudiées ne représentent que près de 3 millions de personnes, soit seulement 22% de l'ensemble de la population d'origine étrangère » et moitié moins que ce qui est avancé habituellement. Sans compter qu'une partie d'entre eux, 44%, s'estime comme étant des non pratiquants. En fait c'est moins de 10 % qui fréquentent plus ou moins épisodiquement une mosquée, et plus d'un quart se déclarent athées.

Est-il encore utile de dénombrer les quelques milliers d'hypothétiques intégristes qui existent parmi eux pour se rendre compte que l'on est bien loin du péril « islamistes » qu'annoncent certains présidentiables ? Pourtant ces derniers affirment à qui veut bien l'entendre que plus de 60.000.000 de français seraient menacés par au grand maximum 5.000 intégristes islamistes. Et peut-être même plus ...

Mais ceux-ci sont-ils plus nombreux, voir dangereux, que les intégristes catholiques ? Que les partisans de l'extrême-droite ? Autant de questions qui relativisent tous de suite le soi-disant « danger » que nombre de ces derniers tentent de faire croire

Qu'est-ce qu'être juif ?

Voila une question bien plus compliqué que les précédentes. Si en effet un musulman est forcément un croyant de l'Islam, un juif peut tout aussi bien se définir comme tel, même s'il se dit par ailleurs athée ou agnostique.

Malgré des milliers d'ouvrages sur leur sujet, les juifs et le judaïsme demeurent, pour la plupart de nos contemporains, et pour nombre de juifs eux-mêmes, une énigme. Déjà, sait-on formuler la différence entre israélite, juif et israélien ? Pas sûr...

L'Israélien est celui qui a un passeport israélien. Cela va de soi. Mais israélite ? Est-ce une personne qui adhère à la religion juive ? Mais alors, qu'est-ce qu'un juif ? Et de surcroît un juif qui n'a pas de religion ? Pourtant, on nous désigne indifféremment ainsi : juifs. Et cela semble avoir un sens pour tout le monde. Du moins tant qu'on ne pose pas la question...

Juifs pourrait se résumé logiquement aux personnes confessant le judaïsme, se réclamant du peuple juif ou de la culture juive. Mais qui est juif demeure une question controversée et les réponses peuvent considérablement varier selon qu'elles viennent de religieux plus ou moins rigoristes, de philosophes, de laïcs ou même d'antisémites, ainsi qu'en attestèrent les lois pétainistes, qui établirent une définition du Juif.

Qu'est-ce donc qu'être juif ? Une affaire de filiation (par la mère) ? De religion ? De mémoire (de la Shoah) ? De solidarité (avec Israël) ?

A l'origine, le terme Hébreu désignait les tribus sémites qui avaient adopté Yahvé pour Dieu national et qui, vers le XIIIe siècle av. J.-C. conquirent le pays de Canaan, où elles s'installèrent. Dans l'histoire biblique, le terme s'appliqua depuis les premiers patriarches jusqu'à l'établissement, vers 1020 av. J.-C., de la monarchie.

Israélite, ou fils d'Israël, pouvait s'appliquer métaphoriquement à tous les Hébreux mais dans son sens le plus précis, il désigna les habitants du royaume d'Israël, ou royaume du Nord, détruit par le roi assyrien Sargon II en 721 av. J.-C.

Le mot « Juif » s'appliquait lui aux descendants des Hébreux après leur retour de l'exil à Babylone et jusqu'à nos jours ; le mot vient de l'hébreu yehudhi, qui désignait à l'origine un membre de la tribu de Juda. Les Perses l'appliquèrent à la nation qu'ils rétablirent autour de Jérusalem sous le nom de Judée.

Aujourd'hui, les Juifs se définissent par l'appartenance à une communauté plutôt qu'à un groupe ethnique. Cependant, si on considère que l'Etat d'Israël est seul habilité à pouvoir définir une telle appartenance, en 1970, la Knesset israélienne adopta une législation qui définissait un Juif comme un individu né d'une mère juive, ou converti au judaïsme.

Ainsi, être Juif signifierait avoir une conception du monde fondée sur des principes issus de la Bible. Mais la conscience d'être juif au sein de la société française, et ailleurs dans le monde, fait désormais appel à une palette de critères plus vaste que le lien, pas forcément majoritaire, avec l'Etat d'Israël, comme l'affirmation religieuse ou la mémoire du génocide, qui s'exprime fortement chez les générations plus jeunes, vivifiée par les travaux des historiens, des films comme « Shoah », ou les procès de Barbie et Papon.

Même s'ils ne sont sans doute pas les plus nombreux et s'il n'existe pas d'opinion ou d'idéologies juives particulières, cette évolution allant vers une identité juive primant sur n'importe qu'elles autres, ce qui n'est d'ailleurs pas propre à cette communauté, s'oppose au modèle traditionnel d'appartenance à la nation par la citoyenneté individuelle, qui bat partout de l'aile, au profit d'une communautarisation.

Représentant oui mais de si peu ...

Autre point qui créé de l'amalgame, la représentativité, ou pour être plus juste le manque de représentativité, car en effet, notre façon d'appréhender une communauté passe souvent par des organismes se réclamant de tel ou tel obédience, couleur ou autre, alors que dans la réalité, beaucoup ne s'y reconnaissent pas.

Pour exemple, le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman), n'a, comme son nom l'indique, de compétence qu'en matière cultuelle. Pourtant, nombreux sont ceux, y compris au sein de l'exécutif de la République, qui rêvent de lui voir endosser un rôle de représentation des soi-disant "six millions de musulmans" (qui ne sont pas si nombreux et loin d'être tous pratiquants, comme on l'a vu plus haut).

Autre exemple, le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France), né dans la clandestinité de l'Occupation, admet à demi-mot ne fédérer, au moyen des 63 associations qui y adhèrent, qu'environ 100.000 membres et "sympathisants", soit au mieux 17 % de la "communauté" dont il revendique pourtant l'exclusivité de la "représentation politique auprès des pouvoirs publics".

Avec ces quelques chiffres, on voit tout de suite que de prendre les déclarations de tel ou tel organisme vaguement représentatif comme étant ce que pense la majorité est plus qu'hypothétique.

Dès lors, quand l'affaire des caricatures de Mahomet à remuer le monde, beaucoup de défendeurs de la liberté d'expression ont réclamé haut et fort que les musulmans condamnent les attentats commis par les intégristes de leur religion mais, outre le fait que le chantage à la repentance est en soi assez ignoble, comment le faire en n'étant pas représenter par qui que ce soit ? Et s'ils l'étaient ne seraient-ils pas, sur d'autres sujets, condamné par les mêmes pour communautarisme ?

Dans la réalité des choses, le communautarisme n'est pas si étendue que ça, du moins pas celui considéré comme étant dangereux, l'intégriste. En effet, la plupart du temps n'est-il pas normal pour une personne provenant d'une minorité, le plus souvent victime de discrimination, de chercher à vivre normalement ? Et quoi de plus facile pour cela que de se retrouver avec d'autres personnes partageant les mêmes points de vue ?

Si le communautarisme peut effectivement être un danger, ce n'est pas lui qui est à remettre en cause mais ce qui le créé. Le rejet de l'autre est bien entendu l'engrais le plus puissant pour engendrer une telle division de la société.
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