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 LES INDIGENES ET LE MYTHE REPUBLICAIN (fin)

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AuteurMessage
mihou
Rang: Administrateur
mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

LES INDIGENES ET LE MYTHE REPUBLICAIN (fin) Empty
07062005
MessageLES INDIGENES ET LE MYTHE REPUBLICAIN (fin)

Il faudrait faire preuve de beaucoup de cécité ou de mauvaise foi pour affirmer que, devenues citoyennes, dégagées progressivement de la tutelle maritale, les femmes ont conquis l’égalité qui était au cœur de leurs luttes. Seule la même cécité et la même mauvaise foi permettraient de prétendre que la disparition du Code de l’Indigénat a mis fin à l’indigénat lui-même. Ni le patriarcat, ni l’indigénat, ne sont en réalité les conséquences d’institutions ou de règles de droit. Il s’agit de rapports sociaux qui peuvent être plus ou moins confortés ou plus ou moins contredits par des relations juridiques, mais qui n’en sont jamais la simple conséquence.

Prétendre que la réalité républicaine s’est enfin ajustée à son prétendu modèle, c’est vouloir à toute force en pérenniser le mythe. Il y a de la logique à cela : Hors le mythe, point de République majuscule ; point de républicanisme. Prétendre contester les politiques républicaines sans rompre avec le mythe républicain, c’est se condamner à l’enfermement dans le piège qu’il tend. Le républicanisme d’aujourd’hui est ainsi l’avatar avancé de l’idéologie colonialiste. C’est pourquoi les Indigènes sont généralement peu sensibles à la rhétorique républicaine. Pourtant, il en va bien sûr du républicanisme comme des autres idées dominantes : les dominé-es s’y soumettent parfois. Et si l’appel « Nous sommes les Indigènes de la République » se tient très clairement à l’écart de cette rhétorique, il n’est pas rare d’entendre certaines des personnes qui le soutiennent se réclamer de la République. « Nous sommes - entend-on ainsi - les enfants de la République ! ». Et l’on justifie parfois cette déclaration d’amour au nom de l’idée que certes, la République ne nous considère pas comme tel-les, mais que ce serait par l’effet d’une perversion de sa propre essence. Voici que la République rêvée, la République du mythe vient une fois de plus recouvrir d’un voile pudique la République réelle. Il suffirait de la rendre à son essence pour qu’elle cesse d’être coloniale. Le racisme républicain pourrait disparaître par l’effet magique d’un rappel à la raison. Il suffirait de « mettre la République face à ses responsabilités ». Il suffirait, en somme que le célèbre « modèle d’intégration républicaine » dont nos élites déplorent la ‘panne’ soit enfin réparé.

Or, il n’existe aucun modèle d’intégration républicaine qui ne soit pas l’assimilation. L’intégration, c’est toujours l’injonction faite, de devenir conforme à la norme dominante ; au pire, de demeurer invisibles. Cela, les Indigènes, au fond, le savent bien. C’est pourquoi, lors de leur marche du 8 mai 2005, on les entendait - entre autres slogans - scander celui-ci : « L’intégration : Y’en a marre ! ». Adhérer au mythe républicain, c’est s’exposer au laminoir ou au silence. L’idée républicaine ne connaît pas d’adhésion qui ne soit soumission. C’est ce que le républicanisme moderne expose lorsqu’il s’affirme universaliste et s’invente - la monarchie féodale étant définitivement morte - un nouvel adversaire : le communautarisme.

Dans le débat politique d’aujourd’hui, il est aussi obligatoire d’être républicaines et républicains qu’il est obligatoire d’être anticommunautaristes.

*

C’est précisément ici que les idéologues républicains guettent les Indigènes : les ayant sommé-es de se soumettre au mythe républicain, ils les accusent de communautarisme. Et l’Indigène qui aura accepté cette soumission devra jurer ses Grands Dieux : « Non, je ne suis pas communautariste ! Oui, je suis universaliste ». Ce faisant, il ou elle aura accepté de voir sa posture politique évaluée à l’aulne des critères de son adversaire. Car le modèle de l’universel, c’est le ‘blanc’. C’est l’homme occidental, hétérosexuel, et de tradition chrétienne - tradition avec laquelle il peut d’ailleurs prendre des libertés. C’est l’héritier de l’Encyclopédie, des Lumières, de la Révolution française. Se dire ‘universaliste’, c’est se condamner à singer ce modèle. Revendiquer d’autres références culturelles, d’autres traditions religieuses, voire d’autres habitudes culinaires, c’est sombrer dans le communautarisme le plus prohibé.

Il nous faut donc refuser l’injonction. Non pas être ‘pour le communautarisme’ ou ‘contre l’universalisme’, mais en récuser la problématique même. Les Indigènes ne pourront vivre librement que dans une société où chacune et chacun aura le droit de vivre à sa façon. Ils et elles ne demandent pas à être confiné-es dans des ghettos communautaires, dans des écoles communautaires, dans des épiceries ou des boucheries communautaires. Ils et elles demandent simplement le droit de vivre où bon leur semble et avec qui bon leur semble, de se vêtir, de se nourrir comme bon leur semble.

Nous ne demandons pas de faveurs collectives : nous nous contenterons d’être exempté-es des défaveurs collectives qui caractérisent l’indigénat postcolonial. Qu’on appelle cela communautarisme ou universalisme nous importe peu. Que ce soit là ou non un comportement républicain est le cadet de nos soucis : ces mots n’appartiennent pas au vocabulaire des Indigènes ; ce sont des catégories importées d’un univers qui n’est pas le nôtre : précisément celui dont nous voulons hâter la fin.
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