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 Venezuela : la terre pour le peuple, pas pour le profit I

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Tite Prout
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Tite Prout


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Venezuela : la terre pour le peuple, pas pour le profit I Empty
21042006
MessageVenezuela : la terre pour le peuple, pas pour le profit I

Réforme agraire au Venezuela : la terre pour le peuple, pas pour le profit
par Gregory Wilpert
21 avril 2006

Le gouvernement vénézuélien, sous la présidence de Hugo Chávez, est le seul gouvernement d’Amérique latine, et peut-être même du monde, à essayer de mettre en œuvre actuellement un ambitieux projet de réforme agraire. Le gouvernement a également introduit de nouveaux principes en matière de politique agricole tels que la souveraineté alimentaire et la primauté donnée à l’utilisation de la terre sur la propriété de celle-ci. De ce fait, et en dépit d’un secteur agricole relativement restreint, la réforme agraire est devenue l’une des initiatives les plus controversées de la politique du gouvernement Chávez. Pourquoi cette réforme agraire est-elle si controversée ? En quoi consiste-t-elle ? Quels sont les problèmes et les perspectives auxquels elle doit faire face ? Voici quelques questions auxquelles nous allons tenter de répondre.

Histoire de l’agriculture et de la réforme agraire au Venezuela

Au début du XIXe siècle, le Venezuela était un pays d’Amérique latine assez typique, si ce n’est que pendant la colonisation, il était plutôt considéré comme un trou perdu, les colons espagnols ignorant les richesses minérales dont il regorgeait. Cela a eu pour résultat le fait que rapidement l’agriculture est devenue la principale activité [économique] du pays, basée sur la production de cacao, de café, de sucre, de coton et de tabac surtout.

A cette époque au moins 70% de la population vivait en zone rurale [1]. La terre appartenait en grande partie à une poignée de caudillos (hommes forts) qui s’étaient battus durant la guerre d’indépendance (1821-1839). Cependant, cette injuste répartition n’était pas tranquillement acceptée par tous. Ezequiel Zamora (1817-1860) fut l’un de ceux qui se sont battus contre cela dès après l’indépendance, ce qui alimenta des guerres civiles. Son fameux mot d’ordre disait : « Terre et hommes libres, respect du paysan et disparition des Godos (colons espagnols). » (« Tierra y hombres libres, Respeto al Campesino y Desaparición de los Godos »). C’est avec ce slogan qu’il prit la tête de nombreux soulèvements populaires contre l’oligarchie de l’époque. En dépit du fait qu’il n’a pas réussi à mettre fin à cette répartition injuste de la terre, il est aujourd’hui l’une des principales références historiques et sources d’inspiration pour le président Chávez, notamment en ce qui concerne les questions agraires.

Plus tard, des dictateurs militaires comme Guzman Blanco (1880-1890) répartirent la terre entre leurs partisans. L’un des plus célèbres à cet égard a été Juan Vicente Gómez (1908-1935) qui s’est tout bonnement approprié d’immenses étendues dont il a fait sa propriété personnelle. Après son renversement, ses terres furent expropriées et revinrent de ce fait à l’Etat.

Un tournant majeur qui se produisit pendant la dictature de Gómez fut la conversion du Venezuela d’une économie principalement agricole en une économie basée essentiellement sur l’exploitation minérale - en particulier pétrolière, le pétrole ayant été découvert au Venezuela au début du XXe siècle. Ce tournant aura des conséquences dévastatrices pour l’agriculture vénézuélienne. A la fin de la dictature de Gómez, l’agriculture ne représentait plus que 22% du produit intérieur brut (PIB) alors qu’elle occupait encore 60% de la force de travail. Pendant ce temps, le Venezuela était devenu le principal exportateur de pétrole au niveau mondial.

L’importance croissante de la production pétrolière entraîna un phénomène économique connu chez les économistes comme la « maladie hollandaise » [2]. L’entrée de devises étrangères comme conséquence de l’exportation pétrolière a un double effet immédiat. Premièrement, elle augmente le pouvoir d’achat de la population et de ce fait alimente l’inflation. Ensuite, elle rend les produits industriels ou agricoles importés moins chers que les produits nationaux, ce qui accroît le volume des importations. Au Venezuela, des produits importés comparativement moins chers - y compris des produits alimentaires - inondèrent le marché et détruisirent pratiquement la production agricole en même temps qu’ils mettaient un frein au développement industriel du Venezuela.

En 1960, le pourcentage de la population vivant en zone rurale était descendu à 35% ; en 1990, ce chiffre n’était plus que de 12%, faisant du Venezuela l’un des pays les plus urbanisés d’Amérique latine. Un autre résultat de la « maladie hollandaise » est que le Venezuela est le seul pays d’Amérique latine qui soit un importateur net de produits agricoles et celui dont la production agricole représente la plus petite part du PIB (6%).

Le déclin relativement rapide de l’agriculture au Venezuela eut pour résultat une urbanisation très rapide et l’inondation des villes par une population numériquement supérieure à ce qu’elles étaient en mesure d’accueillir. Cela eut pour conséquence la formation de gigantesques bidonvilles, les barrios, qui s’étendent aujourd’hui sur des kilomètres et des kilomètres, à la périphérie de Caracas et de la plupart des autres grandes villes. La taille des barrios et le déclin parallèle de l’agriculture furent le résultat des énormes augmentations des revenus pétroliers dont le pays bénéficia dans les années 60 et 70. Cette augmentation a été suivie de vingt ans de déclin régulier des revenus pétroliers dans les années 80 et 90 : l’Etat ne pouvait donc pas atténuer l’impact de la pauvreté par des mesures redistributives, et a préféré réduire les dépenses sociales.

En plus du déclin généralisé de l’agriculture, les paysans vénézuéliens eurent à faire face à de gigantesques inégalités quant à la propriété de la terre. En 1937, celle-ci était si concentrée que les plus grandes haciendas - mille hectares ou plus - n’appartenaient qu’à 4,8% des propriétaires mais représentaient 88,8% des terres agricoles. En revanche, les petits fermiers - ceux qui possédaient des lopins de 10 hectares ou moins - représentaient 57,7 % de tous les propriétaires terriens, dont les terres ne représentaient que 0,7% de la terre cultivable [3].

La première véritable expérience de réforme agraire appuyée par l’Etat commença en 1960, peu après le renversement de la dictature de Marcos Pérez Jiménez et l’introduction en 1958 de la démocratie libérale. Sous la présidence sociale-démocrate de Rómulo Betancourt, le gouvernement réalisa que la répartition de la terre au Venezuela était intenable et introduisit la Loi de réforme agraire en 1960 qui fut à l’origine de la création de l’Institut national agraire. Cet effort de réforme, qui s’est étendu sur une période de 20 ans, permit la distribution de la terre appartenant à l’Etat à plus de 200.000 familles. Cependant, la majeure partie de cette redistribution eut lieu lors des premières années juste après le vote de la loi, les gouvernements suivants ayant largement ignoré l’existence de l’institut et le programme de réforme agraire.

L’aggravation de la « maladie hollandaise », particulièrement pendant les années du boom pétrolier des années 70, entraîna une chute complète de compétitivité de la production agricole et un exode rural incontrôlable. On estime que le taux d’abandon des terres par les bénéficiaires de la réforme agraire s’est alors élevé à près d’un tiers. De même, près de 90% des bénéficiaires n’ont jamais obtenu un plein titre de propriété. La réforme agraire s’est donc principalement limitée à une réforme de la location de la terre par l’Etat au petit paysan, mais n’en a pas affecté la répartition de la propriété. Selon un recensement agricole de 1997, la distribution des terres est restée presque aussi inégalitaire qu’elle l’était avant la Loi de réforme agraire de 1960, avec 5% des plus grands propriétaires contrôlant 75% de la terre et 75% des plus petits propriétaires n’en contrôlant que 6%.

Ce qui avait changé, toutefois, c’était le développement d’un marché pour la terre mais principalement parmi les grands et moyens propriétaires terriens qui avaient commencé à acheter et vendre leurs terres, pour des raisons souvent liées à la spéculation. D’autre part, ces derniers étaient de plus en plus enclins à expulser les paysans de leurs terres comme résultat de l’introduction de nouvelles technologies ou parce qu’ils devaient arrêter la production du fait de sa non compétitivité, augmentant ainsi la pression sur les villes. Un troisième changement fut que les entreprises prirent le relais des propriétaires individuels dans la propriété de la terre.
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