Pourquoi aucuns au pluriel?
Roux, Paul
Dans les publicités, on voit souvent la formulation aucuns frais ni intérêts avant 2005...
Aucun veut nécessairement dire zéro. Donc, pourquoi toujours mettre un s à aucun? N'y aurait-il pas lieu de toujours écrire aucun au singulier?
Hélène Gagnon
À la Ville où je travaille, nous avons eu une bonne discussion concernant l'expressionaucuns frais. Fallait-il l'écrire au pluriel ou au singulier?
Finalement, nous avons trouvé la réponse dans deux différents dictionnaires. Nous avons donc choisi d'écrireaucuns frais ne sont exigés, la règle étant qu'aucunse met au pluriel devant les mots qui n'ont pas de singulier.
Vous devez vous demander pourquoi je vous écris si je connais déjà la règle. C'est parce que je pense qu'elle gagne à être connue. Même les personnes bonnes en français sont convaincues d'une erreur de notre part. Évidemment, je leur suggère d'aller voir dans le dictionnaire. Mais les autres restent avec l'idée que nous avons fait une faute. Le résultat de ce débat chez nous? Nous évitons désormais d'utiliseraucuns fraiset choisissons une autre formulation, du genregratuitouaucun coût, pour éviter de donner une mauvaise image dans nos textes et publications. Mais je ne suis pas certaine que ce soit la bonne chose à faire.
Carole Mainville Bériault
Saint-Hubert
Comme le fait remarquer la se conde correspondante, aucun s'emploie effectivement au pluriel lorsqu'il est accolé à un mot qui n'a pas de singulier. On emploie également le pluriel quand aucun est accolé à un mot qui change de sens au pluriel.
Aucun comptant, aucuns frais.
Il n'y aura aucunes funérailles.
Il n'a aucunes manières.
Je conçois fort bien que ma correspondante trouve agaçant que des lecteurs soient convaincus qu'il y a une faute quand ce n'est pas le cas. Nous connaissons bien cette situation à La Presse. Je suggère néanmoins de ne pas hésiter à employer aucuns frais.
Sécuritaire
Nous distribuons des produits de sécurité pour corps policiers et agences de sécurité et nous sommes en train de bâtir notre site Internet. Je lis souvent dans les journaux ou j'entends régulièrement au petit écran l'adjectifsécuritaire:placement sécuritaire, voiture sécuritaire, etc. À ma grande surprise, cet adjectif n'apparaît pas dans le dictionnaire Larousse 2001. Est-il accepté dans d'autres dictionnaires? Puis-je l'utiliser sur notre site en respectant la langue française?
Denis Senécal
Le Petit Larousse et le Petit Ro bert limitent le sens de sécuritaire à " ce qui est relatif à la sécurité publique ".
La Garde côtière a adopté des mesures sécuritaires.
Chez nous, son sens est plus étendu, englobant " l'absence relative de danger matériel pour un usager ". Ce sens a été entériné par l'OQLF.
Une autoroute sécuritaire.
Des pneus sécuritaires.
Cela dit, on limitera l'usage de sécuritaire à la sécurité matérielle. Un placement, par exemple, n'est pas sécuritaire mais sûr. Le Multidictionnaire fait en outre remarquer que " si l'on considère l'objet à qualifier non plus sur le plan de son efficacité, mais sur celui de sa conception, on emploiera plutôt le syntagme de sécurité ". Un système de sécurité, par exemple, est plus ou moins sécuritaire, c'est-à-dire plus ou moins efficace.
Pratiquer ou se pratiquer?
Je discute souvent avec de nombreuses personnes quant à savoir s'il faut direpratiquerouse pratiquer. Pour ma part, j'affirme qu'on peutpratiquerun sport ou un art et qu'alors il faudrait dire:je pratique le soccerouje pratique le piano. Mais la plupart des personnes disent:je me pratique au soccerouau piano. J'aimerais donc que vous me disiez si j'ai raison ou tort.
Jean Sénécal
Vous avez raison. Pratiquer n'ayant pas de forme pronominale, on ne peut dire se pratiquer. On emploiera plutôt s'exercer, s'entraîner, se préparer ou pratiquer.
Assurance maladie
Une lectrice me fait remarquer que, conformément à la tendance visant à supprimer les traits d'union, ceux-ci ont été supprimés dans les termes assurance maladie et assurance médicaments. Vérifications faites sur le site de la Régie de l'assurance maladie du Québec, la chose est exacte. Il serait préférable de s'y conformer, car cet usage n'est pas du tout fautif. C'est d'ailleurs celui préconisé par le Robert ainsi que par le Grand Dictionnaire terminologique.
D'une façon générale, l'usage est flottant quant à l'emploi d'un trait d'union dans les mots composés avec assurance. Outre assurance maladie et assurance médicaments, on écrit habituellement assurance automobile, assurance multirisques, assurance tous risques. L'usage hésite pour assurance(-)vie, assurance(-)décès, assurance(-) maternité. Pour ma part, j'ai tendance à opter pour l'absence de trait d'union. En revanche, on écrit toujours assurance-emploi.
On oul'on?
Le pronom on est parfois précédé de l' par souci d'euphonie ou pour éviter l'hiatus.
Ça fait bien 100 ans que l'on a constaté qu'il est possible de se servir de l'azote comme source d'énergie.
Si l'on en croit les souverainistes, Pierre Brien a commis une erreur en adhérant à l'ADQ.
Cela dit, cet emploi est toujours facultatif. Dans certains cas, notamment en début de phrase, il est considéré comme littéraire, voire affecté, comme dans l'exemple suivant:
L'on se souviendra longtemps de la Palme d'or controversée de Maurice Pialat au Festival de Cannes 1987 pour Sous le soleil de Satan.
Petits pièges
Voici quelles étaient les erreurs de la semaine dernière:
- Employé comme adjectif, vidéo est invariable. Il aurait donc fallu écrire:
Les garçons s'intéressent plus que les filles aux jeux vidéo.
- Dans la locution mines antipersonnel, personnel forme avec anti un composé invariable, car les mines antipersonnel sont des " engins employés contre le personnel plutôt que contre le matériel ". Il aurait donc fallu écrire:
Le traité d'interdiction des mines antipersonnel entre en vigueur.
Voici les pièges de cette semaine. Les phrases suivantes contiennent chacune une faute. Quelles sont- elles?
Cet échange vise à pallier aux lacunes de la défensive.
Tu pars en vacances. Profite-en bien!
Les réponses la semaine prochaine. Je reviendrai également dans cette chronique sur la question des rectifications orthographiques, la chronique de la semaine dernière ayant suscité quelques remous.
Faites parvenir vos questions par courriel à proux@lapresse.ca ou par courrier au 7, rue Saint-Jacques, Montréal (QC), H2Y 1K9.